Mes pas résonnaient sur le damier du sol frais,
Ma robe flottait, émettant un froissement ;
Sans savoir où aller, je marchais, j’avançais
Dans le couloir vide d’autres vifs sentiments.
Mes yeux papillonnaient sur les murs épurés,
Ma rétine s’abîmait dans l’immaculé.
Il n’y avait que moi dans la salle d’échos,
Mais je continuais, égarée et fascinée.
Une fausse sérénité dans la pièce
M’arrêta. Je fermai mes bleus et troubles yeux ;
Immobile, consciente de ma faiblesse
En ce creux du vide, mon cœur était nerveux.
Dans mes oreilles sifflait un son lancinant,
Un doux murmure, un délicat bourdonnement,
Qui, tendrement, hurlait dans mes frêles tympans
Une ritournelle semblant boire le temps.
Une brise à l’odeur de brûlé sillonna
Sur mes sens aux aguets ; il n’y avait pas de
Flammes. Mes membres tremblaient, se cognaient entre eux.
Dans mon œsophage un filet de peur coula.
Je plaquai sur mes oreilles mes menues mains,
Ma gorge glapit puis cessa ce strident cri ;
J’écoutais, pétrifiée, terrifiée, ébahie
Tous les infimes bruits de mon chétif sein.
Je perçus souffles, craquements et borborygmes
De mon corps gringalet qui soupire et se meut
Dans mon être à l’affût les sentiments brumeux.
Soudain, se révéla l’étrange paradigme :
Ce fredonnement, ce crépitement constant,
Ce sempiternel acouphène assourdissant,
Ce lent râle masqué par les sonorités,
N’est autre que le son du silence éthéré.
J'ai bien aimé la liberté des coupures de phrases au milieu des vers, ce n'est pas facile à organiser tant on est tenté de garder un certain rythme.
Bravo pour l'ambiance sensorielle, on y est au milieu de cet univers sonore !
PS: tu m'as obligé à aller rechercher paradigme !!
J'avoue que j'ai une nette préférence pour les vers libres, sans rimes sans métrique, mais celui-là m'a paru mieux en alexandrins...
E.
PS : on en a apprend tous les jours :)