Prologue - Le réveil des ombres

Par Miyuki

Un éclair déchira la voûte céleste. De sombres nuages, chargés de colère, se rassemblèrent à une vitesse folle au-dessus d'un vaste désert. S'étendant sur des dizaines de kilomètres, la région était aride et dénuée de toutes vies. La pesanteur avait l'air de s'être décuplée. L'orage qui approchait dangereusement, tels que ceux d'été, compressait l'atmosphère et rendait l'air à peine respirable. Toute personne saine d'esprit n'aurait pu tenir plus de quelques instants à proximité de ce territoire inhospitalier. Tout n’était que sable et rocailles. De hauts monticules rocheux, gardant cachés quelques cavernes noires et impraticables, menaçaient à tout moment de s'effondrer. Et pourtant, même si rien n'aurait pu le laisser imaginer, il y avait bien un être vivant dans ce désert. De derrière une dune il surgit, enveloppé d’une cape noire poussiéreuse. Son visage était entièrement camouflé sous une large capuche laissant seulement apparaître les contours de sa bouche quelque peu ridés. Avec un sourire figé sur les lèvres, il avançait d’une démarche déterminée, ralentie par une légère claudication, vers une crevasse creusée à même la dune qui se trouvait devant lui. Les parois sableuses de celle-ci ne semblaient tenir qu’à l'aide de quelques manifestations magiques. Un éclair déchira à nouveau l'éden.

   Arrivé à quelques mètres de ce qui semblait être sa destination, une étrange lueur violacée dans les yeux, qui ne pouvait être visible qu’à la lumière produite par les éclairs, l’homme s'arrêta. Après avoir vérifié qu’il était bien seul, il dirigea ses mains vers le ciel de plus en plus menaçant, et proféra une suite de mots inintelligibles. Puis, tout alla si vite. Stimulés par ces incantations, les nuages déversèrent leur colère et la pluie s’abattit lourdement sur la région. Un éclair frappa avec violence le sommet de la dune où se trouvait la crevasse. Le temps semblait s'être arrêté. Le vieil homme ne fit aucun mouvement et semblait attendre une manifestation quelconque venant de la dune ensablée. C'est un puissant cri de rage qui en sortit quelques instants après. Un cri qui avait la capacité de faire fuir le plus courageux des êtres vivants, qu'il fasse partie des êtres humains, des êtres de l'eau, des dieux, des êtres de lumière ou même – mais certains ne seront pas du même avis – des gardiens. Un cri métallique venant des confins de la Terre. Un cri qui fit presque sursauter le vieil homme.

   D'autres cris beaucoup plus lointains répondirent. La crevasse se mit à trembler, si violemment qu’elle finit par se briser en deux. Un liquide gazeux noirâtre s'échappa de ses profondeurs. La substance semblait guider quelque chose hors des entrailles du désert. À travers la brume nauséabonde qui s’en dégageait, apparurent des ombres maléfiques. Dotées de grand yeux jaunes sans pupille, elles avançaient lentement, titubant par endroits. Le corps squelettique et blanchâtre, presque translucide, elles atteignaient facilement les deux mètres et même trois pour certaines d’entre elles. Malgré cette taille démesurée, leurs bras étaient assez longs pour traîner sur le sable humide. Trois doigts crochus se trouvaient à leur extrémité et laissaient des marques profondes au sol sur leur passage. Le visage totalement dénué d'expression, les créatures se regroupèrent autour du vieil homme qui semblait exercer une forte emprise sur elles. Les trombes d'eau qui se déversaient sur le désert n'avaient pas l'air de les déranger le moins du monde.

   — Quelle joie de vous revoir, chers Errants, déclara-t-il lorsque quelques centaines d'ombres s’étaient rassemblés autour de lui.

   Des râles s'échappèrent du trou qui leur servait de bouche pour exprimer un certain contentement à en croire la vague d'enthousiasme qui s'empara des rangs. À nouveau, l’homme prit le ciel à partie en levant les bras dans sa direction.

   — Aujourd'hui, notre quête commence. Aujourd'hui, nous allons dévaster ce monde et le faire nôtre. Aujourd'hui, notre marche commence pour la conquête du royaume de Jayakürshid et la destruction de Shuruaat, cette ville sainte, où se terrent ceux qui se proclament être des gardiens !

   L'armée des ombres précédée par le vieil homme se mit en marche en criant à gorge déployée. La route était longue pour espérer apercevoir les murailles de Shuruaat mais l'homme, dont les yeux possédaient toujours cet éclat violet, était prêt à tout.

   — Enki, j'arrive.

   Son sourire s'étira encore un peu plus jusqu'à devenir immense, révélant des dents blanches et pointues, destinées à arracher le cœur de ceux qui faisaient l’objet de sa vengeance.

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Svenor
Posté le 03/12/2020
Salut !

Ce prologue donne très envie de comprendre ce qu'il se passe, de lire la suite, et en ça il est très réussi je trouve. J'aime beaucoup les noms des lieux qu'on voit, bref ton prologue me donne très envie de lire la suite.

J'ai remarqué quelques "problèmes" (À mon avis. C'est quand même très subjectif, et ton texte est très bien comme il est, mais je pense qu'il pourrait être mieux).
Tout d'abord, on a la phrase "la région était aride et dénuée de toutes vies." Je ne trouve pas ça très utile de mettre "aride" ET "dénuée de toutes vies" étant donné que dans ce cas-là, ça veut dire la même chose. Et pour "dénuée de toutes vies", c'est correct, mais je trouve plus élégant d'écrire "dénuée de toute vie" (au singulier).
Il y a aussi "les contours de sa bouche quelque peu ridés", ce sont donc les contours de sa bouche qui sont ridés, mais je trouve ça un peu bizarre comme manire de présenter les choses, dire que ses joues sont ridés, ou que sa bouche est ridée passerait mieux je trouve.

Après, il y a une longue phrase que j'ai eu du mal à comprendre. C'est la première du deuxième paragraphe, celle qui parle d'une "étrange lumière violacée". En fait, je la trouve trop longue, et je crois que cette phrase n'est d'ailleurs syntaxiquement pas correcte du tout.

Autre chose qui m'a fait me poser une question, c'est la pluie lourde dans le désert. Je me suis dit que c'était sûrement à cause de ce qu'avait fait le vieil homme, mais ce n'était pas très clair (ce qui me fait penser ça, c'est qu'une pluie torrentielle dans un désert, ça n'existe pas, et qu'il devait donc y avoir une raison autre, mais je ne suis pas sûr de mon raisonnement)...

Bref, j'aime beaucoup ce prologue !
Miyuki
Posté le 29/09/2022
Je m'excuse vraiment de ne répondre que maintenant à ton commentaire détaillé ! Merci beaucoup pour tous les points que tu relèves, je vais tâcher d'y réfléchir et de corriger en conséquence. Merci beaucoup à toi !
Klyfire
Posté le 11/10/2019
Bonjour !

J'aime déjà beaucoup ton style d'écriture. Je me suis entièrement plongée dans ce prologue qui, au passage, est vraiment bien. Il place bien le sujet de l'intrigue et c'est un bon début !
Et c'est donc avec hâte que j'attends le premier chapitre ;)

Bonne continuation,
Klyfire
Miyuki
Posté le 12/10/2019
Oh, je suis contente de lire un commentaire. C'est une histoire qui me tient vraiment à cœur, alors je suis heureuse d'avoir un retour aussi positif ! Le premier chapitre ne devrait pas tarder à arriver, pas d'inquiétudes ! ;)
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