Pour des raisons pratiques, les studios m’avaient réservé la même suite que lors de mon dernier séjour à Los Angeles. L’attention aurait pu être charmante si je n’avais pas eu l’impression de croiser Esmé à tous les coins de couloir de l’hôtel. J’avais tellement lu et relu sa réponse à mon mail que je la connaissais par coeur.
« Je comprends totalement ton ressenti. Je suis d’autant plus heureuse que tu aies pris la peine de me répondre.
A un de ces jours, j’espère, alors.
Esmé. »
Zéro retour sur la perche que j’avais tendu. A quoi je m’attendais? Il s’agissait d’Esmé tout de même… Il faudrait bien que je me décide à tirer un trait, un de ces jours. Cependant, la soirée qui se profilait risquait de ne pas beaucoup m’aider. Devant le miroir, je me battais avec mon noeud de cravate, pour changer. La soirée de fin de tournage exigeait des efforts vestimentaires qui me rendaient grincheux. Ça et l’idée de tomber sur la famille Bellarosa. Oh, je ne me faisais pas d’illusion : Esmé ne serait pas folle au point de se pointer mais ses parents certainement. Sachant que le dernier contact visuel qu’ils avaient eu de moi était une photo où je m’apprêtais à sauter leur fille, j’avais une assez bonne idée de l’ambiance globale du diner…
Bien sûr, en arrivant à Los Angeles, j’avais été tenté de passer à mon ancienne assistante l’appel de la dernière chance. Et puis? Elle devait savoir que je serai là pour cette foutue soirée et je n’avais eu aucune nouvelle. Donc…
A bout de nerfs, j’arrachai la cravate de mon cou. Tenue de soirée ou pas, ça serait sans ficelle autour du cou, cette fois!
« Tout va bien…? »
Jax passa une tête prudente par la porte. Je ne pouvais pas lui en vouloir de faire des manières. J’étais d’une humeur de chien depuis notre départ de New York.
« Très bien! répondis-je sur un ton qui voulait dire exactement le contraire. On y va quand tu veux! »
Il me suivit jusqu’au parking en gardant ses distances. Je l’entendis déglutir avec peine.
« Quoi encore?
— Euh… Kim vient d’arriver à la fête. Elle est à notre table mais… euh… Victoria aussi apparemment… »
Je levai les yeux au ciel. Evidemment. Puis, je me résignai.
« Tant pis. Tu m’excuseras si je ne suis pas un ange d’amabilité.
— Oui, oui, t’inquiètes. En fait, j’ai évoqué un rendez-vous urgent à New York après-demain. Comme ça, si tu veux te barrer en vitesse, on pourra arguer que tu prends l’avion aux aurores. »
Je me retournai vers Jax pour lui donner une accolade.
« Tu es un frère. Je sais que je ne suis pas facile à vivre.
— Arrête. Je comprends que ce ne soit pas évident de te taper cette soirée… »
Rasséréné par le soutien de mon meilleur ami, j’affrontai le trajet un peu plus détendu. Le diner était organisé dans un hôtel cinq étoiles de Beverly Hills. L’entrée était inévitablement envahie de caméras et de photographes. Les flashes crépitaient sur la voiture qui nous précédait. Cette fois, les studios ne tablaient plus sur la discrétion. Le Film était dans la boite, il fallait faire le plus de tapage possible autour de sa sortie prochaine.
A la décharge des Bellarosa, ils avaient eu l’élégance de ne pas restreindre la soirée aux têtes d’affiche. Toute l’équipe technique était conviée, au même titre que les acteurs, le réalisateur et les pontes du studio. Si Esmé avait toujours été mon assistante… Invitée ou pas, c’est avec elle que je serai venue. Parce que j’étais amoureux d’elle et que je voulais qu’elle soit là à tous les moments importants de ma vie. Point. Je pouvais faire n’importe quoi pour la chasser de mes pensées, j’en revenais toujours là.
« Il faut que je la vois avant de partir, » marmonnai-je.
Jax me glissa un regard éloquent sans oser un commentaire.
« Je sais ce que tu vas dire. Tant pis si je passe pour un idiot. C’est notre dernière chance. »
Il hocha la tête.
« Je suis avec toi. De toute façon. »
C’était à notre tour d’affronter les journalistes. Je gérai l’entrée en pilote automatique, un sourire plaqué sur le visage, Jax en remorque derrière moi. Je pensai avec un brin de satisfaction que sa présence à mes côtés - et l’absence d’Esmé - allait pousser tous ces fouinards à se perdre en conjectures sur 1) la conclusion de l’affaire du mobil home et 2) mon orientation sexuelle fluctuante. Je résistai à l’envie de hausser les épaules et me réfugiai avec soulagement dans le hall de l’hôtel où je fus dirigé vers la salle de réception.
L’apéritif avait déjà démarré. Des serveurs circulaient en proposant des plateaux de flutes de champagne. Certains invités étaient déjà installés à leur place autour des dizaines de tables rondes qui parsemaient la grande pièce. D’autres discutaient en petits groupes, un verre à la main. Une estrade trônait à la place d’honneur, signe que nous allions devoir nous taper un certain nombre de discours. J’avais été moi-même sollicité mais j’avais décliné poliment. Je ne me sentais pas capable de débiter des banalités sur ô combien le tournage avait été merveilleux. Ce serait déjà suffisamment pénible d’écouter les autres.
Jax nous attrapa au vol deux flutes de champagne et me désigna le centre de la pièce. Naomi et Dwayne Bellarosa accueillaient les nouveaux arrivants avec un mot aimable pour chacun.
« On va dire bonjour à Beau-Papa et Belle-Maman? me glissa-t-il à l’oreille
— Ta gueule, par pitié. »
Je me cachai à moitié derrière lui. Je doutais que Dwayne me mette son poing sur la gueule devant tout le monde mais la réaction éventuelle de Naomi me glaçait le sang par anticipation. Je l’avais vue à l’oeuvre.
« Ce sera pire si tu n’y vas pas…
— Je sais! »
Je carrai les épaules. Autant essayer de s’en tirer avec un maximum de dignité. Si c’était seulement possible. Sans surprise, Naomi m’aperçut la première. Elle eut une légère inclinaison de la tête, assortie d’un mince sourire.
« Sebastian! C’est un plaisir de vous voir. »
Ah bon? Je saisis la main qu’elle me tendait sans trop savoir ce que je faisais. A ses côtés, Dwayne leva un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Sans me lâcher, Naomi se pencha vers moi, une étincelle indéfinissable dans le regard.
« Cette année, les discours promettent d’être passionnants. J’espère que vous en profiterez à fond. »
Et, d’un coup, elle abandonna ma main pour entrainer son époux vers un nouveau groupe.
« C’était une menace de mort ou un encouragement? souffla Jax à mon oreille.
— Aucune idée… »
J’essayai de trouver notre table, les jambes un peu flageolantes, lorsque que Kim nous sauta dessus. Littéralement. Je l’aimais beaucoup mais sa façon de dire bonjour, quasiment en roulant une pelle à chacun, restait un peu perturbante. Jax, par-contre, s’y faisait très bien. J’entrevis Victoria du coin de l’oeil qui discutait avec les uns et les autres avec aisance. De mon côté, j’aspirais à m’assoir et à ne plus bouger de la soirée. Avec un peu de chance, ils éteindraient les lumières pour les discours et je pourrai alors filer en douce.
J’attendis le début du diner en écoutant le babillage de Kim et Jax, très heureux de se retrouver l’un et l’autre. Ce serait un comble, pensai-je en souriant, que ces deux célibataires invétérés finissent en couple. L’arrivée des entrées conduisit Victoria à notre table et je pus maudire intérieurement l’ahuri qui nous avait placé ensembles. Fort heureusement pour moi, elle ne montra aucune velléité de me faire la conversation. Elle préféra se concentrer sur son voisin de droite, un monsieur d’un certain âge, actionnaire des studios de longue date. Un bon parti, supposai-je méchamment.
Après quelques plats, alors que je m’ennuyais déjà mortellement, les lumières s’éteignirent, comme je l’avais imaginé. Je me laissais quelques minutes de battement avant de prendre la poudre d’escampette. Vu comme c’était parti, Jax et Kim allaient terminer la soirée de leur côté, je n’avais pas plus envie que ça de leur tenir la chandelle. Naomi ouvrit le spectacle, comme il se devait. L’estrade était illuminée par des projecteurs, le reste de la salle, plongée dans l’obscurité.
« Chers amis,
c’est un grand plaisir pour moi de vous voir tous réunis ici ce soir. Vous le savez sans doute, le projet sur lequel vous avez travaillé et que nous célébrons aujourd’hui, représente beaucoup pour les studios Bellarosa. Et s’il voit le jour, après avoir surmonté beaucoup d’obstacles, c’est grâce à vous tous. »
Naomi prit le temps de considérer son public, comme si chaque personne présente était un de ses amis proches.
« Puisque nous parlons d’obstacles, je voulais profiter de notre présence à tous ce soir pour revenir sur un incident qui a causé une certaine émotion pendant le tournage en Angleterre. »
Je me redressai sur ma chaise. A ma droite, je sentis Victoria se tendre également.
« Cependant, une personne très chère m’a fait remarquer que ce n’était pas à moi de m’adresser à vous sur cette question, mais à elle. Je vais donc laisser la parole à ma fille… Esméralda Bellarosa. »
Une rumeur remonta du fond de la salle. Une silhouette circulait entre les tables. Elle gravit les marches de l’estrade et chuchota quelques mots à Naomi. Je restai pétrifié sur place. Naomi sourit et laissa la place au micro.
Esmé se tourna vers nous.
« Bonsoir à tous. »
***
La scène était baignée de lumière. Je m’y trouvais comme dans une bulle hors du monde. Je n’avais même pas pu voir si Sebastian était là en traversant la pièce. S’adresser à un public quasi invisible était tout autant réconfortant qu’angoissant. J’avais l’impression de lire de la désapprobation dans le silence lourd qui régnait. Je me raclai la gorge pour me donner du courage.
« Bonsoir à tous.
J’imagine votre surprise de me voir devant vous ce soir. Comme vous avez pu le découvrir, je ne m’appelle pas Adler, mais Bellarosa. Avant toute chose, je souhaite m’excuser pour le mensonge dans lequel je me suis réfugiée. Le but n’a jamais été de tromper sciemment les gens qui me côtoyaient, juste de m’offrir une identité d’emprunt qui me pèserait moins que la vraie. Il n’a jamais été question d’espionner le tournage, encore moins de tirer avantage à votre détriment de ma position au sein de la famille qui vous emploie. Je vous épargne les raisons pour lesquelles j’ai joué ce jeu-là : elles sont personnelles, égoïstes, puériles même. Je regrette que votre travail ait pu en souffrir.
La chose importante à retenir, c’est que je suis la seule responsable. Ni ma famille, ni Sebastian n’étaient de mèche avec moi. J’en ai fait des complices complètement involontaires et j’espère que vous ne leur en tiendrez pas rigueur.
Voilà. Je ne vous gâche pas plus longtemps la soirée. Profitez bien de la fin de votre diner. »
Je saluai l’assistance d’un petit signe de tête. A l’exception de quelques murmures, personne ne se manifestait. Je me dirigeai vers les marches avec la désagréable sensation que mon mea culpa avait fait un flop désastreux. J’atteignais l’escalier lorsqu’une voix forte me stoppa net dans mon élan.
« ET C’EST TOUT ? »
Je me figeai, incertaine de la réaction à opposer à ce cri. Je craignais de reconnaître la voix.
« Pardon ? couinai-je.
— C’est tout ce que tu as à dire sur les évènements du tournage ? »
La voix était plus calme. C’était bien celle de Sebastian. J’essayai d’abriter mes yeux de la lumière pour situer où il se trouvait. Sans succès.
« Qu’est-ce que tu veux que je dise d’autre? ronchonnai-je, cruellement consciente d’avoir un public.
— Où est-ce que je me situe au milieu de tes excuses, exactement ? J’ai droit à une mini dédicace pour dire que je suis un gentil garçon et plus rien ?
— Je t’ai fait des excuses personnalisées, je te rappelle ! Et tu me les as renvoyées à la figure ! »
Je commençai à m’échauffer. D’autant plus que, mes yeux s’habituant doucement aux ténèbres de la salle, je pouvais voir les têtes des spectateurs faire des allers-retours, de la scène à la silhouette masculine que je distinguais, debout entre deux tables, au rythme de nos paroles. Comme à un match de tennis. J’étais tentée de foncer vers Sebastian pour donner un semblant d’intimité à la fin de notre dispute mais quelque chose à mi-chemin entre la fierté mal placée et la colère pure me retint.
Il voulait régler ses comptes en public ? Il allait être servi !
« De plus, cette petite mise en scène ne t’était pas destinée. Je voulais m’excuser auprès de l’équipe. Pas déballer notre linge sale devant tout le monde. »
Cette fois, ce fut du côté des coulisses que j’entendis du remue-ménage. Ma mère vociférait fort peu discrètement. Si je comprenais bien tout, mon père essayait de l’empêcher de monter sur scène à son tour. La situation devenait critique ou comique. Au choix.
« Si c’est la seule façon d’obtenir un peu d’honnêteté de ta part, ça ne me pose aucun problème que toute l’équipe en profite. »
Sebastian me parut dangereusement calme. Alors que moi, j’étais au bord de perdre mon sang-froid. J’étais partagée entre rallier les coulisses pour barrer la route à Naomi et en finir avec mon acteur une bonne fois. J’agitai les bras comme une poule affolée.
« J’ai été honnête avec toi ! Depuis le début ! J’ai été plus transparente avec toi qu’avec n’importe qui depuis ces dernières années.
— C’est vrai. Tu m’as confié des choses très personnelles.
— Alors quoi ? Qu’est-ce que tu veux de plus ?!
— Je veux savoir ce que tu ressens pour moi. »
Rien que ça ?
Sans surprise, je restai muette, le cerveau vide. J’avais très bien compris ce que me demandait Sebastian. Je savais que c’était mon unique chance de sauver notre relation et j’étais incapable de dire les mots qu’il attendait. Il n’aurait plus manqué que je tombe dans les pommes. A vrai dire, je ne m’en sentais pas très loin. Un bruit de pas nerveux me tira de ma torpeur. Naomi m’attrapa par le bras et commença à me secouer comme un prunier.
« Ça suffit ! Descend de cette scène. Tu t’es suffisamment donnée en spectacle, » me siffla-t-elle au visage.
Je me débattis faiblement.
« Attends, il faut que je parle à Sebastian. Je n’ai pas…
— Je t’interdis de lui adresser un mot de plus ! Son intervention t’a couverte de ridicule. Comment un type aussi beau peut-il être aussi stupide ?!
— Hé ! Une minute ! »
Je dégageai mon bras d’un coup sec.
« Tu ne l’insultes pas ! »
Naomi croisa les bras et releva le menton.
« Ah non ? Et pourquoi me priverais-je ? Il a assez prouvé qu’il n’était bon qu’au lit ! Sinon, tu ne serais pas parti sans un regard en arrière !
— Ça n’a rien à voir avec lui ! Je me suis barrée parce que j’étais terrifiée à l’idée d’affronter ce que je ressentais pour lui ! Tout est MA faute… »
Je perçus du mouvement sur ma gauche, vers l’escalier mais j’étais tellement hors de moi que je n’y prêtais pas attention. Naomi haussa les épaules.
« Je t’en prie, reprit ma mère. Ce que tu ressentais pour lui ? Un peu de désir, j’imagine ? Il n’y a pas de quoi te mettre dans un état pareil.
— Et être amoureuse de lui ? Ça justifie de se mettre dans un état pareil ?! Je l’aime, là ! Alors je peux avoir une minute pour trouver un moyen de le lui dire ou merde, Maman ?! »
Naomi eut un sourire de chat satisfait. Et tourna son regard sur ma gauche.
« Vous voyez ? Si vous voulez la vérité avec elle, il n’y a rien de tel que la pousser à bout. »
Que… ? Quoi ?
Je glissai un œil dans la même direction. Sebastian se tenait en haut des marches. Ses yeux faisaient la navette entre Naomi et moi, sans savoir sur laquelle des deux il devait s’arrêter. De mon côté, mon cerveau tentait désespérément de rembobiner mes dernières paroles. Qu’est-ce que je venais de dire ?
« Sebastian, s’il vous plait, emmenez Esmé dans un endroit plus calme pour terminer cette intéressante conversation. »
Elle poussa mon acteur d’une main ferme dans ma direction, avant de se diriger vers le micro. Sebastian me cueillit dans ses bras et m’entraina vers l’obscurité.
« Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? demandai-je, à moitié hébétée.
— Trois fois rien. Tu viens juste d’avouer que tu m’aimais devant toute l’équipe du tournage.
— Oh. »
J’aurais sûrement dû me mettre dans une rage folle à cause du piège que Naomi m’avait tendue. A cause aussi de l’air insupportablement satisfait qu’affichait Sebastian. J’aurais dû, oui. Mais, pour être honnête, j’étais trop heureuse de sentir son bras autour de moi pour me fâcher. Nous passâmes devant mon père qui me fit un petit signe de la main, l’air de l’homme qui a arrêté de s’en faire pour rien. Réfugiés dans les coulisses, je me dégageai des bras de Sebastian. Mon cerveau recommençait à fonctionner. Et avec lui, les questions se bousculaient.
« Une minute, tu veux? Une mise au point s’impose, là, non? »
Sebastian soupira, un sourire toujours aussi béat sur la figure. Je résistai à l’envie de l’imiter.
« Je suppose, continuai-je, que je ne vais pas pouvoir me planquer derrière un ‘’c’est pas ce que je voulais dire’’? »
Il secoua la tête de droite à gauche. Il me laissait m’empêtrer avec bonheur. Je m’agitai nerveusement.
« Mettons que je pense ce que j’ai dit. Je… J’aimerais savoir ce que… toi… Ce qui… Ce que tu… ressens…? »
J’avais l’impression de mâcher du sable. Et d’avoir avalé un poids de dix kilos qui me pesait sur l’estomac. Si Sebastian jouait le suspens plus longtemps, le stress aurait raison de moi, ici et maintenant. Toujours muet, il m’enveloppa à nouveau dans ses bras et se pencha sur moi. Ses lèvres trouvèrent les miennes et me firent oublier mes angoisses pour quelques instants. Je finis quand même par l’écarter de moi en tirant sur le col de sa chemise.
« Dis donc, Tu ne vas pas t’en tirer comme ça! Je me suis mise à poil, moi! Et devant tout le monde en plus!
— Hmm, tu n’es pas encore assez nue à mon goût, mais ça peut s’arranger. Par contre, pour le public, je préfèrerais…
— Sebastian! » rugis-je en le secouant comme un prunier alors qu’il rigolait.
Il me saisit les poignets pour m’empêcher de lui donner des claques.
« Après tout ce que tu m’as fait voir, je méritais bien une petite vengeance, souffla-t-il.
— La prochaine fois, je te noierai dans les chiottes plutôt que de t’en sortir!
— Tant mieux. Ça veut dire que tu seras toujours avec moi à ce moment-là.
— Nous sommes à la pointe du romantisme, là!
— Du coup, c’est sûrement le bon moment pour te dire que je t’aime.
— … »
Ce soir là, les paparrazi loupèrent l’image de l’année : Sebastian Heart, star montante du cinéma, la chemise à moitié arrachée, bouche contre bouche avec Esmé Bellarosa, héritière des studios du même nom, les cheveux et la robe en bataille.
Et tous deux n’en auraient rien eu à faire qu’on les prenne en photo.
Bien à toi,
Trisanna.