Beotia
Environ 450 ans après le Grand Effondrement
Le soleil se levait timidement à l'horizon, à peine visible au bout de l'océan Nord qui baignait l'île d'Hartfordbury, la séparant du continent. Ce dernier, vaste et mystérieux, représentait près de 90 % des terres émergées, mais il était en grande partie abandonné. Les îles et les péninsules abritent la majorité de la population, tandis que l'intérieur des terres restait un territoire sauvage, hanté par les vestiges d’une guerre oubliée.
Car il y avait eu une époque où Beotia était un monde prospère, unifié sous de puissants empires. Puis vint la catastrophe. Une guerre d’une ampleur inédite, un conflit où des armes dévastatrices, inconnues des survivants, avaient été utilisées. Engins volants, armes à vapeur, produits incendiaires et chimiques… Tout cela a été englouti dans les cendres du Grand Effondrement.
Mais la vérité sur cette guerre est devenue un mythe. Les nations qui ont survécu à cette époque de destruction se trouvaient éloignées de l’épicentre du conflit, dans les zones au nord et à l'ouest, à l'abri des plus grandes secousses. Ces peuples moins développés n'avaient pas pris part au combat central qui anéantit le cœur du continent, laissant des zones entières dévastées. Les nations intermédiaires ont subi les conséquences indirectes : guerres par procuration, destructions colossales, anarchie. La mémoire du monde ancien s’est alors brisée, et ceux qui auraient pu raconter la vérité ont disparu.
Aujourd'hui, Beotia est un monde brisé, figé dans une époque révolue. Les souvenirs du Grand Effondrement sont maintenant fragmentés, des rumeurs murmurées, des légendes inquiétantes. Les peuples survivants ignorent souvent les détails de ce cataclysme, n’ayant accès qu’à des fragments de mythes et de réalités déformées.
Les vastes terres abandonnées sont devenues des territoires de pillages et de survivants, tandis que des secrets enfouis attendent d'être découverts. Parmi eux, une île au sud, un temple en ruines, et, sous la pierre, une porte vers un passé que beaucoup préfèrent ignorer.
_________________________________________
Les terres désolées – Ruines de Béton
5 janvier, an 450 de la Nouvelle Ère – 17h40
Le vent sifflait entre les carcasses d’immeubles éventrés, soulevant des tourbillons de poussière et de cendres. Béton, jadis une cité florissante, n’était plus qu’un cadavre de pierre rongé par le temps. Les rues étaient envahies par la végétation, des arbres tordus poussant à travers les fissures de l’asphalte. Les survivants qui avaient élu domicile ici n’étaient que des ombres errantes, tentant d’arracher à cette ville morte de quoi subsister.
Johan, l’un des éclaireurs du village, avançait d’un pas rapide. Il avait l’habitude du silence pesant des terres désolées, mais ce soir, il n’était pas serein. Il avait trouvé des traces inquiétantes à quelques kilomètres au sud : des empreintes de bottes, des restes de feux de camp récents… et surtout, une carcasse de véhicule dépecée avec une efficacité militaire. Ce n’était pas l’œuvre de simples pillards.
Il longea une route en terre creusée par les passages des caravanes, avant de bifurquer vers un sentier dissimulé sous les ronces. Son véhicule bringuebalant sur les pavés disloqués alors qu’il atteignait ce qui restait d’une grande artère. Devant lui, au loin, se dessinaient les silhouettes d’immeubles éventrés, comme des géants décharnés.
Enfin, il arriva à destination : une barricade massive bloquait l’entrée d’un quartier délimité. Planches, tôles, grilles et morceaux de véhicules formant une muraille de fortune. Deux silhouettes armées se dressaient au sommet.
— Ouvrez ! C’est Johan! lança-t-il en levant le bras. Je dois parler au chef. Tout de suite.
Les battants de la barricade grincent en s’ouvrant lentement. L’éclaireur pénétra dans l’enceinte du village, l’angoisse accrochée à ses talons.
Présentation du l'univers et première intrigue très intéressante :)
Le monde apocalyptique et les raisons de cela sont bien expliqués.
C'est fluide :)
Juste une remarque de forme :
"Les battants de la barricade grincent en s’ouvrant lentement." -- "grincèrent" je pense plutôt.
Voilà :)