prologue

 

Mon père démarra le moteur et lança la voiture sur la sortie de la ville, le camion de déménagement derrière nous. Je sortis ma main pour dire au revoir à mes amis que je ne verrais plus. Je pars de ma grande ville, où il y avait mon école, mon collège, mes repères, pour aller m’installer loin, dans un village paumé entre deux collines, avec du vert de partout. Je referme ma vitre. Je veux y retourner, les retrouver et serrer tout le monde dans mes bras. Mais ce n’est pas possible. Mon père a été muté en tant que policier. Ça ne sert à rien d’enfoncer le clou. Mais est-ce que je vais me faire une place ?

Toujours voir le bon côté des choses. C’est vrai, au moins mes parents ont accepté que je prenne tous mes romans, principalement des policiers. Grâce à eux, j’apprends à observer et à m’évader. Ces livres me transportent dans des mondes bien différents de ma réalité. En sortant de la ville, on passe devant l’endroit où j’ai recopié pour la première fois Sherlock Holmes, en déduisant que c’était Anna qui avait volé le stylo de Roman. C’est sûr qu’à force de lire des romans policiers, on s’accroche au plus petit détail : un regard, une mimique ou juste un geste anodin. Cela me permet de me faire mes propres hypothèses et cela m’aide à déchiffrer la réalité par moi-même, sans qu’on me l’impose.

On sort de la ville. Je ferme la vitre et laisse mes yeux se fermer un instant, comme pour m’accrocher à cette dernière image de ma ville. Et je laisse tous ces souvenirs derrière moi. Le village où l’on va est perdu entre la forêt et la brume d’automne. Je regarde sur internet à quoi il ressemble : c’est un petit coin paisible, où il pleut souvent. Ses rues pavées serpentent entre des maisons anciennes aux façades colorées, qui ont l’air plutôt mignonnes. Au centre, une belle fontaine en pierre et une petite église en pierre donnent un charme au village. Il y a une école et un collège, mais pas de lycée. La vie du village gravite autour de la boulangerie, du tabac et de la librairie, où les habitants se croisent et échangent. C’était un autre monde, loin de l’agitation de la ville. Je m’attendais à pire, j’avoue, mais est-ce que je vais m’y habituer ?

Même si j’étais triste, il y avait quelque chose de simple là-bas, de rassurant. Donc peut-être que je vais m’y plaire. Je ne vais pas juger avant d’y être rentrée. Je vais m’y faire, je suppose. Après tout, qu’est-ce que j’ai à perdre ? Tant que je peux lire, m’évader un peu, et rigoler de temps en temps, je crois que ça ira.

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