— Aux lances ! Défendez le navire !
Le cri du capitaine se perdit dans l’explosion d’une vague, alors on sonna la cloche pour avertir l’équipage. Était-ce seulement nécessaire ? Tous avaient entendu le grondement qui était monté de la mer. Les marins se ruaient sur le pont de la caravelle, courbant l’échine pour affronter les rafales de pluie et d’écume. La houle n’était rien face à ces vibrations qui remontaient des profondeurs. Fébrile, le mousse restait plaqué contre le mât central, les yeux rivés sur ces cordes qui se déroulaient vers l’obscurité du bordage. La vie de chaque homme ne tenait plus qu’à ce pauvre lien noué sur leur torse pour empêcher la bête de les prendre. Le jeune garçon reporta son attention sur le Protecteur, chercha un signe d’espoir dans sa silhouette stoïque au milieu de la tempête. Sa cape d’un violet sombre luisait à chaque éclair, les embruns glissaient sur la soie sans l’imbiber.
Aucun d’eux n’avait jamais vu de Protecteur avant ça : ces gens-là quittaient rarement les belles cités du royaume. Que celui-là se soit trouvé aux colonies, et qu’il ait choisi leur navire pour le retour au pays relevait du miracle. Grâce à lui, ils avaient évité les récifs et, les Fondateurs soient loués, ils avaient échappé au pire de la tempête… Et puis le démon avait surgi des abîmes de l’océan noir, réveillé par la faim. Le garçon avait eu le temps d’apercevoir un œil plus large que celui d’une baleine, et des tentacules pareils à des pythons nacrés grouillant au milieu de l’écume. Il tremblait à l’idée que cette chose l’emporte par-dessus bord. Le Protecteur, lui, contemplait la houle d’un air absent, réagissant à peine aux vagues qui s’écrasaient sur ses chevilles. Ses lèvres formaient des phrases inaudibles tandis qu’il lisait dans le vent le signe de leur naufrage.
— Pas besoin d’être devin pour savoir que le Nautile va attaquer ! cracha Manteg, le timonier. Il en veut pas à notre chair, il a faim de magie !
La présence du Protecteur les avait-elle tous condamnés ? Le mousse frémit quand un tentacule blanchâtre émergea d’une vague pour s’agripper au bordage. Aucune flèche ne l’arrêtait, aucune lance ne parvenait à le repousser. Face à la magie-flamme qui guidait le démon, leurs armes n’étaient que de vulgaires échardes.
— Par les flammes, reste pas planté là, petit ! Prends ta lance et défends le navire ou il nous fera couler !
Réveillé par le cri de Manteg, le mousse serra les doigts sur sa lance et mit son corps en marche. Un pas après l’autre, il avança vers ce bras qui menaçait de briser la coque. Ne pas penser à ces vibrations venant de la mer. Se mêler au combat et ne pas songer à la mort qui l’attendait. Trois hommes étaient tombés, fauchés par un second tentacule. Il aidait l’un d’eux à se relever quand il se sentit tomber à la renverse. Le Protecteur avait arraché la lance de ses mains avant de le repousser sur le pont balayé par l’écume. La coque explosa au même moment, juste où il s’était trouvé. Le Protecteur ne laissa pas le temps au tentacule de se retirer. Un sang couleur d’encre gicla sur les planches quand la lance perça la membrane translucide. L’océan se déchira en grondant pour révéler un œil sombre au milieu de l’écume. C’était le moment que le Protecteur attendait. Il arracha son arme de la chair violacée pour la jeter vers la mer.
Le mousse ne vit pas la lance atteindre l’oeil, mais il sut qu’elle avait touché au but au cri sourd qui remonta des flots. Le tentacule meurtri s’agita frénétiquement, cherchant aveuglément sa proie, avant d’être sectionné brusquement : le Protecteur avait attendu le dernier moment pour révéler l’épée sous sa cape. Aussitôt, une complainte remonta en vibrations assourdissantes. Le mousse retint son souffle, craignant la vengeance du Nautile. Non. La bête avait renoncé. Son cri s’éloignait peu à peu vers les profondeurs. On n’entendit bientôt plus qu’un gémissement chargé de funestes promesses, qui les prit tous aux entrailles.
Aux pieds de l’équipage, le membre amputé continuait de convulser et d’expulser des gerbes de pus bleuâtre sur le pont. C’était un serpent fétide qui se tordait et s’étirait dans l’espoir d’atteindre enfin sa proie. Le Protecteur recula pour lui échapper et abattit son épée pour clouer l’horreur aux planches du navire. Ainsi emprisonné, le bras ne cessa pourtant pas de se tortiller.
Une éternité s’écoula avant que l’équipage se rende compte que la lutte était finie. On soupira, on remercia les Fondateurs, on trébucha au milieu des débris et du sang pour s’étreindre. Manteg jura en constatant les dégâts. Ils avaient perdu une partie de leur cargaison, le pont avait besoin de réparations et la bête leur avait fichu une telle frayeur qu’ils peineraient à recruter une fois rentrés à Ayjaell… Pourtant ils étaient tous sains et saufs. Et c’était bien la première fois qu’un équipage revenait entier après avoir croisé la route d’un Nautile. Alors Manteg s’avança vers le Protecteur et s’inclina devant lui.
— Les Fondateurs soient loués de vous avoir envoyé à nous, Maître Lyron. Sans votre intervention, on aurait rejoint le royaume des morts…
Le Protecteur contempla sa main tendue et ne fit aucun geste pour la saisir.
— Le Nautile est une créature de magie-flamme. Son sang est un poison mortel pour les Élus des Fondateurs.
Il n’eut pas besoin de désigner les traînées sombres qui couvraient les doigts du timonier : il comprit de lui-même et laissa retomber son bras, confus. Sans lui laisser le temps de s’excuser, Lyron déclara :
— La tempête va se calmer d’ici l’aube, vous en profiterez pour réparer ce côté de la coque. Vous ne serez pas satisfait du résultat, mais ça tiendra jusqu’à Ayjaell.
Manteg lui adressait un regard incrédule. Pourtant, aux yeux de Lyron, il était déjà en train de hocher la tête et de le remercier. Le mousse, quant à lui, ramasserait son épée et se chargerait de la nettoyer en signe de gratitude. Leurs visages à tous deux, désormais, se paraient de rides. Son intervention avait permis de repousser la date de leur mort.
— Gardez le tentacule, certains apothicaires les achètent à bon prix au marché de Solastène. Cela devrait couvrir vos frais.
Lyron n’attendit pas que le présent rattrape sa vision. Il salua l’équipage abasourdi d’un hochement de tête et fit volte face pour regagner le pont inférieur. La suite se déroula comme il l’avait vue : Manteg le remerciait en s’inclinant, le mousse se dirigeait vers son épée, mais Lyron n’était plus là pour le voir. Peu importait la gratitude des hommes, il n’était qu’un Protecteur au service des Dieux.
De retour dans sa cabine, Lyron saisit sa cape violine avec des gestes lents pour éviter le contact de sa peau avec les éclaboussures noires, et inspecta ses vêtements avant de retirer ses gants de cuir. Il s’approcha de la lampe à huile, suspendue près d’un miroir crasseux, tira en arrière ses cheveux pour dégager les boucles qui lui couvraient le front. Ses pupilles noires et son front n’avaient pas changé d’aspect. Puis sa main se figea dans l’air lorsqu’il aperçut la tache blanche sur son cou. Juste sous l’angle que formait sa mâchoire, sa peau brune avait perdu toute couleur. Toute chaleur, toute sensation également. La peau à cet endroit était morte, vidée de son essence par une goutte de sang de Nautile. Il n’était pas infaillible, cependant il avait évité le pire : quatre hommes, en plus de lui, auraient été emportés par le démon sans l’aide de la magie.
Lyron soupira. Le Nautile Noir avait dû être désespérément affamé pour s’attaquer à un navire d’hommes armés. Bien plus affamé que les démons des colonies, Lyron avait pu le constater : ceux-là vivaient dans l’opulence de la magie. Mais elle se tarissait à mesure qu’ils s’éloignaient des Terres du Nord. Dans quel état allait-il retrouver le royaume ? Il l’avait su avant son départ et n’avait cessé d’y songer depuis lors : la magie des Fondateurs abandonnait Ayjaell. Chaque nuit, les Dieux le lui rappelaient à travers elle. Chaque nuit, il entendait sa voix. Il n’avait qu’à fermer les yeux pour rappeler la vision qui le hantait.
La lueur nacrée irradiant sur ses joues. C’était la première sensation qui lui venait, alors qu’il se découvrait debout au cœur de la capitale. Des milliers de Protecteurs s’étaient rassemblés au pied de la tour de Rochelune. Son dôme brillait en plein jour, comme un astre au milieu des hommes. Un astre qui, très vite, venait à pâlir. Un crépuscule inéluctable tombait sur le royaume alors que la pierre s’éteignait et que le vent se levait pour emporter avec lui son éclat. Des milliers de copeaux de lumière se détachaient peu à peu de la tour et se laissaient charrier par le courant. Quand Lyron se tourna vers le Nord pour les suivre des yeux, il s’aperçut que les Protecteurs s’effaçaient eux aussi, les uns après les autres. De milliers, ils n’étaient plus que des centaines, et le néant poursuivait son œuvre. Le froid remplaçait la chaleur, le vide remplaçait la magie. Le chaos avalait le silence.
C’était une clameur, d’abord, qui montait du port. Les cris enragés d’une armée ennemie envahissaient Solastène pour la mettre à feu et à sang. Derrière cette première ligne de meurtriers, le pire était encore à craindre. La magie éclata en éclairs, en tornades, en rafales d’acier, portées par une centaine de Protecteurs de Logas. Les mages d’Ayjaell étaient trop faibles, trop peu nombreux. Lyron restait figé, contemplant le massacre des siens. Il ne tourna la tête qu’au moment d’apercevoir l’aigle gravé sur l’armure noire. Valonar Sowr, Roi de Logas, s’avançait vers lui. Sa main tenait la garde de son épée, pourtant il n’avait nul besoin d’elle pour l’affronter. Un seul regard, et il était perdu. Lyron dégaina son épée à son tour, mais fut vaincu avant même de lutter. Sous le contrôle de Sowr, il ferma les yeux et retourna la lame pour la plonger dans ses propres entrailles.
Le néant avait gagné. Lyron se retrouvait à flotter dans un silence opaque, sans chaleur. Puis la vision s’emballa de nouveau, happant son corps vers la lumière. Il prenait de la vitesse, il sentait le vent fouetter son visage et la mer glisser sous son regard. Il volait au-dessus des vagues, tiré vers le Nord par un courant de lumière. Il voyait se dessiner un rivage, et une silhouette familière sur la côte. Son cœur bondissait à la vue de ces cheveux blonds flottant dans le vent, et il aurait voulu filer plus vite encore pour avoir le temps de caresser son visage. Felyen ! Il était presque à sa portée quand elle tourna le dos et lui désigna une ombre au milieu de la jungle. Une autre silhouette féminine. Elle n’était qu’une forme noire aux contours scintillants, mais il savait. Il sentait. Il voyait. Jamais la magie n’avait ainsi émané d’un corps, soulevant ses cheveux longs de son souffle doré, projetant son éclat jusqu’à la peau de Lyron. Il frémissait dans son sillage, terrifié par la puissance sauvage qui se dégageait d’elle, fasciné par l’espoir qu’elle suscitait en lui.
Alors Felyen chuchota à son oreille.
« La magie est au Nord »
Lyron refusa de rouvrir les yeux. Il aurait voulu retenir Felyen, entendre encore l’écho de sa voix, mais elle n’était qu’un souvenir. Alors il serra le poing et lui fit la promesse de revenir en Terres du Nord. Bientôt. La volonté des Fondateurs s’accomplirait, il en faisait le serment.
Merci pour ce magnifique prologue! Puissant et poétique, il place un contexte intriguant et propose une voie de développement pour la suite qui ne peut que donner envie de continuer la lecture.
J'aime beaucoup les noms que tu donnes à tes lieux et à tes personnages, au passage. Lyron, Valonar, je trouve ça très classe.
Hâte de lire la suite !
La scène révèle également des enjeux plus vastes, tels que le déclin de la magie dans le royaume d'Ayjaell et le rôle crucial du Protecteur dans cette situation. Le passage de l'espoir à la désillusion est poignant lorsque le Protecteur réalise l'étendue de la menace. La vision de l'avenir offre une perspective intrigante sur les futurs événements du récit.
L'auteur parvient à créer un univers riche et complexe en utilisant des descriptions évocatrices et une intrigue bien ficelée. Le texte invite le lecteur à se plonger davantage dans cet univers fantastique, plein de mystères et de dangers, tandis que le personnage du Protecteur soulève des questions sur son rôle et son lien avec la magie. C'est un début prometteur pour une histoire captivante et palpitante.
Il y a un contraste entre le prologue et la suite du récit mais j'espère que la suite te captivera tout autant :)
C'est bien la finesse de ta plume qui m'amène à ton histoire :)
J'ai adoré ce prologue, tu nous plonges dans une scène d'action vraiment bien décrite, claire, et je trouve Lyron déjà très attachant, bravo
Pour ma part je n'ai pas été gênée par le changement de point de vue, je l'ai trouvé clair et très bien mené, cela enrichit ce début d'histoire.
J'ai bien envie de découvrir qui est cette personne mystérieuse, pleine de magie et de puissance !
J'apprécie vraiment ton style littéraire :)
Ayunna
ça faisait longtemps que je voulais commencer ton histoire et enfin me voici ^^
C'est un premier chapitre très dynamique que tu nous présentes, on n'a pas le temps de s'ennuyer, il s'y passe plein de choses, l'action est bien au rendez-vous ! Et en même temps, avec des p'tits phrases et des expressions par-ci par-là tu commences à nous laisser apercevoir des éléments propres à ton univers, juste assez pour titiller la curiosité, mais pas trop pour nous perdre !
Le personnage de Lyron est intriguant. On sent que sa froideur cache un vécu pas très réjouissant. Sa relation avec Feylen et l'étrange femme qui le captive interroge aussi, on se demande bien qui sont ces femmes ^^
Ton univers a l'air assez complet et riche, avec une géographie dense et beaucoup de personnages !
Ça donne envie de s'y plonger et de continuer en tout cas :D Bien joué héhé !
Au plaisir ;)
Mais je note !
A bientôt ;)
L'histoire pour l'instant est assez peu connue et il y a juste l'univers d'un peu installé donc je ne peux pas en dire plus, mais je lirai surement la suite vu que j'ai bien aimé. Il n'y a que le passage en italique qui m'a un peu perdu. Mais ça reste personnel. Je l'ai trouvé un peu flou et j'ai toujours un certain mal avec ce qui est trop onirique pour que je l'imagine clairement.
Voici quelques notes prises au cours de ma lecture :
Les Dieux ont libéré le monde de l'emprise des démons et ont chargé leurs Élus de protéger leur royaume. => est-ce que des élus ne sonnent pas meilleurs ?
Depuis des siècles, les Protecteurs sont les gardiens de la vie, transmettant la magie de père en fils pour lutter contre la magie-flamme. => la petite répétition de magie semble maladroite même si on sait qu'elle ne l'est pas :/. Est-ce qu'elle pourrait être remplacé par un synonyme comme énergie ou puissance, chaleur, je ne sais pas trop ahah.
les Fondateurs soient loués => très cool d'avoir des expressions propres à ton univers.
Le garçon ne vit pas la lance atteindre sa cible, => tu répètes beaucoup lance à ce moment, est-ce qu’"arme" ne serait pas meilleur dans cette phrase ?
On n’entendit bientôt plus qu’un gémissement chargé de funestes promesses => vraiment très jolie/poétique.
Pourtant ils étaient tous sains et saufs. => une virgule à pourtant ici donnerait beaucoup de poids à la phrase je trouve.
Il n’eut pas besoin de désigner les traînées sombres qui couvraient les doigts de Manteg = > Très sympa d'enrichir l'univers de cette façon. Des interactions entre les créatures ça sonne toujours crédible.
La suite se déroula comme il l’avait vue : Manteg le remerciait en s’inclinant, le mousse se dirigeait vers son épée, mais Lyron n’était plus là pour le voir => Ici je pense que tu n'as pas besoin de répéter les actions car il nous a déjà dit ce qui allait se passer.
La suite se déroula comme il l’avait vue : Manteg le remerciait en s’inclinant, le mousse se dirigeait vers son épée, mais Lyron n’était plus là pour le voir.
Voilà pour mes premières impressions. Bon courage dans ton écrit.
Je vais noter tout ça pour ma prochaine correction !
Le prologue nous plonge directement dans l'action =o Au moins, ça nous permet de voir directement que le monde est différents du notre, qu'il y a des créatures fort sympathiques et de la magie. D'ailleurs, j'aime beaucoup ta façon de montrer le pouvoir de voir dans l'avenir de Lyron, je trouve que ça passe très bien !
Il y a juste un point qui, personnellement, me parle un peu moins, c'est le changement de narrateur/point de vue au cours du prologue. C'est quelque chose qui me perturbe toujours un peu, même si je sais que c'est quelque chose qui se fait hein x) Mais là par exemple, j'ai eu un peu de mal à comprendre qu'on n'étais plus du côté du mousse.
En tout cas, cela donne envie de lire la suite pour en apprendre plus =D
Le fameux changement de point de vue... c'est une remarque qui revient souvent, j'ai eu tendance à en abuser ^^' J'ai corrigé ça à la réécriture mais sur le prologue je n'arrive pas à m'en passer. Il faudra que je revois la transition pour annoncer le changement de manière moins maladroite, peut-être.
Je suis venu par curiosité et je ne regrette pas le détour :) !
J'ai passé un très bon moment de lecture.
Dans un premier temps, c'est l'écriture qui m'a fait accrocher. C'est clair, riche, mais sans être trop dense. Les mots filent au rythme des évènements sans se perdre en inutiles détours.
Le second point qui m'a beaucoup plu est cette entrée en matière au cœur de l'action ! C'est très grisant je trouve :). Je me suis senti directement impliqué dans les évènements. Passée l'action, le contexte arrive petit à petit que l'on sent dosé pour n'être ni trop ni pas assez.
Je vais passer à la suite sous peu :).
Félicitations en tout cas !
C'est sympathique de savoir qu'il y a une pléthore de chapitres qui m'attendent hu hu hu !
La vision à la fin a-t-elle été changée ? J'en ai l'impression, mais ma lecture remonte à un sacré moment, du coup je ne suis pas certain.
En tout cas, je trouve que ce prologue est toujours aussi convainquant. Il pose les enjeux majeurs de ton univers, la magie-flamme, la disparition de la magie, la menace de Logas et les démons, à travers les yeux de Lyron. :)
Il semble que pas mal de commentaires viennent souligner des choses que j'ai remarquées. Je vais commencer par le "Mouais" si ça ne t'embête pas. Il est directement impacté par le pouvoir de ton personnage principal. Quelle difficulté tu t'infliges ! En voyant le futur et en étant au point de vue interne, je suppose que nous verrons, assez régulièrement, ce qu'il voit de l'avenir ! Combien cela sera difficile à gérer et à contrôler, dans ton écriture !
Ce "mouais" se transforme également en un réel "yeah !" de plaisir. Je m'explique : oui, il est difficile d'écrire une histoire intrigante puisqu'il peut voir l'avenir... mais je pense que si tu maîtrises bien ton sujet, cela pourrait être un merveilleux outil de narration, mêlant plusieurs temps et plusieurs réalités ! J'imagine déjà les possibilités et elles sont multiples !
Ta plume est vraiment très belle et est loin d'être simple. Elle s'appuie sur des structures que tu connais et que tu maîtrises et cela rend la lecture vraiment agréable ! Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai vu les scènes se dérouler devant moi (peut-être un peu moins pour la vision, puisque la plupart des personnages qui l'entourent ne nous sont pas encore connus... mais ça va avec l'idée du privilège du don).
Petite mention pour le Nautile qui est certainement une référence au Nautilus ! C'est bien penser et l'imaginaire fait le travail par la suite !
Vraiment, bravo !
Concernant Lyron, même s'il prend une place importante dans la suite du récit, il n'est pas le personnage principal. J'évite donc une grande partie des problèmes !
Ravie que le prologue t'ait plu en tout cas :)
Comme promis, je suis passé faire un tour par ici. Et je n’ai pas été déçu ! On ne s’ennuie pas, c’est le moins que l’on puisse dire !
Avant d’aller plus loin, je voulais te rappeler que mon commentaire est tout à fait subjectif et devrait certainement être jugé à l’aune d’autres pour en tirer des pistes d’améliorations.
Déjà, je tenais à te féliciter pour la structure de ce prologue. On commence dans l'action, ce qui te permet d'amener du contexte tout en légèreté. Ensuite, on a une vision qui nous place des enjeux qui ont l'air assez colossaux.
C'est un vrai début d'histoire avec les bons ingrédients pour interpeller lecteurs et éditeurs !
L'utilisation de "devin" et "Protecteur" amène une petite confusion, car tu attribues deux rôles à ton personnage. Si tu souhaites éviter les répétitions, utiliser "Lyron" à la place de "devin" pourrait éventuellement être une solution.
Quelques petites remarques sur la cohérence et l'univers :
Par habituer, j'ai imaginé un bateau type "caravelle", mais les descriptions sont restées très allusives à ce sujet.
Je me suis également demandé comment Manteg faisait pour voir Lyron aussi bien et pas du tout le tentacule arriver.
"Mais plus ils se rapprochaient du royaume d’Ayjaell, plus les démons semblaient dépérir. Hélas, cela ne faisait que confirmer ce qu’il savait déjà depuis des années : la magie quittait Ayjaell."
On aurait naturellement tendance à penser que c'est positif que les démons dépérissent. Non ?
"Lyron refusa de rouvrir les yeux, mais Felyen s’était dissipée, tout comme sa vision. Il serra le poing, déterminé."
Cette fin est un peu rapide. Il vient d'avoir une vision de sa mort et de celle de sa ville. J'ai manqué de contexte pour comprendre ce qu'il souhaite faire.
Avant d'être déterminé, il devrait probablement passer par d'autres émotions qui nous permettraient de saisir sa pensée.
Là, je n'ai pas pu déterminer s'il souhaitait retrouver "sa femme", aller faire part de sa vision à la capitale ou (re?)partir pour le Nord à la recherche de la magie.
Le choix de travailler sur des visions du futur est une décision audacieuse. Jouer avec le futur de cette manière t'oblige à répondre à plusieurs questions délicates :
- est-ce que la vision est sûre ou le futur peut-être différent ?
- si la vision est sûre, quid de la liberté de ton personnage ?
- si la vision ne l'est pas, quid du conseil donné au marin qui pourrait modifier sa façon de réparer le bateau ?
- si on peut modifier le futur, cela veut-il dire que toutes les autres visions postérieures à un changement ne veulent rien dire (théorie du chaos) ?
D'une manière générale, il va probablement te falloir expliciter les règles afférentes un moment donné. Même si tu ne souhaites pas le faire, tu devrais certainement les définir précisément de ton côté.
Personnellement, je suis assez frileux sur les histoires de destin et de prophétie, car c'est vraiment un cliché de la fantasy. Ce n'est pas le cas de ton histoire pour le moment, mais je te le signale au cas où ça le serait par la suite, car je ne suis pas le seul à le penser.
Ta narration va être également impactée par ce choix, car tu vas devoir jouer avec cette possibilité constante de spoile de ton histoire. C'est plutôt une opportunité intéressante, mais peut-être pas si facile que ça à gérer sur le long terme.
À propos de narration, tu choisis un aligné Manteg puis Lyron. J'ai compris ce choix dans le sens où tu trouvais que raconter les exploits de Lyron par les yeux de Manteg serait plus impressionnant, sans compter le fait de conserver l'aspect mystérieux du personnage.
Ce n'est pas forcément habituel de changer l'alignement du point de vue interne en milieu de chapitre sans prévenir, mais c'est assez bien tranché pour qu'on ne soit pas perdu.
Ton personnage principal, Lyron, est fort, devin, dévoué. Il a quand même fait une erreur lors du combat, ce qui est une bonne idée pour le faire redescendre un peu.
Ton choix de narration qui le montre comme un guerrier redoutable et presque sans faille ne permet pas un attachement instantané, mais je ne doute pas que ce soit le cas par la suite si c'est ton personnage principal.
Le style est globalement fluide. Si tu voulais une piste d'amélioration à ce niveau, je te suggérerais de travailler sur le rythme de tes phrases.
L'aspect le plus simple que tu peux traiter en moins de deux, c'est la répétition de structure :
"Il sembla qu’une éternité s’était écoulée lorsque Manteg se rendit compte que la lutte était finie, et qu’il était en vie. Il se releva, trébuchant sur les planches visqueuses de sang et les débris de bois pour constater les dégâts. Ils avaient perdu une partie de leur cargaison, le pont avait besoin de réparations et la bête leur avait fichu une telle frayeur qu’il faudrait sans doute recruter de nouveaux matelots une fois rentrés à Ayjaell… Mais ils étaient tous sains et saufs. Alors, Manteg ravala son orgueil et inclina la tête devant le devin."
Voilà un exemple où tu as 3 phrases et demie qui commencent par "il(s)". Ça donne un petit effet haché facilement supprimable (si tu le souhaites bien entendu). La répétition de structure peut tout à fait, dans certains cas, être un élément de style participant au rythme.
En résumé, c'est un bon prologue qui atteint tout à fait les objectifs principaux d'un prologue : c'est rythmé, on a du placement de contexte élégant qui donne envie de découvrir ton univers et tu nous livres des enjeux (un tout petit peu flous encore) efficaces.
Je valide ! :)
J’essaierai de passer jeter un œil à ton premier chapitre quand j’aurai un moment.
– devin ou Protecteur : j’utilise volontairement les deux termes pour distinguer les Protecteurs, sorte de magiciens ou « x-men » aux capacités variées, et le pouvoir particulier de Lyron, mais effectivement je vais peut-être enlever le terme qui rend la lecture maladroite, car de toute façon ce sera expliqué plus tard.
– « On aurait naturellement tendance à penser que c’est positif que les démons dépérissent. Non ? » oui, c’est logique, mais Lyron comprend ce que ça signifie pour son royaume : la magie disparaît. Et ça, ce n’est malheureusement pas une bonne nouvelle !
– Sur la fin du prologue : Le flou est volontaire, mais assez mal dosé, je pense ne pas avoir mis l’accent sur un point important de la vision : la silhouette aperçue dans la jungle. Je vais retravailler ce passage pour faire le lien avec la suite.
– Que de questions philosophiques sur les visions du futur ! Effectivement, ce sont des réflexions à avoir quand on travaille avec un devin, et tout est plutôt clair dans ma tête (enfin j’espère) et puis, je m’évite une grosse partie des problèmes, car Lyron n’est pas le personnage principal.
Sur les remarques de forme : tu as mis le doigt sur mes défauts récurrents. J’adore passer d’un point de vue à un autre en cours de récit… J’espère que ce n’est pas trop perturbant. En tout cas, encore merci de tes remarques qui me permettront de progresser :)
J’ai enfin pu commencer ton roman et, vraiment, je ne suis pas déçue ! L’histoire démarre en trombe mais je ne me suis jamais sentie perdue dans l’action ; au contraire, j’ai trouvé cette première scène très immersive, et on entre directement dans ton histoire.
J’aime beaucoup aussi ton idée de la vision. Je n’ai pas souvent lu de personnages avec ce don/cette malédiction et je suis curieuse de voir comment tu vas le traiter ! En tout cas, cela intrigue vraiment pour la suite...
Hâte de continuer !
Ce début est très prometteur, surtout qu'ouvrir un roman sur une scène d'action peut être compliqué à mettre en oeuvre ! Après, je lis bien qu'il s'agit d'un prologue donc forcément se pose la question de la place de ce passage dans l'architecture globale... J'imagine que j'aurai ma réponse très bientôt.
Je m'en vais de ce pas lire le premier chapitre ;)
Je dois dire que j'ai longtemps hésité sur le titre de ce premier tome, et j'ai failli ne laisser que le titre de la saga (sang de dragon). Il faut croire que j'ai finalement bien choisi ! :)
J'espère que la suite te plaira !
Je trouve ce prologue très intrigant, le passage sur la vision est particulièrement prenant et bien écrit, et je suis curieuse d'en savoir plus sur cet univers, je continuerai ma lecture avec plaisir !
J'ai juste noté une chose : tu passes du point de vue de Mandreg à celui de Lyron dans le même paragraphe, il serait peut-être mieux de symboliser le changement de pdv par un passage à la ligne ou une astérisque. Tu es en point de vue centré sur un personnage, normalement tu ne peux pas te focaliser sur un autre au point d'avoir ses pensées ;)
à bientôt !
Pour ce qui est du changement de point de vue, c'est un défaut qui risque de revenir de temps en temps ! Je suis incapable d'écrire d'un point de vue externe, et j'adore me plonger dans la tête des personnages. N'hésite pas à me faire remarquer, comme ici, quand c'est fait avec maladresse !
La scène de combat est très bien écrite, et je le notifie car c'est un type de scène complexe. En plus du rythme et de sa fluidité, c'est son visuel qui m'a captivité et fait entrer dans l'histoire. J'imaginais une sorte de peinture d'un naufrage catastrophée. Des nuances de violets,de noirs et reliefs mousseux de l'écume sur les planches brisées de la coque de navire. C'est vraiment très réussi.
Il en est de même pour la vision. La lumière et la description du mouvement alors qu'il survole la mer est très prenante.
(Je suis très sensible à l'esthétique et au décor). Et je me suis amusée de voir que ton histoire paraissait être une histoire de monstres. Je vais lire la suite avec plaisir.
Alors ça, c'est un prologue intriguant ! Je dois avouer que je lis très rarement des romans fantasy donc je ne suis pas très familière avec ce style littéraire mais ton prologue m'a donné envie de lire la suite.
Je trouve que c'est une super idée de commencer ton prologue par cette attaque de Nautile. Elle plante directement le décor et surtout, l'action happe tout de suite le lecteur. Mon conseil sur cette partie serait de ne pas raconter ce qui vient de se passer avec le plus-que-parfait mais de faire vivre l'action au lecteur en temps réel pour que le rythme corresponde mieux à l'action haletante.
Par exemple (mais ce n'est qu'un humble exemple pour illustrer mon propos) :"Grâce à lui, ils avaient réussi à éviter les récifs et croyaient avoir échappé au pire. Ils se trompaient pourtant. Un monstre tentaculaire, aussi gros qu'une demi-douzaine d'hommes, surgit des abîmes sombres de la mer. Manteg aperçut un œil luisant entre deux vagues. Avant qu'il ait pu s'approcher, un bras surgi des profondeurs pour saisir la coque."
Ensuite je pense que cette phrase pourrait être allégée (et je crois qu'il y a une petite coquille sur "pour l'embrocher le tentacule") : "Il traversa le muscle et planta sa lame dans le pont pour l’embrocher le tentacule, qui continua de s’agiter encore de longues minutes avant de renoncer." par exemple "Sa lame traversa le muscle jusqu'au pont, mais le tentacule embroché s’agita encore de longues minutes avant de renoncer."
Peut être alléger aussi "Sans lui laisser le temps de prononcer des excuses" par "sans lui laisser le temps de s'excuser"
Je ne suis pas certaine de comprendre cette phrase "Manteg le regardait d’un air incrédule, pourtant Lyron le voyait déjà hocher la tête et le remercier.". Je crois comprendre que cela fait référence au don de divination de Lyron mais ça n'a pas forcément été très clair pour moi à la première lecture.
Ensuite j'adore le fait que le lecteur suive plusieurs personnages différents ! Surtout que le personnage de Lyron m'a l'air particulièrement intéressant et intriguant. J'ai hâte d'en savoir plus à son sujet !
Je ne sais pas si c'est un effet voulu mais intuitivement je mettrais un "et" après l’enchaînement de plusieurs faits. Comme par exemple "Il s’approcha de la lampe à huile, suspendue près d’un miroir crasseux, "et ?" tira en arrière ses cheveux pour dégager les mèches qui lui couvraient le front."
Je ne comprends pas vraiment ce bout de phrase "avant que le démon ne se fût emparé de lui" mais je ne sais pas si c'est voulu ou non :P
Finalement la vision de Lyron est très énigmatique, donc je vais lire la suite pour en savoir plus ;)
Comme tu me l'as dit toi-même n'hésite pas à me dire si c'est le niveau de détails que tu souhaites dans les commentaires ou si tu préfères que je me concentre plutôt sur l'histoire au global :)
Effectivement, j'ai tendance à faire des phrases à rallonge... J'essaye de me corriger mais c'est beaucoup mieux avec un œil neuf, donc n'hésite pas à relever si ça te gêne à la lecture, ça m'aide à repérer mon défaut !
Pour le passage sur "Manteg le regardait d’un air incrédule, pourtant Lyron le voyait déjà hocher la tête et le remercier.", c'est bien lié à la magie de Lyron. J'ai reformulé ce passage pour que ce soit plus clair.
Encore merci !
Oui j'ai le même problème avec les phrases à rallonge et c'est compliqué de s'en rendre compte sur nos propres textes donc n'hésite pas à faire de même sur les miens :)