Rébellion

Par Anzou

Marie décida donc de rester auprès des siens. 

Elle trouva rapidement du travail, moins bien payé qu’en France, mais ici, elle serait nourrie et blanchie. Zéro dépense que des économies. Elle savait qu’elle devait assurer ses arrières. Rien ne lui promettait qu’Alex remboursait l’emprunt qu’il avait contracté sur son dos. Elle n’avait pas déposé plainte, n’avait rien fait. Elle avait joué la carte de la « confiance ». C’était aussi sa manière de l’aider. 

 

Mais cette « confiance » n’existait plus, elle passait chaque jour avec l’angoisse de l’avenir. Elle se posait toutes les questions du monde. Tout peut changer du jour au lendemain, elle le savait que trop bien. 

 

Encore, deux mois plus tard, Marie apprenait que des sommes étaient dûes a tels ou tels organismes. C’était vraiment difficile. Elle avait la tête sous l’eau. Ses tripes se tordaient dans son abdomen à chaque annonce du genre. Une haine émanait de son coeur, maudissant Alex qui lui imposait cette vie de terreur. Même si elle refusait de payer,  elle se croyait concernée.

 

Cependant, la jeune femme relativisait. Elle n’oubliait jamais qu’il y avait pire sur la Terre. Elle s’estimait heureuse d’avoir des jambes, des bras et une tête qui fonctionne pour aller travailler. Elle ne mourrait pas de faim, elle ne dormait pas dehors. Elle était bénie pour tous ces privilèges anodins. 

 

Marie avait soif d’une chose: sa liberté. Liberté économique, liberté d’esprit et liberté de coeur. Elle lui avait même dit qu’elle ne voulait rien de la vente de la maison, néanmoins que le crédit à son nom devait être la priorité à rembourser. 

 

Elle préférait sa tranquillité récupérait au plus vite que de récupérer de l’argent là dessus.  L’ « argent » c’est bien ce qui lui avait causé tous ces problèmes.

 

Elle s’était faite une idée, elle ne saura jamais si c’était ce qui lui aura permis d’éviter le pire, mais elle voulait rester irréprochable. Pas de vague, toujours une forme de sympathie envers Alex. Effectivement, la petite Marie pensait qu’il fallait qu’elle reste dans ses bonnes « grâces » pour ne pas qu’il l’abandonne avec cette somme à rembourser. 

 

Elle était terrifiée qu’il lui laisse tout sur les bras. Il ne s’était même pas excuser de son geste. Il ne voyait pas la gravité de la situation, de son acte. Alex était à côté de la plaque mais stable sur ses positions. S’il avait fait tout ça, c’était aussi de la faute de Marie. Elle était aussi responsable que lui dans cette histoire. 

 

Incroyable d’entendre ce genre de phrase pour Marie. Après toutes la bonté d’âme dont elle avait su faire preuve dans cette affaire démesurée, terrible et totalement injuste pour elle. Elle n’en revenait pas du personnage d’Alex qui tentait encore d’inverser la situation. Elle se demandait s’il essayait lui-même de se protéger, qu’il était dans le déni face à la destruction massive de sa vie.

 

Lui aussi perdait tout dans cette histoire, peut-être que c’était plus facile pour lui de partager la lourdeur de tout cela? Marie n’était du tout d’accord avec ça. 

Pendant six mois elle resta chez sa mère et Alex dans la maison. Il devait à son tour partir et laisser la maison qui n’était toujours pas vendue. Il travaillait en télétravail pour une boîte aux Etats-Unie mais le principe était qu’il rejoindre le territoire américain pour travailler en présentiel. 

 

Là encore, la vie ne le punissait pas assez selon Marie. Bien qu’il avait besoin d’argent pour payer tout ce qu’il devait, elle trouvait qu’il s’en sortait un peu trop facilement. Quelle leçon pourra-t’il en sortie? Il s’en sort presque impunément. 

Marie était partagé, elle souhait qu’il s’en sorte mais qu’elle même s’en sorte mieux que lui. Mais dans les faits, c’était pas du tout ce qu’il se passait là.

 

Son emploi était un tremplin pour lui, mieux réputé, mieux payé, avec la promesse d’une nouvelle vie loin de tout, avec le rêve américain. Un recommencement à zéro. La belle vie. Marie allait à pied à son travail chaque jours, qu’il pleuve ou qu’il vente. Elle devait montait  pendant trente minute, une sacré côte le soir après ses douze heures d’effort pour arrivée chez sa mère. Il n’y avait pas de transport en commun et hors de question d’investir ces petites économies dans une voiture. 

 

C’était compliqué, sans compter que l’entente avec Monica était rude. Elle avait toujours était jalouse de Marie. Mais de voir sa soeur aussi bien s’entendre avec leur mère achevait sa colère. Les deux soeurs s’entendaient bien mais vraiment à distance. Pourtant Marie faisait son possible pour que les choses se passent bien mais Monica avait vraiment un mauvais caractère et elle était constamment chez leur mère. L’ambiance devenait suffocante. 

 

Ça tombait bien, Alex allait partir, la maison n’étant pas vendue, elle allait le relayer. 

A son tour de tout assumer dans cette maison, à nouveau. 

Sa petite soeur Léa était venue avec elle pour ce voyage. Marie était tellement rassurée que Léa soit là, car elle devait cohabiter avec Alex encore quelques semaines avant que lui ne s’en aille. Marie retrouva un emploi dans une clinique à peine arrivée. 

 

Elle fit mine de rien, elle eut même pitié de lui encore une fois. Elle payait les courses  et lui profitait. Il s’était plaint pendant ce temps qu’avec sa famille c’était devenu compliqué. Avec sa mère, les rapports étaient conflictuels. Son seul tracas était la relation de son fils avec Marie. Elle cherchait en permanence à savoir s’ils s’étaient parlé, comment ça se passait entre eux. Elle insistait aussi auprès de Marie, en prenant les intérêts de son fils, justifiant ses actes comme une erreur de parcours. Elle insistait sur le fait qu’il se rattrape car il payait ses dettes. « Encore heureux, non mais! » Répondait Marie. Elle sentait cette pression de la part de la famille d’Alex pour qu’elle ne le quitte pas. 

 

Il passait leur temps à lui dire des choses gentilles mais cela rendait les choses très difficile pour elle. Comment mettre le ola Ave des gens qui s'agrippent à vous. Marie, elle se sentait piégée. Elle préférait ne brusquer personne au risque de se faire du tord à elle-même. Elle avait cette vilaine impression de manipuler ces gens qu’elles appréciaient oui, mais qui l’étouffait. Elle se disait que si elle reste « la bonne petite Marie », que cela la protégerait, qu’Alex serait obligé de tenir ses engagements de remboursement. 

 

Les parents d’Alex avait assuré à Marie qu’ils ne la laisseraient pas avec les dettes de leur fils surtout celui qu’il avait contracté sous son nom. Marie s’était accroché à ses paroles. Mais voilà, elle s’était mise à jouer un rôle pour contenir sa colère. 

Les parents d’Alex n’avaient bien sur pas pris le crédit à leur charge. Marie leur en voulait quelque part car elle avait pris leur promesse au pied de la lettre et ils n’avaient rien fait finalement. Elle comprenait aussi qu’ils ne pouvait pas payer eux les conneries de leur progéniture. 

 

Alex était donc assez seul, son frère ne se préoccupait pas de lui et ses amis l’avaient délaissés. Marie eut de la peine de voir comment il était « traité ».  Elle réussit à le prendre en pitié, et lui donnait un peu de souffle de vie avec les sorties avec sa soeur où il était invité et les repas dont il profitait sans scrupule. 

 

Mais Marie était de plus en plus mal à l’aise. Cette nouvelle cohabitation tenait à aplatir complètement ce qu’il s’était passé. Tout était presque revenu à la normal. Marie elle restait distante avec Alex, pour elle, ils n’étaient plus ensemble, c’était évident non? 

 

Mais Alex faisait mine de se tromper quand il l’interpellait avec ses « chéries ». Oh ce genre de mot l’écoeurait. N’avait-il pas honte? Le matin, il se levait très tôt rien que pour déjeuner en même temps qu’elle car elle commençait de bonne heure, alors que lui travaillait avec des horaires décalés. Ça n’avait vraiment aucun sens. 

Marie s’était remise en question, peut être qu’il avait mal interprété sa gentillesse et sa pitié. Peut-être croyait-il que Marie était toujours amoureuse de lui? 

Marie évitait tout rapprochement et tout moment où elle était seule avec lui. Remerciant le ciel que sa soeur soit là. 

 

Marie avait préféré éclaircir cette situation avec Alex. Elle prit sur elle, elle alla faire une ballade avec lui. Elle lui expliqua qu’elle l’avait pardonné pour le mariage. En réalité, au fond d’elle, elle était contente de ne pas s’être mariée alors que son coeur reste la propriété de David. Elle l’aurait regretté, c’était évident. Marie préférait la solitude que des faux semblants. Malheureusement, il l’aura fallu une grosse leçon pour intégrer ça. 

 

Enfin Marie expliqua que voila c’était bel et bien terminé. Même si elle avait été perdue dans ses sentiments. A une semaine du mariage. Elle avait été en colère mais tout c’était mélangé. Elle avait eu des moments de tendresse envers Alex malgré tout avant son départ de Madère, elle était passée par toutes les émotions des plus noirs au plus pâles. Ça avait du lui donner de l’espoir. 

 

Alex fit mine de comprendre et assura qu’il était sur la même longueur d’onde que Marie dans tous les cas. En plus, elle le lui avait déjà dit par message, elle avait prit des pincettes mais avait était claire avec lui. Mais voilà au moins c’était bien claire comme ça. 

Mais voilà seulement une fois arrivée aux USA, le comportement de Marie envers Alex s’était rendurci. Il publiait de belle photo, la belle vie. Alors qu’elle, elle était là à tout assumer. Sa vie était sur pause. Elle ne pouvait rien faire, pas de projection. Elle était coincée dans cette grande maison,  une cage dorée. Elle ressentit même de la jalousie envers Alex et ressentit encore une fois le poids de l’injustice de toute cette tragédie. Alex semblai profiter de la vie donc, il avait les moyens de le faire, tandis qu’elle comme une bête, l’avait pris en charge pendant leur cohabitation. 

 

Alex, monta alors sur ces grands-chevaux lorsque Marie mis sur le tapis une histoire d’équilibre des finances. Voilà qu’Alex lui balança qu’il avait tout payé pendant six mois, pendant qu’elle se remplissait les poches. 

Marie se prit un coup de massue de la part de cet être ingrat. Il avait tout vendu dans la maison ou presque, elle n’avait rien touché, elle avait concédé à laisser ce que rapporterai la vente de la maison pour qu’il puisse rendre ce qu’il devait au plus vite et lui, il ose encore lui sortir une telle chose!

Elle avait payé elle, lorsque lui se cantonnait à jeter l’argent dans sa cryptomonnaie. Elle n’allait pas non plus payé ses erreurs! Alex trouva le culot de lui dire que s’il avait accepter de tout prendre à sa charge suite au drame, c’est parce qu’ il pensait à Marie. Que tout ce qu’il fait c’est pour Marie. Il croyait qu’ils étaient encore ensemble donc il était d’accord de se sacrifier pour eux. 

Marie était folle de rage. Elle essayait de se justifiait de tout son raisonnement, de ce qu’elle faisait pour l’aider. Ça ne semblait jamais lui convenir. En fait, Alex ne verra jamais sa faute. Il n’admettra jamais qu’il a eu dans sa folie de la chance d’être tombée sur Marie. Une autre personne ne lui aurait pas laisser s’en tirer si facilement. 

Le coeur de Marie s’était endurci et commençait à se nécroser, elle le sentait. 

Marie était dans une phase où sa vie était tellement détruite qu’elle avançait juste pour avançait. Elle pensait maintenant que rarement à David mais elle était aigrie, résignée. Elle n’espérait vraiment plus rien. Elle avait vu sur les réseaux sociaux, pendant qu’elle traversé les pires moments de sa vie que lui, était heureux fêtant l’anniversaire de sa copine. Alors, bon … il ne restait peut-être plus grand chose à Marie c’est vrai, mais elle avait encore un soupçon d’amour propre pour se dire que c’était suffisant pour elle. Elle tournerait enfin cette foutue page. 

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