Stalkerat

Notes de l’auteur : Bonjour!
De retour pour une nouvelle histoire, toujours en espérant qu'elle vous plaise! 

   - Hé! Elle a bougé!

   - Secouez-la un peu! Réveille-toi!

    - Han... Veux... Boire...

   - Je lui donne de l'eau!

    J'essayais d'ouvrir les yeux. Ma langue, pâteuse jusqu'alors, avait été soudainement rafraîchie par la cascade qui s'écoulait dans mon gosier. Je distinguais deux silhouettes floues qui s'activaient près de moi. Une des personnes me posa une serviette trempée sur le front. Elle s'approcha, et son visage se précisa. C'était un homme qui devait avoir entre trente-cinq et quarante ans. Il dut remarquer dans mes yeux l'étincelle de curiosité provoquée par sa vue, car il sourit et me demanda si j'allais mieux. Effectivement, je me sentais en meilleure forme que tout à l'heure.      

   L'autre s'avança. Il s'inclina sèchement et me tendit la main.

   - Sören, enchanté de vous rencontrer,... Lune, dit-il en hésitant, le regard fixé sur ma poitrine.

   - Comment pouvez-vous connaître mon nom ? répliquais-je froidement. Même moi, je ne m'en souviens plus !

   - Comme ça, me répondit-il en tapotant une broche épinglée au-dessus de mon cœur, juste comme ça.

   J'étais à la fois soulagée de connaître enfin mon nom, et vexée que ce soit un étranger qui l'ai su avant moi. Peut-être avais-je quand même réagi brutalement. Je tournai ensuite la tête pour observer le paysage.

   L'horizon était formé par un contraste saisissant entre le bel azur céleste et la drôle de couleur ocre de la terre. Plus loin, des roches déchiquetées, accrochées à une pente douce, pointaient leurs arêtes tranchantes vers le ciel. De petits édifices gris, en forme de cheminées, étaient parsemés de part et d'autre. On pouvait également percevoir une vague odeur de soufre, portée par une brise chaude. Mais le plus remarquable était de loin la température, qui devait avoisiner les 35° !

   Pourtant, le sol me semblait avoir une consistance étrange. Je m'accroupis pour l'examiner en détail. Comme on aurait pu le croire, il n'était pas constitué de sable, mais de sel !

   Je me redressai difficilement et tourna mon regard vers la ligne d'horizon. Je crus avoir la berlue quand, au milieu de la plaine poussiéreuse, je vis une tornade de sel nous foncer dessus à toute vapeur ! Le phénomène naturel s'arrêta à quelques centimètres de notre groupe, puis le sel se dissipa. Le cyclone ambulant était en réalité un jeune homme qui me regardait d'un air amusé. Il me tendit également la main et secoua la mienne vigoureusement.

    - Mani, enchanté de vous rencontrer, Lune, fit-il en imitant la voix de Sören, qui soupira doucement.

   Il me fallait maintenant connaître le nom du premier personnage, celui qui avait eu l'air de beaucoup s'inquiéter pour moi. Sentant que je le fixais avec insistance, il se retourna et m'indiqua sa broche. Je me penchai légèrement en avant pour mieux voir et je pus enfin réussir à lire la plaquette. Sur celle-ci, il y avait marqué « LAB4:IZAËL:No.3P »

   - Bon, maintenant que les présentations sont faites, nous allons peut-être nous pencher sur les questions qui ne peuvent pas attendre et qui nécessitent la participation de tout le monde. Question numéro un : Où sommes-nous ? Quelqu'un a-t-il une réponse ? demanda le dénommé Izaël.

   - Je ne sais pas, il ne sait pas et j'ai comme une intuition qu'elle ne sait pas non plus, répondit Mani.

   - Il ne me semble pas avoir exprimé mon opinion, dit Sören en fusillant son compagnon du regard, et il se trouve également que la demoiselle ici présente n'a pipé mot. Comment pourrais-tu savoir ce qui se passe dans nos têtes ? Ne prétends pas posséder la sagesse infinie !

   - Je n'ai pas besoin d'être magicien pour voir que vous n'êtes jamais venus ici, d'après vos mines d'ahuris !

    - Ose me traiter d'ahuri, couard !

   - Pleutre !

   - Froussard !

   - Hé bien, je sens que le voyage va être long, avec ces deux gamins qui se crêpent le chignon à la moindre occasion ! me souffle Izaël à l'oreille.

   - Hm... De quel voyage parlez-vous ?

   - Nous sommes tombés d'accord pour marcher dans une direction, jusqu'à ce qu'on atteigne la limite du désert.

   Il se lève et interpelle les deux autres :

   - Je pense qu'on y gagnera à partir maintenant ! Vous devriez arrêter de vous chamailler et venir m'aider à porter les sacs !

   Nous avions donc des sacs ? Cela voudrait-il dire que nous avions préparé notre venue ici ? Si c'est le cas, deux autre questions se posent. Pourquoi à cet endroit (c'est assez moche, triste et désolé tout de même), et pour quelle raison avons-nous alors perdu entièrement la mémoire ? Nous n'avions quand même pas pu nous cogner collectivement la tête, au point d'avoir tout oublié !

   Dix minutes plus tard, nous étions partis. Nous portions chacun notre sac, même s'il est vrai que celui de Sören avait l'air plus lourd que les autres. Il m'intriguait de plus en plus. Nos trois sacs à dos étaient de poids équivalents mais le sien les dépassait de beaucoup en densité et en taille.

   Nous marchâmes toute la journée à travers l'étendue saline. Elle me semblait immense, peut-être même était-elle infinie. Vers la fin de l'après-midi, mes pieds commençaient à protester quand je les posais au sol et tous les fronts ruisselaient de sueur sous la chaleur implacable d'un soleil de plomb. Izaël décréta alors la fin de la marche. Nous nous laissâmes tomber au sol, éreintés.

    - Hé bien, je crois que l'on a fait quelques 35 kilomètres, c'est très bien ! À ce train-là, nous serons vite sortis de ce désert ! s'exclama Izaël. Après, tout dépend de sa taille... Sinon, nous pouvons monter un camp pour la nuit avec les tentes que nous possédons.

   Nous avions vraiment tout prévu à l'avance, même de dormir dans un endroit déserté.

 

 

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