— Omar —
Malgré l’annonce présidentielle, l’ambiance au repas était toujours aussi enjouée. Mes deux nièces sont très douées pour faire ou dire des bêtises enfantines qui arracheraient un rire à n’importe qui.
Il était presque 21 h quand je décidais de prendre congé. J’avais presque oublié l’Airbnb que j’avais loué pour le week-end après mon dégât des eaux. Il était tard, mais heureusement je me reposais sur ce que m’avait assuré l’annonceur. Il m’avait assuré que je pouvais arriver tard ce soir, ayant une autre locataire dans la maison qui serait là pour m’ouvrir. J’avais eu beaucoup de mal à trouver quelque chose près de Tours. Le seul endroit qui voulait bien m’accueillir pour le week-end, se situé à un peu plus de 30km, dans la ville de Marray.
Mon appartement inondé était à la Ville-aux-Dames. Petite ville tranquille en dessus de la Loire qui m’allait très bien. Quant à ma sœur Sidney elle habitait à Mettray, ville située au-dessus la Loire. En prenant la voiture ce soir il ne me restait plus que 23 min à parcourir avant d’arriver à ma destination.
J’entrais dans le GPS l’adresse de la maison 7 rue du Pommier Vert. Le nom était prometteur.
Je n’aime généralement pas conduire la nuit. Pas assez de visibilité et les phares des voitures, un véritable supplice. Le GPS me fit emprunter la route de Semblancay, une route à deux voies sans histoire ornée d’arbres de chaque côté de la route. Puis je bifurquais pour prendre la direction de Louestault, la ville juste avant Marray visiblement.
Au fur et à mesure que je m’enfonçais dans la campagne tourangelle, mes barres de réseau m’abandonnaient. Toutefois au bout de 30 minutes de voiture, je stoppais finalement le moteur « 7 rue des Pommiers verts », devant une maison qui correspondait à la description de l’annonce : « Petite maison de campagne, un étage, deux chambres à coucher, avec cuisine et salle de bains équipés. »
J’observais la maison qui malgré la nuit noire paraissait tout à fait charmante. Elle était bordée d’un petit portillon en métal blanc qui ce soir paraissait gris. De chaque côté, un mur surplombé d’une grille en losange de métal fin, du même blanc que la porte. Une maison à un étage, on voyait au-dessus de la porte d’entrée à distance égale, deux fenêtres. Des fenêtres hautes, avec de vieilles menuiseries en bois, séparé en six carreaux. Les mêmes styles de fenêtres se trouvaient au rez-de-chaussée elles aussi de chaque côté de la porte. Les deux pièces du haut devaient se trouver sous les combles vu la configuration du toit. L’annonceur m’avait dit vrai concernant la présence qui devait se trouver dans la maison, une lumière était allumée dans le salon.
Il était maintenant temps de sortir de ma voiture pour aller frapper à cette porte où une parfaite inconnue ne m’attendait peut-être pas. Je consultais l’heure. 21 h 45. C’est vrai, il était tard, mais je n’avais pas le choix. J’avais pris ce matin quelques affaires pour le week-end me doutant que je n’aurais pas le temps de repasser chez moi. Prenant mon courage à deux mains, je poussais la portière, et je descendis de ma voiture. Je récupérais mon sac dans le coffre et me dirigeais vers la maison. Je sonnais au portillon, impossible de savoir si la sonnette marchait, mais je ne pouvais que le supposer. Puis je vis du mouvement à l’intérieur. Une femme ouvrit la fenêtre prudente. Elle ne vit pas dans le noir, forcément. Elle prit son téléphone et éclaira mon visage m’adressa un discours bref :
— Bonsoir, vous êtes qui ? Et qu’est-ce que vous voulez?
Je comprenais son angoisse, si un type débarquait à cette heure dans une maison que je louais par un annonceur pas très bavard je suppose que j’aurais dû réprimer un certain degré de panique. Je décidais de dissiper ses doutes :
—Bonsoir, madame, je suis désolée d’arriver si tard, je suis l’autre locataire de cette maison. Je m’appelle Omar Labadie. Je peux vous montrer ma confirmation de réservation si vous voulez.
Elle hésita et répéta mes derniers mots :
— Confirmation de réservation. Attendez ! Je ne comprends pas, le gars qui m’a loué cette maison ne m’a pas dit qu’il avait un autre locataire.
Je n’étais pas surpris qu’elle ne soit pas au courant, j’avais réservé à la dernière minute le propriétaire m’avait dit qu’habituellement il ne réserver que pour une personne. Il avait sûrement cette fois sauté sur l’occasion pour se faire plus d’argent sur cette maison, en ouvrant la porte à une deuxième l’occasion. Je décidais de lui expliquer tant bien que mal la méprise :
— J’ai réservé à la dernière minute, il a dû oublier de vous informer. Je suis vraiment navrée d’arriver ainsi, mais j’ai dîné chez ma sœur et on s’est un peu éternisé. Elle habite à Mettray c’est à vingt minutes d’ici.
J’essayais la bonne vieille technique de donner des infos personnelles pour qu’une personne vous voit plus crédible. J’avais en cet instant la forte impression d’être un de ces escrocs qui tentent de manipuler des personnes crédules. Mais mon discours sembla la rassurer, car elle me dit avant de refermer la fenêtre :
— Attendez j’arrive.
Puis elle apparut par la porte de la maison, toujours son téléphone à la main, et me pointant la lumière dans les yeux. Elle s’approcha et me lança à bonne distance :
— Montrez-la-moi cette preuve de réservation !
Je sortais tranquillement mon téléphone et cherchais le PDF que j’avais reçu dans le mail. Je lui tendis, elle regarda, perplexe haussant presque les sourcils :
— Un PDF, ça se trafique.
Mince elle ne me croyait toujours pas. Et voilà que j’étais tombé sur une femme suspicieuse. Comment lui prouver que je ne lui voulais aucun mal. Fatigué, je décidais le tout pour le tout :
— Écoutez madame j’ai vraiment conscience que cela doit vous paraître insensé, mais je vous assure que j’ai loué cette maison pour le week-end, j’ai un dégât des eaux dans mon appartement, je suis avocat au palais de justice de Tours. Tenez regardé.
Je lui montre ma robe de profession noire et blanche encore sur le dessus de mon sac après ma plaidoirie de ce matin. Elle parut un peu rassuré et déverrouilla le portillon avec la vieille clé qu’elle tenait dans ses mains. Elle finit par me dire :
— Bon bah entrez.
Je passais le portail, m’avançant longuement jusqu’à la porte avant de franchir le seuil de la maison, la porte étant restée ouverte. Elle referma le portail et entra derrière moi, verrouillant la porte à double tour. Elle était gênée et moi aussi. Je me rassurais en me disant que ce n’était que pour quelques jours.
La maison avait un grand hall d’entrée qui s’étendait jusqu’à l’autre bout de la fenêtre du fond. Droit face à la porte se trouvaient un canapé et une petite table à hauteur de bras de l’assise. Sur le côté gauche de la porte, je supposais apercevoir le salon. Droit devant la porte, les escaliers qui menaient au seul étage de la maison. A la droite, deux autres pièces. Derriére la porte de la première je distinguais maintenant la cuisine. Quant à la deuxième elle était fermée, impossible de savoir ce qu’elle contenait. Voyant sans doute que je détaillais la maison elle finit pas me proposer :
— Je vous fais visiter ?
— Volontiers.
Elle commença par me montrer le salon. Une pièce étendue sur toute la longueur de la maison. Avec une fenêtre de chaque côté, une donnant sur le portillon, l’autre sûrement sur le jardin. Une vieille table était disposée au milieu de la pièce. Une table en bois rectangulaire avec de chaque côté de vieux bancs en bois. Au fond se trouvaient deux fauteuils qui se faisaient face. Sur la façade parallèle à la porte se trouvait un grand buffet. Puis dans l’autre façade, près des fauteuils, un poste de télévision écran plat, pas très moderne. La visite du salon terminée, elle m’emmena de nouveau dans l’entrée et se dirigea vers la cuisine. Une petite pièce avec un frigo presque derrière la porte. Un plan de travail qui longeait la façade et une petite table de cuisine avec des pieds en métal.
Une fois sortie de la cuisine, elle leva le mystère sur la pièce à la porte fermée. C’était en fait la salle de bains. Elle avait tout d’une salle de bains, avec un lavabo, une douche et un petit meuble en osier. Tout était de couleur marron et assez vieillotte.
Après le rez-de-chaussée, elle m’emmena à l’étage. L’escalier était strié de petites rayures qui le rendaient assez glissant, il avait dû être foulé de nombreuses fois. Une rambarde en bois aidait à monter. Une fois arrivé je distinguais, que de chaque côté une porte donnée chacune sur une pièce. Cela ne faisait aucun doute, il s’agissait de deux chambres. Entre les deux faces à la rambarde qui donner sur le vide de l’entrée il y a avait une fenêtre, qui elle aussi donnée sur le jardin, invisible de nuit. De plus, les rideaux de cette fenêtre étaient fermés.
La visite s’arrêta là et elle m’informa :
— Voilà, vous connaissez toute la maison.
Elle me désigna la porte à gauche de l’escalier et me dit :
— Voici votre chambre.
Nous ne savions plus vraiment quoi faire, bouger, parler. Puis finalement, elle conclut :
— Je vais donc vous laisser et vous souhaitez bonne nuit.
— Oui bien sûr. Bonne nuit à vous aussi.
Et elle disparut dans l’autre pièce.