À l'extérieur du salon de thé, la grisaille s'épaissit. L'orage menaçait.
— Maman, tu as 74 ans !
— Oui, je ne suis pas née de la dernière pluie. C'est un problème ? répondit Moumi, effrontée.
Patrick resta à court d'arguments, la bouche béante. Un moucheron passa par là et en profita pour s'y engouffrer, ce qui provoqua une belle quinte de toux. Moumi saisit l'occasion pour prendre à témoin la serveuse.
— Emma, tu peux me dire pour qui se prend ce blanc-bec ? Sous prétexte qu'il est mon fils, il s'imagine avoir des droits sur ma vie. Mon chéri, ajouta-t-elle plus doucement à l'adresse de Patrick, je suis encore en jambes, je suis tout à fait capable de remonter sur le fil. 32 ans que j'attends ça. Mon dernier spectacle, j'étais à peine enceinte de toi. Je sais que tu t'inquiètes mais tout se passera bien.
Patrick, remis de l'intrusion du moucheron, pas de l'annonce de sa mère de rejouer les funambules, ne rétorqua rien. En silence, il se leva, se rendit au comptoir, paya son cappuccino décaféiné, le Genmaicha de sa mère et sortit, hagard. Dehors, les nuages d'automne avaient crevés, il pleuvait abondamment. Son parapluie était resté dans la voiture, il ne s'en rendit pas compte et avança sous les trombes d'eau, l'imperméable percé.
— Mets au moins une écharpe, il tombe des hallebardes, c'est comme ça qu'on attrape la crève, l'apostropha Moumi.
Elle était sortie elle aussi, sous un parapluie arc-en-ciel, et le rattrapa.
— Tiens-moi un peu ce pépin, lui dit-elle en lui flanquant le manche dans les mains.
Elle fouilla sa sacoche.
— Tu viendras mercredi soir avec les enfants ? Gustave sera là, on jouera au rikiki tous les cinq. Ha, je l'ai trouvé, s'exclama-t-elle.
Elle noua un foulard autour du cou de Patrick et l'embrassa sur les deux joues.
— Je file, mon chéri. J'ai un entraînement. Passe une bonne journée. N'en fais pas trop au boulot, tu as l'air fatigué.
Elle tourna les talons et, de son habituel pas guilleret, prit la direction de l'école de cirque.
— Et merci pour le thé, héla-t-elle sans se retourner.
Patrick demeura quelques instants de plus immobile sous l'averse avant de se secouer.
— Je ne la laisserai pas faire, et il courut vers le bureau, le col de son imperméable couleur nimbostratus remonté sur le fichu imprimé coquelicot de sa mère.
J'aime vraiment beaucoup et je pense que je vais me régaler à te lire :)
Bon par contre Patrick vue d'ici il me semble bien égoïste mais il doit bien avoir ses raisons et pas seulement l'âge de sa maman...
Merci beaucoup pour ton commentaire. J'espère avancer dans cette histoire :)
J'ai juste relevé quelques détails, évidemment libre à toi de choisir de les prendre en compte ou pas haha, je ne suis qu'une simple lectrice :
- Les tirets cadratins, c'est la vie <3
- L'action est un poil rapide, on a pas vraiment le temps de s'imprégner des personnages ni d'observer leur dynamique en situation
Voilà pour le moment eeeeet on encourage Mamie ! (juste un point, t'es Belge nan haha ?)
J'ai beaucoup hésité pour les tirets cadratins et j'hésite encore. J'ai l'impression que ça donnerait des dialogues plus lisibles à certains endroits mais moins à d'autres. Bref, je continue à hésiter ;)
Oui, l'action est rapide, je suis d'accord. J'ai eu du mal avec cette scène mais je me suis dit qu'il fallait la jeter sur le papier et avancer, pour y revenir plus tard. C'est la première fois que je me plonge dans un texte un peu plus long (jusqu'ici, je n'ai écrit que des ((très)) short stories), d'où mes textes très concis.
Je pense que ça faciliterait nettement la lecture globale, le cadratin ;)