Cri
Il y a des actions qui restent plus qu'un remord
Qui viennent ternir le beau récit d'une vie
Malgré la peinture accumulée sur les bords
Espérant par couche effacer la lie
Révélation de nos lâchetés, de nos torts
De ces petits moments où s'est tût notre cri
Quotidien
Poussé par le flot des couloirs
Croiser au détour leurs regards
Las, se détourner, mais trop tard
Qu'ai-je pu y voir ? des espoirs ?
Non, je refuse, je récuse
J'efface toute ma mémoire
Quel artifice, Quelle ruse !
Routine usée de nombreux soirs
Machinalement faire un geste
En évidence les mains vides
Amertume, ce qu'il me reste
Savoir sourire sans une ride
Jonquille
Elle était là
Entre les courants d'air qui filent
Parmi les couleurs qui défilent
Celles qui vont, qui viennent puis s'amenuisent
Que l'on voit plus et déteignent en couleur grise
Entre les couloirs ternes que l'on connait par cœur
A force d'y avoir passé un trop nombre d'heures
Elle était là
Habillée d’une robe bon marché
Dont la mode n’est jamais arrivée
De ces robes à quatre sous sans forme ni texture
De ces robes automatisées par les robofactures
Ces robes portées qu’une fois avant d'être délavées
D’une couleur clinquante qui pourrait sembler briller
Elle était là
Dans sa robe couleur jonquille
Qui malgré tout jamais ne brille
Cette couleur jaune qui fait trop campagnarde
Au milieu de ces murs gris un jaune criard
Comme pour réclamer un statut illusoire
Comme une pancarte pour émouvoir
Elle était
Dans sa robe jonquille
Nous regardant passer trop vite
Elle attendait. Un sourire un peu gêné
Elle tendait la main, pour nous arrêter
Elle était là
Sa rob’ jonquille
Un doux soleil
Sur sa peau brille
Elle était là
Tendant la main
Qu'elle était belle
Je m'en souviens
Entre
Es tu là ?
Parmi les fumoirs et les crachoirs,
Entre les pierres de ces mouroirs.
Moi, qui t'ai si longtemps cherché
Là, je crains tant de te trouver.
Et pourtant tu y étais passé
Tu y avais vécu, tu y étais même né
Taudis
L’odeur acre,
De cet air rempli d’humidité
De cette épaisseur de saleté.
Si chargé
Que la vie même ne sait s’organiser
Que la mort même n’arrive à nettoyer
Des volutes
Souillures, rejets et autres relents
Qui ensemble assaillent tous vos sens
L’air dense
Devint solide, gluant et poisseux
Une mélasse et son touché visqueux
Empilés
Des multiples couches de vies et de morts
Qui fourmillent selon de secrets accords
Dans le bar
Plein de poussière, d'alcools et d'hommes
Le bruit remplit tout un capharnaüm
Les regards
Pour cueillir l'étranger d'un repoussoir
Pressés qu'ils sont de tranquillement boire
La pénombre
La fumé de cigare, de four, et de vodka
Font voir des illusions vertes qui n'existent pas
L'intérieur
L'air râpeux d’une goullé écorche la gorge
Que n'arrive à apaiser une boisson d'orge
Oserais-je
Élever la voix pour poser la question
Réagiraient-ils en entendant ton nom
Ils regardent
Avidement les détails de mon allure
Qu'ils jugent rapidement d'un œil dur
"Citadin
Bourgeoi, aventurier, parvenu et hautain
Il ne survivrait pas dans ce monde de chien"
Ils ignorent
Évidemment les déserts que j'ai traversés
Les pics secs et les monts enneigés
En un soupir
J'ose murmurer ton nom dans une brise
Ils interrompent d'un coup ce qu'ils disent
Un vent blanc
Le silence d'un millier d'anges au paradis
Frappe les conversations et les esprits
La lumière
La fumée verte retombent par terre
Laissant entrevoir les toiles et les vers
La réponse
Tant attendue que je crains de l’entendre
L’heure fatidique où il me faudra comprendre
Le chemin
Ne valait ni pour te retrouver, ni pour les paysages
Mais pour ces mondes qui m’ont fait gagner en âge
Cette vérité
Dans leurs mots je ne l’ai pas compris
Me retournant, loin de là je suis parti
Pas forcément les thèmes les plus joyeux mais la lecture reste agréable. Combien de temps mets-tu pour écrire ce "volume" de poésie ? Certains vers semblent particulièrement travaillés.
J'ai bcp aimé le premier poème "cri" (=
Un plaisir,
Bien à toi !
Le temps est très variable. Certains poèmes présentés ici datent de très longtemps. J'écris quand me vient l'inspiration principalement. Les quelques fois que je force, cela sonne en général moins bons. Surtout il me faut du temps de 'cerveau' disponible, ou je ne fais pas grand chose à part ressasser des mots, des bouts de vers.
Mais dès que je suis occupé à autre chose, c'est foutu, je n'avance plus ces poèmes. (ainsi en ce moment, je tente de défi NanoWriMo), autant dire que je n'avance plus du tout, sur ce sujet.
A bientot
Arnaud