Scène 5

Sur la plage. Jack et James sont assis à même le sable. Ils ne se regardent pas, préférant le spectacle de l’eau qui va et vient. Cela se passe une demi-heure environ après le baiser.

Jack, hésitant : James… Je peux te poser une question ?

James, doucement comme s’il avait peur de prononcer ces mots à haute voix : Je t’écoute. Mais si tu veux savoir pourquoi je n’ai pas choisi Anaïs tout à l’heure… Ecoute, Jack, on a fait une erreur. Une terrible erreur. Peut-être que tu ne nous pardonneras jamais, mais sache qu’on s’en veut tous les deux terriblement. Je n’ai pas les mots pour te faire comprendre ce sentiment de culpabilité qui menace de m’achever, mais je veux que tu comprennes que je regrette amèrement ce que j’ai fait. Et pour Anaïs, c’est pareil. On en a discuté après et… On voulait juste que ça ne se soit jamais passé. Si c’est possible, j’aimerais vraiment que tu nous pardonnes.

Jack, touché par les mots de son meilleur ami, regarde l’océan. Il reste silencieux plusieurs secondes avant de prendre la parole.

Jack : Je ne sais pas si je pourrai. Je viens de larguer Anaïs et… Je ne me suis jamais senti aussi malheureux. (Il s’emporte soudain.) Merde à la fin ! Je ne pensais pas que ce serait autant douloureux. Je ne peux pas vivre sans elle ! Je n’ai pas le choix de vous pardonner, même si vous ne le méritez absolument pas…

James : Je sais, Jack, et au risque de me répéter, je m’excuse pour ce qu’on a fait.

James voit Anaïs se diriger vers eux depuis la maison. Il se lève pour quitter Jack.

James : Je vais te laisser. Anaïs arrive. Et si tu ne parviens pas à me pardonner… Pardonne-lui au moins à elle. Tout ceci est ma faute.

Jack : Ce n’est pas que ta faute. Vous êtes tous les deux responsables.

James incline subtilement la tête et retourne vers la maison où la fête bat son plein. Il croise Anaïs sur le chemin et lui murmure des mots, que seule Anaïs entend.

James : Vous allez vous remettre ensemble, j’en suis presque certain… Laisse-le juste penser que ce ne sera pas forcément le cas ; tu connais sa fierté.

Anaïs, parvenue à la hauteur de son ancien petit-ami : Je peux m’asseoir ?

Jack : Je t’en prie. « Le pardon est la plus belle preuve d’amour parce qu'il le rend encore possible. Seules deux personnes qui s'aiment peuvent se pardonner. »

Anaïs, comme nostalgique : C’est beau. C’est de qui ?

Jack : Je ne sais pas. J’ai trouvé ça sur Internet, mais l’auteur n’était pas mentionné.

Anaïs, même ton : J’aimerais que ce soit possible.

Jack : Quoi donc ?

Anaïs : Que tu me pardonnes. J’ai fait une erreur, tu m’as larguée sur un coup de tête en me brisant au passage, même si ça n’a pas duré longtemps. On est quitte. Pouvons-nous oublier ?

Jack, en murmurant : Oui, en effet. Pouvons-nous oublier ?

Anaïs : Je comprendrais que tu ne le puisses pas, mais tu dois savoir que ça me brise le cœur.

Jack : Vraiment ?

Anaïs : Si un jour je meurs et qu’on m’ouvre le cœur, on pourra lire en lettres d’or : je t’aime encore.

Jack sourit en coin en entendant les mots qu’avait prononcés Shakespeare bien avant lui. Anaïs effleure la fossette que crée ce sourire du bout de l’index.

Anaïs : Je t’aime. Et depuis que… hum… je me suis réveillée au côté de James (En entendant ces mots, Jack se crispe et ses sourcils se froncent.), je suis sûre et certaine d’une chose : il n’y a que toi que j’aime.

Jack : Depuis que je t’ai larguée, les quelques heures que j’ai passées ont été les pires de ma vie. Je t’aime, Anaïs, et je ne pourrais pas vivre sans toi. Je suis prêt à vous pardonner, à James et toi, parce que je ne peux m’imaginer la vie sans vous deux.

Il se penche doucement vers Anaïs et attire son visage vers lui, dans un geste familier. Un baiser que rien ne pourrait arrêter. Un baiser pour tout oublier.

Un temps

Le couple se lève et, main dans la main, retourne vers la maison, plus amoureux que jamais.

Fin