De retour dans sa chambre, Noéline avait commencé à somnoler lorsqu'elle fut prise d'une
douleur insoutenable. Tête, épaules, bras, poitrine, jambes, même ses mains et ses
pieds…Son être entier était au supplice. Elle aurait voulu appeler à l'aide, mais ne serait-ce
qu'en formuler l'idée était insurmontable. La seule pensée qui lui traversa l'esprit fut qu'elle
allait mourir, indubitablement. Recroquevillée sur son lit, elle s'y résigna. Une dernière larme
perlait au coin de ses yeux, la lumière de la Lune qui éclairait son visage crispé se voila
brièvement, un bruissement accompagné d'un courant d'air lui parvinrent tel un écho, puis
une obscurité totale l'assaillit.
Alors qu'elle pensait ne plus jamais rien sentir, s'imprima sur son visage la sensation d'un
léger poids, immédiatement suivi d'une caresse subtile. Si elle avait pu y prêter attention,
c'était car toute souffrance physique avait disparu. Intriguée d'être encore de ce monde, elle
osa ouvrir les paupières. Elle y voyait. Cependant, quelque chose encadrait ses yeux et
entravait son champ de vision. Elle s'en débarrasser et leva sa main vers son visage, quand
une exclamation s'éleva au dessus d'elle:
"Ne l'enlève surtout pas !"
Noeline interrompit son geste et releva la tête : à quelques centimètres d'elle se tenait,
perchée sur un des barreaux de son lit, une chouette au plumage cendré.
"Qu'est-ce que…"
Ne lui laissant pas le temps de poursuivre, l'oiseau lui parla de nouveau, bien qu'aucun son
ne sortit de son bec:
"Ne retire jamais ce masque, ou le crime que ta famille a commis, de ta vie tu finiras par en
payer le prix.
-Le crime que… Comment cela ? Qui êtes-vous, que faites-vous ici, pourquoi est-ce que je
vous entends, et…
-Du calme, jeune fille. Laisse-moi t'expliquer. Je me nomme Arëlys…"
La chouette ainsi nommée expliqua alors à Noéline qu'il communiquait avec elle par
télépathie, du fait qu'il était une chouette particulière qui venait de la dimension invisible. Il lui
raconta avoir été témoin des actes de ses parents envers la jument de tête des Nevequis,
puis lui exposa que face à une telle abomination envers un être sacré, d'autant qu'en temps
normal aucune interaction directe entre les deux n'aurait dû se faire, la magie avait réagi et
dirigé vers elle son châtiment. Cependant, Arelys avait eu un mauvais pressentiment, et volé
jusqu'à elle pour la sauver. Le masque qu'il lui avait apposé avait contré juste à temps la
malédiction. Celle-ci, choquée et bouleversée, prononça d'une voix hachée, en tripotant
nerveusement un fil qui dépassait de sa chaussette:
"Alors, si je suis encore ici, c'est grâce à vous, et ce masque qui me protège.
-En effet, acquiesça l'oiseau. Tant que tu le porteras, tu auras la vie sauve. Alors, je t'en
conjure, garde-le."
Sur ces derniers mots, Arëlys déploya ses ailes et, après avoir traversé la vitre de la fenêtre
comme si elle n'existait pas, sous les yeux étonnés de Noéline, disparut dans les cieux. Elle
aurait voulu le remercier… Elle était à se demander si elle le reverrait un jour, lorsqu'une
profonde fatigue l'accabla sans préavis. Alors, épuisée, elle s'enroula dans ses couvertures.
Elle entendit à peine l'église du village non loin sonner huit heures, et la dernière image
qu'elle vit avant de sombrer dans le sommeil fut celle de la gemme d'un bleu éclatant qui
ornait le cou d'Arëlys.
On commence à voir les bases du récit se poser avec le masque et la malédiction, et c'est très bien. Je me pose juste quelques questions : quelle est la malédiction exactement et comment Arëlys a-t-il fait pour trouver Noéline ?
Sinon, j'aime bien l'idée du masque qui protège de la malédiction, c'est bien trouvé.