Je me souviens.
Mes racines couraient d’un royaume à l’autre, reliées aux étoiles par des ponts de lumière. J’étais le cœur d’Ellaryon, et mon chant guidait les peuples à travers l’immensité. Tant que je vibrais, les étoiles s’écoutaient.
Puis vint le cri des hommes. L’orgueil, la trahison, le sang versé au pied de mes branches. J’ai senti leurs serments se briser comme de simples écorces. Alors les Ponts ont vacillé.
Je me souviens du ciel qui s’est fendu, de la lueur dévorée par l’ombre.
Je me souviens de mes racines arrachées, de mes branches incendiées par l’éclair noir.
Je me souviens de mon chant, réduit au silence.
Depuis, je dors.
Mon nom s’efface des mémoires, mon royaume se dissout dans l’oubli. Mais je ne suis pas mort. Dans les songes des enfants, dans les spirales qui marquent la peau des élus, je résonne encore.
Un jour, quelqu’un réveillera mes échos.
Et ce jour-là, l’Histoire recommencera à respirer.