Prologue

Elle avait les oreilles tendues, sensibles au moindre bruissement anormal. Maëlle savait que quelque chose se préparait. Quelque chose de gros. Ses yeux marron glacés étaient grands ouverts sur le jardin sombre. Les quelques lampadaires encore allumés à cette heure tardive n’éclairaient que trop peu les endroits les plus noirs des broussailles. La jeune fille scruta le bâtiment derrière elle. Un gros bloc gris sombre avec trop peu de fenêtre -qui ne s’ouvrent ni de l’intérieur ni de l’extérieur- et seulement une porte surveillée secrètement. Elle savait qu’il y avait des hommes et des caméras cachés un peu partout dans le parc. Bien entendu, ils étaient armés jusqu’aux dents. Ils étaient chargés qu’aucun individu suspect n’entre dans le domaine. Malheureusement pour eux, ils ne savaient pas qu’une des meilleures combattantes de Hard ne s’était pas couchée. Et qu’elle surveillait étroitement le repaire gris. Il n’était pas tenu secret -loin de là l’idée- mais était inaccessible.  Et puis même si des individus entraient dans le bloc, il faudrait combattre tous les agents du chef et ensuite trouver l’entrée du sous-sol, accessible seulement avec empreinte digitale répertoriée. Ensuite, en fonction de la personne, il y avait une série de tests qui prenait un temps fou. A son grand soulagement, Maëlle n’était plus obligée d’y passer. Enfin tout le domaine sous-terrain serait accessible. Il était immense et possédait de nombreuses salles - chambres, cuisines, des salles d’entrainement, de réunions…- mais surtout il y avait le chef et le personnelle. Ses gardes, ses espions, ses subordonnés, etc. Plus de 2500 employés. Des cuisiniers à Maëlle.

Elle bondit vers un autre arbre et s’éloigna petit à petit de la propriété. La garde grimpa et sauta jusqu’au mur d’enceinte. Elle prit son élan, posant ses pieds avec agilité sur les branches les plus solides et sauta par-dessus les barbelés. Elle se réceptionna d’une roulade experte et se releva, bien droite, l’allure dominante. Les rues se trouvaient face à elle. Les rues de Lyon. Les rues qu’elle avait sans doute foulées enfant.

Il y avait une antenne non loin de là. Elle était très haute et d’un blanc terne.

Maëlle savait que le plan qui venait de germer dans son esprit était source de danger. La jeune fille savait qu’elle ne devait pas le faire.

Maëlle avança dans les rues, rigide, de roc, sans même chercher à se cacher. Quiconque l’aurait vu se dirait qu’elle savait où elle allait, qu’elle allait droit au but. Son manteau noir voltigeait sous son pas pressé. L’agent atteint donc rapidement ce qu’elle cherchait. Elle se trouvait face à cette tige solide. Le silence de la nuit était agréable à écouter. Elle respira profondément, tentant de calmer les battements de son cœur qui commençait à s’affoler en comprenant ce qu’elle s’apprêtait à faire. Malgré les protestations de son corp, elle passa par-dessus le grillage et se mis à escalader l’antenne grâce à ses gans adhésifs. Laborieusement elle atteint le haut du cône. Elle ne tenait plus qu’à une main et contemplait sa ville plongée dans le noir. Maëlle avait peur et la jeune fille savait que n’importe quels animaux aux alentours le sentiraient. Mais que risquait-elle ? de chuter ? qu’importait : elle ne devait pas mourir.
c’est alors qu’elle le vit, l’hélicoptère rebelle. Il se dirigeait droit vers le bloc. Maëlle sourit de toutes ses dents. Son plan était prêt à être exécuté et elle n’aurait pas à se salir les mains.                           

Et surtout, elle survivrait. Normalement.

Elle sauta.