Surprise

Allongé par terre dans sa chambre, le jeune Zacharie s'amuse avec ses jouets, il imagine une aventure :

Au 18 rue Faberg, il se trame une drôle d'histoire. Une jeune femme traverse la rue et manque de se faire renverser par un dinosaure sur un skate. Le temps qu'elle se relève, l'animal est déjà loin à arpenter les rues jonchées de chaussettes et d'étranges personnages. Il croise un chien à trois pattes, une jeep remplie de petits chatons et un crocodile bleu et vert, à qui on a croqué un bout de la queue. Soudain,une pantoufle s'envole pour atterrir, tel un missile sur le dinosaure qui filait à toute allure. Bam Boum, une explosion imaginaire vient d'avoir lieu, mais manque sa cible. Des bruits et des sons remplissent l'atmosphère de cette mise en scène

Soudain, la porte de la chambre s'ouvre en grand fracas , sur un petit garçon en couche culotte qui court vers la scène et fait valdinguer tous les jouets en leur marchant dessus. Un cri se fait entendre. 

- Mamaaannn, Samuel a encore marché sur mes jouets. En plus il sent pas bon! Beurk 

Une voix se fait entendre un peu plus bas. 

- C'est pas grave, Zacharie. Descend avec ton petit frère, le repas est prêt.

Zacharie attrape le petit garçon par le bras et le tire vers la sortie. Quelle plaie d'avoir un petit frère !

Maman est une grande cuisinière, on mange toujours raffiné. J'aime bien ce mot, je trouve qu'il lui va parfaitement à ma maman. Elle sent toujours bon, elle se fait de jolies coiffures , elle a une voix douce et tout ce qu'elle cuisine est vraiment bon. 

Tout le contraire de Samuel, il sent mauvais, il met ses doigts dans son nez, il mange comme un cochon, il gobe tout ce qu'il trouve comme un petit glouton. Papa l'appelle parfois mon petit Tsunami, parce qu'avec lui il faut s'accrocher ou plutôt s'enfuir. Et ce soir, on à l'impression que la tempête n'est pas qu'à la maison.

L'orage fait rage à l'extérieur. Maman  rentre trempée du jardin ou elle a mis nos jouets à l'abri dans le cabanon. Un volet claque,  Samuel et moi sursautons. Le vent est  très agité, voire même fâché, vu comme il secoue les branches de l'arbre devant la maison. Les gouttes d'eau semblent elles aussi affolées, à couler à toute vitesse sur les vitres de la cuisine. Les nuages emmènent avec eux la nuit, la pièce s 'assombrit très vite. Maman allume toutes les lumières du salon et nous allume la télévision. 

Je suis un peu plus rassuré, au chaud sous la couverture. Ils passent notre programme préféré : Jacques la panthère qui nous raconte la vie dans la savane, au milieu des autres animaux sauvages.

Lorsque qu'on se coucha, le vent s'agitait encore dehors, on l'entendait siffler derrière la porte d'entrée. Maman a du sentir notre inquiétude, car elle nous a assuré que notre maison était très solide et qu'il n'existait aucun vent dans notre pays capable d'arracher notre toit. Sur ces bonnes paroles je commençais à m'endormir, blotti dans ma couette ornée d'une panthère noire, mon animal préféré. Le baiser doux et chaud de maman et papa a eu raison de moi et je me suis endormi.

Je viens  de me réveiller et en marchant dans le couloir , j'entends des voix dans la cuisine. Papa est sous la douche, il chantonne encore une de ses vieilles chansons et Samuel sort de sa chambre encore tout endormi. En arrivant devant la porte de la cuisine, j'entends la voix de maman mais je ne reconnais pas l'autre. 

En entrant, mes yeux s'arrondissent. Un vieux monsieur avec le visage sale et une longue barbe est  assis à ma place. Il me sourit de ses quelques dents. Je regarde maman interrogatif. Elle s'approche de nous, nous embrasse et nous explique que le Monsieur est de passage et qu'il vient boire et manger pour reprendre des forces. Samuel ne semble pas étonné et prend sa place sans faire attention à l'invité. Tandis que moi, je ne suis pas à l'aise dès le réveil de me retrouver face à un inconnu. Maman sent ma gêne et me propose de m'installer à sa place , au même moment, papa rentre dans la cuisine sermonnant son habituel « bonjour » joyeux. Mais cette fois il n'a pas le temps de nous demander comment s'est  passée notre nuit en nous faisant notre bisou matinal. Il s'arrête à l'entré de la cuisine. Il regarde tour à tour le Monsieur puis maman. Il ne semble pas trop savoir comment réagir lui non plus.

D'un coup, l'homme se lève difficilement. Il remercie mes parents pour ce petit déjeuner tout en toussant fort. Soudain, il vacille et doit se rattraper à ma chaise, manquant de me renverser. Papa se précipite pour l'aider et, avec l'appui de maman, ils l'aident à s'allonger sur le canapé. Il semble avoir du mal à respirer à chaque fois qu'il tousse. 

Après ça beaucoup d'événements s'enchainent. Mes parents appellent  le docteur, maman oublie de nous servir notre petit déjeuner et papa manque de peu de nous oublier sur le perron à force de faire des va-et-vient entre la cuisine, la porte d'entrée et le salon. Je n'ai pas connaissance de la suite des événements, car papa finit par nous déposer à l'école.

La journée passe très vite.Tous mes camarades de classe ont une anecdote à raconter sur la nuit mouvementée qui vient de passer. Certains ont eu des arbres cassés ou même tombés , d'autres ont vu des inondations dans leur rue, mais personne n'a eu de vieux monsieur dans leur cuisine au petit matin. En rentrant de l'école, j'ai oublié cette histoire. Je rentre, bien heureux de cette journée et me précipite au salon pour allumer la TV et voir mon émission préférée. En arrivant,  mes parents sont assis sur le sofa, ils m'attendent . C'est étrange que papa soit rentré si tôt, d'habitude il arrive juste à temps pour le souper. Maman se lève pour m'embrasser et m'invite à m'assoir.

Papa, s'avance  à ma hauteur et me dit : - Comment s'est passée ta journée mon champion? 

Il m'appelle comme ça depuis que je suis petit, parce que j'avais réussi à marquer un but  alors que je n'étais pas plus haut que trois pommes et que je tenais à peine sur mes jambes.

Il n'attend pas ma réponse et continue: - Tu sais le vieux monsieur qui était là ce matin? Je réponds "oui" de la tête.

- Et bien, le docteur est venu le voir. Il a dit qu'il est très malade et qu'il doit rester au chaud sinon son état risque de s'aggraver. Alors ta maman et moi  avons décidé qu'il resterait avec nous jusqu'à ce qu'il aille mieux et nous l'avons installé dans la chambre de Samuel.

Il fait une pause et me regarde. Je comprends  qu'il veut savoir ce que j'en pense. Samuel choisit ce moment pour rentrer dans la pièce et dire : 

- Le monsieur est tout mouillé, il est tout malade. S 'avançant vers moi, il me présente mon crocodile fétiche, tueur de touristes.

- Pourquoi es-tu allé dans ma chambre ? dis-je, agacé  de le voir avec mes affaires.

Papa reprend son speech : - Ton petit frère et toi vous partagerez la même chambre le temps que nous aurons notre invité. Vous serez gentils de ne pas vous disputer, ni de crier parce qu'il faut qu'il se repose.

Je m'arrête net  de courir derrière Samuel pour lui reprendre mon jouet. Qu'est ce que papa vient de dire ? Je vais partager ma chambre avec la terreur de la maison? Non, j'ai du mal entendre. Je me retourne vers lui les yeux ronds par la nouvelle.

Papa confirme sa réponse en hochant la tête.

 

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