I – Sous la neige
Journal de bord du Centre de Résolutions Informatiques-Inès au rapport.
Voilà quatre jours que la tempête a immergé le centre sous plusieurs mètres de neige emprisonnant tous les employés présents lors de l’incident. Le moral reste bon ; cependant la réserve de café se réduit comme peau de chagrin. Je dois explorer le grenier avant que l’information ne fuite. L’opération n’est pas sans risque ni nécessité : le toit supporte une charge plus importante que prévu et le matériel dessous exige d’être manipulé avec la plus grande prudence. Je ferai ainsi d’une pierre deux coups en sauvant à la fois l’intégrité mentale et physique de mes collaborateurs. Michel m’accompagnera, il est le seul en qui j’ai entièrement confiance.
II- Glace tranchante
« Domi G trouvé D glace choco !! »
...
« Ds le frigo 2 la sale 2 pose D tégneux, bi1 secré ! vi1 »
« Claude. Ton orthographe me pique les yeux. »
« Vi1!!! »
« Non. Je me réchauffe avec un café. Indubitablement le dernier. Du reste, Inès nous a prié de ne pas nous aventurer à l’étage des chercheurs. »
« Inès jlenkikine on C meme pas skelle est parti faire »
« Arrête. Et n’encombre plus le réseau de tes messages futiles. Les secours pourraient nous joindre prochainement. »
« moi jdi persone en a ri1 a faire. tt les tégneux son barrés en séminère, ya plu knou. Ya 1 complo. Alor ya pu ka profiT de skil ont laiC. Allé vi1 !! »
« Non. Je ne répondrai à tes calembredaines. »
« Tanpi pr toi »
...
« Domiiiiiii »
...
« DOMI !!!! »
« QUOI ?! »
« Jme sui coupé la langue »
« Avec une glace ?! »
« Chépa yavai D bous 2 fer dedan ça piss le sang. G mal tu vi1 me cherché ? »
« Bon. J’arrive. »
III- Les autres …
Mon amour, ma femme,
Je ne sais si je survivrais à ma mission. Tu sais sa noblesse et son urgence ; cependant, oui, je n’ai pas peur de le dire, l’angoisse étreint mon cœur à l’idée de ne pas te revenir.
Ce sont les autres … Ces sauvages du service informatique, impropres à la plus primaire des civilisations ! Figure-toi qu’il me faille craindre pour ma vie en raison d’une pénurie de café !
Ta pensée me sauve parmi ces fous qui, incontestablement, ne manqueront pas à notre nouveau monde. T’imaginer dans la cuisine, préparant encore des petits plats pour nous deux, ne pouvant te résoudre à mon absence …
Si je meurs avant d’atteindre notre utopie, ce sera dans l’espoir que tu trouves cette missive, pour toujours la garder contre ton cœur, et moi avec.
A jamais, ton époux.