Souvenir : La pièce aux mille et un trésor

— Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?

La pièce était sombre et étroite, l’humidité y laissait une odeur acre qui chargeait l’atmosphère. Thomas se tenait prés de la porte jetant des coups d’œil furtifs. Il se plaça dos au mur attendant que ses yeux ne s’adaptent à l’obscurité.

— Je n’aime pas cet endroit. Tu m’entends ? le silence, Keller ? Un bruit s’échappa de l’arrière de la pièce et Thomas se rapprocha de la porte en espérant y retrouver la poignet mais l’obscurité l’empêchait de l’atteindre.

— Bouh !

Pris de panique, il trébucha et tomba entrainant dans sa chute une vieille étagère dont le contenu se renversa sur sa tête. La lumière réapparut enfin, Keller se tenait affalé sur une vieille machine habillée d’un drap sale, incapable de contrôler son rire. Visiblement irrité par la plaisanterie de ce dernier, Thomas se releva en ignorant la main qui lui était tendue. Son regard s’attarda sur la pièce qui était aussi petite qu’il l’avait imaginée, poussiéreuse et très mal aménagée.

— Rien de cassé ? demanda Keller en essuyant le coin de ses yeux.

Thomas ne répondit pas. La pièce était parsemée de drôles d’objets qui attisaient sa curiosité. Il se pencha et saisit l’un d’eux, recouvert d’un écran qui reflétait son visage.

— Thomas, tu m’écoutes ? demanda une nouvelle fois Keller après un long silence. Mais voyant que Thomas ne lui prêtait aucune attention, il saisit un petit objet rond semblable à un cailloux et l’envoya s’écraser sur la nuque de Thomas qui lâcha l’objet-écran et se retourna furieusement vers lui. Bien maintenant que j’ai ton attention, laisse-moi te présenter la pièce aux mille et un trésor, Thomas l’écoutait enfin, vois-tu, c’est ici que j’expose tous mes trésors.

— Tu exposes tes trésors dans une cave ?

— Ce n’est pas une cave ! Et ne m’interromps plus ! Thomas se tut, amusé par l’air solennelle que prenait Keller.

Du doigt, il lui désigna la machine recouverte et lui demanda de retirer le drap. Thomas souleva le drap alourdi par la poussière qui se dissipa dans l’air. En découvrant la machine Thomas resta sans voix, elle était étrange, fascinante elle semblait appartenir à un monde imaginaire, différent de tout ce qu’il a pu voir jusqu’à présent. Keller sourit, satisfait puis sortit de sa poche un objet cylindrique et métallique qu’il présenta à Thomas. Ce dernier le regarda longuement, sans comprendre à quoi, un si petit objet, pouvait bien servir. Keller introduit le petit objet rond dans une fente sur le haut de la machine qui s’illumina. Thomas l’observait en silence tandis qu’il appuyait sur l’un des boutons. Soudainement, une mélodie apparut et des lumières se mirent à clignoter au rythme des chants.

— Qu’est ce que c’est ? interrogea Thomas alors que la musique défilait en continue.

— Je l’ignore. J’ai trouvé cette machine dans des ruines près de la muraille de flammes. Je n’ai pas su comment l’utiliser jusqu’à ce que je tombe sur ce petit bout de métal cylindrique.

— Elle ne semble pas appartenir à notre monde. J’ai l’impression qu’elle sort tout droit d’un rêve, dit Thomas en effleurant l’avant de la machine.

— C’est bien vrai. Tout droit sorti d’un rêve comme tu dis. Keller s’assit sur une vieille chaise et alluma une cigarette l’air songeur. Rien de ce que tu vois ici n’est ordinaire. Ces objets ressemblent tous à cette vieille machine.

Thomas s’assit près de lui et lui montra l’objet-écran qu’il avait trouvé.

— Et ça, qu’est que c’est ?

— Je l’ignore. Je n’ai toujours pas réussi à le faire fonctionner.

Keller troua l’objet cylindrique à l’aide de son sabre et y introduit une chaîne. Il tendit l’objet à Thomas et lui demanda de l’attacher autour de son cou.

— C’est ton anniversaire aujourd’hui, n’est ce pas ?

— Tu t’en ai souvenu.

— Et comment l’oublier. Il lui sourit et effleura le collier une dernière fois. Je crois que cet objet est une pièce de monnaie.

— Une pièce de monnaie ? demanda Thomas étonné.  

— Oui, je pense que les hommes de l’Ancien monde se servaient de ces pièces pour commercer.

— L’Ancien monde ? Ces objets ont appartenu à l’Ancien monde ?! Les yeux de Thomas brillaient de curiosité.

— Tous ces objets sont des reliques de l’Ancien monde, ils sont une preuve que le monde n’a pas été que chaos et ténèbres, bien au contraire. La paix que nous impose l’Ambassade n’est qu’une parmi tant d’autres. Garde ce collier près de toi et quand tu le regardera je veux que tu te souviennes qu’un autre monde est possible, qu’une autre vie t’attend loin d’ici, à toi de faire en sorte de t’y rendre.