Le 14 Brumaire 1918, en Medelvie équatoriale, vallée de Danoisie occipitale (zone à revendication controversée)
C’était une règle admise que l’homme avait toujours raison. Il s’en était rendu compte assez jeune, et s'il leur avait fallu du temps, ses semblables avaient fini par l'admettre.
Il avait par exemple dit, en des termes des plus explicites, que cette expédition non seulement serait futile mais leur ferait regretter de ne pas être banni en enfer. Si le caractère inutile était encore manière à débat, le temps lui donnait raison sur le second point.
Il n’avait pas froid, ce n’était pas froid ça. L’homme en avait connu, des soirées sans feu, malmené par la pluie, la neige, le ventre vide faute de ravitaillement. Ce n’était jamais plaisant, mais cela n’en demeurait pas moins supportable. Présentement, cela ne l’était pas.
Pourtant il était couvert de la tête au pied. Son uniforme bleu encre était rembourré de duvet et amplifié grâce à des runes, il chaussait des triples bottes, et portait trois couches de vêtements. Si en temps normal, il aurait transpiré, dans le cas présent, le froid était si mordant qu’il rendait chaque geste pénible.
En apparence, rien ne lui donnait la moindre raison de se plaindre. Le Meriel trônait haut dans le ciel et donnait à la neige un aspect doré et étincelant. Pas une seule once de vent ne venait lui voler sa chaleur.
Le problème, et il le savait, c’était la terre.
Quand les vents s’accordaient pour devenir un Maelström, il n’y avait rien à faire d’autre que se terrer en profondeur et prier que cela soit suffisant. Ça ne l’était d’ailleurs que très rarement, et ce dernier en fut un sinistre exemple. Même terré au huitième sous-sol de la Citadelle, les doigts de l’homme avaient été mordus d’engelures. Le chaman de la légion lui avait plus ou moins explicitement conseillé de faire le deuil de son nez.
Pourtant, il était assez chanceux.
Les gars de la troisième section de l’armée régulière s’étaient réfugiés quelques instants trop tard à la Citadelle et s’étaient retrouvés coincés entre le cinquième et le sixième sous sol. Le froid avait fait éclater les cristaux d’ésiops, le monte charge s’était stoppé net et ils s’étaient retrouvés pris au piège dans une boîte métallique. Ils y demeuraient toujours d’ailleurs, à moins bien entendu que les copains restés sur place furent parvenus à les détacher du sol mais l’homme en doutait. Il ne s’était pas écoulé vingt-quatre heures depuis la dernière bourrasque, il faudrait attendre encore quelques jours.
« Bordel de merde de putain de brousse! » Une voix rugit à sa gauche. Un grand gamin qui jurait avoir dix-huit ans depuis deux ans mais dont la rondeur juvénile et l’acné ne trompaient personne. Il s’était brièvement appuyé contre le tronc d’un arbre, dix secondes tout au plus, mais cela avait suffi pour lier son gant au bois.
« Qu’est-ce que j’avais dit? » L’homme grommela.
« J’ai oublié. »
« Je vois bien, et maintenant, tu as une main en moins. » Il siffla, et les yeux du jeune garçon s’écarquillèrent d’effrois.
« Mais Peps, ma main, elle est encore bien sous mon gant! » Il gémit.
« Pas pour longtemps. Ni toi ni moi ne sommes élémentalistes. Je ne compterais pas sur tes ombres ni sur mes runes numérologiques pour libérer ton gant, et sans se dernier, autant te couper la main tout de suite.» Il répliqua.
Le garçon devint aussi blanc qu’un linge.
L’homme le laissa paniquer une bonne dizaine de secondes avant de prendre pitié et de retirer une seconde paire de sa poche. Merci Cassini, il se préparait toujours au pire, en partie parce que, d’expérience, le pire se produisait toujours.
Le jeune garçon poussa un soupir de soulagement et rien que dans le temps qu’il lui fallut pour extirper sa main et enfiler le nouveau, sa peau tourna au rouge vif.
« Merci M’sieur. Je suis désolé. » Le garçon dit alors, assez paf et l’homme lui tapota maladroitement sur l’épaule.
Il jouait aux durs, mais ça n’en restait pas un gamin. En temps normal il devrait se trouver à des lieues d’ici et sa principale préoccupation devrait être un devoir à rendre, ou un examen, ou une fille de sa classe, pas de ne pas perdre une main ou la vie. Mais l’heure était malheureusement ce qu’elle était: le froid était le cadet de leurs soucis. Ça n’empêchait parfois l’homme d’essayer de l’envoyer loin du front. À Rocam même, qu’il cesse de jouer à la guerre, qu’il retourne étudier à la Magiversité. Quand l’homme avait peur, il aimait imaginer le gamin à l’Acropole, la plus haute colline de la capitale, l’endroit le plus sur au monde -après Elesium bien entendu. Personne ne pourrait jamais toucher à un seul cheveu du gamin derrière les murailles adrianiques. Même le plus enragé des dixmite teknokrate se ferait tailler en pièce par les golems.
C’était une pensée réconfortante.
En particulier quand il devinait les silhouettes des Berthas, tapis dans les ombres des cols de la vallée. Ces gigantesques canons sortaient à la chaine des usines de Swynghedauw, la ville principale de la région de Dixm et bastion principal de ces saletés de sécessionnistes. À en juger par les échos grinçants, ils étaient pour le moment en maintenance. L’homme se souvenait de son premier face à face avec ces monstres, quand il faisait encore parti de la Régulière et qu’il n’était pas encore question de guerre. À l’automne 1914, on parlait encore de simples troubles. Quelques petits illuminés tekniciens de la région du sud avaient excité la foule en leur promettant un futur dépourvu de mage et d’ésotérisme, mais cela n’était pas bien grave. La magie avait toujours triomphé face à la teknik, et rien, pas même ce ‘moteur à explosion’ ne changerait cela. On avait envoyé sans trop réfléchir les sections Héca afin de rétablir l’ordre. Ils étaient alors considérés comme inégalables et personne ne doutait que la région rebelle rentrerait dans le rang dans le mois.
Cet excès de confiance, les canons Berthas le leur avaient fait payer dans le sang.
Quatre ans plus tard, non seulement Dixm tenait bon, avaient été péniblement repoussé de la région cotière de Pictanie, mais plus grave encore, les sécessionnistes étaient parvenus à rallier une partie de la Danoisie sud à leur cause.
Entre temps, l’homme avait quitté la Régulière, trop tiède, trop faible. Par la Sainte Grace, il n’avait pas encore perdu sa foi mais-
Mais ce n’était pas l’heure de se prêter à de telles divagations.
« Le Capitaine t’a laissé venir avec moi, à condition que tu obéisses. » Il grommela « Tu me refais un coup dans le genre, je te renvois au camp. »
Le gamin hocha gravement la tête, et prétendit qu’il ne s’agissait pas d’une menace en l’air. En vérité, si l’homme n’avait pas été persuadé que le gamin se tuerait sur le chemin du retour, il lui aurait déjà mis un coup de pied aux fesses. Une part de lui pesta contre son capitaine et cette sortie stupide. Il ne pouvait en revanche pas le détester entièrement, pas quand il en connaissait les raisons.
« Ça ne se reproduira pas. » Le gosse dit d’un air assez assuré pour être convaincant.
Il ne manquait pas de courage, l’homme devait lui reconnaître ça. Peu d’adultes se seraient portés volontaires pour une telle mission mais après tout il fallait un certain courage pour mentir sur son âge en de pareilles circonstances.
L’homme avait tenu rancune au Capitaine, d’avoir accepté le gamin quand même la Régulière n’en avait pas voulu. Cependant il devait reconnaitre que le gamin était vraiment doué. D’ordinaire, l’homme s’arrangeait pour éviter les Conjurateurs -davantage par sécurité que superstition- mais le môme avait une maitrise effrayante de ses esprits. L’homme avait vu des adultes perdre le contrôle face à une toute petite âme damnée quand le gosse en abjurait une bonne douzaine sans une seule goutte de sueur. S’il survivait à ça, il irait loin, très loin.
Survivre impliquait de ne pas jouer aux crétins cependant. Le silence à lui seul donnait la mesure du danger ou ils se trouvaient. Ils n’étaient qu’à quelques lieues de la tristement célèbre Wazemmerg. C’était la place forte des séparatistes du secteur, et bien des rumeurs circulaient à son sujet, en partie parce que personne n’en était jamais revenu, mort ouf vif.
Le secteur aurait dû grouiller de dixmites embusquées, de danoisien traitre à leur sang, de mines anti-personnelles. Quitte à choisir, l’Homme préférait les charges, elles le tueraient sur le coup, elles. Les séparatistes, eux, ne faisaient jamais cette grâce aux mages, en particulier ceux de la Cohorte.
Ce silence, il était à imputer au Maelström. Le cataclysme avait tout terrassé sur son passage, tuant, gelant, détruisant tout, même le plus petit circuit teknik. Il s’était à peine écoulé vingt-quatre heures depuis la fin de cette tempête et ils devaient être tous fou à lié pour être sortis. Les recommandations préconisaient d’ordinaires de laisser au sol entre cinq et sept jours pour se réchauffer, avant d’éteindre les runes de contre-champs. Ils avaient de la chance que celui-là ait été relativement petit, sans quoi, vingt-quatre heures plus tard, il ne peineraient pas à avancer, ils se seraient retrouvés pétrifié à la première bourrasque.
Le Capitaine, il s’en était fichu magicalement des recommandations. À la seconde où le thermomètre s’était dégelé, il s’était couvert pour sortir, seul, sans même demander le moindre volontaire. Cela avait eu le don d’échauffer tout le monde d’ailleurs. Il n’y avait pas une seule personne dans cette pièce qui ne lui devait pas la vie. Qu’il ne s’attende pas la pareille, cela avait exaspéré la légion. Ceux qui tenaient encore à peu près debout s’étaient alors équipés, dont ce gamin crétin. Les autres étaient resté en arrière et entreprenaient de rétablir les flux ésotériques de la Citadelle.
C’était une question de loyauté, mais également de principe.
Personne n’ignorait pourquoi le capitaine risquait sa vie de la sorte. L’homme quand à lui, essayait de ne pas trop y penser.
Ce fut un échec. Le silence lui rappelait des temps révolus, sans canons, ni meurtres, ni boue. Il se souvenait même petit s'être rendu en Dixm avec sa mère où il avait encore de la famille, en théorie. S'il devait être franc, les temps où il espérait que les combats cessent, que la région sécessionniste rentre dans le rang, que la Medelvie redevienne un seul pays, ces temps étaient bien révolus. Désormais Dixm, c'était la vapeur et le mal, c'était l'ennemi, c’était les chasseurs de sorciers, le tout cristallisé dans toute sa sinistre splendeur en la place forte de Wazemmerg. Il n'en voulait qu'une chose, du sang et du silence. Éternel de préférence.
Son regard balaya les environs. Une forêt de sapin, encore verte il y a trois jours, était désormais emprisonnée dans un cristal blanc. Ce n’était d’ailleurs plus une forêt, mais une illusion. Le Maelstrom avait emprisonné ces arbres avant de les tuer, fait éclater les mousses par le gel, pris au piège les animaux dans leurs terriers. Dans une semaine, quand le dégel aurait fait son œuvre, il ne resterait plus rien. Cela deviendrait alors une terre noire et l’air se chargerait d’une odeur de mort. Avec une peu de chance, une nouvelle forêt finirait par reconquérir ce cimetière. Parfois, l'homme se demandait si les arbres pleuraient leurs morts à la manière des hommes. Cela pouvait paraître fou, mais il s’était déjà promené dans de telles forêts et si elles étaient en apparence assez semblables aux précédentes, il y avait dans leur bruissement comme une complainte mélancolique.
Ce n’était ni le lieu ni l’heure pour divaguer.
Ils se remirent en route, bon grés mal grés. Le Meriel poursuivait sa course au-dessus de leurs têtes, éclairant un horizon pur et net. L’homme aurait aimé y trouver du brouillard afin de dissimuler ce spectacle navrant. Ce n’était pas son premier. Le gamin en revanche en découvrait la réalité et son visage se décomposait petit à petit. Quand il passèrent enfin dans un petit village blanc, il s’arrêta net.
« Personne ne peut survivre à ça. » Il conclut, d’un air aussi terrassé que tranquille, et l’homme hocha mollement la tête.
« Personne ne peut gagner contre un Maelstrom, pas plus que tu n’irais frapper l’océan à la hache et espérer en sortir vainqueur. »
« C’est ce que vous lui avez dit, n’est-ce pas? » Il murmura, les lèvres désormais gercées par le froid « Pour qu’il s’énerve comme ça. »
L’homme hocha la tête. Ce n’était pas dans le caractère du Capitaine de perdre son sang froid, mais lorsque cela se produisait, il avait tendance à perdre toute commune mesure.
« La mort d’un être cher est toujours difficile à accepter. »
« Si vous pensez qu’il est trop tard, pourquoi êtes-vous sorti? »
« Parce que c’est le capitaine, et… qui sait, peut-être ai-je tort? » L’homme répondit mais le gamin hocha la tête à son tour. Il ne se trompait jamais, il prédisait toujours les événements avec une exactitude effrayante. Certains revenaient même sur leurs croyances et juraient qu’il était devin, sinon Oracle. L’homme, lui, n’en croyait rien. Ce n’était pas un sixième sens, c’était du bon sens.
En cet instant, il aurait aimé s’être trompé.
Par acquis de conscience, ils firent un tour des petites maisons. C’était un village typique des danois du nord. Des chalets de pierre et de bois, conçus pour résister aux avalanches, si courantes dans ces montagnes, surtout depuis que les séparatistes s’amusaient avec leurs canons. Rien, cependant, ne pouvait résister face à un Maelström, comme en attestait les poutres éclatées par le gel et les fenêtres explosées. Même l’Auratoire du village avait succombé.
L’homme détailla longuement la silhouette de pierres blanches et les restes de sculpture. Il nota entre les symboles de Sainte Cassini quelques ajouts éclectiques. Des silhouettes d’arbres et de petits visages dépourvus de nez, reste d’un culte local, très certainement endémique et dont les habitants emportaient les secrets dans leur tombe glacée.
Les deux hommes passèrent prudemment la lourde porte de cuivre du lieu saint, sans la moindre rune active. Un curieux sifflement retentissait dans leurs oreilles. La faute à des appels d’air probablement. La tempête avait décapité la Coupole. Il s’aventurèrent dans les couloirs froids du cloître, passant en revue les pièces. L’une d’elles fit de la résistance, aussi l’homme la défonça à coup de pieds. Elle était petite et sans fenêtre, en son centre se trouvait le reste gelés d’un feu. Des ombres se trouvaient agglutinés autour de ce foyer, silhouettes blanches, lèvres bleues, yeux horrifiés. On aurait dit qu'ils avaient été pétrifiés sur place. L'homme nota, non sans amertume, que pas une seule des silhouettes n'avait tenté de prier. Pas même l'Aurateur, le chef de la délégation. En fin de compte, cela n'aurait probablement pas changé grand chose. Sainte Cassini avait choisi de ne pas intercéder envers son troupeau, pas même pour son berger au col doré. Toute la miséricorde astrale ne changeait rien au fait que ces malheureux étaient morts.
Peut-être n'en était-elle pas capable. Peu importe.
Il referma la porte et le gamin lui jeta un regard interrogateur, voir curieux.
« Les acolytes de l’Auratoire, tu n’as pas besoin de voir ça. » Il dit d’un ton sans appel.
« Ils sont tous morts? »
« Oui. »
Ils poursuivirent alors leur entreprise, le gamin malade, l’homme résigné. Il avait raison, et cela le dépitait profondément. Il allait même jusqu’à en ressentir de la rage. Voilà pourquoi, alors qu’ils remontaient le cloître, il fixa la statue de la Sainte au bout du couloir. Elle avait le visage paisible, pour ne pas dire béas, la ceinture sculptée de houx -probablement là une miette de tradition locale. Ce visage si tranquille, alors qu’ils se trouvaient cernés dans un enfer froid et atroce libéra cette rage animale.
Prouve moi que tu as existé, que ton esprit a survécu, que tu veilles bien sur nous comme tu nous l’aurais juré, l’homme murmura dans sa barbe, Montre moi à quel point je suis idiot de douter de Toi. Donne-moi un geste, un seul, pour me donner tort. Un seul.
Il attendit un instant, un long moment, une éternité même, face à l’idole, jusqu’à en obtenir un regard interrogateur de son cadet. Il espéra avec une ferveur fanatique, jusqu’à ce que l’impatience se transforme en déception.
Il avait donc raison sur ce point, encore.
L’homme refusait d’espérer désormais, il ne pouvait plus croire en un équilibre cosmique bienveillant, il ne pouvait plus croire en rien. C’était probablement trop demander, mais l’homme avait passé sa vie sans rien attendre, il était fatigué, résigné.
Toute sa vie, il avait été un serviteur dévoué. Il n’avait jamais rien demandé, pas même ce jour-là, quand les canons avaient réduits toute sa section en cendre. Il aurait tant aimé qu’elle lui rende grâce.
Elle l’aurait probablement fait, si elle avait jamais existé.
« Fichons le camp d’ici. » Il grommela sans se retourner.
L’air lui sembla plus froid encore. Froid, vide, quelconque. Il avait raison, et pour son plus grand malheur, plus rien n’avait de sens désormais. L’aura même de ce bâtiment lui brûlait l’âme et-
Un bruit retentit le long du couloir jusqu’au cloître, de manière si brutale qu’il sursautèrent.
« Un objet a dû tomber. » L’homme dit, un point d’appréhension dans la voix. L’héca-soldat en lui se révéla, et il commença à invoquer les runes à ses paumes. Comme pour se moquer de lui, il y eut un autre bruit, plus terrible encore, et encore. Cela ne pouvait pas être causé par le vent, ça, c’était régulier, c’était…
C’était délibéré.
Et également incompréhensible, car ils étaient déjà passés par ces portes. Il n’y avait rien de vivant. Il fallait être vivant pour être délibéré.
Les paumes du garçon éclairèrent le couloir, et son ombre se détacha lentement de lui.
« Il y a quelqu’un. » Il murmura.
« C’est impossible. » L’héca-soldat murmura, plus à lui-même qu’à son cadet. S’il y avait quelque chose, ou quelqu’un, c’était soit le mage le plus puissant au monde, soit le pire teknicien ayant jamais existé. Dans un cas il se réjouirait, dans l’autre…
Ils s’aventurèrent prudemment, silencieusement le long du couloir. Le bruit de plus en plus marqué, allait de concert avec les pulsations de ses tempes. Le gamin ajouta une seconde silhouette à ses ténèbres, puis une troisième. L’homme faisait briller ses runes numicroniques dans les airs.
Ils se positionnèrent de part et d’autre de la porte.
Il y eut un bruissement.
Le son se tut.
Le gamin l’observa un moment, et après un bref petit hochement de tête, l’homme envoya voler la porte d’un coup de pieds. Ils s’engouffrèrent dans la pièce, toute rune dehors, près à frapper-
Contre le mur, en dessous d’une fenêtre, ouverte, se trouvait la plus minuscule des silhouettes que l’homme ait jamais vu. Une gamine, adolescente, les vêtements ensanglantés, le visage tuméfié, des inhibiteurs magiques sur chacun de ses doigts, certains bleutés, très clairement cassés. Elle devait être morte, ce n’était pas possible, personne ne pouvait survivre à un Maelstrom, pas même une mage, et très certainement pas dans cet état. Cela devait être un piège, une embuscade-
Elle prit une inspiration tout bonnement déchirante, comme un sac en papier percé. Un de ses poumons devait être percé ou brûlé, voir les deux. Wazemmerg, maudite Wazemmerg, mais ils- comment-
Le gamin sortit alors de sa torpeur, se jetant aux côtés de l’inconnue, envoyant ses ombres soutenir la jeune fille, appelant son camarade afin qu’il invoque un portail, pour qu’ils se transposent à la Citadelle de toute urgence. Cette jeune fille avait urgemment besoin de soin, qu’elle vacillait, que le temps était compté. L’homme s’exécuta bien entendu, et sous ses mains l’air s’illumina pour devenir trouble. Le vide se déchira alors pour révéler un tout autre paysage. Le gamin hissa sans hésiter la gamine, la trainant vers cette image fantomatique de la Citadelle, et l’homme le suivit.
Il se retourna cependant une dernière fois, croisant le regard de pierre d’une statue de Sainte Cassini.
Il souriait.
Elle aussi.
Je prends le temps de faire un retour plus précis sur cette partie.
Déjà je comprends absolument tout parce que tout est amené dans une action claire. Et facile à suivre, même pour moi. :D
Je suis dedans à 100%, avec une tension palpable (et froid !) c'est rythmé et la relation entre les deux personnages me touche. Un adulte plus âgé qui cherche à protéger un jeune, c'est une situation que j'arrive à me représenter et qui est bien amenée selon moi.
Je ne suis pas perturbée par la densité du lore, ici, c'est fluide et clair, les personnages évoluent dans un monde que je ne connais pas mais que je vais découvrir tranquillement, ça ne va pas trop vite.
Au niveau du vocabulaire par contre, je pense qu'il y a "trop" de mots nouveaux par rapport à ce que ma lecture paresseuse peut en tolérer et je ne vais pas les avoir retenu dans la suite de ma lecture. Admettons que je te lise avec un petit carnet et que je note les définitions et les liens, là je pourrais comprendre, mais c'est rarement ce qu'on fait en lisant.
La partie avec le capitaine resté à la base était peu claire pour ma compréhension instantanée j'ai dû relire pour comprendre que c'était une autre personne que le protagoniste du prologue qui avait un fils (enfin j'espère que j'ai bien compris, et fait le lien sur ma supposition en lisant les chapitres suivant où on en reparle ?) et je n'ai pas vraiment compris pourquoi il était resté à la base mais ça ne m'a pas gênée plus que ça, on ne peut pas TOUT comprendre.
Voilà, j'espère que ça pourra t'aider dans ta réécriture. :)
Ton commentaire fait super plaisir et m'aide beaucoup (ouiii la sacro sainte réécriture!)!
Alors pour les mots un peu mystérieux, j'aimerais bien ajouter une carte sur le long terme (ya beaucoup de noms de lieux en fait).
Sinon pour le capitaine, je pense que j'étais pas très très claire. En fait le capitaine, c'est lui qui voulait sortir dès que le temps est redevenu potable. Les soldats sous ses ordres -dont les deux personnages- étaient en colère parce que il voulait y aller solo. Il y a une grande loyauté entre les soldats de la Cohorte donc tous les valides se sont habillés pour sortir également. Le narrateur de ce chapitre cependant a essayé de lui déconseiller de mener une telle entreprise, qui pour lui était perdue d'avance. Rien ne résiste au Maelstrom. Quand à savoir ce que cette sortie avait pour but .... va savoir ^^
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Moi j'ai supposé que Will était le fils du capitaine resté à la base et que c'était ça le lien entre les deux histoires. Et peut-être que l'espèce d'église c'était là où Sidonie avait trouvé l'hospitalité avec la soeur Marie-Charlène pour se soigner. (mais je ne veux pas savoir la réponse, je vais lire la suite). Je te dis juste ça si ça t'aide à comprendre ce qu'un lecteur lambda pas très doué peut envisager en lisant les premiers chapitres ! :)
J'ai passé un très bon moments.
Mes petites réserves d'abord. Je trouve que le prologue est un peu bavard sur le passé du personnage principal par moments, alors qu'on ne le connaît même pas dans le présent. Quelques tournures de phrase peuvent être raccourcies parfois, j'en ai relevé dans mes remarques. (d'ailleurs n'hésite pas à me demander si tu préfères que je me concentre seulement sur le fond)
Sinon, le gros point fort de ce chapitre, c'est les malestroms ! Déjà c'est une excellente idée et ça colle parfaitement à l'ambiance instaurée, on comprend tout le danger qu'ils représentent un peu dans cette univers. Pour faire une comparaison pas ouf, c'est un peu un équivalent des verres de sable de Dune. Tes descriptions sont souvent très imagées et on image bien la végétation figée dans la glace.
Sinon, j'ai beaucoup aimé plusieurs passages. Tu as un joli, avec quelques phrases très fortes (pareil j'en ai relevé un peu mais pas toutes)
Ce qui est également très bon, c'est la chute de ce prologue. Elle remplit parfaitement son rôle de surprise mystérieuse après tout ce que tu mets en place au sujet des maelstroms. On se demande qui est cette fille et comment elle a survécu.
Mes remarques :
"que les copains restés sur place furent parvenu" -> soient parvenus ?
"Il ne s’était pas écoulas" -> écoulé
"dont la rondeur juvénile et l’acné confirmait le contraire." confirmait est peut-être pas le meilleur verbe
"et sans se dernier," -> ce dernier
"Ça n’empêchait parfois" manque le pas ? ça rendrait la phrase plus claire je trouve
"l’endroit le plus sur au monde" -> sûr
"jamais toucher à un seul cheveu du gamin" -> à un seul de ses cheveux ? (pour éviter la répétition)
"je te renvois au camps. »" -> renvoie
"L’homme en avait tenu une certaine rancune au capitaine, d’avoir" -> l'homme avait tenu rancune au capitaine d'avoir... (ça simplifie la tournure je trouve)
"qu’à quelques lieux de la tristement célèbre Wazemmerg." je suis de Lille et j'ai pensé à Wazemmes ahah (quartier pas trop réputé de Lille)
"À la seconde ou le thermomètre s’était dégelé" -> où
"et qu’il de tente pas de les laisser rendre la pareil," -> ne / pareille
"encore à peu près debout s’étaient alors équipé" -> équipés
"lui rappelait des temps révolu révolus," répétition révolu
"quand le dégèle aurait fait son oeuvre" -> dégel
"pas à l’esprit d’aller combattre l’océan à l’épée. »" -> d'affronter ? (plus joli qu'aller combattre ?)
"Ce n’était pas un sixième sens, c’était du bon sens et puis c’est tout." couper à sens ferait que la phrase serait encore plus stylée ! sinon super tournure !
"l’Auratoire du village avait succombé." -> oratoire ? ou c'est un autre mot ?
"Des ombres se trouvaient agglutinés" -> agglutinées
"Elle avait le visage paisible, pour ne pas dire béas" -> béat
"Prouve moi que tu as existé, peut-être mettre une ponctuation ou de l'italique pour ce genre de passages ?" j'ai trouvé ça un chouilla confus à ma première lecture
"Il fallait être vivant pour être délibéré." bien trouvé ! joli!
Très bon moment,
A très vite !
Trop contente de lire ton commentaire, super instructif (mondieu toutes les remarques sur la lourdeur des phrases et autre, je prends, j'ai pendant très longtemps été nourrie au Proust donc j'ai un peu la manie de considérer qu'une phrase de 60 mots, ce n'est pas SI grave que ça (alors que bon, laisser respirer le lecteur c'est pas mal))!
Ravie que les maelstroms te plaisent ehehe. J'ai un peu étudié l'astronomie, dont les exoplanètes et... bon disons qu'être sur un satellite d'une géante gazeuse en orbite autour d'un système binaire, ce n'est pas une super bonne idée (on a des bulges qui apparaissent, les cellules de convections disparaissent plus ou moins, on a des lignes de vent stupides, des effets de marée océaniques, atmosphérique voir terrestre idiot bref, c'est le bordel).... mais ça peut aussi devenir vite assez drôle à raconter (enfin, je trouve).
bref, ton commentaire m'a fait trop plaisir!
Ok, intéressant ce complément d'infos !
A lire ton prologue, j'avais presque froid 😅 On est vraiment plongé dans une espèce de toundra vertigineuse où on ressent bien les émotions des personnages ainsi que la galère dans laquelle ils se trouvent.
Il y a plusieurs phrases que j'ai adoré comme "Survivre impliquait de ne pas jouer aux crétins cependant." , " fallait être vivant pour être délibéré." etc. 😂😂😂
La fin du chapitre avec ce sourire de la statue 😮
Tu as l'art de tenir le lecteur en haleine, bravo !
Quelques toutes petites suggestions 😁 :
-Prouve moi que tu as existé, que ton esprit a survécu, que tu veilles bien sur nous comme tu nous l’aurais juré, l’homme murmura dans sa barbe, montre moi à quel point je suis idiot de douter de Toi. Donne-moi un geste, un seul, pour me donner tort. Un seul
: Il faudrait ajouter des guillemets ou un tiret, vu que c'est une réplique 😊
-"Si le caractère inutile était encore manière à débat": peut-être voulais tu dire "matière à débat" ?
-"et sans se dernier, autant te couper la main tout de suite.": ce dernier*
-"L’homme quand. À lui, essayait de ne pas trop y penser." : quant à lui* et il faut retirer le point au milieu 😊
Voila, bientôt pour des nouvelles aventures peut être toujours dans cette toundra ? 😁😁
Oooh ton commentaire m'a fait trop plaisir! Ravie que la sensation 'voyage dans un congelo' soit réussie ahahah!
Je note tes remarques pertinentes pour ma réécriture! Encore merci!
Ambiance peur bleue pour ce prologue où le gamin et son mentor s'aventurent dans des lieux qui font se dresser les poils sur tout le corps. Le mentor a une allure de sorceleur. L'environnement est bien décrit et les dialogues assez savoureux. Hâte de lire la suite. Merci pour ce moment.
Merci pour ton commentaire Belisade! Ravie que ce prologue t'ait plu!
Avant d'entrer plus en détail sur ce prologue, une remarque globale : il est assez long pour un prologue, puisqu'en général les prologues plus courts qu'un chapitre régulier. Cette pensé m'a amenée à regarder la taille moyenne de tes chapitres, et d'après ce qui est reporté sur PA, ils sont assez irréguliers haha ^^ Mais bon c'est du détail. Je sais que moi aussi je peux faire un chapitre de 3K aussi bien qu'un chapitre de 6K.
Maintenant pour ce prologue en lui-même : c'est bien, je trouve qu'il rend le lore plus digeste. Il y a bien sûr beaucoup d'éléments amenés d'un coup, mais tu prends le temps d'expliquer à quoi correspond les mots que le lecteur ne connaît pas, et on se sent un peu moins noyé.
Au-delà de cette présentation, le récit en lui-même était très bien. De beaux moments de tension, on est vraiment plongé dans l'expédition des protagonistes et leurs appréhensions sont nôtres.
Le cliffhanger de fin est aussi vraiment sympa. Que ce soit cette mystérieuse jeune fille qui ne devrait pas se trouver là, ou le sourire de Sainte Cassini... C'est intriguant !
Ravie que ce prologue éclaircisse certains éléments (il est un peu long parce que à la base tous mes chapitres font +6K mais je les redécoupe pour les rendre digeste, donc techniiiiquement le prologue est deux fois plus court (lol))
Ravie que tu trouves la fin intrigante :)
Et je vais m'arrêter là parce que sinon je vais me mettre à spoiler mdr.
encore merci de tes conseils judicieux!