— Omar —
Journée chargée aujourd’hui. Nous sommes le 12 mars. Il est 8 h 50. Encore un client compliqué. Un problème de trésorerie à défendre, cela devrait être une routine, mais il y a toujours des contentieux à éliminer. Et dire que je devais normalement avoir une journée de repos. J’aurais dû voir Sidney. Elle m’avait fait promettre de passer. Elle était seule et en « journée off » pour une fois, elle avait décidé de fermer la boutique. Ces filles sont à l’école et Antonio travaille.
Quant à moi, j’ai dû trouver un Airbnb en urgence parce que mon appartement a subi un dégât des eaux cette nuit : baignoire fuyante au-dessus. En ce moment, les galères s’enchainent et ma sœur va m’assassiner pour ne pas avoir encore une fois tenu ma promesse.
Pour l’heure, je suis au volant, en train de me remémorer le dossier que je vais devoir défendre dans quelques minutes. Je me repasse mentalement les différentes pièces à conviction, les angles d’attaques et ceux de défense.
J’ai déjà envoyé un message à Sid pour annuler notre journée frère-sœur. J’attends une réponse, je sais déjà ce qu’elle va dire :
— Omar, tu abuses, de nous tous, tu es plus occupé qu’un ministre même Malaïka elle prend du temps pour nous, pourtant elle fait du pénale.
Ce ne seront peut-être pas ces mots exacts, mais la teneur sera la même.
Depuis le début du mois, tout le monde s’affole autour de la grande nouvelle galère mondiale, j’ai nommé le Corona virus. Une nouvelle bactérie qui affole tout le monde. Tout sera tassé dans quelques semaines. De toute façon, je n’ai pas le temps d’y penser, je dois défendre Monsieur Durant contre l’inspection du travail. Tâche beaucoup plus cruciale pour le moment.
Petit tintement de téléphone comme prévu Sid m’a répondu, je ne regarde même pas son message, je suis déjà en retard. J’ai rendez-vous au tribunal de Tours au Palais de justice. En plein centre ville. Je ne suis plus qu’à quelques mètres de ma destination, mais je vais devoir tourner pendant plusieurs minutes avant de pouvoir avoir l’honneur de garer ma voiture à une place payante et exorbitante. Les avocats n’ont pas droit à une petite réduction donc beaucoup optent pour venir en tram même si c’est moins pratique.
Quelques tours de quartier plus tard, je suis enfin garé. S’engage ensuite un pas de course jusqu’au tribunal.
Porte, contrôle de l’identité, re-porte, couloir, chaussure qui claque sur le sol de marbre puis enfin je rentre, j’arrive juste à l’heure.
Une audience efficace, en à peine trois heures j’ai obtenu pour mon client une réduction de peine, c’est-à-dire une moins grosse amende que prévue. L’inspection du travail n’a qu’à bien se tenir.
À midi, je mange sur le pouce, j’ai encore une affaire à défendre cette après-midi. J’ai profité quitte à gâcher ma journée prévue avec Sid dans un premier temps, autant caler des négociations entre deux partis pour un autre client. Cela devait se faire demain mais j’ai réussi à avancer la date. Le client de cette après-midi n’a absolue rien à voir avec celui de ce matin. C’est comme dirait le jargon professionnel un plus gros poisson. Une entreprise de cosmétique qui doit faire face à un scandale sanitaire. Évidemment l’entreprise comme l’État ont voulut éviter le scandale, ils ont préfère avoir recoure aux négociations dans un premier temps. Les négociations commencent est déjà la partie adverse de l’entreprise, la partie civile, pose des problèmes, en clamant la culpabilité de l’entreprise sinon ils n’essaieraient pas de les endormir avec des négociations. Ils n’ont pas tort.
Quand j’ai décidé de devenir avocat, j’étais persuadée que c’était être un justicier contre le mal et l’injustice. Mais la vérité c’est qu’il vaut parfois défendre des criminels. Certes nous n’avons pas l’obligation d’accepter toutes les affaires mais quand on est avocat, si l’on décide de ne défendre que les innocents, on ne défend pas grand monde. Ma vision peut paraître un peu pessimiste mais c’est ainsi que j’en suis venu à voir le métier d’avocat.
C’est le genre de client, ou je ne m’investissais pas trop pour les défendre, je savais de toute manière que par leur réputation, ils finiraient pas remporter la partie. Voyez-y un manque de professionnalisme, moi j’y vois une répartition efficace de mon énergie.
Tout en écoutant, les négociations, je pensais à ce soir. Je décidais de passer chez Sid pour me faire pardonner. J’embrasserais les filles. Je boirais une bière avec Antonio, en parlant de basket même si ça ne m’intéresse pas. Une soirée familial bienvenu après deux audiences pareil.
Puis je pensais à la tête de Sid quand j’allais franchir la porte, elle ferait semblant d’être fâché puis heureuse que je suis passé, elle finirait même par oublier cet énième lapin que je lui avais posé. Ma sœur est conciliante, je suppose qu’être de la même famille que moi il a appris à s’adapter.
L’affaire de cette après-midi dura plus longtemps des négociations de cinq heures à huit clos, pour finalement revenir au point de départ. Et n’avoir avancé que d’un nanomètre. Jusqu’à ce que le juge en ayant assez, sentant déjà le bon petit plat de sa femme l’attendre chez lui, il mit fin à cela pour aujourd’hui.
Au bout de cinq heures nous étions donc dehors avec le projet de poursuivre la défense un autre jour. Des poignets de mains, des belles promesses et surtout beaucoup d'hypocrisie. Mais dans les faits une grosse perte de temps.
J’arrivais chez Sidney, il était presque 19h30. Comme prévue, elle fit la tête en me voyant puis en quelques secondes un sourire se dessina sur son visage et elle me lança :
— Allez, entre reste pas dehors.
Je lui répondis joueur avec mon sourire un peu hypocrite qu’elle adorait :
— Bonjour grand-sœur.
Elle me sourit à nouveau puis prit un ton plus grave :
— Omar, les choses vont mal en ce moment tu as vu les nouvelles ?
— Tu parles du virus ? Lui demandait incrédule
Elle acquiesça visiblement surprise que je ne sois pas aussi affolé qu’elle :
— Oui, bien sûr le virus. Ce soir le président en personne va faire une déclaration.
Soudain, j’eus un flash mental. Ah oui ! L’intervention du président, tout le monde ne parlait que de ça, comme s’il allait annoncer la fin du monde. Visiblement ma sœur à l’air de trouver cela très sérieux.
Elle continua :
— Tu as l’air de prendre ça à la légère, tu as tort ça à l’air grave cette fois.
Je fus quelque peu mal à l’aise avec sa phrase. Certes je ne prenais pas ces événements comme des canulars mais c’est vrai que j’avais tendance à ne pas considérer cette partie des nouvelles mondiales comme pas très importantes. Dans mon travail d’avocat, j’avais vu des tas de choses des cruautés sans nom commis pas des hommes ou des femmes que l’on aurait jurer respectable, des arnaques tellement tordu et injustes qu’on avait du mal à y croire, voilà pourquoi des crises et de la panique générale ne suffisait pas à rendre quelques choses comme cela être le centre de mes pensées. Mais ma sœur avait raison peut-être que cela présumé quelques choses de plus important que prévu. Je décidais de lui répondre avec douceur :
— Non, je prends pas ça à la légère Sidney, je te promets. Attends quelle heure il est ?
Je consultais ma montre. Je poursuivis :
— Bon 19h45, dans quinze on en sera plus. En attendant, où sont mes nièces préférés ?
Soudain après ma phrase, je vis courir vers moi, l’une des deux merveilles que ma sœur avait eu la bonté de faire venir sur cette terre.
La première en tête de course c’était bien sûr April, huit ans, une vraie merveille. Un diamant d’honnêteté et d’innocence. Elle ne lâchait pas son vielle oncle d’une semelle. Il faut dire que ce n’était pas pour me déplaire. Cette enfant était le digne reflet de sa mère. J’adore Sidney, c’est ma grand-sœur et dans une famille nombreuse comme la nôtre, elle règne comme guide pour les autres.
April atterrit irrémédiablement dans mes bras et moi déjà accroupit pour la réceptionner manque de finir sur le derrière. Et puis d’un pas plus mesuré par encore très à l’aise avec le pas de course arrive la deuxième merveille de mon monde Daya trois ans. Cette enfant possède déjà un caractère plus mesurée que celui de sa mère ou que son père. Mais elle est aussi affectueuse que tout le monde dans cette famille. April laisse une place à sa sœur dans ce moment d’affection oncle-nièce.
Quelques minutes plus tard, ma sœur vient interrompre ce moment en sonnant les cloches de 19h58. Et rappelant ainsi tout le monde sur le canapé observateur devant la télévision déjà allumée depuis 30 minutes pour être sûr de ne pas manquer une miette de l’intervention tant attendue.
Je reste debout derrière le canapé, restant un peu détaché de ce moment.
Enfin l’heure fatidique de 20h00 sonne une infographie encore inconnu et spécifiquement créer pour l’occasion apparaît à l’écran. Le palais de l’Élysée en arrière-plan, avec les couleurs tricolores et un titre blanc apparaissent. Déclaration du président de la République. Une Marseillaise en fond sonore et s’en suivent 26:35 de déclaration présidentielle. Avec bon discours, belles phrases et un tas de mauvaises nouvelles à l’insu de cette intervention. Celle que ma sœur retiendra le plus c’est la fermeture des écoles à compter du lundi 16 mars. De la maternelle jusqu’aux universités c’est tout un système scolaire à l’arrêt pour la protection de nos enfants affirment le président.
J’observe ma sœur assise à côté d’Antonio et je crois qu’elle commence à paniquer. Et je la comprend. C’est une mesure inédite. Et si jusqu’à présent j’étais tenté de sous-estimé cette crise, je comprends tout à coup que Sid avait raison. Nous allons en avoir pour plus que quelques jours. Quelque chose de jamais-vu se trame à l’horizon. Rien à voir avec un coup de panique.
À l’issu de cette déclaration je reçois des messages de toute la smala qui réagit bien évidemment à tout cela, ma sœur Mia apprenti urgentiste qui blâme le président de ne pas être intervenu plus tôt et Ethan mon petit frère en étude à l’ISA qui montre son angoisse de devoir suivre des cours à distance. De la panique c’est ce qui caractérise le plus le moment qui se trame en cet instant.
Une panique qui va sûrement monter en intensité. L’année 2020, rentra dans l’histoire, mais à quel prix ?
— Gabrielle —
Seule dans le train. C’est inattendu. Le front contre la vitre froid où débute la nuit je me demande si je ne suis pas dans un wagon fantôme. La pluie n’a aucune prise contre la vitesse.
Sur mes genoux mon ordinateur s’est mis en veille. En vérité j’écoute les annonces les écouteurs dans les oreilles le téléphone dans les mains.
Les écoles, lycées, fac ferment ce soir c’est officiel. Adams doit être content, moi en mère je m’inquiète de la suite.
J’entends l’annonce sans vraiment regarder les images. Qu’est-ce que ça annonce vraiment ? Paris est déjà en émoi à cause de ce virus. Les métros sont plus vide, les rues moins pleines, c’est la première conversation au bureau.
Est-ce que j’ai bien fait de partir ? Il faudrait peut-être que je l’appelle pour lui rappeler que vendredi il a encore cours… Je verrais demain.
Dans ma tête une petite voix me dit que cette épidémie va prendre de l’ampleur. S’ils ferment les écoles, à quand les entreprises ? Ma petite valise grise carré dans le porte-bagage loin au fond me redonne le sourire. Si je vais à Tours c’est cette fois pour bien autre chose que le travail.
Quand j’arrive à la gare, luttant un peu avec mes talons, mon manteau, ma valise je mets en pause le discours et retire mes écouteurs. Demain mon programme est chargé. J’éternue. Oui parce qu’au milieu des malades touchés par le virus moi j’ai encore un rhume. Les rares personnes sur le quai s’écartent quand je me mouche. Je suis pas vraiment inquiète j’ai passé ma vie à être enrhumé. Malgré tout depuis quelques semaines je reste à distance de tout le monde par sécurité.
Dehors un taxi m’attend. Comme toute bonne Parisienne je ne conduis pas. J’espère que ma location ne va pas être trop perdue dans la cambrousse.
Un message de mon fils :
— « Maman, arrivée ? T'as vue. On a plus école !! »
Quoi dire à sa joie cachée dans ce sms. J’aurais pensé la même chose à son âge. D’une main je réponds mettant ma petite valise dans le coffre :
— « Presque. Ne te couche pas trop tard. Te réjouis pas trop vite loustique. »
Voilà, j’ai fait mon rôle de mère. La radio est allumée dans la voiture mais je ne l’écoute pas déjà lassé par cet arrière-goût d’apocalypse. Pourvue que le week-end se passe bien. Pour rien au monde je ne raterais ça.
Mon avis portera plutôt sur la forme du récit car, sans aucune méchanceté, ce prologue est plutôt laborieux à lire, en particulier la 1ère partie celle d’Omar.
J’ai vu que l’une de vous deux souffrait de dysorthographie donc je ne vais pas revenir sur les nombreuses fautes et coquilles qui certes, freinent la lecture, mais peuvent être facilement corrigées :)
J’ai relevé 4 points qui à mon sens peuvent gêner le lecteur :
- 1er point : le 1er paragraphe est vraiment trop « haché ». Je suis pour donner de rythme au récit grâce à utilisation « intensive » du point, mais là je n’en vois pas l’utilité. Ce qui est raconté ne nécessite pas l’utilisation d’un style saccadé pour donner de l’impact.
- 2ème point : trop de personnages en quelques lignes sans pour autant délivrer d’informations pertinentes à leur sujet. A la fin du prologue au moins 10 personnages sont évoqués. Ça fait vraiment bcp en trop peu de temps.
- 3ème point : un récit trop « descriptif à la minute » avec des détails qui n’apportent rien d’intéressant à l’histoire et alourdissent la lecture.
- 4ème point : la véracité des faits : un litige opposant un patron et l’inspection du travail (c’est ce que j’ai compris étant donné qu'il était question d'une amende) relève de la compétence du Tribunal administratif et non du TJ. Dans la région CVL il se situe à Orléans, il n’y en a pas à Tours.
C’est un premier jet qui gagnerait à être amélioré :)
J’espère ne pas vous avoir découragé car clairement ce n’est pas l’objectif.
Je voulais juste transcrire mon ressenti à la lecture de ce prologue.
Je trouve ça intéressant et important d'écrire sur le COVID, parce que ça nous a tous marqué, donc va falloir qu'on le digère par les histoires.
Pourquoi as-tu choisi un prologue pour présenter tes personnages plutôt que de nous mettre directement dans un premier chapitre où l'intrigue serait déjà lancée ? Pour avoir une sorte de version d'eux "avant/après" ? Est-ce que tu prévois un épilogue symétrique ?
J'ai été un peu gênée à la lecture par les nombreuses coquilles, donc je te conseille de passer le texte par un correcteur automatique féroce qui te relèvera tout ça.
J'aime bien que ce soit des personnages avec des familles, qu'on les sente très reliés, connectés, parce que j'ai l'intuition que ça permettra de traiter les mille et une façons qu'on a tous eu de vivre les confinements.
Tout d’abord, merci infiniment d’avoir pris le temps de lire le début de « Sous Verre ». C’est tellement plaisant d’avoir un retour « lecteur ».
Je dois peut-être préciser que nous écrivons nos histoires à deux mains. C’est la raison pour laquelle la plupart de nos histoires ont deux personnages qui résonne l’un avec l’autre. Le prologue a donc été écrit également à deux mains, le but était de présenter nos deux personnages séparés avant qu’ils ne se retrouvent confronter l’un à l’autre. Mais nous allons réfléchir à ta suggestion et voir comment peut-être faire différemment.
Pour parler « orthographe » et « grammaire », je dois préciser que mon binôme d’écriture est dysorthographique, j’ai déjà effectué de nombreuses corrections, mais pour l’instant je n’ai pas encore trouvé un correcteur assez puissant pour tout filtrer, si jamais tu en connais un je suis preneuse !
Quant à ton intuition, tu as tout à fait raison, nous avons écrit ce roman pendant le confinement, il retraduit en temps réel nos angoisses et nos incertitudes du moment. Avec maintenant, trois ans de recule, il apparaît comme une trace de comment en tant que jeunes nous avons vécu le moment.
Encore une fois merci pour ton retour ! C’est vraiment génial !