Son repos fut court car une vague de froid la réveilla. Machinalement, elle tenta de remonter sa couette, mais elle n'était pas dans son lit. Elle se redressa alors pour regarder autour d'elle et réalisa qu'elle se trouvait dans un long couloir dont le sol était fait de dalles blanches et noire à la manière d'un damier. Les murs, eux, étaient couverts de feuilles et de racines dont la pousse avait créé des lézardes.
Au bout de ce couloir, jaillissait une lumière irradiante, beaucoup trop éblouissante pour pouvoir en identifier la source. Une petite secousse sortit Maïwenn de son étonnement, puis une seconde se fit sentir, plus intense cette fois. Soudain, les dalles sortirent du sol pour former un axe en pente lui faisant perdre l’équilibre et l'entrainant vers la lumière. Elle tenta de s'agripper à une racine, mais en vain. Les dalles devenues incroyablement lisses la firent glisser avec une telle rapidité qu'elle en perdit connaissance.
Quand elle rouvrit les yeux, elle était allongée sur l'herbe d'un jardin luxuriant dont les parterres abritaient des fleurs aux couleurs surréalistes. Maïwenn se releva et tourna sur elle-même pour contempler le paysage. Son regard fut très vite attiré par le ballet des abeilles butinant de-ci de-là et des libellules dont les ailes brillaient au soleil. Puis, elle s'approcha de la rivière qui coulait à sa droite et dont le bruit finissait cette ambiance enchanteresse.
Elle plongea sa main dans l'eau claire et vit des petits groupes de poissons dorés se cacher immédiatement sous les pierres couleur pétrole qui se trouvaient au fond. Ne voulant pas les effrayer plus longtemps, elle retira sa main et continua son exploration en suivant le cours de l’eau. À quelques mètres de là, se tenait un petit pont de bois recouvert de rosiers qui s'étaient enchevêtrés autour de ses rambardes.
De l'autre côté de la rive, de grands saules pleureurs formaient une haie de part et d'autre d'un sentier. Malgré une atmosphère plus inquiétante, Maïwenn décida d'emprunter ce chemin qui la mena à une clairière où trônait un kiosque à musique blanc. Elle s'en approcha, monta les quelques marches permettant d'y entrer et s'assit à l'intérieur. L'endroit était si désert et paisible qu'elle ferma les yeux et prit une inspiration.
— Maïwenn ?
Surprise, elle se leva d'un bond. À l'entrée du kiosque, se trouvait un homme, ténébreux. Ses mains étaient posées sur le cadre de l'entrée et il était resté sur la dernière marche comme s'il n'avait pas l'autorisation de faire un pas de plus.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle effrayée.
— Peu importe, répondit l’homme d’un ton neutre.
Il paraissait avoir beaucoup d’assurance. Le contraste entre ses cheveux très sombres et ses yeux vert clair lui donnait une allure inquiétante que son comportement impassible accentuait.
— Tu es folle, reprit-il calmement.
— Quoi ?
— Tu es folle. Je suis ton subconscient et je viens te le dire, pour ton bien, insista l’homme mystérieux.
Ses bras étaient maintenant croisés sur sa poitrine et ses pieds bien ancrés sur les marches.
— Je n’y crois pas une seconde, rétorqua Maïwenn.
L’homme sembla agacé de son incrédulité, mais il se força à sourire.
— Vraiment ? reprit-il, moqueur. Tu vois une autre explication à ce qui s’est produit dans la ruelle ? Tu es en train de basculer dans la folie, mais tout n’est pas perdu, fais-toi aider, oublie ce que tu crois avoir vu. Ça vaut mieux.
— Fous-moi la paix ! s’emporta Maïwenn.
Sa réaction fit rire l’homme aux éclats.
— De toute façon, personne ne peut croire à ton histoire, nargua-t-il.
— Va-t’en, va-t’en ! hurla-t-elle.
C’est alors qu’un bruit sourd se fit entendre. Elle tourna la tête en direction de celui-ci et vit une tornade qui fonçait droit sur eux. Elle resta quelques secondes immobile, paralysée, puis descendit du kiosque et courut vers le pont, pour se mettre à l'abri. Avant d’y arriver, elle jeta un dernier regard vers l’homme qui regardait la tornade sévir d'un air étonné.
— Souviens-toi de ce que je t’ai dit. Si tu veux que je te laisse tranquille, tu sais quoi faire ! lui cria-t-il avant de disparaître.
La tornade quant à elle, avait gagné du terrain. Elle s'abattit sur le kiosque à musique, le détruisant en quelques secondes, puis sur Maïwenn. Cette dernière se mit à courir à travers les saules pleureurs, il fallait absolument qu'elle rejoigne le pont si elle voulait s'en sortir, mais c'était peine perdue, la tornade était plus rapide. Elle la souleva du sol en la faisant tourbillonner comme une poupée de chiffon au milieu des branches d'arbres et autres débris du kiosque. La force des vents était telle, que Maïwenn perdit connaissance une nouvelle fois.
Elle se réveilla en sursaut dans son appartement et s'extirpa tant bien que mal de son lit, la bouche pâteuse due à l'absorption des somnifères de la veille.
C'est la dernière fois que je prends ces cochonneries pour m'endormir, se jura Maïwenn en se garant sur le parking de la Breizh Connexion.
J'ai été vraiment prise au dépourvu quand l'homme lui a dit qu'il était sa conscience ! C'est plutôt très original, je trouve.
Alors est-ce vraiment une hallucination ? Est-ce que cet homme a quelque chose de vrai (et auquel cas ce serait encore plus bizarre qu'il lui dise être son subconscient) ou est-ce qu'elle l'a inventé de toute pièce... On verra ça !
Bon petit chapitre en tout cas.
Le description du jardin est splendide. Juste... Wahou. J'ai très envie de m'y reposer, tout semble tellement parfait ! Mais bon, si c'est uniquement dans les rêves de Maïwenn, je préfère quand même éviter ;-)
Concernant cet homme : je le trouve très imbu de lui-même, haha ! Mais je saurais pas dire pourquoi, et peut-être que je me trompe totalement. J'ai aussi trouvé très intéressant, la façon dont il se présente à Maïwenn : d'abord, peu importe qui je suis, et après, mais je suis ton inconscient, écoute-moi !!!
Enfin voilà, je trouve ton style toujours fluide et agréable <3
Merci encore (je me répète mais c'est sincère!)