"Attends-moi là Simon, je reviens dans peu de temps."
Les employés de la maternelle, s'ils avait d'abord été surpris par ces inconnus, avaient accepté de garder Simon, qui n'avait pas posé de question. De toute façon, l'heure de la garderie avait débuté.
Sarah part, ne regarde rien, n'entend rien.
À dire vrai, elle ne se rappelle même plus du trajet qu'elle a fait pour au final revenir là.
Sous le saule pleureur.
Putain.
Son coeur bat dans ses oreilles, ses mains tremblent quand elle adosse son dos en sueur contre le tronc.
"Bonjour."
Comme une vieille connaissance.
Les lianes de branchages forment un rideau vert qui laisse passer par endroit de minces rayons de Soleil, venant déposer des baisers dorés dans l'herbe.
"Si je n'avais pas aussi peur, je crois bien que je dirais que tu es splendide !"
Sarah rigole amèrement: voilà que je parle à un arbre maintenant !
Elle ferme les yeux, pose ses mains contre l'écorce: "Toi tu l'as vu, lui."
"Tout ici a été témoin. Tout ce lieu... Je l'ai toujours vu dans mes pires cauchemars comme si... Comme si c'était mon agresseur. Mais c'est pas l'endroit qui m'a violée. Tu l'as vu mon secret, et il est resté coincé là, et tu sais quoi ? Maintenant c'est fini. Tu l'as caché ici depuis trop longtemps."
Sarah arrache un bout de l'écorce, doucement, puis s'en va.
Voilà.
C'est tout.
C'est tout, quand elle est entrée dans la gendarmerie.
C'est tout, quand: "C'est pour porter plainte."
C'est tout, quand elle a serré le secret, l'écorce fort dans sa paume, et qu'il est remonté jusqu'à sa gorge.