Que faisions-nous

Que faisions-nous dans cette nuit

Où des lèvres froides et gercées

Cherchaient les gerçures d'autrui

Pour la déception d'un baiser

 

Il y avait tout autour de nous

Des yeux qui volaient comme des mouches

Des danseurs de l'eau jusqu'au cou

Qui buvaient la boue à la louche

 

Toi dont la bouche si jolie

Contre la bouche des ténèbres

Semblait embrasser le lépreux

Que Saint Julien prit dans son lit

Tu versais sur ces voix funèbres

Le souffle rugissant du feu

 

J'ai pris ton visage dans mes mains

Avec un respect suffocant

Comme une eau qu’on laisse couler

Au creux mendiant de ses doigts joints

Pour déposer sur le courant

Des lèvres que le vent froissait

 

Deux nuits se sont ainsi perdues

Les yeux plongés dans une eau claire

Puis la main des jours révolus

Me peigna de ses doigts de fer

 

A son passage elle m’emporta

Un noeud pris dans ce peigne froid

Que je me passai sur les dents

Sur la langue à travers mon chant

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JeannieC.
Posté le 27/12/2024
Bonjour Paul !
Encore bravo pour la récompense aux Histoires d'Or, je suis vraiment contente et c'est amplement mérité. J'espère que tu as passé de bonnes fêtes de Noël.
Un poème aux teintes de "Regrets" et de "Ubi Sunt" où l'érotisme des baisers rencontre l'amertume des cendres. On se donne tant pour une bouche qu'on aime, mais au finale ce texte vient interroger tout ce qu'il pouvait y avoir derrières ces sentiments et emportements.
Un passage que j'ai particulièrement aimé :
"Avec un respect suffocant
Comme une eau qu’on laisse couler
Au creux mendiant de ses doigts joints
Pour déposer sur le courant
Des lèvres que le vent froissait"
Paul Genêt
Posté le 10/02/2025
Salut JeannieC, j'ai tellement honte de ne te répondre que maintenant ! Merci encore d'avoir proposé mes textes aux HO, cela m'a vraiment fait du bien de voir que ces textes pouvaient plaire. Ce texte en particulier a été écrit par un esprit emporté, c'est exactement cela. C'est sans doute plutôt la lectrice que tu es qui interroge ce qu'il y a derrière ces emportements, et c'est très bien ainsi. L'auteur était sans doute bien trop aveugle pour interroger quoi que ce soit !
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