Une onde d’énergie parcourut Aïko et son corps inerte s’arqua soudain sous la couette. La jeune femme se réveilla, désorientée, haletante, dans une pièce inconnue. Les croisillons des panneaux coulissants dessinaient des ombres au plafond et la chaleur d’un brasero l’enveloppait. Une étrange langueur imprégnait ses membres, mais son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Lorsqu’elle tenta de se redresser, des vertiges la saisirent et un petit cri jaillit de sa bouche.
Des pas retentirent aussitôt, elle entendit le froissement du tissu, puis un visage se pencha vers le sien.
— Aïko-chan, tu es réveillée !
— Tomoe !
Ses doigts se tendirent vers son amie, qui les saisit sans hésiter. Oui, c’était bien Tomoe, sa main ferme, son regard d’encre et son sourire apaisant. Elle se tenait agenouillée sur les tatamis et ses cheveux longs, retenus par un simple ruban, tombaient sur son kimono en laine bleu.
— Que s’est-il passé ? murmura Aïko en fouillant son esprit engourdi.
— Iori a vu un trait de lumière dans le ciel, puis nous t’avons trouvée dans la neige, au pied du cerisier. Tu as dormi pendant deux jours, je commençais à m’inquiéter.
Des souvenirs incandescents se réveillèrent et Aïko balbutia :
— Je suis tombée de la falaise, avec Makoto. Par les huit mille kamis, mon époux est…
Elle ne put prononcer les mots fatidiques, horrifiée d’avoir survécu, et des larmes jaillirent de ses yeux écarquillés. Tomoe la prit dans ses bras. Elle accueillit sa confession sans relâcher son étreinte et Aïko sanglota sans retenue.
— Je pensais mourir avec lui, mais j’ai senti une étrange chaleur m’envahir toute entière. Soudain, mon corps s’est transformé. Je ne tombais plus !
Un spasme secoua la jeune femme, qui s’accrocha de toutes ses forces à son amie.
— J’avais tellement peur et je ne pouvais pas rester, pas avec Makoto écrasé en bas.
— Je comprends, répondit Tomoe.
— J’ai pensé à toi. Tu me manquais tant !
— Tu as bien fait de venir.
La jeune femme secoua la tête, écrasée par la culpabilité. En cet instant, elle aurait préféré mourir, ne pas ressentir cette souffrance, s’abandonner au silence éternel, fuir sa nature cachée. Mais les flammes qui brûlaient en elle refusaient de s’éteindre.
— Par tous les dieux, je suis un monstre !
Tomoe ne la repoussa toujours pas. Au contraire, elle la serra contre sa poitrine et l’accepta toute entière, en disant à haute-voix :
— Non, je suis l’héritière du Kirin, tu es l’incarnation du Phénix, et nous sommes amies.
*****
Chihiro tâta le chemin du bout du pied pour négocier un tournant sans encombre. Il s’accrocha à la chaîne qui longeait la paroi et les maillons glacés s’incrustèrent dans ses paumes. L’air froid le glaçait à chaque inspiration et son sac pesait sur ses épaules, car la force du phénix s’étiolait avec le temps. L’oiseau sacré ne pouvait le soutenir à chaque instant et le Noble Prêtre économisait ses forces au prix de ses propres souffrances. Avancer sur ces planches instables nécessitait toute sa concentration et il lui semblait qu’elles chaviraient sous ses pieds quand le vent soufflait trop fort, ou qu’un caillou rebondissait sans fin sur les flancs escarpés. Alors, il ressentait physiquement la hauteur vertigineuse qui le séparait du sol.
Soudain, la corde nouée autour de sa taille se tendit.
— Un problème ? demanda-t-il sans se retourner.
Derrière lui, Yasuo se racla la gorge.
— C’est… à pic, soyez vigilant.
Le samouraï n’ajouta rien, mais son compagnon remarqua sa nervosité inhabituelle et comprit qu’il muselait sa peur grâce à des années de discipline et de contrôle de soi. Pour une fois, Chihiro ne maudit pas sa cécité, qui lui épargnait le terrible spectacle des abimes. À la place, il ne percevait qu’un morne paysage, dont les formes abstraites et les teintes variaient selon son humeur.
— La plaine s’étend à perte de vue, ajouta Yamamoto, on croirait voir le fleuve bleu s’écouler jusqu’à la capitale. Je ne me lasse pas de ce panorama.
Le troisième fils s’était porté volontaire, car ses frères étaient accaparés par leur travail, leur femme et leurs enfants. La Grande Prêtresse du Kirin l’avait délivré de ses responsabilités de comptable afin qu’il accompagne le petit groupe parti à la recherche de sa sœur, qu’il la soutienne et la conseille jusqu’à son retour auprès des siens. Pour l’instant, Chihiro supportait sans trop de mal sa présence aimable et discrète, mais il anticipait le conflit à venir. Quel que soit l’avis de son frère, Aïko Fuji ne rentrerait pas de sitôt jouer de la flûte sur la montagne sacrée. Le Noble Prêtre y veillerait personnellement.
— Courage ! s’écria Shizuka-san. Nous nous arrêterons bientôt pour déjeuner.
La guide se remit en marche d’un bon pas, en testant la solidité du chemin. Elle avait retrouvé son énergie avec l’espoir de retrouver son amie et ne souffrait aucun retard dans sa hâte de la rejoindre. Chihiro s’accrocha pour ne pas ralentir le groupe. Il partageait son sentiment d’urgence.
— J’espère que vous avez raison concernant ma pauvre sœur, se lamenta Yamamoto.
— Elle est chez Tomoe, affirma son interlocutrice une fois de plus. Si Aïko peut voler, son cœur l’a mené vers elle.
— Je ne comprends pas pourquoi elle s’est enfuie là-bas. Notre famille vit sur la montagne sacrée depuis toujours.
— Son mari est mort, répondit Shizuka-san.
Pour elle, ce drame expliquait tout, mais Chihiro ne partageait pas son avis. L’âme de Aïko exprimait une souffrance beaucoup plus ancienne, enracinée par des années de frustration, coupante comme un espoir brisée, mais aussi gluante qu’une toile d’araignée. Il ne savait pas encore comment la libérer de ce piège intérieur.
Yamamoto s’essuya le front du revers de la main.
— Justement, nous aurions pu l’aider à traverser cette épreuve.
— Elle a toujours craint l’autorité de votre Père et de la Grande Prêtesse. Tomoe ne lui adressera aucun reproche, elle ne la jugera pas.
— Et elle ne l’a pas mariée au premier venu, maugréa Chihiro.
Son interlocuteur gesticula dans le vide, agacé par cette insinuation.
— Vous vous trompez, Tsubasa-san, mes parents ont choisi un homme de noble ascendance, beau et plein d’esprit. Toutes les jeunes filles de mon âge espéraient l’épouser.
— Pas Aïko, trancha Shizuka-san, elle a obéi pour vous faire plaisir.
— Vous vous trompez, elle était très heureuse ! Cette union lui apportait la stabilité dont une femme a besoin.
Cette fois, l’aveugle perdit patience.
— Vous ne comprenez donc rien à rien ! D’après vous, pourquoi votre chère petite sœur s’est-elle jetée de la falaise ? Elle était triste à en mourir !
Son interlocuteur se figea sous le choc et la corde se raidit autour de sa taille.
— C’était un accident !
— Vous la prenez pour une idiote ! s’indigna Shizuka. Aïko connait les dangers de la montagne. Elle se perche sur ce promontoire depuis des semaines pour attirer l’attention de ses proches, mais personne n’y prend garde. J’ai averti son époux qu’elle risquait de sauter, mais ce fou ne l’a pas écoutée !
— Je ne l’ai jamais entendu se plaindre.
— Aïko ne se confiait pas, elle cachait même la vérité à sa mère. Pour éviter de vous peiner, elle dissimulait ses larmes, sa pâleur et ses cernes sous son maquillage. Voilà pourquoi elle passait tant de temps à sa toilette.
Yamamoto protesta encore, incapable d’accepter la détresse de sa sœur, et ses dénégations poussèrent Chihiro à bout.
— De toute façon, le pire aveugle c’est celui qui refuse de voir !
— Pourquoi tant de colère ? demanda Shizuka-san en plantant un nouveau piton dans la roche gelée. Vous l’avez enfin trouvée.
— Le pouvoir du phénix se meurt. J’ai cherché sa nouvelle incarnation pendant huit longues années avant de m’adresser à la Grande Prêtresse du Kirin. Je lui ai rappelé les signes. Savez-vous ce que m’a répondu cette Noble Dame, dont tout l’Empire vante la sagesse !
— Nous ne pouvions pas deviner, souffla Yamamoto.
— Je veille sur cette enfant depuis sa naissance, voilà ce qu’elle m’a jeté au visage, et vous répétez la même chose avec les meilleures intentions du monde. Belle protection, en vérité ! Côtoyer chaque jour l’incarnation de l’Oiseau Sacré et ne pas la reconnaitre ! La croire frivole ! La marier en ignorant son rang et sa véritable nature ! La conduire au désespoir au point de sauter dans le vide ! Et vous prétendez la comprendre ! Vous osez affirmer devant moi que vous prenez soin d’elle !
Le marteau de la guide cessa de frapper le métal, elle suspendit son geste et la montagne elle-même devint silencieuse.
— L’incarnation du phénix est honorée par son peuple, tonna Chihiro. Ses servants la traitent selon son rang, ses prêtres lui apprennent à développer ses pouvoirs. Personne ne lui aurait coupé les ailes !
Ces paroles résonnèrent entre terre et ciel, comme le cri aigu d’un aigle, et cette fois nul n’osa répondre.
Enfin, une délicieuse odeur de nourriture annonça l’approche de la petite bicoque où s’arrêtaient les voyageurs pour déjeuner, perchée entre les planches suspendues et les volées de marches escarpées. L’estomac de Chihiro gronda et Shizuka-san rit.
— Nous avons de la chance que la propriétaire ouvre même en hiver.
— Un instant, réclama Yasuo.
Il se détacha, la guide enroula la corde de sûreté qui les reliait tous et l’aveugle posa la main sur son épaule.
— Je n’entends rien à l’intérieur.
— En cette saison, les clients sont rares, expliqua Shizuka.
Cela semblait logique, pourtant ce silence mettait Chihiro mal à l’aise et son compagnon partageait sa méfiance.
— Je passe en premier, exigea ce dernier.
Dès qu’il entrebâilla la porte coulissante, le sifflement d’une flèche retentit. Des semelles martelèrent le sol et le sabre du samouraï crissa en jaillissant de son fourreau. Des lames claquèrent les unes contre les autres, des combattants hurlèrent pour se donner courage. Yasuo annonça d’une voix forte :
— Quatre guerriers, dont un archer. Mettez-vous à couvert !
— Visez l’aveugle ! rétorqua l’ennemi.
En terrain dégagé, Chihiro constituait une cible facile et son compagnon ne pouvait retenir quatre hommes à lui seul. Shizuka-san le tira par le bras, mais il se dégagea d’un geste brusque. Non, il n’avait pas l’intention de se cacher.
Le Noble Prêtre rassembla toute sa concentration, puisa dans le pouvoir du Phénix, et les flammes divines répondirent à son appel. En cet instant, il percevait la moindre variation dans le brasier vivant qui l’enveloppait. Lorsqu’une flèche y pénétra, il l’esquiva d’un pas sur le côté et riposta d’instinct. Le trait de feu toucha sa cible et l’archer s’écroula en hurlant. L’aveugle serra les dents, furieux contre l’infirmité qui l’empêchait de se battre jusqu’au bout. À chaque battement de cœur, sa puissance s’épuisait. La sueur dégoulinait sur son front, des crépitements envahissaient ses oreilles, des formes inhabituelles dansaient devant lui. Une masse anguleuse, des galets ronds et lisses, des lambeaux brûlants, des ombres en mouvements, des éclats de métal… il frotta ses paupières du revers de la main et tout disparut. Il ne resta plus que le chant funèbre des katana, les coups sourds, le piétinement et les souffles rauques des guerriers.
Un corps s’effondra mollement sur le sol. Une lame siffla et Yasuo jura. Il haletait, à bout de souffle, et le cœur de Chihiro battit plus vite. Son compagnon était-il blessé ? Le Noble Prêtre n’arrivait pas à évaluer le nombre d’ennemis encore en vie. Sa tête lui tournait, des élancements parcouraient sa nuque et son dos, mais il refusait de s’effondrer face au danger.
Un cri d’agonie retentit, puis le silence, entrecoupé par la respiration rapide de Yasuo. Ce son, Chihiro le scrutait à chaque instant de sa vie, il savait le reconnaitre entre mille et le comprendre comme personne. En cet instant, il n’y décelait que l’excitation du combat et une vague de soulagement s’abattit sur lui.
— Tous morts, conclut Yasuo.
— Bien.
Le compagnon de Chihiro revint près de lui et l’assit sur une pierre en guise de siège. Il n’ajouta rien, mais sa démarche semblait plus raide que d’habitude.
— Tu es blessé ?
— Juste une égratignure.
Chihiro connaissait son compagnon et sa propension à minimiser ses blessures.
— Vraiment ?
— Je vais bander votre cuisse, déclara Shizuka-san d’un ton sans réplique. L’entaille n’est pas profonde, mais je vous conseille de la montrer à un médecin en arrivant au relai nord pour faciliter la cicatrisation.
Le samouraï poussa un grognement agacé, mais n’osa remettre en cause l’autorité de la guide. Cette petite bonne femme leur avait déjà prouvé sa valeur.
— Je crois qu’il reste des prisonniers à l’intérieur ! s’écria Yamamoto.
— Je m’en charge, répondit le samouraï.
Ils s’éloignèrent tous les deux, puis revinrent quelques minutes plus tard.
— Nos agresseurs ont attaqué leur guide et la dame qui tient la cantine pour monter leur embuscade, expliqua le comptable.
— Par les huit mille kamis, fulmina Shizuka-san, qui sont ces gens ? Comment osent-ils profaner la Voie du Kirin ?
— Des brigands ? supposa son interlocuteur.
Yasuo rengaina son katana.
— Ils ne portent aucun tatouage, mais l’Empereur emploie souvent des rônins et des mercenaires.
— Jamais sa Majesté ne s’abaisserait ainsi ! s’écria le Yamamoto.
La guide le reprit lentement, d’une voix pleine de peur et de colère.
— Sa Majesté souhaite soumettre le Clan du Phénix, s’approprier ses pouvoirs et diriger son fief. L’apparition d’une nouvelle incarnation ruinerait tous ses plans.
— En effet, conclut Chihiro, ses hommes de main nous traquent depuis notre départ. Je ne compte plus les tentatives d’assassinat auxquelles nous avons survécu.
Yamamoto agrippa son kimono :
— Aïko court un grand danger !
— Officiellement, votre sœur est encore morte et la Grande Prêtresse a juré de garder le secret pour la protéger. Avec un peu de chance, nous arriverons près d’elle avant que l’Empereur ne découvre sa véritable nature.
— Tomoe la protègera, affirma Shizuka-san avec une confiance inébranlable. Elle est l’héritière du Kirin et son mari dirige une école de kenjutsu renommée, Aïko repose entre de bonnes mains.
— Espérons-le, soupira l’aveugle.
Malgré l’attaque et les quatre cadavres entassés près de la cabane, ils se régalèrent de riz aux légumes sautés. Ce repas chaud revigora l’aveugle, mais ses maux de tête et ses courbatures le tiraillaient encore. La perspective des milliers de marches qui leur restaient à descendre lui donnait froid dans le dos, mais il n’en dit rien, comme Yasuo, qui n’évoqua pas sa cuisse blessée.
La courageuse cantinière refusa d’abandonner ses fourneaux, donc le guide de leurs agresseurs resta avec elle, tandis que Shizuka et son groupe repartaient chercher des secours.
Au moment d’encorder Chihiro par mesure de sécurité, cette dernière lui glissa à l’oreille :
— Noble Prêtre, vous vous battez comme un démon ! J’ai vu votre corps s’enflammer et vous avez tué un guerrier avec une boule de feu.
— Je sers le Phénix. Il me prête parfois ses pouvoirs.
— Je commence à comprendre les rumeurs qui courent à votre sujet.
— Moins l’Empereur en saura, mieux je me porterai, maugréa-t-il. Malheureusement, je peux éliminer tous les ennemis, mais pas tous les témoins.
— Bien. J’espère que vous saurez comprendre Aïko et la profondeur de son âme.
— Je suis né pour cela, répondit le Noble Prêtre avec ferveur. Sans cette raison d’exister, j’aurais quitté ce monde depuis longtemps.
Tu ne t'es pas facilité les choses en choisissant un personnage aveugle ! Excellent exercice pour arriver à écrire les sensations autres que la vue. Je devrais m'en inspirer...
L'histoire avance de manière très convaincante. Ca manque peut-être un tout petit peu de transition entre les chapitres (mais c'est du pinaillage). Ceci dit, plus ça va, et plus je me dis qu'on doit mieux profiter de l'intrigue si on a lu le tome 1. Petite frustration de ce côté-là, mais je ne suis quand même pas du tout perdue.
Les réactions du frère donnent un bon éclairage sur les conflits intérieurs de Aïko et sa personnalité, qui s'annonce complexe (tant mieux !)
Il y a juste une petite contradiction : Chihiro redoute le conflit qui va arriver quand il voudra emmener Aïko, pourtant juste après, il le provoque. Ceci dit, on sent bien que c'est quelqu'un de sanguin, donc ça peut se défendre.
Détails :
"La jeune femme secoua la tête, écrasée par la culpabilité. En cet instant, elle aurait préféré mourir, ne pas ressentir cette souffrance, s’abandonner au silence éternel, fuir sa nature cachée. Mais les flammes qui brûlaient en elle refusaient de s’éteindre.
— Par tous les dieux, je suis un monstre !
Tomoe ne la repoussa toujours pas. Au contraire, elle la serra contre sa poitrine et l’accepta toute entière, en disant à haute-voix :
— Non, je suis l’héritière du Kirin, tu es l’incarnation du Phénix, et nous sommes amies." : plusieurs remarques sur ce passage. D'abord, je ne suis pas sûre de comprendre sa culpabilité. Elle vient du fait qu'elle a survécu alors que son mari est mort ? Peut-être que ça mériterait une phrase pour le dire ? Et d'autre part (mais c'est probablement dû au fait que je ne connais pas le tome 1), je ne pensais pas que Aïko savait qu'elle était l'incarnation du phénix. Pour Tomoe, je me dis qu'elle a dû l'apprendre pendant le tome 1, mais J'étais partie du principe que Aïko devait ignorer qui elle était vraiment.
"les maillons glacés s’incrustèrent dans ses paumes. L’air froid le glaçait à chaque inspiration" : répétition de glacer
"Son interlocuteur se figea sous le choc et la corde se raidit autour de sa taille." : troisième utilisation de interlocuteur/interlocutrice
A+
Tu as raison concernant l'absence de transitions, c'est toujours ainsi dans mes premiers jets, il sont très abrupts. Je rajouterai tout cela lors des corrections (je suis une exception à la règle qui veut, en théorie, que les romans perdent en volume lors des corrections).
J'ai choisi un personnage aveugle pour explorer une autre façon de percevoir le monde et d'utiliser ses sens. Je pense que tu devrais t'en inspirer dans la mesure où tu utilises énormément la vue par rapport aux autres sens, et de façon général tes descriptions utilisent peu le corps de tes personnages, elles sont souvent purement intellectuelles.
Je note pour la contradiction et les détails à éclaircir. Aïko se sent coupable de la mort de son mari, qui est mort par sa faute. Elle comprend tout de suite qu'elle est l'incarnation du Phénix, ainsi que Tomoe, parce qu'elle est capable de voler et que les autres animaux sacrés ne confèrent pas ce pouvoir. Cela dit, tu as raison sur le fait qu'elles sautent toutes les deux sur cette conclusion alors que ce n'est pas si évident.
Je continue tranquillement ma lecture avec ce chapitre fort en rebondissements et très intéressant. J'ai notamment beaucoup apprécié le coup de gueule de Chihiro et la façon dont il dépeint la souffrance d'Aïko. Ton héroïne au potentiel étouffé par son entourage m'intrigue de plus en plus.
Je pense que tu pourrais approfondir le caractère des personnages et les transitions : on passe trop rapidement d'une action à l'autre. Mais j'imagine que tu veux dérouler rapidement les péripéties dans ce premier jet et que tu affineras les descriptions ensuite :)
Je te laisse une interrogation à garder pour ta phase de corrections : est-ce que ce passage ne fonctionnerait pas mieux d'un point de vue omniscient ou autre que celui de Chihiro (Yasuo par exemple, qui le connaît bien ?). On pourrait voir ainsi Chihiro en action lors du combat et tu pourrais introduire des descriptions visuelles.
Et en réponse à ta réponse à mon commentaire précédent : ah oui j'avais oublié que c'était un deuxième tome! Normal que je sois un peu paumée au départ (d'ailleurs ça commence à bien s'éclaircir ;) ). Tu as déjà publié le premier tome ? Ou tu comptes le proposer en même temps que celui-ci ?
A bientôt,
Zéno
Mes premiers jets sont souvent secs et sans transition, en effet, et encore cette partie date d’il y a quelques mois. Il me faut souvent une grosse phase de corrections pour ajouter du liant.
En ce qui concerne les points de vue, je ne souhaite pas les multiplier : plus il y en a, plus le lecteur a du mal à suivre, et je préfère me limiter.
Le premier tome est loin de la publication, j’ai envoyé la v3 à mon agent et j’attends son retour pour voir s’il faut encore une phase de corrections ou si elle l’envoie aux éditeurs.