Septembre

Porté par le vent, un pétale vient frôler sa joue. Le soleil de septembre se couche sur l’horizon, baignant le monde d’une douce lueur rougeâtre. L’été est fini.

Une fois, j’ai rêvé que je faisais des roulades dans un grand champ de fleurs.

La moiteur de l’herbe transperce ses vêtements. Les serpents d’air froid jouent allègrement avec ses mèches brunes.

J’étais seule. Il y avait une forêt, de grands arbres pour être à l’abri du soleil. J’ai mangé un délicieux sandwich, puis je me suis baignée dans la rivière toute l’après-midi. Le soir, je me suis couchée sur un lit de mousse d’un vert incroyablement vibrant. Et j’étais bien.

Son regard sombre s’abandonne sans grande conviction à ce qui l’entoure. Des coquelicots, à perte de vue, immensité rouge prenant des airs d’enfer alors que frappe le crépuscule. Indifférent au paysage cauchemardesque, il n’y en a que pour la scène qui se joue dans son esprit, encore, encore et encore.

Tu te souviens de mon rêve ? Celui avec le champ de fleurs.

Machinalement, il saisit le paquet de cigarettes dans la poche arrière de son jean. Il est bien mouillé maintenant. Deux, trois essais et une flamme jaillit enfin du briquet. Inspiration, toux, expiration. Souffle gris sur toile de nuit.

J’aimerais bien m’y enfuir, un jour, tu sais. Passer le reste de ma vie sans fringues, sans soucis, seule dans un énorme champ de fleurs de toutes les couleurs.

Une bouffée de plus, et il écrase son mégot dans l’herbe d’un geste sec.

L’ennui, avec les fleurs, c’est que ça finit par faner.