Parfois, elle dormait chez l’anarchiste. Il acceptait de la loger en échange de sa compagnie. L’anarchiste vivait dans un taudis. Le parquet grinçait, le papier peint se décollait et certains gonds n’avaient plus de porte à soutenir. La salle de bain sentait l’humidité. La température de la chambre était glaciale. La cuisine datait du siècle dernier. Il y avait de la poussière. Il y avait du bruit. Et pourtant, elle s’y plaisait toujours.
Le fauteuil du salon, un matelas contre le mur, était des plus inconfortables. Mais ils y passaient des nuits entières à discuter. La table de la cuisine, bancale et pleine de marques, était plus fragile encore que les chaises au dossier cassé. Mais ils y prenaient chacun leur café tout au long de la journée. Le lit, à même le sol, était étroit pour deux, mais la seule nuit où ils l’avaient partagé avait été la plus belle de l’anarchiste.