Samedi 25 Juillet 1818 - The Elfin Knight

Par Pouiny
Notes de l’auteur : Musique de référence : https://youtu.be/IrT7pbKlfAI?si=6LGvY9qAyrj6PoLP

C'est l'ancêtre de la chanson Scarborough fair, dont l'histoire fonctionne sur cette même structure d'amour à conquérir avec des tâches impossibles à accomplir.

J’ai quitté Cork lundi dernier, j’ai quitté les Travellers. Je n’en pouvais plus. Cork me rappelait trop Dublin, trop ce que j’avais voulu ne plus jamais retrouver de cette vie. J’ai vidé mon whisky dans le fleuve, et je suis parti avant le lever du soleil. Je suis parti vers l’ouest en remontant le court du fleuve Lee, Dieu seul savait où il me mènerait.

 

C’est ainsi que j’ai découvert le lac où prenait sa source le fleuve, le Gearagh.  Une immense étendue d’eau où sur toute la surface on peut entrevoir une véritable forêt engloutie. Comme un ancien territoire des fées qui a été abbattu par les forces naturelles, se retrouver seul dans un tel sanctuaire était une expérience à couper le souffle. J’ai décidé de rester là, me ressourcer au milieu des structures de pierres abandonnées et de la nature verdoyante. Il semblait ne manquer de rien ici. Pour autant, rare sont les paysages qui paraissent si vide de vie.

 

Les premiers jours, j’ai pensé que j’étais fou, d’avoir la sensation d’être suivi ou observé. Mais après un jour passé dans le Gearagh, j’ai compris. En voyant, briller sous les nuages, dépassant de quelques buissons, les cheveux d’un éclat flamboyant. Choqué, j’ai crié le nom a qui ils appartenaient comme par réflexe. Et Aoife est sortie penaude de sa cachette avec un de ses chevaux. 

 

Les Travellers vivent une existence à fuir les potentielles menaces, humaines comme animales. Ce sont des experts pour camoufler leurs traces. Mais je n’aurais jamais cru que ça se retournerait à mes dépends. J’étais peut être pas parti aussi léger que je le pensais, mais jamais je n’aurais cru qu’une fille pourrait ainsi me suivre à corps perdu. Elle avait les yeux brillants quand elle m’a supplié de la laisser me suivre. Qu’elle ne voulait rien me reprocher, mais qu’elle n'avait pas envie de me voir partir. Elle a pris ma main, et je fus presque tenté d’accepter. Mais…

 

Dans mon cœur, il n’y avait pas ce que j’avais pu ressentir pour Violet. Aoife était une magnifique jeune fille, elle avait tout pour plaire. Ses tâches de rousseur illuminait le ciel. Mais elle avait sa communauté et aimait les siens. Elle ne méritait pas un homme qui lui retirerait le peu de racine qu’elle possédait. Je n’aurais fait que l’alourdir.

 

J’ai fermé les yeux et baissé la tête. J’ai cru sentir ses larmes du bout de mes doigts qui n’avaient pas lâché sa main. Je me sentais comme un idiot. Comment je me retrouvais à refuser une aussi belle femme ? Elle m’a murmuré, alors : « Quelles tâches me donnes-tu ? Que veux-tu que je fasse pour gagner ton amour ? »

 

J’ai relevé la tête, surpris. Sa question faisait écho à une vieille légende, que Mère chantait souvent à Dublin, le regard perdu dans sa vaisselle. L’histoire d’une jeune femme qui invoquait un elfe et lui demandait ce qu’elle devait faire pour gagner son amour. Mais, malgré tout mon attrait pour les Voisins… j’ai secoué la tête. Je ne suis pas une fée. Je ne pouvais rien lui demander.

 

Je l’ai prise dans mes bras, et j’ai murmuré à son oreille : « Rentre chez les tiens, ma belle. Ton elfe viendra, et tu seras capable de gagner son amour. Je ne peux pas risquer de te donner une épreuve impossible, car je sais que tu les vaincras toutes. Tu n’as peut-être pas gagné mon amour, mais ma loyauté et mon amitié envers toi perdura malgré la distance, ma reine. Va conquérir un homme qui sera en tout point plus majestueux que moi. »

 

Elle a ravalé ses larmes avec fierté. Nous nous sommes endormi ensemble, l’un en face de l’autre, sous les mêmes étoiles. Le lac brillait et les arbres engloutti semblaient comme se fendre sous l’eau. Le lendemain matin, elle était partie avec son cheval, sans un bruit. Mais dans l’air se chantait une chanson légendaire, portée par l’écho de sa voix :

 

The elphin knight sits on yon hill,

Blaw, blaw, blaw, wind blaw.

He blaws his horn both lewd and shril.

The wind hath blown my plaid awa.

 

If I had yon horn in my kist,

Blaw, blaw, blaw winds, blaw!

And the bonny laddie here that I luve best,

And the wind has blawin' my plaid awa'.

 

J’ai regardé le ciel. Il était bleu, et se reflétait sur le lac. Le temps, à nouveau, semblait être tordu comme par la présence de l’Autre Monde. J’ai pris mon sac, et j’ai quitté le paysage. Je n’avais pas vocation à rester longtemps dans la mémoire de qui que ce soit.

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Dédé
Posté le 30/04/2025
Paddy n'a pas oublié Violet ! :3

Je souhaite à Aoife de trouver chaussette à son pied mais, ce ne sera pas Paddy. Paddy va vadrouiller et retrouver Violet à la fin. C'est ça, mon happy end ! :D

La fin est claire : son but est de vadrouiller. S'il reste trop longtemps, il va s'ennuyer, ça va lui rappeler la maison et... non. Donc, à voir quelle sera la prochaine destination (en août 1818 ?).

A bientôt pour la suite !
Pouiny
Posté le 02/05/2025
Il va falloir du temps encore avant de revenir potentiellement vers Waterford ! Paddy est jeune, il a encore toute la vie devant lui :3 Si tu n'es pas allé voir je t'invite à regarder des photo de ce lac de Gearagh, c'est assez impressionnant, on se croirait dans un jeu vidéo, et pourtant c'est un lieu assez peu connu il me semble! je l'ai trouvé un peu par hasard en regardant sur google maps le départ du fleuve xD

Merci encore pour le commentaire et je vais réécrire encore la suite ! Pareil, il m'a fallu un petit temps d'assimilation avant de commencer la rédaction x)
Dédé
Posté le 02/05/2025
Je suis allé voir les photos et c'est vrai que c'est magnifique !

Je lirai la suite tout bientôt, bisous ! :)
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