Dans la lumière vive du midi, l'immense temple semblait assoupi. Rien ne bougeait et pas un seul bruit ne venait briser le silence, comme si le temps s'était arrêté.
Soudain, un claquement sec se fit entendre, rompant le calme. Une lourde porte de bronze s'ouvrit lentement à l'arrière du bâtiment et laissa le passage à une frêle silhouette. Paraissant minuscule dans l'embrasure de plusieurs mètres de haut, elle sortit de l'obscurité du grand édifice et se dirigea lentement vers la vaste cour de marbre. Au milieu de celle-ci se trouvait une statue géante qui représentait une femme aux longs cheveux, vêtue d’une curieuse étoffe qui s’enroulait autour de ses hanches et de sa poitrine. Elle tenait une gerbe de fleurs alors que son bras libre était levé vers le ciel, main tendue. De son visage, admirablement sculpté, émanaient bonté et douceur, ses yeux irradiaient d’un bleu brillant, tranchant avec la blancheur du marbre dont elle était constituée. Juste en dessous, se trouvait un large bassin composé de galets et de pierres précieuses inondant l’eau de mille reflets colorés.
L'allure lente mais résolue, la femme, qui s'approchait de la sculpture, était revêtue d’une sorte de grande cape gris clair qui se terminait par une capuche dissimulant son visage. Elle devait être assez âgée, car elle serrait, dans sa main gauche, une canne ornée d’une sphère blanche qui luisait faiblement. Etonnamment, elle ne s'appuyait pas dessus, mais la tenait juste en dessous du pommeau, comme un sceptre. Son pas lent s'accordait au rythme de la canne heurtant le sol. Ne semblant pas le moins du monde incommodée par l'intense luminosité du soleil se réverbérant sur les dalles blanches, elle avançait, le regard fixé droit devant elle.
Arrivée devant le bassin, elle s'immobilisa, restant sans bouger pendant plusieurs minutes. Puis, elle ôta sa capuche, dévoilant un visage parcheminé entouré de longs cheveux d'un gris pur et un regard fixe. La vieille femme était aveugle.
Elle passa sa main droite au-dessus de la sphère. La lueur s'intensifia tandis que les yeux de la statue semblaient eux aussi réagir. Ils se mirent à briller avec plus d'intensité tandis qu'une voix se fit entendre :
-Asiara, il est temps.
C'est alors que semblant venir de la statue, une silhouette féminine apparut, flottant dans les airs, transparente. Peu de détails étaient visibles, hormis deux yeux bleus dont l'éclat se superposait à ceux de la statue.
-Votre Majesté, fit la vieille femme. Je sais que vous vous affaiblissez, mais peut-être pourriez-vous encore…
-Non, mon pouvoir est maintenant trop faible. Mais, ne t’inquiète pas, Asiara, aie confiance.
-C’est le cas, Majesté, mais je ne peux m’empêcher de penser que nous allons droit à la catastrophe. Rien ne nous dit qu’ils attaqueront et donner autant de pouvoirs à des humains…
-Malheureusement, ils se préparent, je le sens. Car ils croient la terre sans défense…
-Majesté, si le remède était pire que le mal! Il n’y a aucune chance de trouver ce que nous recherchons ! Vous le savez, les humains ne pensent qu'à eux et sont prêts à tout parvenir à leurs fins. Ils sont cupides, menteurs et lâches. Ils ne sont plus dignes de cet honneur, je ne le sais que trop.
-Qu’ils soient nombreux, je veux bien te l’accorder, mais quoi qu’il arrive, il se trouvera toujours des humains prêts à secourir leur prochain, des âmes généreuses qui seront capables de donner leurs vies pour sauver cette planète. Alors, ne sois pas si sévère à leur égard et laisse les faire leur preuves. Maintenant, fais ce que je te dis et libère les 5 pierres.
-Votre Majesté, non, pas toutes en même temps !
-Fais-le ! Les pierres, une fois libérées, trouveront les personnes dignes de les recevoir.
-Votre Majesté, je me permets de vous rappeler qu'à l'instant où les pierres sortiront de l'enceinte, elles peuvent perdre leur énergie. Et, dans ce cas, n'importe qui…
-Je sais que le risque est grand, mais le choix ne nous appartient pas. Nous devons laisser une chance au hasard, coupa la voix désincarnée, tandis que les yeux de la statue retrouvaient leur teinte normale.
Comprenant que ses protestations resteraient vaines, la dénommée Asiara soupira :
-Comme il vous plaira.
La silhouette menue et voûtée de la vieille femme, résignée, retourna vers le grand temple. Elle passa à l’ombre d’un chapiteau et se trouva plongée dans une pénombre rafraîchissante à laquelle elle ne prêta aucune attention. Le cœur oppressé, elle se dirigea lentement, vers le centre du bâtiment. Une sorte d’autel, en marbre blanc, y était dressé, au milieu duquel se trouvait 5 cristaux d’une vingtaine de centimètres, et de différentes couleurs : bleu, rouge, marron, jaune et un dernier, transparent. Asiara les contempla longuement. Une voix dans son esprit lui disait de ne pas libérer les énergies de ces cristaux, qu’il n’en découlerait que plus de mal, mais la vieille femme, malgré ses craintes, ne désobéirait pas à sa souveraine et c’est avec la peur de commettre une terrible erreur qu’elle étendit son bras droit au dessus des cristaux, la main complètement ouverte. Elle ferma ensuite les yeux et se concentra pendant quelques minutes avant d’entamer une longue mélopée d’une voix étonnamment forte au vu de son âge. Au moment où elle commençait à chanter, les cristaux se mirent à luire. Au fur et à mesure que le chant continuait, la lumière s’intensifia et brusquement, Asiara se tut. Aussitôt et dans un ensemble parfait, les 5 cristaux s’élevèrent, doucement, se détachant de leur socle et se stabilisèrent à moins d’un centimètre de la paume de sa main. Elle hésita encore un bref instant et, comme pour se débarrasser d’une corvée, elle se lança. Refermant la main, elle se retourna. Les cristaux se tenaient juste en dessous de son poing fermé, comme aimantés.
-Terre ! Feu ! Eau ! Air ! Foudre !
Et alors que les pierres étaient jusque là restées en lévitation, elles filèrent soudain vers la sortie du temple laissant derrière elles de longues traînées lumineuses.
-J’espère de tout mon cœur qu’elles feront les bons choix, sinon nous sommes tous condamnés, murmura t-elle alors que des larmes roulaient sur ses joues parcheminées.
Sur ces dernières paroles, la vieille prêtresse, le cœur oppressé, se retira dans ses quartiers
que voilà un prologue bien mystérieux dans lequel on entre immédiatement. Je trouve le décor bien posé, magique. On devine, bien sûr, avec ton résumé ce qui peut se produire mais c'est très bien. J'aime le dialogue entre la vieille femme et la statue qui permet de présenter les humains.
Des remarques de détails:
"Son visage représentait une grande bonté et une immense douceur": je ne suis pas sûre que le verbe soit adéquat ici, peut-être "de son visage émanait uen grande bonté..."
"Ne t’inquiètes pas, Asiara, aies confiance en moi": il faut que tu enlèves les -s des verbes.
"nous ne regretteront": un petit -s au verbe conviendra mieux.
Je n'aurais pas mis "sur ces paroles énigmatiques" pour garder le rythme de la fin. Elles sont énigmatiques mais on se le dit sans que tu aies besoin de le préciser à mon avis.
En tout cas, c'est un début qui donne envie de lire la suite!
à bientôt
Je voulais effectivement intriguer avec ce prologue avant d'entrer dans le vif du sujet. J'avoue que ce résumé m'a un peu gêné, ne sachant pas trop comment donner envie de me lire sans dévoiler l'intrigue... Mais si tu y es rentrée, mission accomplie.
J'espère être à la hauteur de tes attentes pour la suite (bonjour la pression, mais j'aime bien, c'est de la bonne pression...)
En tout cas, je vais corriger mon texte de ce pas.