[Prologue] Ce n'était qu'une rencontre

Kijimi n'était qu'anarchie depuis des années,

C'était l'endroit idéal pour trouver ce que l'on cherchait, mais aussi pour trafiquer toutes sortes d'objets et de pièces. La population se paupérisait toujours de plus en plus, et cette misère était la porte ouverte à toutes les dérives.
Pas étonnant que le Premier Ordre y prospérait presque sans peine.
Presque, évidemment.
Une personne s'avançait dans ce marasme, sur n'importe quelle autre planète, elle aurait paru suspecte, mais ici, elle était comme un fantôme longeant les murs telle une ombre. Nul ne se retournait sur son passage alors que sa veste et son capuchon laissaient clairement transparaître qu'elle essayait de se dissimuler aux yeux de tous.
Mais c'était pour ça que Kijimi était le meilleur choix.
La personne savait où elle se rendait, c'était là un endroit qu'elle avait longuement fréquenté, dans ces jeunes années, à l'époque où fréquenter le banditisme faisait partie de sa crise d'adolescent en ruines. Mais ce n'était nullement par nostalgie que l'inconnu s'y rendait.
Noyée dans les fumées en tous genres, inondée par les bruits assourdissants, l'ombre s'avançait sans broncher, vers le bar tenu par une espèce de créature dégoutante. Il la dévisagea.
« Sers-moi le meilleur alcool que tu as, pour moi ...Et mon ami... »
Il désigna l'homme à côté de lui, celui-ci lui lança un regard en coin sans broncher. Il l'observait, il n'avait pas vraiment changé depuis toutes ces années. Un peu de gris pouvait se deviner dans ses cheveux noir de jais et sa peau était toujours très brune. Ses yeux étaient aussi bruns que les siens étaient bleus et il portait une barbe de deux ou trois jours.
« Amis ? » lui lança-t-il moqueur. « Tu as une drôle de notion de l'amitié Hewels.
- Moi aussi je suis content de te revoir Poe. Alors, tu aboies toujours quand Organa te l'ordonne ?
- Je pourrais en dire autant de toi et de tes nouveaux amis. »
De l'amertume se devinait dans le timbre de sa voix, visiblement, il avait du mal à digérer tout ce qui s'était passé ces dernières années.
« J'avais besoin d'ordre et de stabilité, tu sais...
- Tu penses qu'ils vont t'en offrir ?
- Plus que la Nouvelle République, c'est certain... »
Les verres se posèrent brusquement sur la table et la créature tendait déjà sa patte pour recevoir ses billets. Un silence pesant s'installa entre eux.
« Lewis et mort. » souffla Brant en retirant sa capuche. Poe ne répondit pas de suite, il se contenta de boire deux voire trois gorgées de son verre.
« He, c'est une fortune ce verre, savoure-le !
- Comment ça mort ? »
Brant fit la moue, prenant son verre et y trempant simplement le bout de ses lèvres.
« Genre, comme on pourrait être mort avec un coup de blaster perforant et brulant le poumon droit. »
Il voyait sur le visage du pilote à quel point cela semblait l'affecter. Bien qu'il ne sache pas grand-chose sur les liens qui liaient les résistants, il supposait que Poe était touché par la mort d'un des leurs. Pour Brant, la mort de Lewis était bien plus que ça.
« C'est pour me dire ça que t'as pris le risque d'entrer en contact avec moi ? »
Le lieutenant hocha la tête négativement, il posa un microprocesseur sur le bar. Poe lança un regard à son vieil ami qui lui fit signe de le prendre discrètement.
« Tu m'expliques ?
- Il n'y a pas grand-chose à t'expliquer. C'est tout ce qu'il m'a légué, et je pense que c'est à toi que cela revient...Enfin, à Organa. »
A nouveau le silence, Poe regarde son vieil ami, les yeux embrumés d'incompréhension.
« C'est pour lui que tu reviens parmi nous ?
- Qui t'a dit que j'étais vraiment parti ? »
Poe reprit une gorgée de son verre, mais vit que ce dernier était vide. Il fit signe à l'aubergiste.
« Ressers-moi la même chose... A moi et... à mon ami. »
Brant releva la tête, surpris.
« Je suis ton ami maintenant ? »
Le pilote ne put retenir un bref sourire.
« Je suppose que nous sommes destinés à avoir une relation compliquée non ? »
Ce fut au tour du lieutenant de sourire, et alors que les verres arrivèrent sur la table du bar, il le prit déjà en main.
« Je pense qu'il est temps pour nous d'être sur le devant de la scène.»

Il leva son verre, lança un regard complice à son vieil ami le pilote.

« A la Résistance. » souffla-t-il. Une lueur s'alluma dans les yeux de Poe Dameron. Pour la première fois, depuis très longtemps, il était d'accord avec son ami d'enfance.

« Et à la liberté. »