Qui peut dire à quoi pensent les arbres rabattus sur la plaine par le vent, le vent lui-même, et le cours d'eau qui se jette dans la mer déchaînée depuis le haut de sa falaise. Pas le gardien de la tour-lumière, pris dans ses propres pensées et incertitudes alors qu'au loin se déchaîne la tempête qui va retenir le ravitaillement au port et faire se gâter les pommes de terre qui lui sont destinées dans les cales. La cave est vide, presque. Le gardien de la tour-lumière guette à la fenêtre l'heure de faire jaillir le feu.
Le Chamoka n'aime pas le feu de la grande tour blanche, qui cache la lumière de la lune, les étoiles, projette des ombres dans la tranquillité de la nuit. Mais le Chamoka ne peut aller éteindre le feu, car l'ouverture par laquelle le gardien entre est fermée, et le gardien veille toute la nuit, et tout le jour aussi, quand il arrache des herbes hurlantes sans les entendre pour les remplacer par des graines bien alignées desquelles les oiseaux ont peur de s'approcher.