Julius tapait frénétiquement à sa machine à écrire. Il aimait le son qu’elle produisait en écumant son indignation, son encre ; si semblable à celui de la pluie qui ricoche contre le carreau.
Dehors, le ciel ne pleurait toujours pas. Les nuages avaient lavé leurs robes noires de crasse, et la voûte s’était bleuie, lentement épanouie dans son vêtement de soie lisse, ou pas encore froissé. Les carillons cochaient midi, les cheminées vapotaient les effluves d’un bon déjeuner. Les nuages de gaz argenté s'évadaient des toits et rejoignaient le ciel, comme un enfant rejoindrait les bras d'une mère aimante.
Seule celle de Julius ne fumait pas, l’antiquaire avait pour habitude de manger tard, vraiment tard. S’il musardait, il perdrait des clients, ce qu’il lui serait exactement insupportable. Un client, c’était précieux. C’était un cœur lourd, chaud et effiloché qui poussait la porte de sa boutique, pour qu’il l’allège, le rafraîchisse et le recouse. Telles semblaient être les journées de Julius : il tricotait dans les âmes des fils d’émotions, des émotions pour les rendre aussi brillantes que les étoiles. C'était sa fonction, son unique passion.
Julius sourit. Un sourire un peu tordu qui lui prescrit la pensée qu'il ne devait pas perdre cette habitude là, de sourire. Il paraissait que c'était important – ou du moins, Gaïa, la tailleuse du quartier, se plaisait à le lui répéter. L'antiquaire haussa les épaules. Après tout, il ne voyait pas pourquoi ce mouvement buccal certifiait un quelconque bonheur. Julius était de ces gens qui pensaient que le vrai bonheur, le frais, le doux, le cotonneux, se gardait à l'intérieur, dans les plus profondes entrailles du cœur.
Julius détourna son attention de la fenêtre pour la laisser vagabonder sur l'ameublement poussiéreux de sa boutique, puis sur les touches étincelantes de sa machine à écrire. Il aimait beaucoup écrire, faire rebondir ses émotions sur chacune de ses petites plaquettes d'un noir si bien ciré, si bellement astiqué. A chaque fois qu'il avait fini de l'utiliser, Julius passait le chiffon sur ce mécanisme à encre. Il aimait l'entretenir, bloquer du parchemin dans la barre de caractère, puis le ressortir un peu plus tard, entièrement arrosé de mots, de sentiments et de parfums. Mais la fascination qu'il vouait aux lettres le terrifiait. Jamais il n'osait trop poser ses fragments d'âme sur papier, de peur que cette passion-là estompât celle d'assurer son métier d'antiquaire. Julius ne désirait pas être un déshonneur pour toute sa lignée ; plus que tout, il voulait mériter la paire de bésicles qui lui pendillait au nez.
Alors son regard qui savait tant être doux, aussi doux que le pelage d'un chat au sommeil, se hérissa en retombant sur le texte qu'il venait de rédiger, de tout son souffle, de toute sa sensibilité. D'un geste sec, il l'arracha de son fauteuil de métal ardoisé et le déchira entre ses longs doigts osseux, râpés d'avoir manipulé tant de choses trop veloutées. Brutaux. Comme les tapements chaotiques de son cœur qui ne supportait aucune saute d'humeur. Mais c'était ainsi, à force de l'inhaler, la douceur de son quotidien le harnachait.
Après avoir regroupé les morceaux de papier, Julius décida qu'ils allaient au moins lui servir à une chose : alimenter son feu.
Il contournait déjà son comptoir quand le carillon de l'entrée se mit soudain à frétiller, grésiller, balbutier une joie difforme et aiguë. Cette sonnerie délogea aussitôt le silence des lieux, qui partit roupiller dans la chambre de Julius, là où, assurément, personne ne viendrait le déranger. Julius, lui, s'était figé. Un client arrivait, à la lisière de sa pause. L'antiquaire se précipita avec une telle nervosité derrière son comptoir qu'il en oublia d'être discret, délicat, comme chaque membre de sa bien étrange demeure. Son pas ne coula pas au sol, il grinça, craqua un bruit qui fila jusqu'aux poutres.
Heureusement, son mystérieux client ne l'entendit pas, trop occupé à actionner la lourde poignée de l'entrée. C'était vrai que cette poignée avait du caractère. Son long nez ondulé, tout recouvert de bouterolles compliquées, avait le fâcheux désir de demeurer continuellement immobile, comme un nez humain. Mais ce n'était pas un nez humain, trop crochu, trop torsadé, trop vertigineux pour que cela portât à confusion.
La poignée nasale ne céda la place au nouveau client que lorsque Julius lui chuchota une gentillesse. Elle poussa toutefois le juron sourd qui la démangeait.
Julius redressa ses bésicles, pinça les lèvres et essuya ses mains moites dans son pantalon pour se donner une contenance, alors qu'il observait la silhouette de son client se glisser silencieusement dans la pièce. L'antiquaire était certain de ne jamais avoir vu ce personnage, car trop frêle, trop court, trop fluet sous ses épaisseurs de laine rapiécée. Il portait, sur sa masse chevelue d'un brun café, un béret mou, trop grand pour lui. Le chapeau retomba devant ses yeux alors qu'il refermait précautionneusement la porte derrière ses pas aériens, qui n'abandonnaient pas le moindre écho sur le sol. Oui, « trop » était vraiment un mot qui convenait à merveille à cette petite silhouette. Petite silhouette qui filait bientôt comme une plume trop lourde vers le comptoir, ou alors, comme un galet trop léger.
- Bonjour, toi, le salua Julius, à défaut de trouver une phrase plus pompeuse.
Son petit doigt lui disait que cet inconnu n'en avait que faire, des saluts grandiloquents.
- Bonjour, vous.
Julius découvrit alors que la silhouette qui hissait un regard bleu jusqu'à lui appartenait en fait à un simple garçonnet. Maintenant qu'il pouvait aisément en détailler les traits, il n'y avait plus de doute. Tout autour de son béret, de ses mèches désordonnées et de sa gorge tressaillante résidait un visage blanc, toute en finesse, de ceux qui ont encore eu la vie trop courte. Trop courte pour que les émotions gravent leurs marques sur la peau, pensa Julius en sanglant la branche droite de ses bésicles. Trop courte pour qu'elles y laissent déjà le moindre pli songeur.
Et pourtant, à sa connaissance, c'était les enfants qui réfléchissaient le plus. Julius soupira. Le monde était illogique.
- C'est vous, le vendeur d'émotions ?
- L'antiquaire à émotions. Mais oui, c'est bien moi.
Julius pencha ses bésicles par-dessus le comptoir, un sourire grelottant au coin des lèvres. La fleur de ses paupières clignotait elle aussi, telle une ampoule défectueuse. Julius dût bien réprimer son énième soupir : cette gestuelle nerveuse l'avait suivi jusqu'à sa plus tendre enfance.
Mais son jeune client semblait se désintéresser de son visage. Il rebondissait un regard plein d'une douceur curieuse autour de lui, en murmurant si bas dans sa future barbe que Julius ne parvenait pas à entendre ce qu'il disait. Ses cordes vocales se tissaient dans des fils de soie, comme les traits de son visage se brodaient avec une délicatesse toute dentelée... sous ses couches de crasse.
En effet, Julius s'était tellement entiché de ses yeux qu'il en avait oublié le reste de cette figure mal frottée, mal savonnée, ruisselante de suie. Mal-à-l'aise, l'enfant se dandinait d'un pied sur l'autre, comme s'il étouffait sous ses couvertures de laine et de saletés ; les fils de son manteau pendaient au sol, l'obscurité s'enroulait autour de son cou.
Julius retint son exclamation. Qu'il devait en garder des soucis, des larmes, des sourires et des paroles entre ses ourlets mal faits, ses coutures effilochées ! Et il était là pour se vider, justement. Pour crachoter ses joies, ses peines, ses rêves, pour nouer ses doigts tout frêles autour d'un précieux flacon à émotions.
Il allait enfin pouvoir retirer la brosse de ramoneur qui lui courbait le dos.
- Quelle est la raison de ta visite ? demanda Julius.
- Je veux rêver.
L'enfant avait serré les poings en parlant, mais sa voix demeurait quand même triste et râpeuse, comme inaudible. Alors que son béret lui retombait devant les yeux, Julius eut alors la furieuse envie de le faire asseoir dans un fauteuil au coin du feu, et de lui proposer le chocolat chaud le plus mousseux et le plus fumant qu'il n'eût jamais cuisiné.
Il n'en fit rien.
- Procédons par étape, veux-tu ? Je m'appelle Julius. Et toi, quel est ton nom, petit ?
- Mes collègues me surnomme « Le Junior », parce que je suis le plus jeune des ramoneurs. Mais je n'aime pas ce surnom, je ne me résume pas qu'à être ramoneur, à être tout sale de suie, et surtout à être un enfant. Si je le pouvais, je m’enfuirai chez ma vielle pomme toute rouge, toute ridée ; chez ma grand-mère. Elle, elle me comprendra. Elle, elle me frottera bien fort avec du savon, du beau savon qui sent bon, qui nous donne la sensation d'être comme un bibelot neuf, bien astiqué. Tout propre, tout bien frotté, je brillerai comme l'éclat de son cœur. Je l'aime, ma grand-mère, car elle, elle me nomme « Castor ».
- Castor ?
Julius avait haussé une épaule perplexe, et se pencha davantage vers l'enfant. Ses bésicles avaient rejoint le mouvement de ses gouttelettes de sueur et dévalèrent la pente vertigineuse de son nez. Julius les remonta avec machinisme, ses yeux d'encre toujours savamment posés sur cette silhouette frissonnante, le poing au cœur, le cœur au poing. Malgré ses aspects de velours, ce garçonnet cachait, entre chaque trou de son manteau élimé, un bien fort caractère, aussi puissant que l'arôme du café.
Julius déplia un sourire. Ce jeune monsieur lui plaisait bien.
- Pourquoi « Castor » ?
Le prénommé Castor cambra un sourcil, comme si sa réponse sonnait l'évidence même.
- Vous savez, le castor, ce n'est pas seulement un gros rat qui ronge, qui casse, qui brise le bois. C'est aussi une constellation. Quelque chose qui brille, qui étincelle parmi les âmes errantes, quelque chose qui redonne le sourire. Quelque chose qui fait rêver. (Le garçonnet fronça le nez, venant à bout de sa théorie) Je veux rêver.
Ses jambes flageolèrent, son ventre se gonfla, ses bras sursautèrent, sa pomme d'Adam tressaillit, ses lèvres se fêlèrent, ses cils papillonnèrent. On aurait dit que chacun de ses membres voulaient ajouter son grain de sel à cette pensée, comme lorsqu'on oublie de dire toutes les nécessités. Et pourtant, le garçonnet prenait l'air coupable de ceux qui ont déjà trop parlé.
Attendri, Julius soupira d'un soupir qui lui fit du vent dans les cheveux. Puis, les articulations craquantes, il se retourna vers ses flacons qui, tout joliment frictionnés, semblaient attendre sur les longues étagères. Comme le voulait la coutume, il laissait courir ses doigts noueux sur chacune de ses fioles, se remémorant laquelle avait l'odeur du coton, et laquelle avait celle d'un thé trop léger. Bien qu'il réalisait ce rituel depuis dix ans maintenant, Julius ne se lassait pas d'effleurer ses flacons à émotions – mais d'effleurer tout doucement. D'effleurer juste le temps que l'empreinte de la porcelaine s'imprime invisiblement sur les doigts.
Et les émotions embouteillées en frissonnaient de joie. Tout excité à l'idée de servir, leur contenu tanguait, prisonnier dans le verre, il tanguait comme pour attirer l'attention de l'antiquaire.
- Ça a quel goût, une émotion ?
Le fil de ses réflexions s'était tellement tricoté qu'il en formait une pelote, et Julius avait presque oublier la présence de Castor. Car oui, en plus d'être taiseux, il avait parfois ce petit côté oublieux. Souvent, presque régulièrement, Julius oubliait la vie au-delà de sa boutique.
L'antiquaire se dépêcha de rembobiner le fil de ses pensées pour l'accrocher aux boutons de manteau mal huilés du garçonnet. Une fois ses bésicles bien ajustées, il s’éclaircit délicatement la gorge :
- Vous...Tu disais ?
Son béret redressé comme une couronne de curiosité, Castor radota avec un sérieux qui contrastait avec sa tâche de suie au bout du nez.
- Les émotions. Quel goût ça a ?
- Eh bien... balbutia Julius, assez embarrassé par cette question. Cela varie. Je suppose qu'il s'agit du goût que l'on attend d'eux. La joie est sucrée, la tristesse salée ...
Julius, décidé à ne pas rompre le silence magique des lieux, parlait toujours très songeusement, lentement, en détachant soigneusement chaque syllabe de sa voisine. Une fois déficelées, il les projetait de cette douceur avec laquelle on lance le chant d'un gramophone. Une fois à court d'exemples, comme pour se conserver une miette de professionnalisme, il retira théâtralement ses binocles et moucha une goutte qui grelottait au coin de sa narine gauche.
- Vous expliquez très mal, mais je crois avoir saisi le principe, déclara l'enfant.
Il posa ses deux mains à plat sur le comptoir, à défaut de leur trouver un autre emplacement. C'était qu'elles commençaient à avoir chaud, à rester à l'étroit dans ses poches.
- Donnez-moi le flacon de Rêve, alors. Vite. Ma pause est bientôt achevée, et mes grands collègues vont se demander où je suis passé...
- Le Rêve n'est pas une émotion, Castor. Ce serait plutôt, d'après mes minces connaissances, une sensation, et ceci fait toute la différence. En revanche, je peux te prescrire du fin et suave Bonheur, une rareté que je ne conserve que pour les cas particuliers. Boire du Bonheur pourrait très probablement enclencher le processus du rêve. Car c'est très connu, le Bonheur fait rêver.
Soupesant cette affirmation, le garçonnet avait tellement froncé les sourcils qu'une mince larme noire s'était dessinée entre eux. Quand il eut assez étudié les paroles de Julius, il rejeta son béret en arrière d'un air profondément déterminé :
- C'est entendu, prescrivez-moi du Bonheur. Mais avant, j'aimerais vous poser deux petites questions...
Julius en fut partiellement agacé ; les questions des enfants avaient toujours eu le don de le déstabiliser. Il ne savait jamais comment répondre à leurs interrogations si farfelues, mais si justes, parfois.
- Je t'écoute.
- C'est vrai que je suis un cas particulier ?
Julius, captif de songerie, passa ses doigts dans les creux que formaient les rides sur sa peau. Il en avait peu, le temps ne lui avait pas encore froissé le moral. Eh oui – le temps refrénait sa violence sur lui ; ses rides avaient la finesse des papiers qu'on chiffonne mais qu'on ne jette jamais.
- Oui, c'est vrai. J'ai rarement eu des clients aussi sincères avec eux-mêmes.
Castor fit la moue, insatisfait de cette réponse. « Sincères avec eux-mêmes ? » Cela ne signifiait pas grand-chose. Il ne servait à rien de mentir à son propre esprit, puisque lui savait immédiatement quelle question lui révélait ou non la vérité. Pourtant, tout le monde ou presque s'était déjà menti une fois.
Oh ce que les grands pouvaient être vexants, à répondre aussi vaguement !
- Tu sais, je confie très rarement du Bonheur à mes clients, car ils ne savent pas l'utiliser à bon escient. Le Bonheur, vois-tu, c'est de la dentelle. Un grand et parfait morceau de dentelle brodé qu'on finit par froisser, chiffonner, effilocher, à trop vouloir l'usager. Mais le Bonheur est à prendre avec modération, sinon, il perd toute son efficacité. La plupart des grandes personnes n'ont toutefois pas cette philosophie et ils sont tous là, blottis dans leur coin, à mordre désespéramment dans leur lambeau de Bonheur... Tu comprends ?
Julius était stupéfait de s'être ainsi confié à cet enfant qui, en dépit de son timide ondoiement de tête, semblait avoir tout à fait saisi le sens et le contenu de son récital. Mais quand il le vit rouvrir la bouche avec une hésitation propre à tous les enfants pourvus d'une certaine intelligence, il lui tourna aussitôt son dos aussi rigide qu'un chevalet. Supporter ce petit regard brûlant d'intérêt le mettait décidément dans un état de malaise élevé.
Il avait l'impression que l’œillade de cet enfant défaisait lentement les boutons de la redingote de ses pensées. Qu'il agrandissait le trou vertigineux de son vide intérieur, qu'il resserrait l'étau de son sentiment d'extrême solitude. Et pourtant, il aimait sa vie telle qu'elle était. Vide et solitaire.
Le front serti de plis soucieux, l'antiquaire avait déjà plongé le nez dans ses flacons alors qu'il déclarait rauquement :
- Et ta deuxième question ?
- Est-ce que vous avez déjà bu des émotions, vous aussi ?
Ce fut si maladroit que Julius en faillit lâcher une fiole à Nervosité, les yeux drôlement écarquillés. S'ensuivit alors un silence sifflant, miroitant, un silence qui persiste dans la plus sourde des oreilles. La respiration balbutiante, Castor et Julius se sentaient à l'étroit entre deux secondes. Leurs épaules s'agitaient, leurs doigts piaffaient ; l'un sur le verre de la malheureuse fiole suicidaire, l'autre sur le bois du comptoir toujours trop droit.
Julius finit par se rehausser sur les deux pieds, se rendant compte que c'était à lui de briser les conséquences de cette effrayante maladresse. Il souffla, épousseta le velours trop côtelé de son pantalon trop poussiéreux. Puis il dit :
- Jamais. Et pour rien au monde je n'essayerais.
Et Castor sut immédiatement que la conversation était terminée, close comme une porte dont les grincements furent méchants.
Julius s'éclaircit la gorge, les doigts contractés autour d'un flacon tout de vert vêtu, comme ciselé dans du véritable émeraude. Les courbes réticentes, les épaules symétriques, tout ce flacon s'enveloppait d'un nuage de parfums matinaux, aussi délicats que les ailes d'un papillon égaré.
Lorsque Castor s'empara de la précieuse porcelaine, l'antiquaire l'entendit distinctement murmurer :
- Le Bonheur.
Et il se demanda où était le sien.
Superbe chute ! J'ai encore préféré cette scène-ci à la précédente. Le choix d'un jeune garçon comme client rend les dialogues hyper intéressants, sans filtres. Leur discussion sur les rêves, le bonheur est un plaisir à lire.
Ton écriture est délicieuse, il y a un passage que j'ai trouvé particulièrement beau (je l'ai relu plusieurs fois^^) :
"Vous savez, le castor, ce n'est pas seulement un gros rat qui ronge, qui casse, qui brise le bois. C'est aussi une constellation. Quelque chose qui brille, qui étincelle parmi les âmes errantes, quelque chose qui redonne le sourire. Quelque chose qui fait rêver."
C'est super beau !
Mes remarques :
"n'en avait que faire, des saluts grandiloquents." -> n'avait que faire des saluts grandiloquents ?
"et Julius avait presque oublier" -> oublié
Je poursuis ma lecture !
Merci encore et à bientôt <3
Pluma.
je suis scotché par ton style. Tes tournures de phrase apportent une forte identité à tes histoires. Pour l'instant, tout repose sur un simple concept, un homme qui vent des flacons d'émotions. Pour moi, qui lis surtout de la fantasy, il ne se passe pas grand chose sur ces deux premiers chapitres en terme d'actions, pourtant je reste captivé. Tout se déroule au niveau psychologique. Je n'ai qu'une question qui reviens sans cesse, Julius va-t-il embaucher Castor pour sa succession ou bien partir en quête d'une dulcinée?
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire <3 A dire vrai, je ne suis pas sûre que cette histoire prendra un jour un tournant "haletant". Bien que ce roman verse certainement dans le fantastique, jamais Julius n'ira se déguiser en preux chevalier pour combattre des dragons, du moins ^^ En revanche, je me suis beaucoup penchée sur le côté psychologique, c'est vrai - et c'est voulu.
Haha, pour la question, je reste aussi muette qu'une soupière !
En espérant que tu poursuivras ta lecture :)
Pluma.
Me revoici pour ce deuxième chapitre et déjà, j'aime la petite mélodie que tu installes rien que par les titres qui se font tous échos et varient à la fois.
Quelques petites réactions - chipotages ou coups de coeur - au fil de la lecture -
>> "la pluie qui ricoche contre le carreau." Sympathiquen allitération en C, on entend la pluie clapoter. Et joli lien avec le chapitre précédent où était présent le ciel en pleurs.
>> "Les nuages avaient lavé leurs robes noires de crasse" Entre les nuages et la robe noire, petite pensée vers Baudelaire, quelque part entre les nuages de l'étranger et la robe noire de la passante.
>> J'ai souri au passage sur le sourire - mise en abyme ;-) - et aux questionnements de Julius sur l'intérêt de ce mouvement buccal à rendre heureux. Gaïa a bien raison pourtant.
>> "si bellement astiqué" Oh, la chasseresse de mots à l'ancienne en moi aime ce "bellement" <3
>> "quand le carillon de l'entrée se mit soudain à frétiller, grésiller, balbutier une joie difforme et aiguë." J'adore ! Les verbes nous font danser avec le carillon, et l'oximore de la "joie difforme" me plaît beaucoup (coucou cette fois-ci à l'amatrice d'Hugo que je suis, "petite-grande âme", monstruosité sublime et cie).
>> "la tristesse salée ..." Juste une petite coquille là je pense, points de suspension à recoller au mot
Ta plume est toujours un régal, peine de trouvailles musicales et poétiques dans ses images. Tu évoques chaque émotion, chaque geste même furtif avec beaucoup de subtilité. J'aime aussi beaucoup ces teintes d'humour toujours sensible; C'est de la dentelle, si je peux me permettre de reprendre l'image que Julius lui-même convoque. Le bonheur comme dentelle me parle bien d'ailleurs, ou encore le petit passage sur le caractère de cette poignée de porte au profit fort héhé - tout le magasin semble lui-même être un peu un personnage à part entière. Ce qui se marie bien avec l'immense attention que Julius lui porte, quelque chose passe entre l'homme et le lieu - mais quelque chose qui n'est pas pour autant exclusif et où les clients trouvent aussi leur petite place par les mots échangés.
Et justement, le jeune client en la personne du ramoneur Castor m'a tout de suite touchée lui aussi. Il est direct, sans philtre comme peuvent l'être les enfants, mais par là-même d'une certaine lucicité. Il y a quelque chose d'un peu plus amer dans cette section, un mystère aussi bien du côté de Castor qui veut un peu de bonheur, que du côté de Julius qui n'a jamais utilisé ses propres flacons - intéressant !
Je reste séduite par l'idée des émotions en flacons et sujettes à prescriptions, c'est un beau choix pour en parler, les effeuiller et tenter d'en percer les secrets. Toujours aussi enthousiasmée par ton récit, et curieuse de voir ce qui va se jouer au gré de ces rayons d'émotions et des venues des clients.
Au plaisir !
Tes commentaires me font toujours extrêmement plaisir, (c'est montagneux, en fait) et me permettent de comprendre ce que j'attends des lecteurs par rapport à mon histoire. (et je peux te dire que pour l'instant, ta manière de voir les choses me ravit <3) Je prends encore tes compliments et "chipotages" avec reconnaissance : tes mots sont si précieux ! <3
Dans l'espoir que la suite te plaise,
Pluma.
Tu nous livres une discussion sur ce que c'est vraiment et j'aime beaucoup - le fait qu'on ait parfois besoin d'être triste dans le premier chapitre, par exemple. Mais ici, je ne m'attendais pas à ce que tu confrontes le rêve à sa nature de sensation, et à ce qu'il dégage malgré tout. J'aime bien le fait que tu l'associes au bonheur, mais j'avoue que ça me fait réfléchir, et que je crois que j'aurais envie de te lire plus encore à ce sujet. C'est facilement devinable, mais j'aime (beaucoup) rêver et cette idée de sensation-émotion... je ne sais pas, ça me parle. Je me demande aussi ce que l'on ressent en consommant ces flacons. Si l'on éprouve des émotions différentes, est-ce que ça ne procure pas la sensation d'un rêve, justement ? C'est un peu comme ça que je me l'imagine pour le moment...
Du point de vue de l'histoire elle-même j'apprécie la manière que tu as d'avancer également. J'avoue trouver un peu "décevant" le fait que Julius dise ne jamais avoir goûté d'émotions, mais je pense que ses raisons sauront m'intéresser. Quant à la fin... elle montre bien que ce sont avec de simples questions qu'on peut faire surgir des sentiments si forts.
Je m'arrête là pour ce soir, mais tout ça me plait et j'ai grand hâte de découvrir le reste :) !
Je suis également ravie de constater ce que mon histoire peut procurer, et ce qu'elle laisse transparaître de mes personnages. La perception que tu as de Julius et des émotions est pour moi extrêmement satisfaisante. Visiblement, Dominos aiguillonne le lecteur là où je le souhaite ;) (ce qui est un soulagement)
J'espère te revoir très vite (ou c'est moi qui viendra dans *Loup* ;)), tes messages me touchent beaucoup !
Pleins d'inspirations !
Pluma.
C'est très bien mené et ça pousse le lecteur à réfléchir aussi...
Je suis tombée ici complètement par hasard, et je dois dire que de prime abord le résumé m’a beaucoup intriguée. Il suffit de pas grand chose, ces « flacons à émotions », pour que j’ai envie d’en savoir plus. Me voilà donc lancée à l’assaut des premiers chapitres ! (Autant en faire un commentaire commun, il sera un peu long mais ce sera plus sympa que de devoir couper au milieu haha.)
J’apprécie beaucoup la façon dont tu écris. Les phrases sont très joliment tournées, très poétiques. Les descriptions sont sublimes et très naturelles, les objets sont souvent personnifiés ou comparés à des animaux paisibles, cela vient ajouter une couche supplémentaire de rondeur et de calme à l’atmosphère que tu nous livres. Je suis épatée de voir comme le décor est bien posé, sans que cela ne paraisse trop lourd. On se croirait vraiment transporté dans cet univers !
Passons-y à l’univers, justement. Je me retrouve étrangement en Julius. J’aime son désir d’indépendance et de solitude, son amour inconditionnel pour son commerce. Je me demande bien s’il parviendra à avoir une descendance pour reprendre son flambeau et ses lunettes dorées. Ce second chapitre est un peu plus amer que le premier… J’espère bien qu’il pourra le retrouver, son bonheur.
Je n’ai pas d’avis franchement tranché sur Madame Flavine, mais Castor, quel adorable petit bonhomme ! Il est attendrissant comme pas deux. Cela m’a vraiment donné envie de le protéger de son travail, du monde, et de lui permettre de rêver comme il le désire tant.
Le concept des émotions à consommer comme traitement contre les maux de l’âme me plaît beaucoup. Au lieu de nous inonder de façon imbuvable comme on peut malheureusement souvent le lire, tu réussis à disséminer de petits détails sur ton univers çà et là, au fil des phrases, et cela rend la lecture vraiment très agréable. On se pose des questions, qui finalement trouvent leur réponse quelques paragraphes plus bas, c’est un peu comme une chasse au trésor, ou comme un tango : on apprivoise lentement le texte et ses mécanismes, on rentre petit à petit dans le vif de l’histoire et dans les pensées de Julius, et c’est littéralement envoûtant.
J’ai noté quelques coquilles de conjugaison, mais rien de bien méchant — surtout qu’elles sont diluées dans ta prose poétique, personnellement je suis passée au-dessus sans même y faire trop attention. Néanmoins, une petite relecture devrait permettre de les corriger. :)
« Il tricotait dans les âmes des fils d’émotion, […] pour les rendre aussi brillantes que les étoiles. » Les mots me manquent pour te décrire à quel point cette phrase à elle seule m’a touchée. En fait, je trouve qu’elle est très caractéristique de ta façon d’écrire : je me répète, mais c’est tellement beau… Cela réchauffe le cœur de lire des phrases si belles.
Enfin voilà ! Je vais m’arrêter là et m’en aller dormir un peu, il se fait tard. Je te souhaite une excellente continuation, et une douce soirée. J’attends avec impatience la suite !
À bientôt,
Anaïs xx
Je ne m'attendais pas à une telle avalanche de compliments ! Tu ne peux pas savoir combien ton commentaire embellit ma journée, je souris de bonheur derrière mon écran ! Merci beaucoup, beaucoup... Et j'espère que la suite te plaira tout autant <3