Samedi 15 Aout 1818 - The Booley House

Par Pouiny
Notes de l’auteur : Musique de référence : https://www.youtube.com/watch?v=auJnAaBGHOA
Pour en savoir plus sur le Booleying (et a voir à quoi ressemble ces fameuses booley house) : https://roaringwaterjournal.com/2015/11/29/the-booley/

Après avoir trouvé la source du fleuve Lee, je l’avoue… Je me suis senti comme desoeuvré. Les feux follets du lac Gougane barra étaient magnifiques, mais ils ne m’ont pas vraiment inspiré une route a prendre… Alors, un peu au hasard, je suis parti vers l’Est. La chaîne de montagne m’a indiqué que j’étais a la frontière entre le comté de Cork et celui de Kerry. Pas necessairement pressé de changer de région, j’ai longé la frontière, en traversant les collines en sud-ouest. Peut-être que j’avais un peu envie de voir la mer. Et effectivement, au beau milieu des hauteurs déboisées, j’ai bien vu une mer. Blanche et laiteuse, au vacarme incomparable. Une mer de moutons !

 

 Goguenard, les sasannach disent souvent que l’île d’Emeraude est l’île des bêtes avant celle des hommes. En ville, on s’accorde à dire que la remarque est vexante… Mais en découvrant la taille des troupeaux de mouton ici, je me suis dit qu’il y avait peut-être une part de vérité dans cette allégation. Et je pense qu’il est aisé de dire qu’un anglais est plus cruel qu’un loup ! Voilà qu’instinctivement je me suis trouvé à suivre le booleying.

 

Deux irish cooley tournaient autour du troupeau et je n’étais pas pressé qu’ils découvrent ma présence. Ces chiens sont peut-être adorable avec leur maître, mais ils pourraient mettre en déroute n’importe quel voyageur en un ou deux bonds. Bientôt ma présence allait être remarquée par deux braves jeunes filles gardant les bêtes et loin d’être farouche vont m’invectiver qu’il n’y a rien à voler par ici… même pas leur virginité ! Je crois que me voir rire de bon cœur à leur méfiance les a plus détendue que ce qu’elles accepteraient de l’avouer.

 

Jusque là, j’ai toujours usé de la même méthode pour briser la plus forte agressivité des personnes méfiantes. J’ai joué de la musique, et j’ai chanté. J’ai même tenté quelques pas de danse en jouant, avant de glisser en arrière dans l’herbe. Feck, l’arrière de mon crâne me fait mal rien que d’y repenser ! Mais ou moins, ça a anéanti l’intégralité de leurs craintes et elles ont toute deux éclaté de rire.

 

On a commencé à discuter comme ça, à s’échanger des question, d’un côté à l’autre du troupeau. J’ai usé de ma plus belle voix de stentor pour passer au-delà du tintamarre des cloches et des bêlements, mais j’ai pu leur expliquer un peu de mon voyage et de mes intentions. En apprenant que j’avais des histoires de fées, une lumière s’est illuminée dans leur regard. « Il faut que tu passes la soirée avec nous ! On a des choses à t’apprendre… » Et bien sûr, j’ai accepté.

 

C’est ainsi qu’en grand homme de la ville, j’ai appris cette pratique semi nomade qu’est le booleying. Cela faisait plus de deux mois maintenant que plusieurs familles du même village suivaient avaient mis en commun leur bête avant de les suivre pour la transhumance, vivant en communauté dans de sortes d’huttes ronde de pierre. Quelles droles de petites cabanes, par ailleurs ! Elles semblent si fragile, empilées de roche plus ou moins plate comme un château de carte. Il y a a peine un trou laissé dans cette sphère pour qu’on puisse y rentrer, et une petite cheminée qui dépasse. Plusieurs de ces Booley House  parsème la montagne, bien plus que nécéssaire pour le petit groupe de villageois. Entre elles, J’ai pu observer une ou de Cabin,  une ou deux lieu de couchage pour les vaches ; plus allongé, avec un toit fait d’un mélange de paille et de planche de bois. Il n’y a plus qu’à espérer que les bêtes de Kerry n’ont pas le cou assez long pour manger ce qui recouvre leur tête !

 

Je ne suis pas un campagnard, si bien que je me suis bien demandé pourquoi ces familles ressentaient le besoin d’abandonner pendant une saison entière leur lit de coton pour suivre leurs bêtes. « On laisse la place pour ceux qui veulent faire de la pomme de terre, en bas », qu’on m’a dit. « Et le bétail ressort plus nourri ». Il faut croire que l’herbe verte d’Irlande est parfois plus verte ailleurs. Et que les Irlandais sont décidément incapable de rester en place ! Je ne pensais pas découvrir encore d’autres personnes appréciant le nomadisme après les Travellers, même si pour le booleying, la pratique ressemble davantage à une sorte d’immense camp d’été où les parents vont éduquer leurs enfant à la vie dans la nature irlandaise et au travail de berger.

 

Et encore une de ces veillées où l’on se regoupe dehors autour du feu, a apprécier l’air humide de notre si belle île et à raconter toutes sortes d’histoires, allant aux voleurs de jeunes filles aux contes plus traditionnels. Et on a joué… je n’ai jamais appris autant d’air que lors de cette soirée. J’ai une tête douloureuse certes, mais remplie de musique ! Il faut que je note là celle qui évoquait la rondeur des huttes dans lesquelles chacun a trouvé un lit pour la nuit…

 

A la fin de la veillée, il m’a été proposé de rester. Un des chefs de famille, je suppose, m’a dit que je ne manquerais pas de travail ici, et que les bras leur manquaient. Ma foi, j’ai accepté. Le Booleying va bientôt redescendre dans le village, et après quoi, je pourrais continuer ma route, voir un peu plus de ce compté de Kerry dont la montagne a été parsemée de pierre délimitante. Ca fait toujours du bien de se sentir utile.

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