Sans titre (pour le moment)

Par LMW

Et merde… J’en ai envie. Ça ne sert à rien de rester planter là, il ne se passera rien si je reste ainsi. Provoquer le destin ? Pourquoi est-ce si difficile ? Il faudra bien le faire à un moment ou un autre, avec une personne ou une autre, alors… je me lance. J’attends la fin de sa phrase. Pourquoi parle-t-il autant ? Un mélange de respirations et de syllabes qui s’éternisent. Je m’approche, trouve un angle, prends son cou et l’embrasse. Ses lèvres sont tièdes, un peu mouillées. C’était bref. Presque indicible. J’entends un petit smack en retirant ma bouche. Il a eu un mouvement de recul, surpris (en bien ou en mal ?). Je n’ose pas ouvrir les yeux. Toujours rien. Je baisse la tête. Rien. Rien. Rien. Mes mains s’écartent, tremblantes. Je fais un pas en arrière et manque de tomber. Il m’avait agrippé les hanches pour m’attirer à lui. L’équilibre perdu, je m’accroche à son cou. Pourquoi ai-je peur ? Hors de question de rester paralysée. Son visage fond sur le mien. Je ne suis pas prête, mais comment refuser ? Il se veut insistant, passionné, et je n’ai pas le temps de m’en rendre compte. Je prends un peu plus appui sur mes jambes. Il se retire avant même que je n’aie eu le temps de lui rendre son baiser. Nous nous observons un moment. Puis… ses mains courent le long de mes côtes et sa bouche s’attaque à mon cou. Ça m’électrise. Je soupire. Je ne sais pas si je le fais pour moi ou pour lui… Peu importe… C’est si bon… 

 

Peut-on jouir de ça ? 

 

J’essaye de trouver un moyen de lui rendre la pareille. Je jauge la pièce autour de nous. Il se libère de mon cou et je le guide vers une table. Comment être entreprenante ? Maladroitement, je me hisse sur le meuble, les cuisses écartées. Il se plaque contre moi. Mes bras se pendent à nouveau sur sa nuque et je l’étreins. Mes jambes lui enlacent la taille. Je tiens sa tête dans mes mains, l’obligeant à rester près de mon visage, sans pouvoir m’embrasser. Mes lèvres se rapprochent, encore et toujours, sans jamais le toucher. Nos souffles s’accélèrent ; se synchronisent. Je l’effleure du bout des lèvres quelques instants. Il m’embrasse avec fougue et je plonge avec lui. J’ai chaud, je brûle. Son membre durci au creux de mon sexe. Son estomac frissonne-t-il comme le mien ? Je gémis. C’est plus fort que moi. Nous reprenons notre souffle, impatients de recommencer. Je le regarde et je vois des yeux sombres. Ils n’étaient pas comme ça avant que je ne l’embrasse. Avec sa respiration saccadée, ses lèvres humides et ses pupilles dilatées, il me paraît tellement vulnérable, dépourvu de toute barrière. Est-ce que je ressemble à ça moi aussi ? Suis-je vulnérable ? Il tente de déboutonner mon jean. Déjà ? Je sursaute. Il le remarque. Sa tentative ratée, il soulève mon haut, plus lentement cette fois. Je lui souris, reconnaissante. Par mimétisme, je lui ôte son t-shirt. L’odeur de nos corps en ébullition se fait sentir davantage. Nos regards se fixent, suspendus l'un à l'autre. Un petit rire m’échappe et le sien ne tarde pas à me rejoindre. Ma peau, refroidie par la distance, je le tire doucement par les mains. Ses doigts caressent les miens. Cette attention me touche. J’ignore si je veux ce rapprochement lent ou si je le veux rapide. J’ai envie de le sentir contre moi. Tout contre moi. Remplir ce vide entre nos torses nus. Nos bras s’enlacent et il colle sa poitrine à la mienne. Enfin ! J’ai la chair de poule. Une vague de chaleur (ou de fraîcheur ?) me traverse. Il caresse mon dos ; remonte ; trace un sillon de mon cou à ma bouche. Il passe le bout de son doigt sur mes lèvres avant de les dévorer. Mon cœur s’affole à nouveau et des ondes m’empoignent l’estomac avant de descendre vers mes reins. Je me saisis de son cou, tire sur ses cheveux, espérant que ça lui plaise. Il n'emet aucun son, mais son baiser se fait plus intense. J’imagine que ça lui plaît. J’ai dû mal à respirer. Pourtant je n’ai pas envie de me détacher. Je m’écarte ; à bout de souffle. Maintenant je me sens vulnérable. Il respire fort, lui aussi. Sa poitrine tambourine-t-elle comme la mienne ? Je l’ignore. J’ai l’impression d’être ailleurs. Je remarque à peine ses mains lorsqu’elles agrippent mes fesses pour me soulever. Des murs défilent sous mes yeux. Je me remémore les derniers instants passés ; les baisers, les câlins, les soupirs… mon jean déboutonné. Ce sera aujourd’hui. Je ne peux plus reculer… pas ici… pas maintenant… Pourtant j’ai un doute… 

Mon regard se perd avant de croiser ses yeux posés sur moi. Il a vu mon trouble. Il m’interroge silencieusement. Mais, je ne trouve rien à répondre.

 

— Est-ce que t'as envie ? 

— Si je te dis que non, est-ce que tu m’en voudras ? 

— Tu sais bien qu'non.

— Dans ce cas, j’en ai envie.

 

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
The Pighead
Posté le 30/12/2020
Ca fait longtemps que je n'ai pas fait de trucs sur PdA. Ca me manque. Anyway, les histoires.

J'avoue que cette seconde histoire m'a bien plus plu que la première, déjà parce qu'elle est plus longue et ensuite parce que, contrairement à la première où j'me sentais un peu détachée, un peu distante par rapport à l'acte, là, je sentais bien plus le truc, sans mauvais jeu de mot, du coup, ça m'a permis de bien plus apprécier l'histoire et de me sentir investie.

Vraiment, si tu continues sur cette voie, je pense que ça peut donner naissance à une série vraiment sympa.
LMW
Posté le 31/12/2020
Bon retour parmi nous ! Personnellement, ça faisait aussi longtemps que je ne me suis pas connectée XD

Merci beaucoup pour ton retour !! je suis contente que celle-ci te plaise, c'est vrai qu'elle est plus intime et détaillée que la première. J'en prends note pour les prochains ;)

Et bonne année à toi !

:)
LMW
Posté le 31/12/2020
que je ne m'étais pas connectée* (oups!)
Rominski
Posté le 14/11/2020
C'est vraiment super! c'est un texte plein de sensibilité, qui décrit brillamment les joies et les émois intenses liés au sexuel...l'indicible naît en moi, je sais pas quoi dire, BRAVO
LMW
Posté le 15/11/2020
Merci Romain ! Contente que le texte te plaise ! Tant qu'il génère des émotions, c'est le principal :)
Grde Marguerite
Posté le 11/11/2020
Très chouette, très bien senti.
Belle écriture, et subtil jeu entre la réalité et les fantasmes, ce que l'on s'avoue et que l'on n'ose avouer, ce qu'on voudrait et qu'on ne veut pas trop dire . Merci, ça me rappelle des choses...
LMW
Posté le 13/11/2020
Merci pour ton commentaire ! ça me fait vraiment plaisir !! Mon but était de proposer une scène la plus réaliste possible et qui accordait une certaine place à la pensée du personnage. Je trouves que dans la plupart des romances ou même textes érotiques se limitent aux gestes et aux sensations, alors qu'il s'agit du moment où le héros obtient son objet de désir. Je n'en ai pas lu assez pour avoir un avis objectif sur la question, mais c'est l'impression que j'ai eu. C'est trop cool que ça fasse écho à tes souvenirs ! Au moins ça me rassure sur un certain réalisme de la scène et c'est tout l'objectif du texte :)
LMW
Posté le 13/11/2020
Sinon, hâte de lire tes textes !! :)
Grde Marguerite
Posté le 14/11/2020
Je suis d'accord avec ce que tu dis, ce qui se passe dans la tête parfois occulte tout le reste... et peut être tout à fait intéressant !
Vous lisez