— Alors, alors, Mademoiselle Deniel, je lis sur votre dossier que vous avez souhaité être admise ici pour vous reposer, reprendre vos esprits, énonça l’homme vêtu d’une blouse blanche en face d’elle.
— C’est exact. En ce moment, j’ai l’impression que tout m’échappe. Je ressens le besoin de me ressourcer pour un temps et mon médecin traitant est de cet avis aussi.
— C’est ce que je peux voir dans sa lettre. Et bien… Soyez la bienvenue. Ma secrétaire va vous donner votre planning de repos.
— Un planning de repos ? l’interrompit Maïwenn.
— Votre planning de soin si vous préférez : séance de thérapie de groupe, séance individuelle et autre joyeuseté. Ne vous inquiétez pas, nous allons vous requinquer, s’exclama l’homme tout en l’accompagnant vers la sortie.
Une femme l’attendait derrière la porte pour lui remettre l’emploi du temps de la semaine et la conduire à sa chambre. C’était une petite pièce pourvue d’un mobilier minimaliste et dont les murs étaient d’un blanc qui passait peu à peu.
Pas très engageant, mais je ne suis pas venue pour cela, pensa Maïwenn en posant son sac sur l’unique chaise.
— Rangez vos affaires et rejoignez-moi dans la salle principale, je vais vous faire visiter votre maison pour ces prochaines semaines, lui indiqua la secrétaire en quittant la pièce.
Lorsque Maïwenn s’avança dans la salle principale, elle ne le fit pas sans appréhension. Une télévision était accrochée en hauteur au centre de la pièce et diffusait une chaîne d’infos que plusieurs personnes regardaient depuis de grands fauteuils blancs. Debout près d’une table, la secrétaire et un homme encore inconnu semblaient l’attendre.
— C’est votre espace de repos avec télévision et bibliothèque, lui précisa la secrétaire en montrant sur le côté une étagère de livres.
— Je me présente, docteur Trubard, intervint ensuite l’homme, votre thérapeute.
— Le docteur Trubard est nouveau dans notre structure. Vous êtes sa toute première patiente, rajouta la secrétaire comme s’il s’agissait d’un immense honneur.
Une semaine passa avant qu’elle ne soit convoquée à sa première séance individuelle. Son thérapeute la pria de s’installer confortablement dans un fauteuil en face de lui et commença :
— Mademoiselle Deniel, votre adaptation se passe-t-elle bien ?
— Bien monsieur Trubard.
— Ces cauchemars ?
— Rien pour l’instant.
— Parfait. Hier, en réunion de groupe, vous nous avez parlé de la nuit où vous pensez avoir trouvé un homme. J’aimerais qu’on en reparle ensemble.
— Encore ?
— C’est important pour votre guérison. Il semble que cette nuit ait déclenché vos troubles.
— Bien. Un homme blessé était dans la ruelle près de chez moi. Je l’ai porté jusqu’en dessous d’un vieux lampadaire vacillant. Il s’était fait agresser et saignait beaucoup. J’avais du mal à le porter.
— Qu’avez-vous ressenti à la vue de tout ce sang ? Sur lui et sur vous ensuite ?
— J’étais angoissée, je voulais appeler des secours, mais il ne voulait pas. C’était horrible. Il en avait partout.
— Et vous ?
— Quoi moi ?
— Vous aviez aussi du sang partout en l’ayant porté.
Maïwenn resta silencieuse un instant.
— Je ne m’en rappelle pas.
— Comment est-ce possible d’après vous ?
— C’est étrange, mais je ne me rappelle pas en avoir eu sur moi.
— Voulez-vous mon avis là-dessus mademoiselle Deniel ?
— Je vous écoute.
— Cette scène est le fruit de votre imagination. C’est courant lors d’une dépression. Vous avez tout inventé et c’est pour cela que vous n’aviez pas de sang sur vous. Si cela s’était vraiment produit vous en auriez eu partout. Vous souvenez-vous d’avoir lavé des vêtements tachés de sang ?
— Non, balbutia sa patiente.
— Et bien, l’explication la plus simple est souvent la meilleure : rien de ceci ne vous est arrivé. Votre esprit a inventé cette histoire comme une soupape à vos soucis dans la vie réelle.
— Je suis complètement folle alors ! Aidez-moi à me soigner, s’il vous plaît, paniqua Maïwenn.
— Ne vous inquiétez pas, vous traversez juste une mauvaise passe. Nous allons vous remettre sur pied, mais pas sans votre participation. Vous devez balayer toute cette nuit-là de votre esprit et repartir sur de bonnes bases.
— Je suis prête docteur Trubard, assura la jeune femme.
J'aime toujours autant... Mais il y a quelque chose qui me perturbe. Ok, Maïwenn n'allait peut-être pas très bien. Ok, elle avait besoin d'aide. Mais au point d'aller dans une sorte d'hôpital psychiatrique... ? Je dois t'avouer que ça me paraît tout de même étrange. Je comprends tes raisons, mais je pense que ça pourrait être plus subtil. Je verrai comment évolue l'histoire, et j'imagine que cet institut est nécessaire. Mais je pense que c'est un point à améliorer... Deuxième point : Maïwenn reste vraiment une semaine complète avant de voir pour la première fois le psychiatre qui la suit ?
Mis à part ça, c'est très bien, le texte est toujours fluide et agréable à lire. Et je déteste ce docteur, qui bien sûr sait absolument ce qu'il se passe avec Maïwenn. Et en plus, il la traite vraiment comme une attardée mentale...
J'espère que mon commentaire ne t'a pas trop découragée, le fond reste très bien, et ce sont des choses que tu peux, je pense, relativement facilement changer.
Hâte de découvrir ce qui adviendra de notre protagoniste... =)
Merci de tes remarques; c'est toujours utile.
Mon but dans cette histoire est d'une part faire un écrit fantastique mais aussi, en filigrane, aborder je vais dire, la santé mentale. J'ai commencé il y a longtemps ce texte et pourtant c'est plus que jamais d'actualité je trouve.
Sa décision peut paraitre excessive mais je crois que quand on en peut plus, on en peut plus et il faut demander de l'aide. ici, il s'agit plus d'une maison de repos (ça n'existe pas à ma connaissance à Brest mais ailleurs en France) dont les séjours sont surtout du soin collectif, d'où le fait qu'elle ne voit le docteur seule qu'après une semaine. Je crois l'avoir mentionné mais peut être devrais-je davantage expliquer ce point du coup , pour être plus claire.
Et puis...Elle a à faire avec des forces fantastiques, qui sait comment cela l'influence... ;-p
Merci encore
Mais ça reste quand même très bien =)