Il y a encore six mois, j'aurais ri à l'idée que les vampires existent. Aujourd'hui, je ne nie pas la réalité qui est devenue la mienne. Je garde toujours en mémoire les souvenirs de cette journée tragique, aussi intenses que s'ils s'étaient déroulés hier.
Après avoir rendu visite à mes grands-parents, nous rentrions chez nous sous un soleil éclatant d'été. Mon père conduisait, pendant que ma mère chantonnait en écoutant la radio. Assise à l'arrière, je lisais ma romance préférée, bercée par la musique. Tout a basculé en un clin d'œil. Soudain, au cri paniqué de mon père, je levai les yeux de mon livre, juste à temps pour voir le danger arriver. Sur la voie opposée, un conducteur avait perdu le contrôle de sa voiture et nous a percutés avec violence. L'impact fut assourdissant, le verre et le métal se brisant en mille morceaux. L'obscurité m'envahit.
En rouvrant les yeux, je me trouvais coincée dans la carcasse de notre voiture, submergée par une douleur intense. Ma tête me lançait et la nausée m'envahissait. Détachant ma ceinture de sécurité, je me forçai à bouger. Je vis que mon père était affalé en avant, la tête appuyée sur le volant. La tête de ma mère était pressée contre la fenêtre. Je vis à leurs corps saignants et immobile qu'ils subirent la plus grande partie de l'impact. Malgré la douleur des os brisés, je rampai jusqu'à eux. À travers la fenêtre brisée, j'aperçu Darren, l'ancien vampire qui changea à jamais le cours de ma vie. Ses yeux chaleureux, couleur chocolat, me regardaient avec compassion. Ses cheveux blonds étaient presque blancs.
— Je peux te sauver, Petite, dit-il d'une voix apaisante comme un baume.
Je retrouvai alors ma voix.
— S'il vous plaît... Sauvez-les aussi.
Son silence me fit comprendre qu'il était trop tard. Des larmes coulèrent sur mon visage tandis que la vérité me frappait comme un coup de poing.
— Quel est ton nom ?demanda-t-il.
— Maëlys. Maëlys Morgan, murmurai-je.
— As-tu envie de vivre, Maëlys?
Poussée par un instinct de survie, j'acquiesçai sans hésiter. À ce moment, j'ignorais tout de ce qui m'attendait, mais je m'accrochai à l'espoir de rester en vie. Je vis ses longues canines d'un blanc immaculé lorsqu'il se mordit le doigt.
— Bois, me demanda-t-il en me tendant son doigt couvert de sang.
Hésitante, je portai son doigt sur mes lèvres. La saveur du métal me déconcerta mais je bus tout ce qu'il m'offrit. Les ténèbres m'enveloppèrent une fois de plus.