De toi que nous restera-t-il ? Pour chacun quelques photos, quelques films que nous monterons en rêve ? Des odeurs imprégnées ? Des objets inutiles, encombrants, comme autant de souvenirs que nous croirons conserver ? Imbécile, tu n'as rien conçu ; tu n'as qu'accumulé, ordonné ! Bibelots, denrées, disques, habits, jouets, linge, livres, meubles, vaisselle... Tous n'ont connu que les étagères de ton quotidien, que nous tentons tant bien que mal de reconstituer. Il ne reste de toi que poussière sur les tables, quelques empreintes sur un verre, des trous dans tes chaussures. Où sont les pages cornées ? Les carnets ? Où sont partis les rêves que tu n'as pas réalisés ? Que faire de ces tenues qui ne t'allaient qu'à toi ? Et dans ce cadre, qui sont ces gens ? Le matelas a conservé ta forme. Les poêles sont grasses, ainsi que l'éponge. Nous cherchons en vain quelque mot, quelque dessin, un message, du sens : une éraflure sur le mur de la terrasse, des trous percés par les clopes sur le bord du canapé.
Rien de tout ça ne raconte qui tu étais. Mais comment passer l'aspirateur sur ce tapis que tu as usé jusqu'à la corde ? Comment jeter ta brosse à dents ? ou ta brosse à cheveux, et tous ces cheveux incrustés ? Ton miroir garde-t-il une trace de ton reflet ?
Rien ici ne nous appartient. Rien ici ne t'appartenait.
Alors tout a été vidé, démonté, descendu. Le parquet garde des traces, la tapisserie des tâches, et nous quelques tasses. Pour ton dernier déménagement, le plus dur ne fut pas de tout faire sans ton aide, mais de te voir disparaitre un peu plus à chaque pièce désemplie.
C'est vraiment ça qui fait que tu es aussi haut dans ma PAL je crois x)