“ Voici le lieu du monde où tout rentre et se tait. ”
Charles Péguy
Élévation.
Dans l’air feutré de l’église se déversait une douce mélodie aux accents veloutés. La petite fille ferma les yeux et laissa la musique parcourir son âme. Elle était jolie, cette petite fille. Un peu sotte, un peu simplette, répétaient sans cesse ses quatre frères, mais elle s’en moquait – se moquait de bien des choses. Seule sur ce navire qui la berçait et l’emportait là-haut, si haut par-delà l’univers, dans son univers à elle, seule, elle se moquait des hommes et des femmes et des filles comme elle, là-haut dans le sein de Marie...
Comment aurait-elle pu imaginer cela auparavant ? La mélodie s’amplifia, se ramifia comme un écheveau que l’on file, dévidant sa mesure le long du transept, à travers la nef, jusqu’aux vitraux dont l’éclat chatoyait dans l’ombre.
La petite fille était venue ici sans but, sans dessein. Elle était arrivée, essoufflée par la longue course qu’elle avait dû accomplir pour échapper à la dureté de ses frères, les yeux rougis par les larmes et le froid, sur cette grande place grise au cœur de la ville ; et s’était trouvée devant l’église.
Consolation...
Elle avait hésité néanmoins – oh ! pas longtemps ! – sur les marches du parvis, petite fille de rien du tout face au géant de pierre, noyée par le vide austère de la nef qui se devinait derrière le porche ; puis elle avait compris – conscience de Dieu ? – , le géant s’était mué en fée, le vide s’était empli d’une présence divine. Elle avait compris, et sa vie désormais ne serait plus la même. Son cœur gonflé d’amour déversait son trop-plein le long de ses joues. Elle pleurait – mais c’étaient des larmes de joie.
Elle portait Dieu en son cœur.
Par ailleurs, le contexte de l'écriture que tu indique en description de l'histoire est vraiment très mignon <3