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Par jojotte

Le cœur battant il tourne la clé dans la serrure et abaisse la poignée de la porte. Elle s’ouvre avec ce même petit grincement que dans ses souvenirs.

Il pose son sac sur le sol et avance doucement de peur de perturber le silence qui règne dans la maison.  Il parcourt les pièces,  effleure le bois des meubles, remarque quelques changement dans la décoration. Devant la porte de la chambre, il hésite à entrer, il a peur d’y trouver quelque chose qui lui montrerait qu’il n’est plus le bienvenu, qu’il n’y a plus sa place.  Il s’assoie sur le lit encore défait et lisse d’un geste machinal un pli sur le drap.  Il s’empare d’un oreiller, son oreiller,  il respire les mêmes effluves de son parfum, il n’en a pas changé.

Il se lève et ouvre la fenêtre, le jardin est magnifique, le chèvrefeuille qu’il avait planté avant son départ s’enroule maintenant autour de la pergola. L’abri de jardin est maintenant masqué par une palissade,  des roses trémières l’embellissant.  Une mangeoire pour oiseaux se balance au gré du vent qui se lève, il fait chanter le mobile de jardin qu’il avait fait avec des coquillages.

Les bruits de la campagne, un coq qui chante, le ronronnement du moteur d’un tracteur, lui semble maintenant étrangers. Il en a encore d’autres dans la tête,  ceux d’autres endroits, d’autres  villes de ces pays étrangers qui l’ont éloigné d’ici.

Mais ici est-ce encore chez lui ? Chez eux ? C’est lui qui est parti, fuyant cette vie qui l’étouffait malgré son amour pour lui.

Il avait essayé de résister à cet appel des pays lointains qui le faisaient rêver depuis qu’il était un petit garçon. Ce désir d’évasion qui était là au fond de lui depuis toujours. S’échapper de la maison familiale et de sa famille qui ne voulait pas de lui, il n’avait pas été maltraité physiquement mais pour eux il n’était rien. Quand il l’avait rencontré  il était enfin devenu quelqu’un, quelqu’un que l’on aimait, que l’on chérissait.  Ils avaient été heureux dans cette maison.

Cette maison, y avait-il encore une place ? Avait-il le droit de revenir après deux années d’absence ? Avait-il le droit de revenir dans sa vie comme si rien n’était, comme s’il ne lui avait pas brisé le cœur en partant. Il lui avait dit qu’il l’attendrait, mais pourrait-il le blâmer s’il ne l’avait pas fait ? S’il avait cessé de l’aimer.

Perdu dans ses pensées, il n’entend pas la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer, il n’entend pas les pas  qui s’arrêtent un instant. Il n’entend  pas le petit cri étouffé à la vue de son sac. Il n’entend pas les pas qui se précipitent.

Mais il sent sa présence, il sent ses bras qui l’entourent doucement, il sent le baiser déposé dans son cou. Il sent ses larmes qui mouillent sa peau, il sent les siennes couler sur ses joues. Il ferme les yeux et laisse tomber sa tête sur son épaule.  Il n’a plus peur. Il est revenu, pour lui, pour eux, pour toujours.

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Sly King
Posté le 30/06/2020
Je frissonne encore de ce que je viens de lire ; tu es parvenu à transmettre de fortes émotions à travers ces quelques lignes et, sincèrement, j'y ai été très sensible. J'ai envie de dire : aimez-vous !
jojotte
Posté le 30/06/2020
Merci. Je suis contente que tu ais aimé cette première partie.
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