Le réveil sonna et je reconnut immédiatement ma chambre mais je n’avais aucune idée de comment je suis, au final, rentré chez moi cette nuit-là. Il faudra que je sorte pour voir si ma voiture est garée en bas de chez moi, si elle fait portail de téléportation depuis chez Steeve direction mon lit, j’avoue que cela réglera bien des problèmes ou alors et bien plus problématique mais plus attendu ma voiture devait toujours être chez Steeve et il m’avait ramené avec son camion, je savais que si j’allais la chercher de suite j’allais pouvoir rentrer chez moi sain et sauf, si je tardais trop ça risquait de devenir plus compliqué que ça. Il me semble que la veille j’étais à la soirée parce que j’avais trop bu la soirée de l’avant-veille et que Steve m’avait ramené avec son camion. D’ailleurs je me rappelais comment Steeve avait viré tout le monde, il avait utilisé des lumières extrêmement brillantes qu’il a balancé dans la gueule de tout le monde en criant « Mais vous n’avez pas de maisons !!! » ils les avaient empruntées à un de ses amis flics. Je ne sais pas comment il avait emprunté ça ni comment il avait connu le policier en question. En pensant au fait que je venais de faire 2 soirées chez Steeve et que je n’étais pas rentré une seule fois tout seul me déprimait un peu et surtout me faisait dire que si je finissais par emménager chez lui ça réglerait bien des problèmes. Mais la question est pourquoi tout le monde revenait faire la fête chez Steeve alors qu’il n’avait jamais autant à boire pour tout le monde chez lui, qu’il virait les gens quand il le voulait et surtout comme il le voulait. Il était d’ailleurs très inventif à ce sujet. Je décidais d’y aller tôt pour récupérer ma voiture et pas de soirée quoi qu’il arrive. Mais en découvrant mon canapé j’y découvris Steeve dedans quasiment nu… il dormait en caleçon, son pantalon élégamment jeté au sol mais son tee-shirt était coincé sur sa tête. Il a dû me ramener et s'endormir sur mon canapé en se déshabillant, ça lui arrivait de temps en temps quand il me ramenait. Je le secouais un peu et il finit par tomber sur le sol, encore une fois, décidément la gravité avait quelque chose à lui faire payer de plus que le reste de la population. Il se réveilla et sans bouger il dit : « J’en étais sûr à cause de tout cet alcool frelaté j’ai fini par perdre la vue, putain de prohibition !! »
« Attends je t’aide c’est ton tee-shirt gros débile, et je te rappel que la prohibition c’était il y a longtemps et pas chez nous »
Je finis par libérer Steve de son piège mortel et il se retourna en me regardant dans les yeux en il me dit : « Alors pourquoi on boit cet alcool dégueulasse ? »
Je m'entends lui répondre : « C’est un sacrifice que l’on doit endurer pour empêcher que quelqu’un d’autre le boive »
On éclata tous les deux de rire.
Maintenant qu’il était réveillé je pensais qu’il allait pouvoir me ramener et ensuite rentrer tranquillement chez moi, mais c’était sans penser à son incroyable propension à arriver à s’endormir n’importe où et dans n’importe quelle position, même avec un tee-shirt à moitié enlevé et lui bouchant la vue. Le temps de penser à cette manie qu’il avait je vis qu’il s'était endormi, il ne perdait jamais le temps de dormir, je sais pas comment il faisait j’avais l’impression que sa vie n’était qu’une suite de beuverie et de lendemain de cuite entrecoupé de jour de travail. Bon à la limite le problème ne vient pas du fait qu’il s'était endormi mais plus au réveil, en plus maintenant qu’il était déjà au sol le faire tomber pour le réveiller était plus dur, a moins de le remettre sur le canapé pour le refaire tomber, mais j’avoue que je n’étais pas entièrement convaincu par l’idée. Tant pis je décida d’aller me coucher et d’attendre son réveil.
De ce début d’après-midi là je ne me rappelle plus grand-chose, pour changer, si ce n’est avoir entendu Steeve marmonner des choses incompréhensibles dans son sommeil agité. Alors qu’il m’avait réveillé je m’approchais de lui et il me sembla qu’il parlait de capuche, du monde et du soleil de minuit. Je trouvais ça bizarre mais pas tant que ça pour quelqu’un qui venait de passer presque 50 heures à boire. Soudain, un flash et un gros, je pensais a sa maison avec cet évier au milieu du salon et ces tuyaux qui crachaient leur liquide avec fureur. Puis je me souviens qu’il avait quand même coupé l’eau avant de me ramener, je me souviens aussi qu’il m’avait dit qu’il allait partir et m’a proposé une place dans son voyage improvisé, je ne sais plus pourquoi il devait faire ça mais je me souviens avoir été content de partir ça me changerait les idées. Le problèmes avec Steeve c’est qu’il pouvait partir pour la lune ou pour les enfers sans réfléchir à comment y aller et surtout en cas de réussite à comment faire pour en revenir. Puis une réflexion me vint en tête, pourquoi il voulait partir ? L’état de la maison pourrait le justifier, mais c’était sa maison, mais ça n'explique pas son envie de voyage. J’ai eu un semblant de réponse à cette question quand il a brusquement ouvert les yeux et qu’il m’a regardé d’un air hagard en me disant qu’il fallait partir, puis il s’est levé a couru dans mes WC et là je l’ai entendu, cogner les murs comme s’il se battait avec quelque chose, surement invisible on était que tous les deux dans mon appartement. J’ai entendu un « mais tu vas sortir oui !!!! » suivis d’un grand bruit étrange, puis plus rien. Le silence, le calme, depuis ces dernières soirées j’avais oublié à quoi cela ressemblait le silence, ce n’est pas mal, mais si ça dure trop longtemps je dirai qu’on a tendance à s’emmerder. Je coupais court à ça : « Steeve ? » pas de réponse, « Steeve ?! Tu fais quoi là ? »
« D’après toi ? Je coupe du bois pour l’hiver !! » Remarque fort peu judicieuse vu qu’il avait condamné sa cheminée il y a peu. Mais pour la forme je cria un : « Quoi ? ».
« Ça s'entend pas ce que je fais là ? » et il tira la chasse.
« Si, mais pourquoi ce silence juste après ? »
« Pour rien, j’ai besoin d’un verre, pas toi ? »
Cette question me sembla bizarre, d’habitude il ne la pose pas il se contente d’aller à mon frigo et de prendre une bière. Ce qui c’était passé dans les WC a dû le troubler un peu, ou alors il a toujours été bizarre, vu mon état je ne savais pas trop quoi choisir donc je laissais cette pensée mourir tranquillement de solitude. Il finit par aller se servir deux bières dans le frigo en décapsula une et me tendit l’autre que je refusai poliment, j’avais en effet peur de ne pas réussir à trouver un récipient assez vite si une goutte d’alcool rentrait dans mon organisme. Il dit « Tant mieux ça m’évitera de me lever pour en prendre une autre ». Il but une gorgée de type chute du Niagara, reposa délicatement la bouteille à présent vide sur la table. Il ouvrit la deuxième et lui fit subir le même sort sans sourciller, sans une once de compassion pour ce pauvre brasseur qui avait créé cette bière avec amour pour que Steeve la boive sans la savourer. Quand il eut fini sa deuxième bière il me dit avec un grand sourire : « J’ai bu ce qu’il fallait »
En entendant ces mots, mon cœur en oublia un battement et je pense même que quelque part dans le monde un cataclysme est arrivé. La dernière fois ainsi que la seule fois où j’ai entendu cette phrase dans la bouche de Steeve je me suis retrouvé embarqué en Espagne dans un coin perdu que nul ne saurait trouver même les plus anciens habitants du coin. On avait fini par débarquer au cœur de l’Espagne dans un village d’Anglais. Et si le voyage sur le moment m’avait semblé durer 2 jours on s’est vite rendu compte qu’on avait passé une semaine là-bas. Une semaine plutôt étrange, uniquement peuplée de samedi. Je me rappelle que ça avait commencé différemment, mais je m’en rappellerai toujours. C’était un soir, un soir comme un autre d’ailleurs. Ennuyeux, bruyant et rendant nos cerveaux brumeux a moins que ce soit l’alcool. Nous étions au bar en train de commander notre 3ème mètre de shooter, a peine arrivé déjà attaqué, arrivé au 5eme verre Steeve se tourna vers moi, je voyais dans ces yeux que l’alcool faisait son chemin et il me dit sans prévenir : « J’ai bu ce qu’il fallait » et il enchaîne immédiatement par un : « Suis-moi », il jette un billet de 20 et un de 10 sur la table, salue chaleureusement le barman et s’en va, arrivé à la porte il se tourne vers moi et me fais signe de venir. Sans comprendre ce qu’il vient de se passer, je le suis. On se retrouve dans ma voiture et sur le coup je me dis, pourquoi c’est lui derrière le volant ? J’entendis le moteur démarrer. Est-il en état de conduire ? cette pensée se formait à peine dans ma tête que je sentis la voiture accélérer en direction de la sortie de la ville.
« Euh, on va où ? »
« Tu verras bien ! »
Je vis la voiture entrer sur l’autoroute et rouler direction l’Espagne, je vis le dernier panneau français et je finis par m’endormir là. Habituellement je ne résiste pas longtemps au sommeil quand je ne conduis pas, saoul ou pas d’ailleurs. Mais là je l’étais, par contre j’étais pas tranquille. Je fis un rêve étrange pendant mon sommeil, j’étais nu sur la plage et autour de moi il n’y avait que des méduses blanches qui flottait dans l’air pendant qu’une baleine faisait un château de sable, à côté de moi une femme magnifique pleine de tache de rousseurs qui me faisait un sourire avant de me dire quelque chose que je ne compris pas, une sorte de babillage sur des expériences de biologie. Je me réveillais en sursaut et la je vis que la voiture était arrêtée dans une sorte de paysage rural qui m’était inconnu. Steve n’était pas dans la voiture, moment de panique vite réfréné par mon envie de me dire que j’avais du coup une chance de pouvoir rentrer chez moi en l’abandonnant ici. Je tentais de me lever mais j’avais toujours la ceinture de sécurité. Encore déboussolé par mon rêve, non c’est vrai cette baleine malgré son handicap majeur savait manier une pelle et un seau. Tout à coup, on frappa sur le carreau. Mon hurlement resta coincé dans ma gorge comme si lui aussi ne sachant pas quoi faire avait eu peur de sortir. Je sursautai et je vis Steeve qui me dit ça y est déjà réveillé ? Il entra dans la voiture et me dit “je suis allé pissé, on repart”. Sans le quitter des yeux je lui demandais “on va où ?” Il sourit puis me dit “Vers notre destination bien sûr…”
J'étais pas vraiment sûr de vouloir y aller mais je m’endormis instantanément sentant la voiture s'élancer vers l’inconnu.