Un soir, à mes 16 ans, suite à une discussion spirituelle avec mon amie et professeur d’astrologie, j’ai demandé à mon guide spirituel de me donner son prénom durant mon sommeil.
Au milieu de la nuit, je me suis réveillée en sursaut en entendant le prénom « Michel », puis je me suis rendormie. Je l’ai entendu comme si quelqu’un le disait très fort à côté de mon oreille. Chaque jour qui a suivi, j’ai parlé à ce Michel. Il réalisait toujours mes petites prières et me répondait parfois par oral. Je me sentais de moins en moins seule grâce à lui, je me sentais enfin comprise et aimée. Il disait rechercher sa femme et leur fils de 3 ans, il disait avoir vécu dans une maison en pierre située à quelques pas de la mienne. Michel me disait que sa femme a été assassinée par sa mère, qui n’acceptait pas leur union. Leur fils serait décédé à cause de cette femme également.
Il était toujours présent, je ressentais sa présence en permanence. Je n’étais plus seule.
Jusqu’au moment où il a commencé à m’inculquer des pensées noires et suicidaires. Il voulait que je me suicide dans la forêt à côté de la maison où je vivais, car lui-même se serait donné la mort par pendaison à cet endroit. Combien de fois j’ai entendue Michel me dire « prends ta corde », « c’est le moment », « suicide-toi », « maintenant », « viens dans la forêt ». Il me harcelait pour que je lui obéisse !
Un jour, j’ai pris peur, car la veille, je m’étais mise dans un état que je n’arriverai pas à décrire, j’étais comme hypnotisée, planante. J’avais alors pris ma corde pour me rendre dans la forêt, jusqu’à ce que je réalise que ce n’était pas ma volonté, mais uniquement celle de Michel. Quelque jours auparavant, j’avais suivi les ordres de Michel et je m’étais donc rendue dans la forêt. Je l’ai cherché, j’ai crié son prénom. Il ne répondait pas, alors je suis rentrée.
J’en ai parlé à mon conjoint, Lucas, juste avant un repas avec des amis. Il m’a immédiatement ordonné de n’en parler à personne ! J’ai pris peur et, ainsi, je me suis tû jusqu’à mes 24 ans où j’en ai parlé à Didier, un grand ami rencontré sur une brocante quelque temps auparavant. Cet ami en a lui-même parlé avec une de ses amies thérapeutes qui lui a directement dit que je dois certainement être schizophrène…
Mon assistante sociale m’a, à cette même période, demandé de voir un psychiatre pour pouvoir continuer de bénéficier du RSA. J’ai alors pris un rendez-vous et je me suis lâchée. J’ai parlé de Michel qui m’envahissait encore par moment. Mais aussi de toutes les voix que j’entendais à côté, ainsi que des hallucinations visuelles et sensorielles dont j’étais « victime ». Je lui ai raconté cette femme en pleurs qui me suppliait de l’aider malgré le fait que je lui dise que je ne pouvais pas. Je lui ai raconté toutes les conversations que j’entendais malgré moi, dans ma chambre quand j’étais seule ou non. Cette musique et cette voix grave, cette voix chantonnante d’homme. Et puis toutes ces insultes et menaces destinées au début le plus souvent pour mon entourage, puis avec le temps pour moi également. Je lui ai raconté aussi cet homme que j’ai vu, en costard et en chapeau noir, le jour où j’ai pris des champignons. Puis ce même homme revenu un jour où j’étais clean, sur le bord d’une route, quand je conduisais mon camion dans le Sud de la France. Il n’avait pas de visage, mais, toujours, me tendait la main. Je lui ai avoué aussi avoir vu mon ex compagnon devant ma fenêtre alors que j’habitais au premier étage d’un immeuble, c’était donc impossible de voir qui que ce soit vu qu’il y avait de la hauteur. J’ai également parlé au psychiatre de toutes les fois où j’ai entendu mon prénom alors que personne ne m’appelait et de toutes ces fois où j’ai senti quelqu’un me pousser alors qu’il n’y avait personne. Et puis ce moment où, allongé sur le ventre sur mon lit, j’ai senti une personne me toucher le dos jusqu’à me masser carrément. Ça paraît tellement impensable et pourtant…
Ce psychiatre que je voyais m’a alors diagnostiquée schizophrène paranoïde, puis il est parti à la retraite. J’ai donc par la suite consulté un autre psychiatre qui m’a lui aussi diagnostiquée. Mon premier psychiatre, je l’ai vu quelques années avant qu’il ne décède du COVID. A cet homme-là, j’ai également parlé de ce qu’il appelait « bouffées délirantes ».
A mes 16-17 ans, je ne pouvais passer devant les fenêtres sans être terrifiée à l’idée qu’un homme me pointant de son fusil n’attende que le moment fatidique où je passerais pour me tirer dessus. La nuit, c’était pire encore. J’étais morte d’angoisses. J’avais également la pensée envahissante que la guerre éclaterait pendant mon sommeil, qu’un matin, je me réveillerai dans le chaos. Les soirs étaient difficiles. Il y a également eu l’histoire du Planeur, cet homme qui me traquait, que je vais vous raconter… Tout était tellement bien ficelé.