— Des fioles, Savonnette ? Les mêmes qu'Aguil enquille à la dizaine pour noyer son chagrin ?
— Je ne sais pas qui est ton Aguil, mais les flasques de l'Émissaire sont bien plus nocives que toutes les liqueurs mélangées.
Dans la chambre, Fil ne détachait pas ses yeux du flot continu de soldats qui déferlait du navire de l'Émissaire. Les coups d'épée déchiraient les chairs et les piques s'enfonçaient dans les abdomens. Pêcheurs et badauds matinaux jonchaient le sol sans que les soldats du guet, pris au dépourvu, n’aient pu encore intervenir.
— Aguil est un petit chenapan qui débourse autant qu'il se saoule. Un bon partenaire de jeu si tu veux mon avis. Même quand il gagne, une main baladeuse récupère la mise, intérêts en prime. J'parle pas de la mienne Savonnette, tu connais ma probité et mon intégrité. Avec lui, qui perd, gagne aussi.
Krone échangea un regard désemparé avec sa sœur. La Justicière posait sa main sur son pommeau, prête à repousser les envahisseurs de sa propre vie.
— Aguil a bon fond, si tu veux mon avis, mais trop excessif dans ses travers. Jamais bon Savonnette, les excès. Toujours être dans la retenue et le juste équilibre des genres. Regarde-moi, par exemple, si tu vé...
— Tu n'as pas fini ? Tu déblatères des futilités tandis que la ville est attaquée ! Nous devons agir et vite !
Krone soufflait son exaspération. Il s'approcha d'un pas déterminé vers son aîné en levant des mains scandalisées vers le carnage extérieur. Fil feignit l'étonnement :
— Des futilités ? Expliquer au moustachu ce qu’est un comportement exemplaire est essentiel. N'est-ce pas, Savonnette ?
Bulle de Savon haussa ses épaules et souffla :
— Tu es un exemple en effet, Brindille...
— Ah, Gamin ! Tu vois bien ! Le p'tit bonhomme est d'accord avec moi.
Un chuchotement précisa la pensée de Bulle de Savon :
— ...L'exemple à ne pas suivre.
Le rire aigüe qui ponctua la malicieuse réponse, accentua l'agacement de Krone. Il s'emporta :
— Vous êtes irrécupérables tous les deux ! Vous excellez dans les excès ! Fil, de pauvres gens se font massacrer dehors !
Le sérieux soudain de son aîné chassa la légèreté inappropriée.
— J'sais bien, Gamin. Nous ne resterons pas les bras croisés. J'observais pour mieux agir.
Velya, toujours silencieuse, regardait par la fenêtre. Elle semblait réfléchir à une défense impossible. Même avec son Don, elle ne pourrait faire face, seule, à ce nombre étourdissant de soudards.
— Agir et après réfléchir. N'était-ce pas l'adage de Fil le sage ?
— J’apprends de mon expérience, Savonnette. Je me bonifie avec le temps. Le Fil d'aujourd'hui n'est plus le même homme. Réfléchissons.
Fil renifla. Il essuya ses lèvres humides d'un revers de manche. Il continua à voix haute, plus pour lui-même que pour ses camarades, comme pour extérioriser ses pensées intimes :
— La situation est critique. Je n’laisserai pas cette truandaille mettre à mal mes plumeries. Si le Parakoï doit tomber avec tous ses sbires, ce sera de ma main démoniaque ou ce ne sera pas. Le Parakoï, Loren et tous ces foimenteors sont mes ennemis. Cependant, les Trois pays restent ma patrie. Chassons ces indésirables. Que le roi des démons vienne en aide, momentanément, au Parakoï détestable. Défendons les petites gens. Repoussons ces êtres, pour le coup, démoniaques.
Sur cette diatribe et dans le raffut du tocsin, Ombelyne entra dans la chambre, accompagnée du cocher. Krone la revoyait pour la première fois depuis son réveil. Il lui adressa un sourire. La Demoiselle le lui rendit dans un rougissement discret. Puis, se ressaisissant, elle releva le menton et s'adressa directement au Marquis :
— Quel est ce vacarme ? Pourquoi tout le monde crie dehors ?
Fil se détourna de l'hécatombe. Il accueillit la nouvelle arrivante d'un sourire goguenard :
— Ah ! Ma reine, vous voilà ! Notre territoire est contesté ! Nous devons le défendre et prendre les armes ! Êtes-vous venue avec votre sabre ? Vous battrez-vous à mes côtés, dans les éclaboussures de sang et la chaleur de nos corps éprouvés ?
Velya, calme malgré le contexte, posa sa main sur l'épaule du persifleur :
— Cela suffit. Votre logorrhée me fatigue. Voyons si votre attachement aux Trois pays est exemplaire. Voyons si vos aptitudes au combat sont à la hauteur de votre langue émérite. Il n'y a pas à tergiverser. Envoyons ce rafiot au fond des eaux.
Sur cet entredeux, la Justicière se tourna vivement et se dirigea vers la porte. Comme à son habitude, elle s’attendait à être obéie. Krone la suivit sans hésiter, bien décidé à défendre des innocents au côté de sa sœur retrouvée. Fil, bien contraint de prouver sa bravoure à la Justicière, grommela son agacement à un Bulle de Savon grand sourire :
— On dirait bien que la fidélité du Gamin est à repenser. Deux petits minois et le voilà à essuyer sa morve dans les jupons de ces demoiselles.
De son pas lourd, il suivit la fratrie déjà partie, le petit bonhomme sur les talons, sautillant gaiement. Le cocher et Ombelyne restèrent pantois devant cette sortie coordonnée. Laissés seuls, sans un mot, sans un geste de considération, le message était clair. Ils devaient rester à l'écart de cette escapade guerrière.
Edwän se gratta nerveusement la nuque. Il s'approcha de la fenêtre et balbutia devant l'horreur qu'il y découvrit :
— Que ferons-nous s'ils décident d'investir notre demeure ? Ils vont tout saccager, tout brûler, tout tuer.
Le parfum anisé de la jeune demoiselle vint animer les sens du cocher lorsqu'elle avança à côté de lui. Nullement impressionnée par la dévastation du port, elle commenta :
— La joyeuse troupe est partie sur leurs grands chevaux, sans penser à nous. Nous ne sommes que des faire-valoir. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Dehors, un piquier enfonça son arme dans le bas-ventre d'une vieille dame. Puis, comme s'il manipulait une vulgaire botte de paille, il la souleva et la jeta dans les eaux glacées du débarcadère. Les quais débordaient de métal brillant. Le surplus de guerriers investissait les ruelles désertées et les marches taillées à même la roche pour atteindre la ville haute. Aucun signe de défenseur aux alentours des quais pour s'opposer à cette attaque imprévisible et pernicieuse.
Edwän essuya des gouttes de sueur qui s'invitaient sur ses joues. Pour rassurer des angoisses insurmontables, il partagea une supposition qu'il savait illusoire :
— La garde doit s'organiser sur les hauteurs. Ils laissent le port aux mains des ennemis. Ils les repousseront.
— Bien sûr que non. La ville est condamnée. La garnison ne suffira pas face à une armée entière.
Ombelyne avait annoncé une sentence implacable. Sa lucidité froide acheva l'espoir fugace du jeune garçon. Un guerrier, flambeau à la main, mit le feu à un toit de chaume qui s'embrasa. L'incendie débuta son festin, lorgnant d'avance les charpentes croustillantes et les chairs savoureuses. Les flammes vinrent marquer de leurs empreintes orangées le fond des pupilles terrorisées du cocher.
— L'armée du Parakoï viendra secourir la ville !
— Certainement mais, d'ici là, Manidres ne sera plus que cendres. Quant à nous, je crains que nous devrions notre salut à notre hurluberlu de Marquis. De toutes ces atrocités, c'est de loin, la pire.
L'ébranlement des venelles sous les chausses des envahisseurs retentissait dans le vestibule de la demeure. Le raclement des hallebardes contre les côtes, les appels au secours et les tonneaux renversés, dans une gerbe cacophonique, prévenaient la Justicière de l'insurmontable mission qui l'attendait. Sans une Poigne entraînée pour l'appuyer, sa fidélité au Parakoï virait au suicide. Pour unique escorte, les trois ennemis de la Paix qu'elle poursuivait deux jours auparavant. Elle ne connaissait pas leurs aptitudes réelles au combat et ne pouvait se baser que sur les ouï-dire de leur renommée ainsi que les quelques informations que le faux Marquis avait daigné lui révéler. Pourtant, elle n'avait d'autre choix. L'excitation du combat à venir anesthésiait l'angoisse de perdre ce frère fraîchement retrouvé. Elle le regarda enfiler des bottes de cuir et, sincèrement étonnée, déclara :
— Vous allez sortir comme ça ? En tunique et sans arme ?
Comme pour accentuer l'exaspération de la Justicière, Bulle de Savon se drapa de sa longue cape noire et plongea son visage dans les ténèbres du large capuchon. Fil, fier de sa horde démoniaque, fanfaronna :
— Pourquoi s'équiper d'une armure quand notre petit démon est le meilleur des boucliers ? Pourquoi s'armer d'acier aiguisé quand mon fil frappe plus rapidement qu'un éclair ? Pourquoi rameuter canons et archers quand un simple caillou dans les mains du Gamin terrorise toutes les murailles de toutes les forteresses de ce monde ? Un rafiot de bois pourri ne résistera pas à ton auguste frère. Le plus grand des artificiers pulvérisera cette coque de noix, j'peux te l'assurer, parole de Fil.
De ce galimatias ou de l'assurance affichée du goguenard corpulent, Velya ne sut ce qui la perturba le plus. Elle n'avait compris aucune once du plan d'action du trio farfelu. L'évidente excitation qui embrassait le moustachu encapuchonné la laissa définitivement perplexe. Les horreurs de la guerre lui glissaient dessus. Seul son frère paraissait sincèrement affecté. Le regard sévère et la mine déterminée de son cadet lui força le respect. Là, dans cette antichambre des ignominies, Velya mesurait l'enfance difficile que son frère avait vécue pour qu'il devînt cet homme opiniâtre, même avant de défier mort. Inconsciemment, Velya caressa la perle nacrée et mit la main sur son fourreau. Malgré l'absurdité de cette troupe d'amateurs, bien décidée à se jeter dans la bataille, elle abaissa la poignée.
Le cycle infini de la cruauté des hommes, immuablement, traçait son sillon sanglant dans son Histoire. Prédateurs inflexibles, ils se délectaient des âmes qu'ils fauchaient aléatoirement en une cérémonie codifiée. Les rancunes accumulées et les projets insensés ouvraient les voies à des tueries sans fin, à un appétit cruel insatiable. L'acier mordait les chairs, les cris et les pleurs abreuvaient une soif inétanchable. Dans cette bâfrée d'anthropophages, le quatuor improvisé s'invita aux festivités.
Velya, à la tête de la procession, descendit les marches du perron dans une ruelle encore épargnée par la folie humaine. Femmes, enfants et vieillards fuyaient vers les portes de la ville. Contre ce courant de bêtes apeurées, Velya jouait des coudes et ouvrait le chemin à ses nouveaux partenaires. À un croisement, elle détecta sur sa dextre, par-dessus la cohue, des hallebardes dressées qui s'abattaient vigoureusement. Instinctivement, elle se dirigea vers ce mur vorace qui se relevait pour écraser à nouveau son fil tranchant. Les flammes de nouveaux incendies, spectatrices gourmandes de cette exécution de masse, se réfléchissaient sur les javelines meurtrières.
— Les troufions du Parakoï vont laisser ces sauvages se repaitre de ces pauvres gens sans intervenir ? Où sont ces planqués ? Attendent-ils que la basse-ville ne soit plus qu'une fosse commune pour descendre de leur falaise ?
Velya ne pouvait que partager le ressenti de Fil. Les cloches virevoltaient mais les renforts s'immobilisaient dans une passivité décourageante.
— Mon roi, pour pendre vos plumes bleues, ils sont bien coriaces. Dès que l'ennemi les surclasse, ils s'écrasent.
— Tu l'as dit, Savonnette. Mais notre horde au nombre abracadabrant de trois va déferler sur ce monde merveilleux !
Au bout de la ruelle, les hallebardes tranchaient, les bottes frappaient le pavé souillé. Les soldats de l'Empereur occupaient toute la largeur de la voie. Ils remontaient consciencieusement la rue, comme des faucheurs de blé en moissonnant bras et jambes. La foule, trop compacte à ses débuts, pliait sous les lames pour ne jamais se relever. Une montagne de cadavres obligeait ces saisonniers bien particuliers à lever les genoux pour progresser dans cet aoûtage prématuré. Les épis de blé se faisaient plus rares à mesure de leur avancée, pour n'avoir finalement plus qu'à couper, une tige blanche et trois encapuchonnées.
La Justicière avança d'un pas déterminé vers les cinq lances pointées dans sa direction. Ce mur de piques, infranchissable en l'état, ne l'impressionnait guère. Elle accéléra le pas pour courir pleinement contre la menace, l'épée sortie du fourreau, prête à frapper.
Voyant sa sœur cavaler vers une mort certaine, Krone s'emporta :
— Fais quelque chose Fil ! Ne la laisse pas s'empaler sans rien faire !
— Tais-toi Gamin et regarde.
Les hallebardes, légèrement inclinées, prêtes à harponner la Justicière, luisaient sous l'incendie d'une auberge. Velya fondit sur ces crocs acérés comme une louve sur un mouflon. À cinq toises du contact fatal, elle fit appel à son Don en se touchant les lèvres puis les yeux. Précipitée dans le noir, elle saisit le pommeau de son épée à deux mains et plongea au sol en une roulade maîtrisée. Sous la garde ennemie, l'acier lui effleura le visage puis, dans un geste vif, elle se redressa sur un genou. D'un coup d'estoc puissant, elle enfonça la pointe de sa lame dans l’aine du premier guerrier. Rendu muet, comme ses acolytes, il ne put témoigner vocalement de la douleur qui le parcourait. D'une entaille horizontale, la Justicière libéra son épée en même temps que les entrailles de sa victime. Le trait, porté par un mouvement ample, vint frapper le voisin de l'éviscéré au niveau de la cuisse en une profonde griffure. Sous la piqûre de l'acier, la deuxième cible mit genou à terre. La Justicière se redressa alors et vint trancher le cou offert de sa victime. Le corps chuta lourdement sur le pavé pendant que la tête roulait dans les intestins piétinés. Sans un bruit, la ligne des envahisseurs venait d’être amputée de deux membres.
Velya effleura ses yeux pour se libérer de son Coût et analyser les nouvelles positions de ses adversaires. Puis, elle replongea tous les protagonistes dans l'enfer des sens oubliés. Elle posa son arme au sol et empoigna la hallebarde géante du décapité avec ses deux mains. Elle souleva la lourde lance et chargea devant elle comme le ferait un taureau enragé. En une poussée intense, la pointe vint embrocher le cuir trop tendre d'un guerrier au niveau de la hanche pour ressortir de l'autre côté. La pique ensanglantée, continua son trajet déchirant et transperça l'avant-bras du quatrième moissonneur. Velya lâcha le manche et libéra son Don pour constater les résultats de son attaque. La brochette humaine hurlait à l'unisson sans pouvoir se libérer du lien qui les unissait. La Justicière, saupoudrée d'éclaboussures vermeilles, ramassa alors l'épée au pommeau blanc et les acheva d’un geste professionnel.
Derrière la Justicière, le cinquième soldat retrouvait tout juste la vue perdue. Il découvrit le sort lugubre de ses camarades de guerre. Instinctivement, il tendit son arme vers la guerrière qui retirait sa lame d'un cœur inerte. Dans un cri où la peur se mêlait à la rage, il courut sur elle. Alors qu'il touchait au but, l'obscurité le couvrit à nouveau de son voile angoissant. Sur sa gauche, un murmure lui parvint dans le creux de l'oreille :
— Les Trois pays vous saluent.
Puis, plus rien.
— Sacré numéro. Espérons que son futur tendre ne lui froisse le cotillon. Elle a la colère sanguinolente la sœurette.
Fil avançait vers le souffle brûlant de l'auberge incendié. Il prit soin, par de grandes enjambées, d'éviter les cadavres parmi lesquels la Justicière trônait. Elle essuyait son visage maculé à l'aide d'un chiffon de soie, puis sourit à son frère venu aux nouvelles. Bulle de Savon, comme hyène dans un charnier, palpait sans gêne les corps mutilés. Après une recherche vaine sur les deux premières dépouilles, il sortit du ceinturon du soldat sans tête une petite fiole. Il exposa sa découverte à un Fil envieux et réprobateur.
— Tu ponctionnes sur le butin de guerre de ton roi, p'tit démon ?
L'approche d'une nouvelle vague de piquiers coupa court à la réponse de Bulle de Savon. Une vingtaine d'hommes, témoins de la chute des hallebardiers, levèrent haut leurs armes et, en une troupe désorganisée, se ruèrent vers la venelle encombrée.
Dans l'angle de la ruelle, l'incendie affichait ses doigts incandescents. Le bois craquait sous l'appétit des flammes. Les colombages de l'auberge ondulaient à travers le nuage de chaleur. La façade brûlait entièrement, le torchis s'effritait par endroits.
— Maintenant Justicière, admirez le pouvoir de votre futur roi, l'authentique, le véritable !
Fil se tourna vers l'offensive. Il tendit son bras vers l'entrée de la rue. Son fil mental jaillit aussitôt et descendit l'artère pour accueillir le bataillon de l'Empereur. Au lieu de frapper les indésirables, le fil s'enroula autour d'une poutre verticale qui soutenait l'avancée de la devanture incendiée. Comme un cordon refermant une bourse, le fil enlaça l'étançon et remonta aussitôt vers la main libre de son propriétaire. Le roi démoniaque, engoncé par sa cape noire, abaissa ses deux mains. La tension fit voler en éclats la pièce de bois fragilisée par le brasier. Dans un gémissement plaintif, la corniche s'affaissa et, sous le poids des étages, le bâtiment s'écroula, aplatit sa main enflammée sur le pavé et écrasa, comme de vulgaires mouches, les armures de passage. Le tumulus fumant entravait la ruelle, empêchait de nouveaux renforts d'affluer et condamnait l'accès aux quais.
Velya remarqua la paralysie de Fil. Témoin des effets dévastateurs de son Don, elle donnait consistance, pour la première fois, aux rumeurs démoniaques. Bulle de Savon passa devant elle. La cape en une traine sombre, il taquina :
— C'est bien joli roi destructeur, mais ensevelir une troupe n'est pas anéantir une armée. Je pense que le prince des démons doit, en toute humilité, vous faire une démonstration d'une puissance réellement dévastatrice. Avant tout, cherchons un nouveau passage vers le port.
La Justicière regarda le petit être mystérieux s’éloigner, dans un rire détonant et disparaître dans le coin d'une venelle.
Son Coût payé, Fil remonta le pavé sur les traces du petit bonhomme en marmonnant :
— Savonnette est un incorrigible m'as-tu vu. Dans le jeu ou dans la guerre, il veut empocher la plus grosse des mises.
Krone répondit au sourcil interrogateur de sa sœur par un haussement d'épaules consterné. Il se retourna et suivit les pas de son aîné.
Des gouttes de pluie s'immiscèrent dans le déluge des hommes et humidifiaient la chaussée. Le tonnerre gronda au loin et remplaça le tocsin, aphone d'avoir hurlé l'alerte. Velya jeta un dernier regard sur les décombres brûlants. Elle identifia parmi les membres carbonisés, les doigts menus d'un enfant. L'innocence piétinée par la démence de la guerre la renvoya à ses propres crimes. Pour plaire au Parakoï, elle avait commis des monstruosités qui déclassaient celles de ces envahisseurs. Pourtant, l’heure n’était pas aux remords, seul comptait la défense des Trois Pays.
Fil courait aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient. La respiration sifflante et les tempes en sueur, il pesta contre Bulle de Savon qui l'attendait, la malice aux yeux :
— Gausse-toi, goguenard. Ma splendeur pèse son poids.
Le quartier baignait dans une quiétude fragile. Des fuyards avec marmots sous les bras tentaient de rejoindre les portes de la cité. La Justicière dut plonger des soldats esseulés dans l'obscurité avant que sa lame ne les envoyât dans une noirceur sans fin.
À la croisée d'une ruelle, un nouveau fil jaillit pour barrer la charge d'une vingtaine d'envahisseurs. Il virevolta entre les jambes, autour des nuques, des crochets de volets, des anneaux des heurtoirs et le faîte des toitures. Empêtrés comme des insectes dans une toile invisible et complexe, la moitié des prisonniers fut piquée par Velya en plein cœur. Ceux hors de portée furent asphyxiés par le fil qui enlaçait les cous. En de multiples rues, nombre de fils mentaux immobilisèrent les soldats de l'Empereur plongés au préalable dans les affres de la vue perdue. La lame de la Justicière n'en finissait pas de rougir dans des exécutions sommaires. Les paralysies successives de Fil rythmaient l'avancée de la troupe. Le duo, en parfaite harmonie, remplissait Manidres de nouveaux cadavres. Le grain ruisselait et se gonflait de ce sang fraîchement déversé. Les défenseurs des Trois pays nettoyaient la basse-ville de ses indésirables.
À un nouveau croisement, dans une ruelle épargnée, Bulle de Savon montra un panache de fumée.
— Cette voie descend directement aux quais. Suivez votre prince.
Le cliquetis des armes s'intensifiait à mesure que le quatuor avançait dans le passage. En bas, le ciel visible depuis la ruelle s'ouvrait sur une esplanade bondée. Au fond, un petit carré blanc contrastait dans l'horizon morne. Les voiles du navire de l'Émissaire attiraient la lumière et l'attention du petit groupe.
Fil, la main sur une côte, quémanda un arrêt.
— Réfléchir puis agir. Ton enthousiasme à défendre mes plumes t'honore Savonnette. J'ai besoin d'un moment.
— Le souffle te manquerait-il Brindillette ?
— Mon souffle est à la traîne. J'dois l'attendre. Comment comptes-tu rejoindre la coque de noix ? Un bon millier d'hommes à l'accueil douteux nous en sépare.
L'éclat d'une vitrine brisée répondit à la question de Fil. Au bas de la rue, deux pillards s'introduisirent dans l'échoppe d'un cordonnier et en ressortirent quelques instants après avec un rire satisfait. Ils laissèrent derrière eux des tentures enflammées et un incendie prêt à tout dévorer. Les bras chargés d'un coffre renforcé, ils eurent l'humeur moins joyeuse lorsqu'ils aperçurent la Justicière et son arme sanguinolente. Aussi prestes à fuir devant la menace qu'à saccager les boutiques sans défense, les malfrats se précipitèrent avec leur butin jusqu'à la place des quais.
— Réfléchir vite avant qu'une armée entière ne nous prenne en chasse, serait un adage plus adapté à la situation. Ces deux pisseux vont rameuter congénères à ne plus savoir où uriner.
Le petit bonhomme sortit des plis de sa cape la fiole qu'il avait récupérée plus tôt. Dans les ombres de son capuchon, son visage pâle rayonnait. Ses pommettes gonflées par son sourire renvoyaient un reflet argenté. Le prince des démons pivota vers le tumulte et souffla :
— Admirez mon œuvre.
Bulle de Savon, dans une marche funéraire, approcha à petits pas de l'esplanade. Sa traine mortuaire honorait par avance les morts à venir. Devant la devanture incendiée, des bris de glace glissèrent sur plusieurs toises, emportés par la cape trop longue du petit démon. À l'orée de la place, une première troupe de guerriers avertis par les pillards, attendaient la menace épées au clair. Les alentours des quais grouillaient de soldats. La foule compacte se déversait dans les rues avoisinantes, sans cesse alimentée par le navire de l'Émissaire inépuisable. Autour du vaisseau, plus aucun autre bâtiment maritime. Tous brûlaient et crachaient des colonnes de fumée noire.
Pour la première fois, sur sa gauche, Bulle de Savon put avoir une vision de la ville haute. Les escaliers à flanc de falaise croulaient sous le poids de l'envahisseur. Les hauteurs de la cité, autant que les quais, étouffaient sous la pression du nombre. Manidres mourrait, grignotée de toutes parts. Manidres se consumait sous le feu inquisiteur.
Devant l'apparition spectrale, les épées se levèrent. D'un pas dissimulé par sa toge, Bulle de Savon aborda le grouillement belliqueux. Devant cette approche aussi téméraire que suicidaire, le reitre le plus proche abattit son badelaire. La lame incurvée se brisa et tinta au sol sous des yeux médusés. Bulle s'arrêta. Il releva le menton et offrit à ses hôtes le plus merveilleux des sourires. La peur se distilla dans la troupe. Après un silence empreint d'épouvante, un homme cria sa détresse. Les coups de lames abondèrent en une tempête destructrice. Clavicule, bras, mains, cou, crâne, d'estoc ou de taille. À chaque impact, une fissure. Puis, une cascade d'aciers brisés et un bruissement continu de cliquetis métallique sur le dallage. Seules les poignées orphelines restèrent dans les mains crispées des guerriers décontenancés. Bulle de Savon reprit alors sa marche, aussi tranquillement qu'une balade sous un soleil printanier.
L'un des hommes de l'Empereur se jeta sur le monstre immortel ; comme repoussé par une aura protectrice, il bascula sur le côté et s'effondra au sol. Dans une mêlée prodigieuse, tous se ruèrent sur le petit être maléfique. Chacun culbuta à son contact. Nul ne parvenait à l'atteindre. Tous glissaient sur lui et percutaient le sol violemment. Pourtant, malgré l'avancée indéniable de l'insaisissable personnage jusqu'au cœur de la place, la pression de l'armée regroupée ne faiblissait pas.
Soudain, Bulle de Savon s'arrêta et s'assit à même le sol, jambes étendues. Comme s'il profitait d'une prairie fleurie d'achillées, il tapotait ses deux gros orteils l'un contre l'autre.
Agglutinés autour de lui, les soldats de l'Empire formèrent un cercle impénétrable. Le diamètre de cette prison humaine s'amoindrit peu à peu. L'armée resserrait son étau dans une approche lente et synchronisée. Si la force n'avait aucun effet sur le monstre, ils l'étoufferaient en douceur. Bientôt, la masse ensevelit le diablotin dans l'obscurité des cuirasses.
Depuis la ruelle délaissée, Velya, Fil et Krone assistaient à la disparition de leur compagnon sous l'amoncellement métallique. Suffisamment à l'écart de l'incendie de la cordonnerie, le jeune homme s'inquiéta du sort de son ami :
— Ne serait-ce pas le moment de lui venir en aide ? Il va finir par suffoquer sous cette montagne humaine. Sa bulle a beau être prodigieuse, sans oxygène, il mourra.
Fil enfonça son auriculaire dans une narine à la recherche d'une impureté irritante. Après l'échec de cette approche digitale, il se boucha le deuxième orifice et expira sèchement. Sortit alors une monstruosité visqueuse qu'il admira fièrement sur le sol. Comme s'il parlait à cette extraction peu ragoûtante, il commenta :
— J'pense que la trombe du prince des démons retentira sous peu et notre Savonnette inhalera à nouveau le bon air marin.
Une oreille attentive, parmi les soldats entassés, aurait entendu le bruit d'un bouchon sauter. Cette même oreille se serait alors étonnée d'ouïr une mélodie naïvement sifflotée dans un éclat de verre. Un frottement léger, en une percussion rythmée, accompagnait cette ambiance joyeuse. Le chuintement caractéristique d'une mèche allumée mit en alerte les hommes au contact de l'artificier improvisé. Les cris désemparés et les yeux exorbités par la terreur ponctuèrent la chansonnette. Bulle de Savon couvait son tonneau comme gallinacé dans un poulailler. Bulle de Savon s'agrippait à sa barrique comme moule à son rocher. Recroquevillé sur son précieux trésor, la masse d'une armée sur le dos, le démon s'esclaffa en un rire dément.
L'immense carapace d'acier se souleva en même temps que la détonation déchirât l'esplanade. Comme un tas de farine sur lequel un enfant malicieux aurait soufflé, l'armée se désolidarisa en un nuage volatile. Une centaine de guerriers fut projetée dans les airs, pour retomber des dizaines de toises plus loin, au mieux démembrés, au pire en bouillie difforme. Le souffle de l'explosion se répandit en une onde dévastatrice. Les pavés arrachés martelèrent les cuirasses. Le surnombre de l'envahisseur, d'abord un atout dans cette guerre, fut bientôt un malheur dans cette bataille. Renversés par l'onde de choc, les corps des uns écrasèrent la vie des autres. Les armes tranchantes quittèrent les mains meurtries et retombèrent en une pluie aiguisée. Des hallebardes traversèrent des torses, des épées tranchèrent des gorges et une myriade de coutelas lacérèrent les visages.
Dans la foule décimée, au centre d'un cercle nettoyé par le souffle, Bulle de Savon se releva, indemne. Les gémissements pour ovation, l'artiste salua son public conquis.
Depuis la ruelle, Fil applaudit allègrement. Il porta ses gros doigts à la bouche et siffla comme ivrogne dans un cabaret. À travers l'épaisse fumée noire que la boutique recrachait, il approcha d'un cadavre pulvérisé par la puissante explosion.
— J'dois bien admettre que sur ce coup-là, notre Savonnette est le plus grand des dramaturges. Bien évidemment Gamin, garde-le pour toi. Envoie-nous cette coque au fond des eaux. Notre petit prince t'a ouvert une voie royale. Montre à ta sœur ce qu'un caillou, dans ton monde de marbre, inflige à un arbre.
Krone enjamba le tronc humain et investit l'esplanade. Il laissa derrière lui Velya, arme au poing et Fil sourire encourageant aux lèvres.
Malgré l'hécatombe, l’explosion n’avait neutralisé qu'une partie des oppresseurs. Alertés par la secousse terrifiante sur leurs positions arrières, des hommes refluaient vers les quais. Renforcés par ces nouveaux combattants, les survivants du prodige démoniaque n'en restaient pas moins amorphes. Dans les vapeurs de la déflagration, une seconde silhouette, plus élancée, rejoignait la première. Si sa puissance rivalisait avec celle du son partenaire, alors les espoirs de survie étaient réduits à néant. Personne sur ces quais n'envisageait d'attaquer de front ces deux monstres. Guidés par la peur, la raison reprenant ses droits sur la barbarie, tous agirent de concert et attendirent.
Pour la première fois depuis que les horloges de la ville avaient sonné les onze coups, la nef de l'Émissaire cessa de vomir son armée. Des gabiers, secoués par la détonation, se massaient sur le ponton. Ils observaient, en première loge, le carnage qui les entourait.
Marchant sur les corps brûlés, piétinant les restes éparpillés, le démon gracile approchait du vaisseau, un pavé à la main. Sur les planches du quai, dans l'ombre de la caraque, il brandit la brique au-dessus de la tête. Tout-à-coup, le projectile se volatilisa. Dans un synchronisme millimétré, le bateau éclata comme coquille de noix. Rejoint par son complice, le démon contemplait l'équipage sombrer dans les eaux glacées. Puis, dans un dernier salut, les deux démons soudain, disparurent.
Coupée en deux par un coup de griffe magistral, la coque ouvrait son ventre à la mer. Le joyau de l'Émissaire s'effaçait peu à peu sous la ligne agitée des flots. Les fioles par milliers se déversaient dans les profondeurs. Dans leur prison de verre, ces soldats condamnés, torturés par la faim, attendraient une mort qui se ferait désirer. Au milieu des gréements dévorés par les flammes, en cette fin de matinée hivernale, le majestueux bâtiment tira sa révérence.
Très belle séquence d'action dans laquelle chacun se lâche au prix de certaines incohérences. Mais on y reviendra plus bas !
Tu déclares que ton chapitre est long mais comme on te l'a fait remarqué, l'introduction autour d'Aguil vient trop se poser tel un cheveu sur la soupe dramatique. Ok, c'est l'occasion de planter le postulat américain de Fil (taper puis cogiter), amené à évoluer, mais m'étant habitué à ton style, je m'attendais à une approche bien plus loufoque.
Certes, la troupe démoniaque souhaite venir en aide à Manidres et par défaut sauver un bastion du Parakoï mais quelque chose cloche en tant que lecteur. Ils vont joyeusement se taper contre les sbires fiolés de manière trop réflexive. Je veux dire, même si ce chapitre te permet de montrer au lecteur et à Velya les nouvelles prouesses du trio, il manque ce qui faisait son charme. L'exagération, la mise en scène, le décalage complet avec la réalité. Tout du moins, j'étais habitué à cela.
Attention, mes attentes de lecteur n'ôtent en rien ta très belle réalisation du chapitre. Disons que je m'attendais plus à un Fil en plein délire mélomaniaque, frustré qu'on lui vole la vedette et désireux d'apoposer la marque démoniaque à leur défense de la ville. Après coup, je me dis que vu que tu insistes sur son nouvel adage, peut-être souhaite-tu qu'il rentre un peu dans les rangs, à voir...
J'adore Velya en première ligne. Mais comme Flammy je trouve sa force et ses attaques revisitant l'anatomie pas trop crédibles. Qu'elle découpe à des points stratégiques est une chose, mais embrocher comme il est écrit me dérange un peu. On dirait parfois une mini-Hulk qui perd en grâce au nom du ravage.
Pour Bulle, son kadaboum non loin du groupe ne me gêne pas. Fidèle à lui-même, bien sadique sur les bords, bravo pour le petit sursaut explosif. Au début je n'avais pas trop saisi puisque tu parlais d'une fiole (et donc je m'interrogeais quant au fait qu'il disposait d'une arme d'Ydone) mais le reste de la lecture remettait les choses en place.
Krone sinon a été un peu mis de côté. Je m'attendais à un plus beau spectacle de sa part. Moi aussi j'ai du mal à saisir le visuel griffure à partir d'un lancer. J'aurais plutôt envisagé une pluie de météorites sur l'immense vaisseau. De manière hasardeuse et hautement destructrice, conséquence d'un mélange entre l'exaltation du combat et sa volonté d'impressionner sa soeur qui s'en est donné à coeur joie.
Voilà, ce ne sont que quelques pistes. Je me doute que tu rebondiras peu dessus, mais ce n'est pas grave, je m'habitue à force :p
Un tout petit oubli de mot sinon :
— Tu ponctionnes sur le butin guerre de ton roi, p'tit démon ? -> butin de* guerre ?
Au grand plaisir de te lire !
Je suis content que ce chapitre action t'ait plu. Les incohérences font partie de mon récit, le loufoque avant tout ^^
Je suis surpris que cette référence à Aguil ait autant dérangé mes lecteurs. J'ai relu plusieurs fois ce passage, et je ne le trouve pas si lourd que ça. Au contraire, ça souligne le côté déjanté du trio. Alors que la ville se fait attaquer de toute part, voilà qu'ils parlent de choses légères sur ce bon vieux Aguil. D'ailleurs, je crois que je devrais lui consacrer une nouvelle :)
Pareil pour ta remarque suivante... je trouve la charge de nos héros dans la ville assez déjantée, notamment l'explosion finale de Bulle TNT, qui sifflote tranquillement pour faire éclater dans une pluie de viscères tour ce joli petit monde, avec Fil qui commente derrière le spectacle sanglant, en se curant le nez et l'oreille, comme si tout ça était des plus normal. Dailleurs Velya est un peu désespérée au début dans le vestibule, devant tant de légèreté du trio dans un moment si dramatique.
Fil n'a pas fini d'être démago avec son délire démoniaque. Je pouvais pas tout casser ici, mais dans les chapitres suivants, il y aura pas mal de délires sur le Magnifique roi démoniaque qui ne supporte pas se faire voler la vedette (d'abord par Bulle puis par Ombelyne, tu verras ;))
En effet pour Velya, j'ai un peu abusé la brochette anatomique. Je me doutais qu'en écrivant cette scène, je perdais un peu en crédibilité. Mais elle est tellement cool non ? :p Velya, experte en barbecue ! C'est ce côté carnage/sans froid qui la rend si hype.
Pas mal l'idée d'une pluie de météorites, le visuel en serait que plus marquant. Une belle poignée de petits cailloux jetés en l'air, la chute serait digne l'armageddon. A voir où il trouve ces cailloux. Le pavé avait l'avantage d'être cité un peu avant.
"Voilà, ce ne sont que quelques pistes. Je me doute que tu rebondiras peu dessus, mais ce n'est pas grave, je m'habitue à force :p" > Je t'avoue que cette remarque m'a un peu surpris. J'ai plutôt l'impression de répondre à tous mes commentaires d'une manière précise et assez développée. Tous vos avis m'intéressent et m'aident dans la construction de mon récit !
Prochain chapitre : Ombelyne et ses talents de comédienne !
Un petit chapitre du matin !
Je vais rester un peu générale parce que je suis pas trop réveillée et que je vois que beaucoup a déjà été dit ^^'
J'aime beaucoup ce chapitre, c'est interdit de voir la dynamique que s'installe entre les personnages d'origine, Ombelyne et Velya.
Quelques points qui m'ont surprise ou un peu dérangée
> tu dis que le chapitre est long, et c'est vrai (pas long au sens lourd, mais oui sur téléphone c'est très long à lire). Si tu cherches des options pour raccourcir, tu as un dialogue "filesque" au début, et plusieurs descriptions auxquelles tu pourrais enlever quelques mots. Le lecteur sait très bien comment Fil fonctionne maintenant, donc ton dialogue de départ pourrait facilement être un peu plus court :)
> l'attitude de Ombelyne suggère une réaction très égoïste au danger, je la pense prête à laisser les autres mourir pour sa survie
> l'option "kaboom" choisie par Bulle sans en parler à ses copains me paraît un peu dangereuse. Il n'est pas articifier, on ne sait pas trop à quelle distance sont les autres, moi clairement je les voyais assez près pour voir dans le détail ce qu'il se passe, et du coup assez près pour prendre un éclat ou subir l'onde de souffle et devenir premier sourds.
> je n'ai pas vu la pluie arriver, et après un début de pluie qui a l'air assez intense tu n'en parles plus du tout, du coup ça m'a perturbée. Je pense que la pluie va aider à endiguer la propagation des flammes, mais dans ce cas peut être faudrait-il qu'on voit mieux l'orage qui couve, et que ensuite il se prolonge. En plus qui dit orage dit nuages noirs et boue, ce qui me paraît bien coller aux épanchements d'hémoglobines et aux panaches de fumée
Voilà ^^
A bientôt !
J'ai fait le choix effectivement de mettre directement l'intégralité des chapitres, peu importe la taille de ceux-ci. Je conçois que certaines lectures peuvent en être gênées, je suis le premier à découper mes lectures quand ça dépasse les 4k ^^
Ombelyne est très égoïste oui, elle râle mais elle est bien "contente" de rester à l'abri dans la maison, jamais elle ne serait sortie avec la troupe pour aller se battre. D'ailleurs, le trio ne se serait pas embêté à la trainer avec eux dans ce genre de situations...
J'imaginais la troupe assez éloignée de Bulle au moment de l'explosion, un peu à l'abri, caché derrière un coin de façade. ^^
J'espère que la suite te plaira. Merci pour ta lecture attentive !
Eh ben, ils y vont pas de main morte ! C’est rigolo de les voir en action les uns après les autres. Ils se défient et se flattent comme au théâtre, sûrs d’en sortir victorieux, ce qui apporte un petit côté comique qui contrebalance le charnier ! 😊
En gros, le chapitre fonctionne bien. J’aurais quelques chipotages plus précis :
- Fil rêve de détruire les Trois Pays et de mettre son pays à feu et à sang, mais ici, il se retrouve patriote et retourne donc sa veste en littéralement 2s. Pour moi, c’est une méga incohérence !
- Au tout début, l’urgence de la situation est diluée dans le fait qu’ils piétinent dans la chambre. D’ailleurs, un moment, je croyais qu’ils étaient sortis pour se plonger dans la mêlée, mais en fait, quelques paragraphes plus loin, ils sont toujours dans la chambre et Krone est même en chaussettes ! On se demande ce qu’ils foutent et pourquoi les soldats au-dehors se retiennent d’entrer dans leur auberge pour tuer et violer, alors qu’ils dévastent les autres sur le quai ?
- Autre point, pourquoi abandonnent-ils Ombelyn et le cocher à leur sort ? Ce ne serait pas incohérent qu’ils le fassent. Après tout, c’est des filous, mais il faudrait quand même une remarque ou un paragraphe qui montre qu’ils agissent comme des chiens. Sinon, on ne comprend pas.
Mes notes de lecture :
« Cependant, les Trois pays restent ma patrie. Chassons ces indésirables. Que le roi des démons vienne en aide, momentanément, au Parakoï détestable. Défendons les petites gens. Repoussons ces êtres, pour le coup, démoniaques.”
> Heu, n’est-ce pas l’opposé des idées défendues par Fil jusque-là ? S’il retourne sa veste, n’est-ce pas un peu rapide ? On aimerait connaître le cheminement de sa pensée.
« Voyons si votre attachement aux Trois pays est exemplaire. »
> Elle va être déçue…
> Edit : non, en fait, Fil est bel et bien… patriote dans ce chapitre ??? J’avoue que ça m’a laissé sans voix.
« Ils devaient rester à l'écart de cette escapade guerrière. »
> oui, mais s’ils restent ici, ils vont se faire massacrer ? À moins que le trio s’en foute, c’est pas impossible à priori ? Il manque une petite remarque ou un insulte de leur part.
« Que ferons-nous s'ils décident d'investir notre demeure ? Ils vont tout saccager, tout brûler, tout tuer. »
> En effet, c’est à ça que je pensais…
« Sans une Poigne entraînée pour l'appuyer, sa fidélité au Parakoï virait au suicide »
> En même temps, elle a tué tous ses hommes sur un coup de tête…
« Elle le regarda enfiler des bottes de cuir »
> Il enfile ses bottes ? Il est sorti dans la rue en chaussettes juste avant ?
« elle abaissa la poignée. »
> Je les imaginais déjà dehors, car avant tu avais la phrase : « De son pas lourd, il suivit la fratrie déjà partie » Donc ils sont déjà partis, mais en fait non ? Que font-ils dans cette chambre pendant des heures ? On ne ressent pas l’urgence de la situation s’ils peuvent prendre tout leur temps sans être inquiétés par les soldats. Les soldats attendent qu’ils remettent leurs chaussures ?
« Mon roi, pour pendre vos plumes bleues, ils sont bien coriaces. »
> Cette phrase est bizarre et on ne sait pas qui parle avant de lire la réplique suivante.
« elle se redressa sur un genou. »
« la deuxième cible mit genou à terre. »
« La Justicière se redressa »
> Attention aux répétitions : tout le monde est à genou. Et elle se redresse 2 fois.
« Derrière la Justicière, le cinquième soldat retrouvait tout juste la vue perdue. »
> Pendant ces 2-3 paragraphes, que font Fil et Krone ? Personne ne les attaque ? Et que font les autres soldats ? Ils ne sont pas que 5, mais une armée entière. On dirait qu’elle est soudain seule avec 5 soldats ? Où sont-ils ? Dans une petite ruelle ? Vers où essaient-ils de fuir ? Il me manque une phrase d’explication de leur plan de fuite.
« Fil courait aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient. »
> Je ne comprends pas pourquoi ils fuient en abandonnant Ombelyn et le cocher ? Pourquoi ne sont-ils pas venus avec eux ? Ils doivent être morts ou prisonniers à l’heure qu’il est ? Vers où fuient-ils ?
« Il tapotait ses deux gros orteils l'un contre l'autre »
> Bulle est pieds nus ? Il n’a pas eu le temps de mettre ses bottes dans la chambre lui ?
« Il laissa derrière lui Velya, arme au poing et Fil sourire encourageant aux lèvres. »
> Je mettrais une virgule après « Fil »
Un chapitre sympa, mais avec tout de même quelques petits bémols de cohérence.
Au plaisir de lire la suite 😊
"Dans la chambre, Fil ne détachait pas ses yeux du flot continu de soldats qui déferlait du navire de l'Émissaire"
"Velya, toujours silencieuse, regardait par la fenêtre"
> Je pensais avoir assez situé le lieu du début du chapitre. Tout le monde est dans la chambre et voit par la fenêtre l'armée de L'Émissaire envahir le port et la ville. C'est depuis cette chambre qu'ils discutent pour savoir que faire. Voila pourquoi ils n'étaient pas encore chaussé, ce qu'ils font donc naturellement avant de partir au combat et sortir pour de bon de leur logis.
Pour moi Fil ne retourne pas sa veste. Il n'est pas contre les Trois pays, au contraire. Il est juste contre ses élites qui font régner injustice et cruauté sur les petites gens. Son rêve n'est pas de mettre tout à feu et à sang pour le plaisir de détruire les Trois pays, juste de se débarrasser de l'élite telle qu'elle est pour mettre en place une société plus égalitaire, plus juste. Cela n'empêche pas d'être attaché à son pays et de vouloir le défendre quand un ennemi extérieur vient, pour le coup, tout raser et tout tuer. Ne rien faire pour moi aurait été pour le coup une grande incohérence. Il s'allie momentanément avec Velya, et donc le Parakoi, pour repousser l'ennemi commun, mais quand ça sera fait, il reprendra son entreprise révolutionnaire. Mais sinon, il est attaché aux Trois pays :)
Pour Ombelyne et le Cocher, je les ai laissés dans la demeure car pour le trio et Velya, ils allaient être plus dérangeant qu'autre chose dans les combats à venir. Le trio ne comptait pas fuir mais couler le bateau pour repousser en partie l'ennemi. Je voyais mal Ombelyne avec ses robes et ses froufrous en plein milieu des combats, clairement ce n'était pas sa place. Un peu la même chose pour le Cocher qui ne sait pas se battre et qui n'a aucun Don pour aider. Je pensais que leur absence des combats n'avait pas à se justifier plus que ça, le trio sortant pour faire un carnage, il allait de soi que les 2 autres restent en arrière et attendent leur retour.
Ceci dit, dans le chapitre suivant, on assiste à la bataille du point de vue d'Ombelyne et du Cocher, je ne les oublie pas !
Merci pour ton retour toujours précieux,
A bientôt
Le début avec la digression sur Aguil, je dirais que c'est peut-être un poil long. Ca va parfaitement avec les persos, c'est très dans le ton de tout et ça va très bien avec Fil, mais vu que c'est un poil long, je trouve que ça casse un peu le côté dramatique, mais surtout urgence de la situation (même si Krone essaie de recadrer), et j'ai pas trop compris l'intérêt de parler d'Aguil ^^'
Enfin bon, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'après, on rentre clairement dans le vif du sujet et que ça fait mal pour l'armée d'en face \o/ C'était assez jouissif de voir comment chacun peut utiliser son pouvoir pour bolosser ceux d'en face. Mais c'est vrai que je me suis demander, quand je vois à quel point les trois démons sont surpuissant dans cette situation, pourquoi ils ne sont pas tout simplement allé attaquer le château du Parakoï ? Ca aurait fait un peu mission suicide, mais ils auraient pu tenter de faire pas mal de choses, non ?
Sinon, pour les remarques plus terre à terre :
"D'un coup d'estoc puissant, elle enfonça la pointe de sa lame dans l’aine du premier guerrier." Tu dis ensuite qu'en retirant sa lame, elle l'éviscère, sauf que l'aine normalement, c'est sous les viscères et qu'il faudrait qu'elle soit quand même remonté pas mal avec sa lame pour atteindre les viscères. Mais là je chipote, soyons honnêtes.
"En une poussée intense, la pointe vint embrocher le cuir trop tendre d'un guerrier au niveau de la hanche pour ressortir de l'autre côté. La pique ensanglantée, continua son trajet déchirant et transperça l'avant-bras du quatrième moissonneur." Là par contre, j'ai beaucoup de mal à y croire ^^' Déjà qu'une pointe de hallebarde soit assez grande pour embrocher tout ça (parce qu'à la base de la pointe, ya le côté fer de hache et le bec, donc ça clairement, tu peux pas embrocher avec. Ca serait plus crédible avec juste une lance. Et puis au niveau de la hanche, c'est quand même des articulations assez costaudes, j'ai du mal à croire que Velya, même en guerrière très entraînée, ait la force pour traverser un corps à cet endroit là ^^" Surtout qu'il y a quasiment que de l'os et qu'il faut traverser le bassin de fois a priori, c'est pas rien.
"Coupée en deux par un coup de griffe magistral, la coque ouvrait son ventre à la mer." Là pareil, ça va être du chipotage, tu es prévenu. A priori, un pavé c'est lourd, Krone doit donc le lancer en cloche. Sauf que s'il le lance en cloche, c'est pas la coque sur le côté que ça aurait dû toucher, mais le pont du navire, non ? Bon, la je chipote vraiment, mais je me suis vraiment demandé à la lecture comment il allait lancer correctement son pavé vu que c'était lourd ^^'
Mais voilà, à part pour ce chipotage sur comment tuer les gens, j'ai vraiment bien aimé le chapitre, où on est à moitié entre l'horreur de la guerre et les démons qui font le cirque ='D Bon, je me demande vraiment comment Ombelyne et l'autre vont survivre dans ce foutoir et si c'est juste qu'ils vont réussir à se cacher assez longtemps ^^' En tout cas, j'ai beaucoup aimé le fait qu'Ombelyne ne se fasse pas d'illusion et comprennent bien la situation et ce qui risque de lui arriver =D
Au plaisir de lire la suite =D
Je suis content que ce chapitre t'ait plus, et que le mélange "horreur / cirque" ait été perçu de te part ! Je tiens toujours à ce que mon récit ait un côté loufoque, même dans les moments de tensions, quitte à ce que la crédibilité du bousin en soit entaché...
Merci pour toutes tes remarques anatomiques, on sent la prof de bio derrière le clavier :D
Pour le pavé, j'imaginais quand même que le vaisseau soit plus grand que Krone, donc même s'il lance le pavé en cloche, c'est le côté de la coque qui prend le choque et s'éventre après, en même temps que le fond de la calle. Mais pour le visuel le "coup de griffe" était plus parlant, même si dans les faits, tu as raisons, ce n'est pas exactement un coup de la sorte qui a éventré la coque.
J'espère que la scène d'action était quand même visuel de ton côté, et pas simplement dans mon esprit d'auteur quand je l'ai écrite, que ce soit les coups prodigieux de Vélya, ou alors Bulle, la tortue explosive...
"Bon, je me demande vraiment comment Ombelyne et l'autre vont survivre dans ce foutoir et si c'est juste qu'ils vont réussir à se cacher assez longtemps ^^'" > C'est justement le sujet du prochain chapitre ! La même bataille du point de vue d'Ombelyne... Ca vaut son petit détour je pense, en espérant que tout ça te plaise.
A très vite !
Oui oui, ne t'inquiète pas pour ça ! Ya juste au moment de mes chipotages où ça m'a sorti du truc, donc je les ai souligné, mais sinon c'était nickel ;)