Un nouveau toit

Il pleut.

Depuis des semaines. Tout est noyé de brume.

Malgré la nuit noir, le bruit des gouttes de pluie frappant tut ce qu’elles touchaient se faisait toujours entendre quand Auxane sortit en courant de la taverne ou la traitait comme une esclave, cette taverne maudite où elle s’est retrouvée, payée une misère et souffrant du fouet d’un maître colérique.

Si elle y retournait, c’était ce qui l’y attendait.

Mais elle n’y retournerait pas. Plus jamais. Auxane se crispa pour ne pas pleurer malgré les pires passages de sa vie, imprimés sur sa rétine, qui la harcelait.

Se ressaisissant, elle prit sa décision :

« Dans ce, cette … auberge que j’ai si souvent croisé. C’est là que j’irai. La patronne est si gentille malgré son attitude stricte… Elle trouvera sûrement une place dans son personnel, comme serveuse peut-être ! J’en suis certaine. »

Elle soupira, secoua ses cheveux frisés couverte de gouttelettes et, forte de ses nouvelles convictions, se mit en marche, son sac à dos usé contenant ses maigres possessions se balançant sur son épaule.

« Alors… se dit-elle, première à droite, troisième à gauche… »

Beaucoup d’étrangers pensaient qu’il était dur de s’y retrouver dans le dédale de ruelles du centre-ville de Carissont. Il n’y avait pas de transport en commun dans cette petite ville, seulement des chevaux que des loueurs prêtaient aux touristes contre une somme considérable d’or. Auxane les détestaient.

En outre, les mauvaises rencontres étaient fréquentes dans ces ruelles sombres. Il était dangereux d’y rester seul la nuit, et même si elle savait parfaitement se défendre, Auxane pressa le pas.

Enfin, elle arriva devant le restaurent, trempée jusqu’aux os. De grosse lettre en rouge indiquait son nom mais Auxane ne prit pas le temps de le déchiffrer. Elle n’était pas là pour ça.

Le restaurent n’était plus ouvert aux clients, mais la propriétaire, Laurelle, alias la Matrone, regardait la pluie en fumant, accoudée à une fenêtre du rez-de-chausser. Elle ne l’avait pas encore vue, mais heureusement, elle ne dormait pas.

Auxane souffla un coup et s’approcha. La tenancière la vit avant qu’elle n’ai put ouvrir la bouche et se redressa.

– Auxane, l’accueillit-elle. Que fais-tu là, en pleine nuit ? Et trempée en plus ! Viens vite te réchauffer dans la cuisine !

Auxane accepta l’offre de bon cœur, et quand la tenancière lui demanda la raison de sa venue avec l’air de quelqu’un qui connaît déjà la réponse, ce fut le corps réchauffé et enveloppée dans une couverture qu’elle lui répondit.

– Je me suis enfuis de la taverne.

– Ah, quand même, sourit Laurelle, que cela ne semblait pas surprendre. Depuis le temps que je te dis que cet endroit n’est pas très fréquentable …

Auxane lui rendit son sourire : quel euphémisme ! Elle ferma les yeux et inspira profondément avant de demander :

– Vous voulez bien m’engager ? Dans votre restaurent ?

Il était clair que la Matrone s'attendait à ce qu'elle pose cette question, car elle sourit de toutes ses dents. Auxane choisit de ne pas s’attarder sur leur couleur.

– Je doit bien avoir une petite place de libre, comme serveuse peut-être … ça t’ira ?

Auxane ne trouva même pas les mots pour lui exprimer sa gratitude, mais le regard que lui lança Laurelle lui fit comprendre que la vieille femme avait comprit, sans qu’elle ai besoin de se répandre en remerciements. Elle soupira.

– Vous ne pouvez savoir ce que j’ai enduré dans ce bar, dit l’adolescente.

– Ho que si, autant que toi.

Auxane la regarda, attentive, attendant le récit qui ne manquerait pas d’arriver.

- Hé oui, j’ai travaillé dans un de ces établissement honteux quand j’étais jeune. Elle pullulait d’ivrognes et de joueurs de cartes, empestait la fumée et la pourriture. Mais je n’y ai pas travaillé longtemps, j’ai fugué comme toi. Sauf, bien sûr, que n’avais pas assez d’argent pour vivre. À l’époque ils donnaient encore moins que maintenant… Moi je n’avais pas l’issue de secours « restaurent de Laurelle » pour me sauver la mise… (elle lui fit un clin d’œil). Donc, cesse de croire que je ne te comprend pas : la misère n’a pas été inventé par ta génération.

Auxane sourit, gênée par ce flot soudain de confidences. Pendant le récit, la voix de la Matrone était passé de nostalgique à triste, puis de triste à en colère, sûrement contre tous les gens qu’elle avait rencontré dans les bas-fonts de la ville… Quels tourments lui avaient-ils fait subir ? Certainement le pire.

– Je vous serais redevable toute ma vie, dit-elle, pour changer de sujet.

– Ne le soit pas. Je te l’ai dit, c’est tout naturel. D’ailleurs, tutoie-moi. Je te ferais parvenir une robe de serveuse dans ta chambre, elle te servira pendant ton service ici. Tu devrais aller te reposer, tu as l’air très fatiguée. Tu commenceras demain matin. Rend toi à la cuisine ; c’est la pièce tout au fond, à droite de l’entrée. J’y mettrai quelqu’un qui t’expliquera comment fonctionne cette auberge. C’est très différent de l’établissement dans lequel tu as passé ta vie. Ta chambre et au quatrième étage, couloir de droite, troisième porte à gauche.

La tenancière lui tendit une clé minuscule suspendu à une cordelette tandis qu'Auxane se répétait les instructions pour ne pas les oublier.

- Met-là autour de ton cou quand tu travaille, ça t’évitera de la perdre. Je suis contente que tu sois parmi nous maintenant.

Elle sourit, la mine joyeuse.

- Passe une bonne nuit !

- Vous … Toi aussi, rectifia-t’elle en voyant la mine faussement horrifié de Laurelle devant son vouvoiement.

Mais Auxane se demandait comment elle avait fait pour prévoir une chambre avant même de savoir qu’elle viendrait .. à moins que ce ne soit qu’une chambre libre ? Elle n’osa pas poser la question et s’en fut après un dernier regard reconnaissant.


 

La jeune fille suivit les indications de la tenancière à la lettre : elle grimpa l’escalier étroit qui menait aux étages supérieurs et, une fois arrivée au quatrième, elle ouvrit la dernière porte du long couloir grâce à sa nouvelle clé. Sa chambre était petite, avec une grande fenêtre donnant sur les toits de la ville. La pièce contenait une commode, une étagère à cintre et un lavabo à côté duquel étaient accrochée à un clou une serviette et un gant. Trois autres gros clous servaient de porte-manteaux. Un petit lit et un matelas l’attendaient contre un mur. Sur une minuscule étagère murale, on avait posé des draps, une couverture et un oreiller. Auxane s’en saisit et en recouvrit son lit.

La chambre, simple mais douillette, avait été nettoyée il y peu. Et elle ne croyait pas a hasard. Elle sourit en remerciant silencieusement Laurelle.

Puis elle suspendit son manteau au clou, se débarbouilla la figure et les mains, se déshabilla à la va-vite et s'effondra sur le lit.

Elle s'endormit instantanément.

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Makara
Posté le 06/04/2020
Bonjour à toi !
Merci d'avoir ajouté Sillages dans ta PAL, j'espère que mon histoire va te plaire !

Alors en lisant ton chapitre, je me suis dis que tu devais soit débuter dans l'écriture soit être jeune^^ (ou les deux :) )
En tout cas, bravo d'avoir le courage de poster ton histoire, ce n'est pas facile de la livrer aux regards extérieurs !
Dans l'ensemble, je te conseillerai de bien te relire et de passer ton texte à un correcteur orthographique, il y a de nombreuses fautes qui pourraient être évitées. Je t'en ai corrigé pas mal dans la suite de mon commentaire. Mets ensuite bien à jour ton chapitre car sinon tu risques de perdre de nombreux lecteurs qui vont bloquer sur les coquilles alors que ton texte mérite le détour ^^ :D
Remarques et coquilles (elles sont entre parenthèses)

Malgré la nuit noir(e), le bruit des gouttes de pluie frappant t(o)ut ce qu’elles touchaient se faisait toujours entendre quand Auxane sortit en courant de la taverne ou la traitait comme une esclave, cette taverne maudite où elle s’est retrouvée, payée une misère et souffrant du fouet d’un maître colérique.
=> Cette phrase est très longue, tu devrais la couper.

Elle soupira, secoua ses cheveux frisés couverts de gouttelettes et, forte de ses nouvelles convictions, se mit en marche, son sac à dos usé contenant ses maigres possessions se balançant sur son épaule.
=> Idem, tu pourrais couper cette phrase.
Auxane les détestaient (détestait).
Enfin, elle arriva devant le restaur(a)nt, trempée jusqu’aux os. De grosses lettres en rouge indiquaient son nom => (j'ai corrigé directement les fautes)
Le restaur(a)ent n’était plus ouvert aux clients, mais la propriétaire, Laurelle, alias => Cela fait très contemporain comme terme.
la Matrone, regardait la pluie en fumant, accoudée à une fenêtre du (rez-de-chaussé).
La tenancière la vit avant qu’elle n’ai(t) pu ouvrir la bouche et se redressa.
Auxane accepta l’offre de bon cœur, et quand la tenancière lui demanda la raison de sa venue avec l’air de quelqu’un qui connaît déjà la réponse, ce fut le corps réchauffé et enveloppé dans une couverture qu’elle lui répondit.
=> Idem, phrase trop longue.
Je me suis enfui(e) de la taverne.
Je doi(s) bien avoir...
Auxane ne trouva même pas les mots pour lui exprimer sa gratitude, mais le regard que lui lança Laurelle lui fit comprendre que la vieille femme avait compris, => Un peu lourd.
Auxane la regarda, attentive, attendant le récit qui ne manquerait pas d’arriver.
Sauf, bien sûr, que (je) n’avais pas assez d’argent pour vivre. (..) Donc, cesse de croire que je ne te comprend(s)pas : la misère n’a pas été inventé(e) par ta génération.
Pendant le récit, la voix de la Matrone était passé(e) de nostalgique à triste, puis de triste à en colère, sûrement contre tous les gens qu’elle avait rencontrés dans les bas fonds de la ville… Quels tourments lui avaient-ils fait subir ? Certainement le pire.
Rend(s)-toi à la cuisine 
La tenancière lui tendit une clé minuscule suspendu(e) à une cordelette
Met-là autour de ton cou quand tu travaille(s)
Vous … Toi aussi, rectifia-t-elle en voyant la mine faussement horrifié(e) de Laurelle devant son vouvoiement.
(...)
La chambre, simple, mais douillette, avait été nettoyée il y peu. Et elle ne croyait pas a(u) hasard. Elle sourit en remerciant silencieusement Laurelle.

Voilà, j'ai relevé les coquilles les plus évidentes :)

Alors en ce qui concerne le fond de l'histoire. Pour l'instant, je suis accrochée, on a envie d'en savoir plus sur Laurelle qui n'a pas l'air d'avoir eu une vie facile. C'est vrai que la proposition de ténancière est vraiment très sympathique et tombe à point nommé. Comme Laurelle, je trouve cela presque louche !
Bref, en tout cas, je t'encourage à poursuivre et je lirai la suite avec plaisir ! Bon courage pour la suite:)
Makara
Luciole Mape
Posté le 06/04/2020
Tu as raison, je commence à écrire ET je suis jeune... Je ne m'était pas rendu compte qu'il y avait autant de fautes ! Je suis vraiment contente que mon premier chapitre te plaise. J'ai longtemps hésité avant de commencer à publier, parce que j'avais peur des critiques. Mais ça fait vraiment du bien d'avoir un regard extérieur ; ça fait quand même 3 ans que j'ai l'ai commencé et il n'y a jamais eu que moi pour le juger !
En tout cas il est écrit, je vais poster la suite ce soir. Et corriger mes fautes. Si je les vois ...
J'espère que cette suite en question te plaira ! Et (même si c'est légèrement démoralisant...) si tu as le temps, tu pourras me montre les fautes ? Merci !
Luciole Mape
Posté le 06/04/2020
Juste un détail : tu as dis que c'était Laurelle qui trouvait la proposition louche. Or c'est Auxane.
Luciole Mape
Posté le 06/04/2020
Juste un détail : tu as dis que c'était Laurelle qui trouvait la proposition louche. Or c'est Auxane.
Makara
Posté le 06/04/2020
Recoucou Luciole !
Je lirai la suite avec plaisir. Dans tous les cas, tu as bien fait de poster ! Il faut bien commencer ! Et surtout c'est comme cela que l'on progresse ! Moi aussi au début, je n'avais pas de regard extérieur, en arrivant sur PA, j'ai pu trouvé de supers bétalecteurs et elles m'ont vraiment aidé à progresser ! L'écriture c'est comme un sport ! Il faut pratiquer pour progresser et écouter les conseils :p
Je comprends que tu trouves que cela soit un peu démoralisant le relevé des fautes, moi aussi je le prends mal quand on en trouve dans mon texte^^ Mais bon, on a souvent peu de distance par rapport à son texte.
C'est pour ça qu'il est important de le faire lire !
Tu as raison, j'ai inversé les deux noms, je pensais à Auxane et j'ai mis Laurelle, sorry :/
Bon courage pour la suite de l'écriture !
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