Règle n°4

Une nouvelle occasion pour moi de briller se présentait et je n'allais certainement pas la louper. Je ne cessais d'y penser depuis ce matin et j'en avais oublié le projet inutile mais inconnu de Matt. Je marchais seul dans la rue et j'ai encore une fois entendu Matt brailler mon nom. C'est pas possible... il ne pouvait pas me lâcher la grappe à fin ! A l'avenir, je devrai sûrement penser à faire comme ma sœur et sortir avec des écouteurs. Ainsi, si on m'appelle, je pourrais faire semblant de ne rien entendre pour ne pas être dérangé. Pour une fois que cette cruche a une bonne idée. C'est vraiment quelque chose de rare mais bref, revenons à nos moutons. Matt braillait mon nom et c'était vraiment très gênant. Je me suis retourné, pour d'abord vérifier qu'il n'y avait personne et ensuite pour accueillir ce cliché sur pattes.  Il m'a salué tout joyeusement et je me suis empressé de reprendre ma route. Il m'a suivit sans broncher  et a commencé à me faire éloge du projet. Arrivé au collège, il avait finit ses explications mais je n'en avais rien retenu, songeant à beaucoup plus important que ça. Nous nous dirigions vers le 2e étage pour notre premier cours de la journée, art plastique. Un peu de dessin le matin, ça réveille. Heureusement que notre prof était un sucre d'orge. Au rang, il me demande enfin si j'ai compris. Je le regarde un petit moment incrédule et tente de me remémorer des bribes de mots et 3 mots me reviennent  en-tête. Jeu de rôle. Tout les deux. Inventer. C'est bon, tout est en place, à moi et à mon génie d'improviser.

- Ah oui, bonne idée.

Bonne idée ? Bonne idée, son truc ? Mais qu'est-ce que je raconte encore ? Petite explication, un jeu de rôle est un jeu qui consiste à inventer une histoire à partir d'éléments et de personnages fictifs, prévu à cet effet. Le secret des gardiens par exemple. Enfin, je crois. J'écoute pas les bêtises de Matt. Parce que oui, je déteste les jeux de rôles ! J'en garde un très mauvais souvenirs. Cela me remémorer l'époque où mon écuyer me forçait à y jouer quand je n'avais aucune inspiration ! La définition même de l'humiliation. Pas question de à nouveau me laisser faire. Aujourd'hui au collège, c'est moi qui prends les reines !

- Ah oui ? s'exasit-il, joyeusement. Alors, on peut aller chez-moi si tu veux.

Comme c'est mignon l'innocence des enfants. L'espoir fait vivre comme on dit.

- C'est cool ouais. Mais ça se sera sans moi. 

Son visage se décompose par la surprise.

- Comment ça "sans toi" ?

La prof arrive et nous fait entrer. Elle entrant, en nous voyant pénétrer le salle, Matt et moi, elle nous accueille d'un grand sourire et dit "mes petits préférés !"

Je lui fais mon plus beau sourire (un sourire habituel quoi) et Matt a l'air crispé. Quand on prend place dans un des îlots et qu'on ait enfin pris toute nos affaires pour poursuivre nos travaux plastique, il me demande, tandis que la prof faisait un tour des tables pour savoir qui en était à où. 

- Pourquoi alors ?
- Tu sais que j'aime pas les jeux de rôles.
- Mais moi je croyais que ça avait changé.
- Non.
- Tu peux même pas essayer ?
- Non.
- T'es sûr ?
- Oui.
- Alors on peut faire autre chose ?
- A condition que c'est moi qui choisit ce qu'on fait.
- Et en quel honneur ça serait toi ?
- Parce que les meneurs sont fait pour mener. Je suis un meneur dans l'âme. 
- Je peux savoir ce que ça sous-entend ?
- Je te retourne la question, qu'est-ce que ça sous-entend te question ?
- Tu sais quoi ? J'en ai marre !
- Arrête de crier. Tu vas nous faire remarquer. 
- Et depuis quand ça gêne monseigneur de se faire remarquer ? J'en ai assez. Je ne veux plus être ton ami. Tu veux constamment tout diriger et c'est insupportable. Tu passes ton temps à me rabaisser et tu te comporte comme un sale gosse pourri gâté. T'es qu'un plouc, qui a un complexe de supériorité. Salut.

Il prend toutes ses affaires une par une et se dirige vers l'îlot à l'autre bout de la classe, pour s'asseoir à côté de Eliot, un autre abruti. J'étais... énervé. J'avais reçu chacune de ses paroles comme une gifle - pire, un coup de couteau ! Il a fait un énorme sourire à Eliot en échangeant deux mots avec avant de me fusiller du regard. Moi, un plouc ! La meilleure. Et lui, il est quoi ? C'est quoi d'abord un plouc ? J'ignore la définition du mot mais je savais très bien qu'il ne voulait pas me faire plaisir. Je lui lance un regard encore plus noir et cet incompétent baisse les yeux. Parfait ! La soumission et l'obéissance sont des qualités très importantes chez l'homme !

Je soupire agacé et reprends mon dessin. Quel idiot ce Matt. Je n'ai rien dit quand même. Pourquoi s'excite-t-il ainsi ? De toute façon, il est hors de question que je revienne vers lui où que je lui adresse un seul mot, même indirectement. J'avais compris qu'il lui fallait des excuses. Même pas si je meurs ! Je ne m'étais jamais excusé de ma vie. Ça, c'est pour les mauviettes. Et je n'en suis pas une. Et puis, là d'où je viens des mot tels que "pardon, désolé et excuse-moi" ne figurent pas dans mon dictionnaire. Je hoche les épaules avec détachement et poursuis mon travail. Je devais réaliser un portrait chewing-gum tiré d'une personne lambda tiré d'une magasine. Je rassemblais tout mes découpages pour tout coller en laissant un espace de 5 mm entre chaque bout. L'heure passe très lentement et après avoir tout rendu à la prof, je quitte la salle, pour la première fois sans attendre Matt qui poursuivait sa discussion (débile forcément) avec Eliot en pliant leurs affaires. J'ai pensé à faire exprès de le bousculer pour lui faire comprendre que je lance les hostilités mais je me suis dis que ça ne serait pas noble de ma part. Je me dirige donc tout seule vers le classe de mathématiques pour le prochain cours, et je sens les regards méprisants de Joselyne et sa clique. Je feins de l'ignorer mais j'entends sa voix sur-aigüe, un supplice pour mes oreilles "bah alors, mon petit jojo ! Tu t'es fait larguer par ton chiot ! Je te rassure il a un niveau maître !". Toutes ses servantes pètent de rire et je soupire avant de rejoindre la salle. Le prof n'était pas encore venu et cela m'agaçait. Je n'avais pas son temps moi. En fait, j'étais agacé par tout. Par le comportement étrange de Matt. La tête a claque de Eliot. Matt qui ose s'acopiner avec lui. Et l'intervention de Joselyne, que j'avais juste envie de démonter. Elle et ses copines arrivent avec toute la classe aussi, ainsi que Matt et Eliot. Ils discutaient encore et je rageais intérieurement, en voyant mon meilleur ami discuter avec un autre, me faisant la tête pour ses bêtises. 

En maths, je n'écoute rien. La place voisine était vide. D'habitude il y a Matt mais il a déménagé pour s'asseoir à coté de la tête à claque. Mais mon prof de maths l'a remarqué. Alors comme on vrai homme, il m'a lancé un regard plein de soutien et d'empathie. On allait être de très bons amis lui et moi, on se comprenait mieux que personne. Alors assez fier et rassuré, je respire un bon coup et fais semblant de suivre même s'il n'empêche que j'en ai assez de l'entendre parler de droites. Je lui en foutrais d'ailleurs des droites à ce limité de Matt pour continuer à trainer avec lui sans comprendre que c'est un abruti qui l'entraînera dans sa perte. Le reste de la journée se déroule aussi lentement qu'une promenade désespérée d'un escargot et j'ai enfin pu rentrer chez moi. Je me sentais mal et j'avais une boule au ventre. Mais cela allait passer, je le sais. J'ai juste faim. J'ai pas besoin d'amis moi de toute façon. Bah oui, j'ai pas besoin de lui.

Et là, allongé sur mon lit pourri, j'ai eu une idée de génie. Je me suis de suite redressé pour prendre place à mon bureau. Mais avant, j'ai pris le soin de m'emparer d'un gâteau dans le placard de la cuisine en y faisant un détour. J'ai pris une feuille et un crayon et j'ai étaler tout l'étendue de mon génie sur une simple fiche

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