Un cœur enflammé

La vitre vibra comme un carillon sous la brise. Alerte, Ombelyne fit un bond en arrière. Le trait lumineux de la détonation marqua sa vision de pas mouchetés. Dans un crissement désagréable, le cocher finissait de pousser une lourde commode contre l'assemblage de meubles instables chargés d’empêcher l’entrée éventuelle d’un intrus. La jeune demoiselle commenta le désastre d’une voix désabusée :

— De véritables brutes. Je ne sais, qui des quatre, est le pire.

Edwän avança vers la fenêtre et découvrit les résultats de la percée de Fil. Si la brutalité des plumes bleues envers Ombelyne l'avait peu chamboulé quelques jours en arrière, son âme sensible n'était pas préparée à cette purge explosive. Sans prévenir, la bile afflua et le contenu de son estomac s’échoua en un jet merveilleux sur la toilette raffinée de la Demoiselle. Trop outrée par cette nouvelle humiliation pour que son éducation bourgeoise ne s'exprimât, Ombelyne essuya en silence cette insulte avec un mouchoir épargné. Le calme de la demoiselle terrifia davantage le cocher que tous les malheurs extérieurs. Devant la vindicte qui grondait, il ne trouva qu'à balbutier :

— Veuillez m'excuser. Je... J'ai toujours eu le cœur fragile.

Un bout de courge avait échappé à l'attention de la jeune dame. D'une main tremblante mais courageuse, Edwän extirpa la répugnante déjection de la chevelure soigneusement tressée. Ombelyne ne réagit pas à cette aide penaude, résignée par ce destin qui s'amusait d'elle.

— Finalement, je crois que le pire de la joyeuse troupe est resté avec moi. Grâce à sa prévention exemplaire, nous voilà en compagnie d'un nouveau compagnon pour les prochaines heures, j'ai nommé, l'odeur délicate de la vomissure.

À travers la fenêtre, Ombelyne reconnut la démarche élégante de Krone, malgré le large capuchon et l’ample cape dont il s’était drapé. Son agacement s'évapora, le charnier s'effaça, son attention focalisée sur l'avancée du jeune homme. Elle sentit ses joues rougir. Le gouffre qui séparait leurs deux mondes l'avait empêché de le percevoir autrement que comme un misérable. Maintenant qu'elle connaissait sa véritable ascendance, frère d'une Justicière, fils du Grand Maréchal, les perspectives à son égard changeaient du tout au tout. Quel parti remarquable ferait-il s'il était réintroduit dans les bonnes grâces de son père. À coup sûr, vu les attachements sincères de la sœur, cette possibilité n'était pas à exclure. La Justicière, pour se racheter une conscience, remuerait ciel et terre pour que son frère chéri retrouvât la pleine jouissance de ses droits. Ainsi, le cœur de la Demoiselle battait d'espoir, d'un amour qui ne demandait qu'à naître, qu'à inonder le monde de sa fidélité sincère. Au bras du fils du Maréchal, elle rayonnerait. Toutes les ricanières qui l'avaient méprisée l'envieraient. Ombelyne de Clarens, quel beau nom pour réinvestir l’univers prisé des belles personnes une fois cette invasion insensée, définitivement repoussée. Elle n'avait plus qu'à attendre que la Justicière se rachetât auprès de son cadet. Plus besoin d'être dépendante des projets sans queue ni tête du Marquis répugnant. Plus besoin de livrer les ennemis de la Paix au Parakoï et espérer une récompense de sa part. Elle agripperait le garçon avec ses plus beaux charmes. Ses griffes tenaces, profondément ancrées, ne le lâcheraient plus.

Depuis la fenêtre, elle observait ce futur époux remonter vers la nef de l'Émissaire. En cet instant où la cruauté des hommes épanchait ses infamies, elle le trouvait sublime, frappé du sceau de l'évidence.

Elle le vit lever au-dessus de la tête ce qui ressemblait à une lourde pierre. Son objectif lui paraissait clair. Lancé dans son monde de marbre, le projectile renverserait cette montagne de bois, comme le fut la porte du Cercle. Combien de fois la troupe s'était gaussée autour de la flambée d'un foyer, se remémorant cette entrée fracassante. Elle en connaissait les moindres détails, les moindres secrets.

En arrière-plan, au sommet des falaises abruptes, la cité se couvrait de la couverture chaude d'une ignition incontrôlable. Des quais jusqu'aux murailles lointaines, pas une artère n'échappait à la brûlure des flammes, au mordant des armes. Le mouvement lent et la danse hypnotique des incendies encadraient la fulgurante pluie de bois qui s'abattait sur le port. Edwän resta bouche-bée devant le sinistre naufrage et la disparition soudaine de ses deux camarades.

— Comment est-ce possible ? Monsieur Fil m'avait parlé de prestidigitateurs, de tours de passe-passe, mais là, ça dépasse tout entendement.

Ombelyne revint de ses rêveries sentimentales. Elle n'avait pas écouté le jeune cocher. Cet époux formidable saurait la protéger des mesquineries du monde. Résolue à lui plaire, elle ajusta son corset pour que ses atouts, agréablement remontés, pussent accueillir dignement le jeune homme de son aventure guerrière. La trace immonde laissée par le cocher et son odeur exécrable heurtèrent alors son esprit séducteur. Elle ne pouvait décemment pas se présenter à son prétendant dans cet état. Le Marquis ne manquerait pas de lui souffler un bon mot, peu lui en importait. En revanche, le jeune homme se détournerait d'elle. Inenvisageable. Là, dans la promiscuité de la chambre, elle ignorait la dévastation de la cité. Obnubilée par sa grandeur perdue et par sa gloire à retrouver, son discernement s'éclipsa. L'égocentrisme exacerbé de la Demoiselle rejaillit après une retraite bien trop longue.

Ombelyne releva légèrement le menton, la détermination en avant-garde. D'une voix ferme, commandant à une troupe de mercenaires, elle déclara :

— Je dois sortir d'ici. Désobstruez la porte.

Le cocher ne sut répondre à cette injonction que par un bégaiement timide :

— La ville est assiégée.

— Me prenez-vous pour une sotte ? Je ne compte pas flâner dans les rues, ô combien pittoresques de la cité. J'ai besoin de retourner dans mes appartements pour changer la tenue que vous avez souillée par votre indélicat, que dis-je, méprisable comportement. N'ajoutez pas à votre rustrerie naturelle, l'impertinence de votre employeur.

Ombelyne se retourna. De son pas altier, elle se campa devant la barricade improvisée. Le cocher la suivit et plus apeuré par le caractère de la Demoiselle que par toutes les invasions du monde, il se résigna à lui obéir. La commode crissa à nouveau et laissa dans son sillage des rayures inélégantes. Une chaise, un guéridon et une table à jeux plus tard, Ombelyne investit le couloir bercé par l'ondulation régulière de l'horloge. Les vociférations extérieures se réduisaient à un simple murmure pour son esprit résolu. Une nouvelle toilette valait tous les combats. Dans son cocon préservé, la belle Demoiselle se referait une beauté, entourée de la hideur humaine qui saignait la ville. Elle remonta le couloir, avant d'entrer dans sa chambre, elle regarda, par la fenêtre, le cerisier de l'arrière-cour. L'espèce hivernale offrait un début de floraison. Ses taches rosées, posées par le pinceau de la nature, tranchaient avec le gris glacial des nuages et des armes. À tout moment, la guerre pouvait investir la demeure, la soumettre à l'appétit des flammes et aux perfidies des hommes. Les ombres malveillantes lorgnaient la résidence alléchante. Pour s'en préserver, Ombelyne se contenta d'un tour de clé dans la serrure.

Le cocher qui l'avait suivie jusque-là, resta seul devant la porte close. Comment pouvait-il espérer la raisonner ? Contenir une tempête les bras ouverts serait plus réaliste. Il savait calmer les bêtes en passant sa main experte sur leur pelage. Cette créature-là, il osait à peine l'approcher. À travers le battant, il murmura son fatalisme :

— Je vous attends ici.

Cerné par le grabuge des combats, il regretta un instant sa vie randaise. Même les coups de son patron se revêtaient d'une nostalgie biaisée. Ses journées éreintantes et la maltraitance subie le tenaient au moins éloigné des horreurs de la guerre. Une bourse remplie de pièces d'argent et un faux Marquis manipulateur l'avaient plongé dans un quotidien incertain rythmé par l'angoisse. Que ne donnerait-il pas aujourd'hui pour récurer les écuries de son ancien patron contre une couche de paille et une écuelle de bouillon. Toutes les pierreries et les beaux hôtels ne valaient pas les petites pièces de cuivre et la paillasse de sa jeunesse sécurisée. La satisfaction se cachait depuis toujours dans ce quotidien qu'il avait rêvé de fuir. Désormais inaccessible, elle lui apparaissait clairement dans le chaos de l'incertitude. La plus grande des richesses, celle qu'il recherchait depuis de nombreuses années, il savait maintenant où elle se trouvait ; dans sa vie passée.

Le vacarme en sourdine lui parvint subitement. Un fracas de bris de verre et d'une porte dégondée par des coups puissants le fit frissonner. Une sueur froide lui picota la nuque. Des cris résonnèrent dans la cage d'escalier et remontèrent jusqu'au couloir où le cocher était exposé. La visite tant redoutée approchait. Les bottes tambourinaient, son cœur s'emballa et son esprit s'ankylosa dans la terreur. Le premier éclat d'acier apparut, bientôt suivi par quatre autres. Acculé, Edwän sortit de sa torpeur et martela la seule porte qui lui offrait une échappatoire. Il tambourinait de plus en plus fort, à mesure que les flamberges approchaient. Il ne parvenait pas à détacher son regard de ces piques effilées, hypnotisé par la mort en approche. Il appela à l'aide, il supplia, il implora. Rien. Le balancier de l'horloge décomptait les derniers instants qu'il lui restait à vivre. Poussé par un instinct primaire, Edwän se retourna et ouvrit la fenêtre. Il grimpa sur le guéridon, renversa le vase et contempla, effrayé, le vide qui lui tendait les bras. Les branches du cerisier ondulaient, sa vision se troublait. Là, sortant de son ventre, une aiguille meurtrière le traversait et, autour, sa tunique s'empourpra. Sur le rebord de la fenêtre, devant les bourgeons d'une promesse à venir, la vie le quitta et à jamais, son bonheur interdit.

Ombelyne savait la tragédie qui se jouait derrière le panneau de sa porte. Elle finissait d'ajuster les bretelles de sa magnifique robe piquée de dentelles lorsque le cocher manifesta sa détresse. Cette désolation exprimée pétrifia la Demoiselle ; ses bravades et sa désinvolture se brisèrent devant le danger : l'extravagante devenait introvertie.

Elle entendit la porcelaine se briser ; elle s'imagina le sort du cocher quand les pas et la ferraille tintèrent. Les appels du jeune homme avaient indiqué aux pillards sa présence dans la chambre. Si elle mourait sous le fil de l'épée, serait-elle chanceuse de ne pas, au préalable, subir un forçage groupé. Elle ne pouvait décemment pas attendre, à ne rien faire, que la férocité de l'appétit des hommes ne la souillât. Que son esprit aiguisé combattît ces lames effilées et leurs phallus érigés devint une nécessité.

Muée d'une vigueur nouvelle, Ombelyne tira sèchement sur la couverture et les draps en soie de sa literie. Elle dut s'y reprendre à plusieurs fois pour que le linge se libérât de l'épaisseur de la couche. D'un nœud maladroit, elle assembla les deux étoffes. Cette corde, bien précaire, lâcherait sous le poids d'un nourrisson. Qu'importait la résistance de son œuvre, elle ouvrit prestement la fenêtre pendant que les premiers coups de bottes faisaient trembler les gonds de la porte. Le vent glacé s'engouffra dans la pièce et fit apparaître de la chair de poule sur sa poitrine pigeonnante. Devant elle, les râles qui remontaient des quais dévastés s'harmonisaient avec les crépitements des incendies : une ordalie par le feu éprouvait la ville. Derrière, le craquement du bois de la porte la poussa à attacher, d'un nœud simple, son cordage de circonstance à un barreau du garde-fou et à le lancer dans le vide. Un coup terrible la fit se retourner : le fermoir fatiguait sous les assauts puissants. Le suivant ferait sauter la dernière protection de la jeune Demoiselle contre la brutalité et les supplices. D'un pas glissé et rapide, Ombelyne se détourna de son leurre et se faufila dans une bonnetière qu'elle referma sur elle. Le vantail clos la plongea dans le noir au moment où l’huis de la chambre céda.

Comment en était-elle arrivée à cette situation si dramatique ? Jusqu'à la réception dans la magnifique propriété du Seigneur de Pierrelevée, sa vie avait été parfaite. Au centre de toutes les attentions et des convoitises, elle avait nagé dans la volupté. Soirées dansantes, toilettes délicates, minauderies et clabauderies autour d'un service de thé et de ses mignardises avaient rythmé ses semaines innocentes. Désormais, portée pour morte il s'en fallait de peu pour qu'elle le fût réellement. Depuis que les trois démons s'étaient joués d'elle, son monde s'écroulait. Pire, elle envisageait d'épouser l'un d'entre eux. Quel ridicule.

Le parquet grinça sous des semelles déterminées. Depuis sa souricière, Ombelyne entendit des voix pestiférer sans en discerner les mots exacts. Les pas approchèrent de la fenêtre, comme pour rattraper un fantôme depuis longtemps évanoui. La crédulité des brutes pour unique espoir, Ombelyne serra les poings et coupa sa respiration pour disparaître de ce monde.

Là, dans l'obscurité, une robe en satin suspendue à un cintre vint lui caresser le visage. L'absurdité de sa tromperie l'accabla subitement ; ces pillards, par nature, renverseraient tout autour d'eux. Ils finiraient par fouiller sa cachette à la recherche de trésors cachés. Elle constituerait la plus belle des prises, ils jouiraient de ses bienfaits séance tenante. Se briser les deux jambes après une chute de deux étages aurait constitué une alternative bien réjouissante à côté du sort que le destin lui réservait. Cette main qui prenait plaisir à la torturer, un jour, si elle s'en sortait, elle la saisirait et la briserait.

Dans l'antichambre des Enfers, Ombelyne attendait sa sentence. Le vacarme s'emparait de la chambre ; la scène qu'Ombelyne imaginait l'épouvanta. Les vandales renversaient tout ce qui pouvait l'être, entre invectives et arguments métalliques, les charognards se disputaient la curée. Plusieurs chocs sourds firent trembler le sol, comme si les bahuts basculaient et déversaient sur le sol bijoux et étoffes. Des cris étouffés l'assaillirent, dans cette cacophonie terrifiante, chaque recoin de la chambre était sujet à une fouille minutieuse.

Devant cette fin proche, Ombelyne eut une pensée réconfortante pour son père, si souvent méprisé. Elle donnerait en cet instant tout ce qui lui restait pour sentir son souffle, son baiser. Une fois en sécurité, certainement, le dénigrerait-elle à nouveau.

Un coup retentissant la fit sursauter ; l'armoire se mit à trembler comme si une attaque virulente l'avait percutée. Un tour de poignée et le pot aux roses serait découvert avec, en son cœur, la plus belle des fleurs à cueillir. Pourtant, le chahut cessa, le battant restait étonnamment clos. Un silence, plus accablant encore que tous les chamboulements, orchestra ses nouvelles angoisses. Était-ce la pause imprégnée de tous les suspenses, comme dans les romans mal écrits, qui se manifestait à elle avant l'attaque décisive ?

Son cœur s'enflamma, son esprit bouillonna. Dans ce temps suspendu, une voix grave bien audible anima tout son être :

— Ces garitous mériteraient un deuxième trépas, puis un autre, pour espérer une miséricorde. Mon p'tit rouquin aspirait mieux qu'à leur cruauté. Ont-ils balancé la Minaudière cul par-dessus tête, Gamin ?

Jamais elle n'aurait cru sentir son cœur exalter à l'écoute d'une nouvelle avanie du Marquis. Envolés effroi et perspectives sombres. Cette intervention inespérée fut une fièvre enivrante ; la pénitence s'évapora et son esprit ambitieux reprit sa place. Désormais, sa situation précaire la servirait à ses projets de gloire. Les jeunes femmes éplorées, fragiles et en détresse, touchaient les âmes les plus nobles et ouvraient les cœurs en âge d'aimer. Si elle devait chambouler l'héritier de Clarens et éveiller ses sens, alors elle lui offrirait le plus beau des spectacles. Déterminée à jouer la représentation de sa vie, elle ajusta son corset et d'un geste vivant, ouvrit le placard.

Ignorant le cloaque environnant et les regards stupéfaits de toute la troupe, la Demoiselle se précipita vers le jeune homme, incliné sur la balustrade à la recherche d'une dépouille éventuelle. Avec des sanglots exagérés dans la voix, elle balbutia sa détresse dans une logorrhée incompréhensible. Puis, dans une chute du plus bel effet, elle se jeta dans les bras de Krone en un évanouissement magnifiquement feint, exposant dans cette approche intime, sa plus grande fragilité et ses plus beaux atouts féminins. Au milieu des ventres ouverts et des cadavres mutilés, Ombelyne de Pastelbour récitait sa partition des plus dramatiques et exposait son cœur à conquérir.

L'embarras de Krone devant cet élan généreux se lisait sur ses joues rosées. Ombelyne dans les bras, un frisson le parcourut. La démonstration affective de la jeune fille le désarçonna quelque peu. Son parfum anisé effleura ses sentiments les plus empathiques. Fil, fidèle à son attachement pour la Demoiselle, maugréa :

— Maintenant la bégueule se dévergonde dans les bras de son héros. Après le battement des cils, voilà qu'elle bat de la mamelle. Jetons-la par la fenêtre pour éprouver sa pâmoison.

Bulle de Savon, amusé par un tel projet, remonta son capuchon et abonda joyeusement :

— L'air marin et un vent vif lui feraient le plus grand bien !

Krone soupira devant le manque de retenue de ses compagnons. Malgré tous les défauts qu'ils pouvaient lui trouver, Ombelyne ne méritait pas un tel acharnement. Fil combattait pour un idéal de Justice et pourtant, envers Ombelyne, il était des plus injustes.

Une nouvelle amertume écorcha le ressenti de Krone. S'ils voulaient bâtir une société digne de leur idéaux, petits et grands d'aujourd'hui devraient, un jour ou l'autre, s'unir sous la coupole de la réconciliation. La Justice ne pouvait se nourrir de rancœur. Ils n'envisageaient pas de se débarrasser des Grands de ce monde. Justice et Égalité étaient deux sœurs indissociables ; Égalité et Égalitarisme, deux cousines irréconciliables. Des chanceux vivraient toujours dans une aisance préservatrice, des nécessiteux plieraient encore sous les affres de la vie. L'utopie nourrissait les grands rêves, mais le réalisme imposait le compromis, la conciliation. La concorde dans les Trois pays serait illusoire si Fil et lui-même, étaient incapables de traiter dignement la première de ces grandes qu'ils côtoyaient.

Krone enjamba un cadavre, Ombelyne dans les bras, passa devant son aîné. Sur le seuil de la chambre, il s'arrêta et lâcha sèchement ces quelques mots :

— Cela suffit maintenant, considère-la désormais comme notre égale.

Krone attendit le bon mot de son camarade mais, devant la détermination affichée du jeune homme, il ne vint pas. Considérant cet échange comme terminé, Krone sortit de la chambre aux horreurs pour un lieu propice au repos. Sa convalescence fragile souffrait devant l’utilisation récente de son Don. Malgré la ville en ébullition, il devait se ressourcer.

Contre la chaleur du corps de son protecteur, Ombelyne entrouvrit les yeux, un sourire aux lèvres, certes discret, mais satisfait.

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Syanelys
Posté le 04/05/2023
Hey Clem' !

J'ai adoré la belle demoiselle en détresse qui contribue à sa façon à la défense de Manidres ! Ombelyne de Clarens vient de connaitre à son tour la transcendance : que Krone soit du Parakoï, du côté de l'Empereur ou un simple noble, c'est un destin tout tracé qui l'attend ! J'aime beaucoup le fait qu'elle se fiche de la peur comme de la mort de son écuyer. Lui, je l'aimais bien !

Notre amie est parfaitement dépeinte entre tes mains, l'ami. Et tu vois, contrairement au chapitre précédent, je trouve qu'elle porte vraiment en elle tout ce qui fait le charme de ton roman. L'exagération teintée de poésie, le décalage entre ce qui se fait et ce qui se pense ou bien les priorités synonymes de digression bien poilantes. Ombelyne est top !

Pour ne pas te donner la palme d'or si facilement, je rejoindrai mes amis sur la réplique de Krone qui casse vraiment la chute. Là, j'aurais imaginé une toute autre scène avec le même esprit que tu as insuflé dans ce chapitre pour ne pas casser le rythme.

Par exemple, Krone qui déclare vouloir se reposer en demandant à Fil de dégager le passage. Une Ombelyne qui lui tire la langue en le voyant le clapet coupé avant de refaire sa belle dans les bras de son héros.

Ou peut-être un comique de situation de base :

- Fil.

- Gamin.

En gros beaucoup plus de "show" que de "tell" comme on me l'a souvent dit :)

J'ai beaucoup aimé, vivement la suite !
ClementNobrad
Posté le 06/05/2023
Hey,

J'ai voulu concevoir ce chapitre comme un vaudeville, avec l'amant caché dans le placard. Je trouve qu'Ombelyne fait la parfaite comédienne qui n'oublie, en aucune circonstance, ses buts de gloire, et amoureux ;)

Quant à la fin entre Krone et Fil, jai voulu introduire une petite discorde qui sera un peu développée plus tard. Krone va devoir choisir à un moment : ses deux nouvelles dames de sa vie, ou ce vieux papy grincheux à qui il doit tout. Du coup je suis un peu attaché à cette "dispute" mode grand seigneur. Krone étant prêt à faire des consensus dans son combat pour s'approcher d'Ombelyne. Ca va pas plaire à Fil bien sur...
Je pense que ça sera la base d'un futur tome 2. Krone, de plus en plus tiraillé entre deux mondes qui s'offrent à lui. Des Peregrinations en parallèles quelque temps peut-être... pour se retrouver ou se séparer définitivement ?
Camille Octavie
Posté le 28/03/2023
Bonjour !
Me voici à nouveau!

J'aime bien ce chapitre, on voit toute l’ambiguïté d'Ombelyne ^^
Deux petites remarques sur la "sortie du placard", mais on est purement dans l'avis personnel ^^
=> J'aurai aimé qu'en reconnaissant les voix, elle se sente "naturellement" le besoin de se jeter dans les bras de Krone, ce qu'évidement elle pourrait se refuser, de peur d'être moquée, avant de décider que, pour ses plans c'était adapté, et que finalement le penchant naturel n'était pas à proscrire
=> Je sais que souvent les victimes qui se cachent paniquées et patientent jusqu'à l'arrivée des secours ne sortent pas tout de suite, mettent longtemps à se calmer assez pour voir que ce sont les secours et qu'on peut leur faire confiance. Peut-être que ici ça pourrait amplifier la scène, je ne sais pas, mais j'ai ressenti comme un "bah, elle a pas du avoir aussi peur que ça pour sortir comme ça et reprendre son plan comme s'il ne s'était rien passé".

> " Résolue à lui plaire, elle ajusta son corset pour que ses atouts, agréablement remontés, pussent accueillir dignement le jeune homme de son aventure guerrière"

> "J'ai besoin de retourner dans mes appartements pour changer la tenue que vous avez souillée par votre indélicate, que dis-je, méprisable comportement. "

> Je rejoins d'autres lecteurs, je trouve la réplique de Krone sur Ombelyne à la fin un poil artificielle. On se doute qu'il ne se voit pas supérieur parce qu'il a un Don, pour autant pour moi elle n'a pas "fait ses preuves", et en plus son caractère est vraiment insupportable ^^

A bientôt !
ClementNobrad
Posté le 29/03/2023
Coucou,

Je dirai que l'esprit ambitieux d'Ombelyne est démesurée, ça la rend casiment aveugle et irréfléchi. La première pensée qu'elle a eu lorsqu'elle a reconnu la voix de Fil ce n'était pas "ouf je suis en vie" mais bien se servir de la situation pour réaliser ses ambitions. Mais dans la suite, le côté "sincere" de la démarche va prendre un peu plus de place. Bon, je te le dis dès maintenant, tout ne sera pas résolu à la fin du dernier chapitre. Vois ces intrigues comme une introduction à une suite future :)

J'espère que la suite te plaira !

A tres vite
Camille Octavie
Posté le 29/03/2023
Wouhouh ! "une suite future" ! Chouette !
Plus sérieusement, j'aime bien les fins un peu ouvertes donc tant mieux si tout n'est pas complètement résolu à la fin ;)
Camille Octavie
Posté le 29/03/2023
Oo
Je viens de voir que je t'ai copié-collé des phrases pour souligner des questions sur des points de forme, mais que j'ai carrément oublié de poser les dites questions.. je suis manifestement fatiguée >.<

> " Résolue à lui plaire, elle ajusta son corset pour que ses atouts, agréablement remontés, pussent accueillir dignement le jeune homme de son aventure guerrière"
>> j'ai l'impression qu'il manque un mot, du genre "de retour de son aventure guerrière"

> "J'ai besoin de retourner dans mes appartements pour changer la tenue que vous avez souillée par votre indélicate, que dis-je, méprisable comportement. "
>> pourquoi indélicate au féminin ?

Peridotite
Posté le 06/03/2023
Coucou Clément,

Dans ce chapitre, Ombelyn fait des plans de mariage puis se cache dans une armoire pour échapper à l’armée qui attaque la ville, tandis que le cocher se fait tuer dans le couloir, car elle refuse de le laisser entrer dans sa cachette.

J’ai bien aimé le décalage entre la situation désespérée et le fait qu’Ombelyn ne comprenne rien à rien et rêve à une sorte de mariage illusoire. Par contre, le fait qu’elle survive tient du miracle, un sacré coup de bol, car j’avais compris qu’une armée venait de débouler sur les quais et qu’ils mettaient la ville à feu et à sang. J’avais aussi cru comprendre qu’un incendie s’était déclaré, mais cela ne semble pas les inquiéter, car ils se barricadent dans une chambre, au risque d’y mourir carboniser.

Pourquoi Krone dit-il à la fin de la considérer comme leur égale ? Contrairement à eux, elle ne s’est pas battue, mais cachée dans une armoire. En plus, elle n’a pas de pouvoir. Elle n’est clairement pas leur égale. Et j’ai du mal à imaginer que Krone puisse s’attacher à elle en retour, au vu de leur passif et de la personnalité de la donzelle ? Donc pourquoi dit-il cette phrase ?

Mes notes de lecture :

« contre l'assemblage de meubles instables chargés d’empêcher l’entrée éventuelle d’un intrus. »
> Juste avant, les soldats mettaient le feu aux bâtiments. Ils n’ont pas peur de finir carboniser ?
> Oui, plus tard, tu as : « pas une artère n'échappait à la brûlure des flames »

« Je ne sais, qui des quatre, est le pire. »
> Normalement, il n’y a pas de virgule entre le sujet et le verbe

« Ses tâches rosées”
> Je ne crois pas qu’il y ait de chapeau

« et les draps en soie de sa literie »
> Je croyais qu’ils étaient dans une auberge miteuse sur les quais ?

« — Cela suffit maintenant, considère-la désormais comme notre égale. »
> Pourquoi dit-il ça ? Elle n’a pas de Don.

Un chapitre rigolo du fait du décalage entre l’imagination d’O., sa cruauté envers le cocher et la situation dramatique au-dehors 😊
ClementNobrad
Posté le 09/03/2023
Coucou Peridotite,

Désolé pour la réponse tardive, je ne suis pas en grande forme en ce moment.

Merci encore pour ta lecture régulière, tes retours me sont précieux.

Le trio n'a pas loué dans une auberge miteuse mais plutôt dans un endroit cossue (Marquis oblige). L'immeuble où ils sont ne sont pas encore au proie aux flammes. Depuis la fenêtre ils voient les incendies dans la ville mais en sont épargnés pour le moment. L'auberge miteux c'est où ils avaient retrouvé le Cocher dans le chapitre "virée sous couvre feu". Dans leur hôtel, il y a des tapis, pendules, petit salon individuel, chambre à part pour chaque membre.

Krone dit "considère la comme notre égale" non pas en rapport avec les pouvoirs qu'elle n'a pas mais quant à son importance dans le groupe et plus généralement sa place dans la société. En gros, Krone demande à Fil, d'arrêter de la malmener et de se comporter avec elle d'une manière correcte, car elle fait partie du groupe.

Peridotite
Posté le 10/03/2023
"En gros, Krone demande à Fil, d'arrêter de la malmener et de se comporter avec elle d'une manière correcte, car elle fait partie du groupe."
> Oui, mais pourquoi fait-il ça ? Ils ont abandonnée Ombelyn il y a deux chapitres, ont changé d'avis entre temps et sont revenus, mais le cocher est mort et elle aurait bien pu être morte empalée elle aussi. Ce qui montre bien qu'ils se moquent d'elle. Krone ne la considère pas comme son égal, mais comme un poids mort non ? Ils se la trimballent, mais ils n'ont pas de raison de le faire. Ils ne s'entendent pas, elle est faible et ne sert en rien leur cause. Si elle avait un Don même moisi, je comprendrais tout à fait, mais ce n'est pas le cas. En plus, elle est noble, donc leur ennemie, et durant toute leur aventure, elle n'a rien fait pour se racheter à leurs yeux. C'est pour ça que je ne comprends pas Krone.

D'ailleurs, à quoi ça leur aura servi de se déguiser en marquis et marquise pendant tout ce temps ? Je ne saisis pas bien l'utilité de cette loop dans leur combat. Ombelyn n'aura eu aucun rôle. À mes yeux, elle ne fait même pas partie de la bande à proprement dit, tout comme le cocher, donc de là à la considérer comme l'égal de Krone, je ne suis pas convaincue.
Flammy
Posté le 25/02/2023
Coucou !

Ombelyne est absolument parfaite comme perso ='D Désespérément affligeante et absolument irrécupérable, mais elle est absolument parfaite dans ce rôle je trouve. Le côté toujours à chercher l'occasion de rebondir, de repartir dans le beau monde, à garder son calme dans des situations incroyables et à penser avant tout à son apparence, puis à avoir de nouveau brutalement les pieds sur terre quand le danger est concret, avant de repartir cash dans ses travers ='D Franchement, ce perso a tous les défauts du monde, mais il le fait très bien et je l'aime vraiment beaucoup =D

Par contre, j'avoue que je suis un peu surprise que le cocher meurt. Enfin, vu la situation et Ombelyne qui fait n'importe quoi, ça se justifie, mais vu que Fil et Bulle étaient partis le rechercher, qu'il avait "gagné" un nom à ce moment-là, je m'attendais à ce qu'il prenne plus d'importance dans la suite, qu'il suive les démons un peu plus, mais non, et du coup, ça m'interroge un peu sur son rôle, d'un point de vu scénaristique. Surtout qu'au final, on passe très vite sur sa mort dans ce chapitre et que ça donne l'impression là d'être un peu anecdotique, juste pour mettre en avant Ombelyne, et je sais pas à quel point elle a vraiment besoin de ça.

Et pour Fil qui en veut autant à Ombelyne, c'est juste à cause d'elle et ce qu'elle représente, ou il lui en veut d'attirer un peu trop l'attention de Krone ? :p En tout cas, elle y va pas à moitié Ombelyne, et on peut comprendre le côté un peu "facepalm" de Fil qui doit pas trop comprendre comment Krone arrive à se faire avoir par ça ^^' Mais bon, faut bien que jeunesse se fasse =D

Bref, un chapitre que j'ai beaucoup aimé, qui tient au fait que tu as construit un perso vraiment intéressant je trouve avec Ombelyne =D
ClementNobrad
Posté le 25/02/2023
Coucou,

Ombelyne est un génie qui n'abandonne jamais ! J'aime beaucoup ce personnage aussi. Quand j'ai écrit le premier chapitre avec elle (le chapitre sur le flacon d'urine) je ne savais pas qu'elle allait revenir - jardinier spirit. Mais avec du recul, elle est devenue une évidence. Je suis content qu'elle te plaise !

"Et pour Fil qui en veut autant à Ombelyne, c'est juste à cause d'elle et ce qu'elle représente, ou il lui en veut d'attirer un peu trop l'attention de Krone ? " > au départ , pour ce qu'elle représente, à la fin, pour l'effet qu'elle a sur Krone. C'est un point que je développe un peu plus dans des chapitres futurs, donc je ne t'en dis pas plus ici ^^

Pour ce qui est du Cocher, je t'avoue que je ne savais pas trop quoi en faire en fait... il m'a été utile pour tromper Velya à la porte de Pyr, je lui ai donné une deuxième chance en allant le récupérer lors du couvre feu, mais je ne voyais pas trop ce qu'il pouvait apporter à la bande de joyeux luron. C'est cruel et peut-être trop simple, mais pour ne plus broder autour de lui, j'ai préféré m'en séparer. Bien évidemment, on reviendra sur sa mort un peu plus tard mais bon... les cruautés de la guerre tout ça quoi. Les innocents paient le prix lourd :)

J'espère que la suite te plaira ! Plus que 8 chapitres!

Merci pour ta lecture attentive.
Flammy
Posté le 25/02/2023
> je lui ai donné une deuxième chance en allant le récupérer lors du couvre feu, mais je ne voyais pas trop ce qu'il pouvait apporter à la bande de joyeux luron

Alors, c'est totalement une proposition, donc tu en fais ce que tu veux, mais je me demande si ça ne serait pas plus intéressant que Fil ne parvienne pas à convaincre le cocher de revenir, que ça lui mette sous le nez que même s'il veut le bonheur des petits gens du peuple, tout le monde n'a pas forcément envie de le suivre et qu'on peut pas aider de force des gens. Peut-être même aller jusqu'à Fil qui est obligé de menacer/faire peur au cocher pour être certain qu'il ne parle pas.

Ca mettrait Fil face à un échec, et ça pourrait peut-être permettre de mettre un autre son de cloche sur ce début de révolution, avoir un autre point de vue. Après, c'est juste une proposition, mais c'est ce qui m'est venu en tête en lisant ^^
Flammy
Posté le 25/02/2023
Oh, et plus que 8 chapitres ? Je pensais pas ! =o Curieuse de voir comment tout va se goupiller sur la fin !
ClementNobrad
Posté le 25/02/2023
La fin est ouverte je préviens, tout ne sera pas clôturés, j'aime à me laisser la possibilité d'un tome 2 !
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