The International Study Group

C’est un phénomène curieux : dans toutes les villes existe une rivalité entre écoles. A Pékin, dans les années ’90, il était communément admis que les élèves de l’ISB (International School of Beijing) étaient un cran au-dessus des autres. Étaient-ils plus athlétiques que ceux de l’Alliance française ? Plus à l’aise socialement que ceux de l’école allemande ? Mieux habillés que ceux de la Pakistani School, une école musulmane qui imposait le port de l’uniforme ? Le mystère n’a jamais été élucidé. Mais il était clair pour tous que cette école abritait les futurs dieux de l’Olympe. Depuis leur campus situé dans le complexe du Lido, ils festoyaient et contemplaient avec dédain les élèves des autres établissements scolaires. 

 

C’est au cours d’une fête organisée par l’Ecole 55 au Beijing Worker’s Stadium que cette hiérarchie m’est apparue clairement. Alors que nous dansions au son de 2PAC, Cathy, la fille de l’ambassadeur de Bulgarie, s’est penchée vers moi et m’a demandé dans quelle école j’étudiais. Sa question n’avait rien d’abrupt ni d’impoli. C’était l’usage de demander, après les présentations: d’où viens-tu ? Dans quelle école étudies-tu ? 

 

A mon arrivée à Pékin, je ne parlais pas un mot d’anglais. Mon père m’a donc inscrite à l’International Study Group (ISG), une petite école dans le quartier de Sanlitun qui s’occupait de remettre à niveau les élèves non-anglophones. 

 

J’ai répondu à Cathy : ISG. Son regard s’est aussitôt illuminé. Les yeux étincelants d’admiration, elle s’est exclamé :

 

  • ISB ! Oh, quelle chance! C’est une bonne école…pas comme la Pakistani school !

 

En un battement de cil, toutes les qualités prêtées aux élèves de l’ISB se sont retrouvées projetées sur ma petite personne. C’était trop irrésistible. Je n’ai pas rectifié. Par la suite, j’ai joué sur la confusion des noms. J’ai laissé planer un flou qui m’a nimbé d’une aura de popularité auprès de tous mes amis de la Pakistani School, de l’Alliance française, de l’école 55 et de la German School. J’étais leur pote de l’ISB. 

 

 

 

 

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