Le domaine d’Akna était une grande et belle demeure qui s’élevait dans le creux d’une colline recouverte d’une forêt clairsemée. Haute de trois étages et grande d’une quarantaine de pièces, c’était un endroit tout à fait confortable dans lequel passer la retraite hivernale. Le domaine comptait une petite écurie, de grands jardins, une fontaine et une terrasse extérieure. Elle était construite en craie, comme la plupart des bâtiments Ménavauriens, et était percée de nombreuses et grandes fenêtres.
La demeure se situait non loin de Dooho, cité la plus importante des environs, et jouissait d’une tranquillité exceptionnelle. Tout le contraire donc de la résidence Likanader à Yenne. Mais si Quera avait apprécié le calme de ces dernières semaines, elle retrouverait avec joie le bruit et l’effervescence de la Capitale. Cela lui fera oublier que cette année la Fête des Magnolias se déroulait sans elle.
Toutes les robes étaient pliées, les draps ôtés, les chemises rangées. Les meubles des parties privées des quatre membres de la famille Likanader étaient recouverts d’un drap blanc, les portes fermées et les volets tirés. La maisonnée s’endormait. Dorénavant, et jusqu’à l’hiver prochain, seule une partie du domaine sera utilisée. La cuisine, les chambres des serviteurs et le rez-de-chaussée. Tout le reste restera dans la pénombre et on ne dépoussièrera les ailes principales qu’à la saison prochaine. A l’année, il n’y avait qu’une dizaine de personnes qui vivaient ici, la plupart étant au service de la noble famille depuis de nombreuses années. Ils étaient bien payés pour leur loyauté et ne se plaignaient pas de leur condition.
Ce matin-là ils étaient tous réunis dans le hall, sincèrement attristés de voir leurs maitres et maitresses partir avec une semaine d’avance. Ils ne crachaient cependant pas sur la paix qui sera la leur dès lors que ces derniers auront quitté le domaine. S’occuper de quatre nobles du réveil au coucher n’était pas une mince affaire.
Quatre voitures attendaient au bas de l’escalier principal. Les portes étaient fermées pour garder la chaleur et les cochets attendaient patiemment, assis sur leur banc, les rênes des chevaux dans les mains. La première devrait rouler à toute allure pour mener la Haute-Noble Likanader et son compagnon, Sieur Bell Douliman, au port de Ganifel. La seconde était dédiée à leur deux enfants qui retrouvaient la maison familiale à la Capitale. Les deux dernières étaient destinées aux serviteurs.
Tout le monde s’agitait au-devant de la grande demeure d’Akna. Si, dans le grand hall, on vérifiait que toutes les affaires avaient bien été emballées, sur les gravillons au-dehors l’on prenait soin de s’assurer que les filets placés sur le toit des calèches retenaient bien les bagages.
Au milieu de tout ce monde, figées dans le froid, se tenaient la mère et la fille l’une en face de l’autre, silencieuses quand le reste du monde était effervescent. Les deux femmes ne savaient que se dire, comme souvent. La plus jeune se retenait de partir à la recherche de son frère, disparu on ne sait où en compagnie de leur père.
« J’espère que vous ferez bon voyage, Mère, » dit-elle pour combler le silence.
Il semblait qu’avec les années Quera ait oublié comment se comporter face au départ d’un proche. Elle portait sa mère dans son coeur mais son départ ne l’attristait pas plus que cela. Elle gardait toujours rancoeur de leur dernière discussion, la veille au matin, et elle n’avait pas encore digéré la décision de la Haute-Noble de manquer la Fête de Floraison.
« Combien de temps durera le voyage en bâteau ? s’enquit-elle, même si elle connaissait la réponse.
— Quelques semaines, répondit Mère, un sourire poli sur le visage. Moins d’un mois si les conditions sont bonnes.
— Le printemps est à nos portes, vous devriez avoir une météo agréable.
— Certes. »
Le menton droit, se ressemblant sans le savoir, les femmes échangèrent un sourire de convenance avant de détourner le regard, l’une pour regarder la maison et l’autre pour surveiller le travail de ses serviteurs.
Le visage de Raone était insondable. Difficile de deviner son état-d’esprit, elle contrôlait la moindre de ses émotions. Quera tenait sa mère en grande estime et son caractère impénétrable en était certainement la raison principale. Elle avait toujours eu douloureusement conscience de vouloir lui ressembler. Maintenant qu’elle mettait les pieds dans l’âge adulte, elle n’était plus certaine de le vouloir encore. Sa mère faisait toujours éprouver aux autres un profond sentiment de mal-être — Quera savait que Fort pensait comme elle, et Daly également qui lui avait un jour confié tout ce que lui inspirait la mère de son amie. Une impression d’être une moins que rien, une quantité négligeable. Ce sentiment, Quera n’avait jamais réussi à s’en débarrasser. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, elle restait persuadée que sa mère pensait mieux et faisait mieux qu’elle. Sûrement était-ce pour cela qu’elle était si heureuse… Non, pas heureuse. Satisfaite. Satisfaite de la voir s’en aller loin d’elle durant quelques mois. Une jeune personne de bonne famille ne se réjouissait pas du départ de ses parents mais elle se satisfaisait de la situation dans laquelle elle se trouvait.
Le coeur de Quera sursauta quand Raone prit la parole.
« Vous resterez seuls un long moment, avec votre frère, » commença Mère.
Le moment était donc arrivé. Sa mère allait très certainement lui répéter les mêmes injonctions que la veille au souper : ne pas leur faire honte, s’acquitter de toutes les tâches qui incombaient à leur statut, bien gérer le nom familial.
Empruntant une posture respectueuse, Quera se prépara en entendre tout cela, mais sa mère la surprit :
« C’est une aubaine pour vous, dit-elle en parlant de Fort et elle. Il était grand temps que vous goûtiez à la vie adulte. Fort n’est pas encore uni mais cela arrivera très prochainement. »
Ah bon ? songea Quera, persuadée que ces paroles étaient plus un espoir de sa mère qu’une affirmation.
« De nombreux devoirs l’attendent et il est grand temps qu’il prenne la place qui lui revient. Même s’il ne prendra pas mon siège avant un long moment, il doit s’y préparer. »
Seule la mort pouvait libérer un Haut-Noble de ses fonctions. Fort avait toute une vie devant lui avant de prendre la place de leur mère. Celle-ci comptait bien garder son siège pendant de belles décennies. C’est ainsi que cela se passait en Ménavaure.
« Bien sûr, Mère, » acquiesça Quera parce qu’elle ne savait que dire.
Il lui était plus aisé de parler avec Père. Sa mère ne parlait toujours que de deux choses : de Fort et de ses fonctions de Haute-Noble. Parfois, elle prenait des nouvelles de Quera. C’était à la compagne ou au compagnon de surveiller les enfants en plus, ceux qui venaient après l’unique Héritier, le seul qui avait de l’importance. Quera avait appris cela il y a longtemps. Petite, elle cherchait l’attention de sa mère et faisait tout pour briller dans ses études pour que celle-ci la remarque. Puisque cela ne fonctionnait pas, elle avait arrêté. Et elle avait cessé de souffrir de son absence, bien entendu.
« Quant à vous, ma fille, vous devez également cesser d’être une enfant. »
Raone posa un regard sévère sur sa fille qui serra les dents face au sous-entendu.
« Ces prochains mois seront l’occasion pour vous de délaisser vos études pour vous concentrer sur ce qui est important. Nul besoin de tout savoir pour s’occuper des affaires de la famille. Jusqu’ici, vous ne faisiez qu’épauler votre père dans ses fonctions. Maintenant, vous le remplacerez et ne vous avisez pas de lambiner : Bell vérifiera tous les comptes à son retour et entretiendra une correspondance étroite avec nos parents de Yenne pour s’assurer que tout se passe pour le mieux.
— Je comprends vos craintes, Mère, s’efforça de répondre calmement Quera. Je vous assure que tout se passera bien. Je sais gérer nos affaires et je le ferai brillamment.
— Je ne vous demande pas de briller, Quera, mais d’agir au mieux. »
La jeune fille inspira pour contenir sa colère. Sa mère ne lui faisait pas confiance, ce devait être un véritable crève-coeur de la laisser gérer le nom familial. Elle devait certainement s’inquiéter que Quera soit trop occupée par ses amis et par son amour des occupations futiles, comme nommait son père ses sorties en ville et les nombreux endroits dans lesquels elle était invitée. Quera, elle, si elle appréciait ses activités, considérait cela comme une pierre apportée à l’édifice familial : les gens l’aimaient et l’appréciaient, ils lui ouvraient des portes et par extension, les ouvraient également à sa famille. Mais son père et sa mère pensaient différemment, évidemment. Eux qui faisaient mieux qu’elle. Pourtant, elle n’avait aucunement l’intention de bâcler le travail qui serait le sien ces prochains mois. Elle avait à coeur de soutenir sa famille et elle fera tout pour le faire.
C’est pour cela qu’elle resta silencieuse face aux paroles venimeuses de sa mère, ravalant sa colère. Elle baissa la tête, soumise, indiquant ainsi à la femme qu’elle l’écoutait et agirait selon son bon vouloir.
« Vous nous ferez un rapport, continua Raone en détournant le regard pour observer les serviteurs qui se rassemblaient sur le pas de porte. Tout comme Fort. Une lettre toutes les deux semaines. Je veux tout savoir.
— Il sera fait selon vos désirs, Mère. »
Raone ne semblait même plus l’écouter. Cela était de toute manière inutile. C’était une femme qui ne demandait pas mais qui ordonnait. Elle avait l’habitude que l’on ne conteste pas ce qu’elle disait.
Un remous força Quera à tourner la tête. Au sommet des escaliers menant à la porte d’entrée venait d’apparaître Père et Fort, plongés dans une intense discussion. Ils seraient bientôt à leur niveau.
Raone se tourna vers Quera.
« Vous êtes la seconde-née.
— Oui, Mère.
— Vous savez ce qu’il vous reste à faire, n’est-ce pas ? »
Dans la voix de la plus âgée vibrait une inquiétude qui ne pouvait être destinée qu’à Fort. Quera quitta les yeux d’onyx de sa mère pour regarder s’avancer le jeune homme.
« Je le sais, Mère. Fort sera à la hauteur et je serai à ses côtés. »
Bien sûr, qu’elle le savait. Fort était plus que son frère. C’était la personne la plus importante de sa vie — bien qu’il fût parfois insupportable. Elle ferait tout pour qu’il prenne ses marques au Dôme et qu’il soit un Héritier à la hauteur de ce qu’attendaient tous les Hauts-Nobles et les autres Héritiers du pays.
C’était là une partie de sa vie qu’elle n’aimait guère. Elle préférait amplement prendre le thé avec ses amis, passer du temps avec Soraya, s’acheter de nouvelles robes, croiser le fer avec sa maîtresse d’armes ou encore galoper dans les alentours de Yenne en compagnie de Daly. Mais elle avait conscience de ses devoirs ; elle travaillait pour eux depuis son plus jeune âge.
« Vous êtes une aide, pas une entrave, Quera. Fort est notre futur et nous devons oeuvrer pour notre avenir. »
Sa mère se rapprocha d’elle et posa une main sur son épaule.
« Veuillez à ce que notre avenir soit resplendissant. »
Veillez à ce qu’il réussisse, veillez à ce qu’il brille. Vous êtes une enfant de l’ombre, Quera, tandis qu’il est celui que l’on doit regarder. Parfois, elle avait l’impression que c’était le contraire. Fort était si silencieux et discret ; devait-elle donc se taire pour le forcer à s’affirmer ? Peut-être bien, oui. Alors elle le ferait.
« Que complotez-vous ? s’écria Père en arrivant près d’elles. Il est l’heure du départ, mes chères ! »
Un grand sourire illuminait ses traits.
Quera échangea un regard avec Mère et celle-ci s’éloigna, sa main exerçant une légère pression sur son épaule.
Le regard de Fort s’incrusta dans celui de Quera. Il savait très bien ce qu’il venait de se passer. Il ne dit rien, comme toujours, et se tourna vers leur mère.
« Mère, je souhaite que votre voyage se déroule à merveille. » Il attrapa ses mains ; Quera détourna les yeux. « Revenez-nous vite.
— Dès que je le pourrais, mon fils. N’oubliez pas vos devoirs.
— Je ne les oublierai pas. »
Par le Khül, pourquoi la voix de Fort devait-elle trembler ? Gênée, Quera salua son père, s’évitant ainsi la vision des larmes du jeune homme — qu’elle trouvait bien trop sensible pour son bien, elle n’avait jamais supporté cela.
« Faites bon voyage Père, prononça-t-elle, et profitez de ce que vous découvrirez dans ce pays.
— J’y compte bien, ma fille, j’y compte bien. »
Il lui pris les mains et les serra brièvement dans les siennes avant de se tourner vers Fort. Ce dernier, après avoir offert une rapide étreinte à Mère, en fit de même pour Père sous le regard fuyant des deux femmes qui n’aimaient pas les effusions de tendresse.
Les dernières recommandations données, Bell et Raone s’éloignèrent, accompagnés de la foule de serviteurs qui les accompagnera jusqu’au bout du monde. Fort et Quera agitèrent le bras dans les airs tandis que les voitures s’éloignaient le long du chemin. Le frère et la soeur restèrent silencieux jusqu’à ce que les calèches eurent disparut dans la forêt qui bordait le domaine. Et voilà, leurs parents avaient disparu. Ne restaient qu’eux deux, désormais ; Quera, pour la première fois de sa vie, eut l’impression d’être maîtresse de son destin. Cela ne dura qu’un instant : elle se rappela rapidement qu’elle ne serait jamais aux rênes de son destin, c’était là le lot de toute noble et riche famille de Ménavaure.
En jetant un regard discret à l’Héritier, Quera s’assura que ce dernier avait séché ses larmes. Elle le considéra avec sévérité puis se tourna vers toutes les personnes qui attendaient leur accord pour se mettre en route. Ils ramenaient avec eux quelques serviteurs seulement, dont leurs valet et dame de chambre personnels, ainsi que Dame Lena, leur institutrice. Cette dernière s’approcha d’eux :
« Nous mettons-nous en route ? »
Ils avaient tous trois cessé depuis longtemps d’user du Héritier et du Dame entre eux. Quera et Fort connaissaient la vieille femme depuis toujours, elle était comme une mère pour eux.
« Allons-y, décida Fort. Vous ne voulez pas monter dans notre calèche ? Celle-ci sera plus confortable.
— Vous êtes gentil, Fort, mais je ne vous dérangerai pas avec mes élucubrations de vieille femme.
— Vous ne…
— Laisse donc, Fort, intervint Quera qui préférait amplement se retrouver seule avec son frère. Lena nous rejoindra si elle le désire, n’est-ce pas ?
— Tout à fait, tout à fait. »
La vieille femme tapota le bras de Fort avant de s’éloigner en clopinant prendre place dans la seconde calèche. Après un dernier regard en direction de la maison, Quera grimpa dans la voiture leur étant destinée. Fort prit davantage de temps pour venir s'asseoir près d’elle et quand il le fit, résidait sur son visage une ombre qui inquiéta sa soeur.
« Qu’as-tu ?
— Oh, rien. »
Il se retourna pour taper contre la vitre les séparant du banc du cocher. La calèche se mit en branle et Quera éleva la voix pour se faire entendre :
« Allons, je sais lire sur ton visage, Fort. »
Ce dernier passa la tête par la fenêtre pour regarder s’éloigner la maison. Quera ne pris pas cette peine et pris son mal en patience le temps que la voiture entre dans la forêt et oblige son frère à retrouver l’intérieur de l’habitacle. Fort soupira et lui adressa un sourire qui ressemblait davantage à une grimace.
« C’est seulement que… Tout va changer. »
Parfois, le jeune homme parlait fort mal pour une personne de son statut ; il ne s’exprimait pas clairement.
« Evidemment, que tout va changer ! s’exclama sa soeur. Nous voilà désormais seuls, toi et moi. Pour quelques mois, tout du moins. Est-ce cela qui te chagrine ? Tu auras enfin des responsabilités, c’est un honneur, pas un malheur.
— J’en ai conscience, souffla Fort en fuyant le regard de Quera. C’est seulement que cela me paraît étrange. Mère et Père qui partent, toi et moi qui tenons les rênes des affaires familiales. »
Il haussa les épaules comme un enfant et lui offrit un pauvre sourire.
« C’est effrayant. »
Quera balaya ses craintes du revers de la main.
« Ne fais pas l’enfant. Ce n’est pas effrayant, mais excitant. Voyons, Fort ! Nous sommes capables d’affronter tout cela, toi le premier. Nous ne remarquerons même pas les mois passer. »
Au plus grand soulagement de Quera, Fort retrouva du courage grâce aux paroles de sa soeur et un sourire illumina ses traits. La jeune femme était soulagée, elle détestait lorsque Fort se laissait aller à ses craintes immatures. Il était un Héritier, pas un nobliaux de province. Il devait paraître aussi fort que son prénom le destinait à être.
« Tu as raison. Oublie donc mes paroles, c’est seulement la nostalgie de l’hiver qui se joue de moi. Il est toujours difficile de passer d’une saison à une autre. Tu me connais, je suis bien trop sensible.
— En effet, grimaça Quera qui ne connaissait rien à la nostalgie du changement de saison. Cela te desservira plus qu’autre chose mais ce n’est pas à moi de te faire la leçon, Mère s’en occupe déjà bien assez. »
Son frère ne lui donna pas réponse et elle n’en chercha pas. Au bout de quelques instants, le jeune homme se tourna de nouveau vers elle :
« Mère m’a mise en garde contre les Billoa. »
La famille Billoa, qui était comme eux l’une des huit familles fondatrices de Ménavaure, n’était effectivement guère recommandable. La Haute-Noble était exécrable et son Héritière de fille tout simplement hautaine. La mésentente entre la Haute-Noble Xylia Billoa et la Haute-Noble Raone Likanader était connue de tous. Quera n’en connaissait pas l’origine mais elle savait depuis toute petite qu’il lui fallait se méfier des Billoa. La jeune femme se demanda si Fort n’avait jamais eu conscience de l’animosité que la Haute-Noble leur portait.
Parmi les huit familles fondatrices, les Likanader avaient l’amitié des Gandenaen depuis des années mais également des Douliman, famille de Père, et des Qaun, dont le père de Daly était le futur Héritier. Les Billoa de leur côté étaient alliés aux Dankel depuis des générations et ils avaient bien plus d’affinités qu’eux avec la famille des Jeundha. Quant aux Wi, ils vivaient de leur côté depuis toujours, étrangement neutres dans un monde où les alliances politiques étaient au coeur de chaque relation.
« Elle a bien fait. Tu passeras tes journées avec eux. Mais tu le savais déjà, n’est-ce pas ? s’enquit Quera l’air de rien. Qu’il fallait te méfier d’eux. »
Le malaise qui traversa le visage de Fort était éloquent. Comment un Héritier pouvait-il ne pas se rendre compte d’une telle évidence ? Par le Khül, ce jeune homme était censé remplacer leur mère ! Fort avait toujours eu du mal à comprendre les relations et les mésententes. Il semblait croire qu’il n’y avait que de bonnes personnes et que de bonnes intentions dans le monde. Il était si naïf que cela en était effrayant.
« Je le savais, avoua Fort cependant du bout des lèvres, mais je n’aime guère l’idée de devoir surveiller le moindre de leur geste, voilà tout.
— C’est ce que tu feras toute ta vie. Tu devrais t’y habituer dès aujourd’hui. »
Considérant que cela concluait la conversation, Quera se tourna vers la fenêtre, prête à supporter le voyage de plusieurs jours qui les séparait de la Capitale. Son esprit s’envola vers la Fête des Magnolias. A cette heure, ils auraient dû être en route pour la propriété de Dame Dalla, habillés dans leurs plus beaux atours. Au lieu de cela, elle se retrouvait coincée dans une calèche sur le chemin du retour en compagnie d’un frère taciturne et d’une troupe de serviteurs ennuyeux.
Le voyage sera long.
Quelle plaisir de découvrir la suite !
Petite suggestion : peut-être que tu devrais faire un glossaire, ça serait beaucoup plus simple pour reprendre l'histoire :)
Tes personnages sont loin d'être stéréotypés, c'est vraiment agréable d'en trouver des comme ça dans une lecture. C'est très réussi ! C'est vraiment le point fort de ton récit je trouve. On les découvre un peu plus et j'ai hâte de découvrir leurs évolutions.
On plonge bien dans l'ambiance et le décor, on ressent le départ et le commencement de quelque chose de nouveau.
Bravo !