Au sommet de la rue mon regard se déploie
Coulant sur la chaussée comme un fleuve de vent
Dans ma poitrine ouverte à l’air froid de Paris
Bat mon coeur affolé sur un rythme naissant
Et j’entends retentir une immense musique
Opéra de chants morts hurlés dans la tourmente
Et je vois se poser sur la ville et sur nous
L’énorme cathédrale aux vitraux flous des brumes
Perlez à mes paupières larmes glacées en moi
Perlez tout comme le pus perle aux plaies infectées
La folie tient l’archet frottant mille violons
Qui ouvrent dans ma tête le cyclone du vide
Son oeil trou noir duquel mon cerveau ne peut fuir
Enroulé comme autour d’un foret perceur d’os
Fait remonter le fleuve jusqu’à sa source morte
En engouffrant nos âmes avec l’air et les eaux
C’est alors seulement que se calment les vents
Que les voix sous la terre poussent un lacrimosa
Tandis que tout Paris noyé dans un déluge
Marche au pas du cortège de son propre enterrement
Je me promène dans tes poèmes, et je voulais te saluer pour celui-ci, que je lis comme un chant d'amour et de deuil pour Paris, ses incendies, ses attentats. J'aime particulièrement cette strophe : "Perlez à mes paupières larmes glacées en moi / Perlez tout comme le pus perle aux plaies infectées" très fleurdumalienne et très juste aussi, à mon sens.
A bientôt !
Je vois que le choix et l’assemblage des mots sont le fruit d’une réflexion et d’une inspiration qui ne doivent rien au hasard, mais peut-être qu’il ne faut pas que je cherche à tout saisir et qu’il faut simplement que je laisse couler les vers comme une musique, parce que je perçois leur beauté.
Tu as bien fait de placer l’hommage à Maïakovski en deuxième position parce qu’à mon sens, on en trouve des échos dans les poèmes suivants.
Il y a une petite coquille dans Le triste amant :
— Au lieu du flot sanglant deshoquets de son cœur [« des » et « hoquets » sont soudés]