Un pitch pour la douze!

Dans un univers où la magie est possible, et où un nourrisson peut faire léviter une maison sans sourciller, serait-il véritablement possible de dissimuler une communauté entière de magiciens et de magiciennes ?

Cette question, les mages de Galaaé n’ont jamais eu à y répondre… car ils n’ont jamais cherché à se cacher, préférant révéler en plein jour l’étendue de leur puissance, construisant des villes, des académies, des pays enfin, asservissant au passage les peuplades locales. On pourrait se demander comment cela pourrait-il bien être possible, en particulier quand le nombre de magicien est si faible en comparaison au nombre d'omeg (aka sans pouvoir, c'est un diminutif du mot nomeji aka 'non-magique' en salemni (la langue des magiciens modernes))

Le problème, justement, est que les temps ne sont pas normaux. Sur Galaaé, le climat n’est pas sans pitié ni même cruel, il est mortel. Les vents sont capables de souffler des villes entières, les mers broient les bateaux et les côtes sans aucun signe avant-coureur. Des tempêtes monstrueuses pétrifient tout sur leur passage. La lumière elle-même devient mortelle en hiver, quand l’astre doré, le Meriel, disparaît pour faire place à l’anneau froid qu’est le Nerub… Dans cet océan chaotique, le seul rempart à la mort, cela a pendant très longtemps été la magie. Les mages n’ont ainsi pas simplement eu une position privilégiée dans la société, ils ont pu la dominer, parfois s’élevant au statut de dieux vivants (même si les sociétés ou les mages se sont divinisé ont tenu moins longtemps que les autres mais ça c'est une histoire pour une autre fois).

Cette époque est cependant révolue en Medelvie. Sécuriser l’environnement sans magie n’est plus un rêve d’omeg; le moteur à explosion en a fait une possible réalité. Pour la vaste région du Sud, Dixm, avec ses gigantesques mines de charbon et de fer, le XXe siècle sera synonyme de l’avènement des sciences et de l’éradication magique. Pour le Nord et les trois régions qui le composent (la Rhénanie, la Danasie et la Pictanie), le climat est trop brutal, trop impitoyable, et les sols trop faibles en ressource pour que la moindre démagification ne soit pas synonyme de mort.

Un pays, deux visions, et des voisins peu disposés à calmer la situation, cela ne fait jamais bon ménage. À peine quatre mois après la publication du principe du moteur, le pays sombre dans une guerre trop civile et trop sanglante, qui ne se solda pas même par des accords de paix, mais par un cessez-le-feu et un gigantesque mur, construit à la va-vite dans une vallée vitrifiée.

C’est dans ce contexte que l’histoire de Peur Bleue se déroule. Six ans après les Accords de Wissen, le Nord subit un hiver particulièrement meurtrier, au point de fragiliser son économie et de mettre en danger sa structure sociale. Les pénuries se multiplient, l’inflation frappe de plein fouet une population déjà affaiblie, et l'attitude assez apathique des pouvoirs publiques échauffent les esprits vers les extrêmes: Les Hécatarchistes du Côté Magique, majoritairement représenté par le parti politique du Conclave, et la Vox Populi du côté populaire/scientifique. Pour ne rien arranger les choses, une précédente insurrection a autorisé la formation de force armées privées -du moment qu'elles ne sont officiellement pas affiliées à un parti politique- aussi la rue s'est peu à peu transformé en ring de combat entre la Cohorte (hécatarchiste), le Syndic (voximili), et la Milice (magico-conservateur). Ce climat incertain et électrique est brisé à deux semaines des élections septentrionales (du Septentrion, l'organe législatif de Medelvie avec laquelle le Chancelier doit composer pour gouverner) quand une charge éso (magique) rase presque entièrement la Magiversité. Non seulement la population est horrifiée par cet attentat -pour des raisons évidentes- mais la peur se répand très rapidement dans le pays. La Magiversité se trouvait sur l'Acropole, qui était supposé être le quartier le plus sur du pays. L'Acropole est en effet la plus haute colline de la capitale, protégée par des barrières adrianiques, et gardée par des golem de fer qui ne laissent passer que les alter (les magiciens 'supérieurs' ). Comment des terroristes ont-ils pu passer? S'agit-il de Teknokrates enragés, et dans ce cas là, la teknologie aurait-elle dépassé la magie au bout de seulement deux décennies? Était-ce une opération étrangère visant à faire sombrer une zone instable dans le chaos? Ou alors ne serait-ce pas là un prétexte provoqué par le Nord pour reprendre les hostilités? 

Et petite question, qu'est-ce qu'une petite ballerine de dix-neuf ans, insignifiante au possible, apparemment sans histoires, et sans la moindre trace de pouvoirs cosmiques dans les veines peut bien avoir avec cette affaire-là?