Une vague de chaleur flottait devant ses yeux jusqu’à déformer les étoiles. Chaque fois qu’elle expirait, son souffle dansait en un fantôme insolent sous son regard. L’air était sec, pourtant. L’aube ne tarderait pas à pointer dans son dos, chassant les dernières traces de fraîcheur de la nuit pour accabler la vallée d’un soleil sans répit… Mais ce ne serait rien face à la chose qui embrasait ses veines. Ce ne serait rien en comparaison du monstre qui grondait dans son sang.
Windane attrapa le bord de sa capuche pour la tirer sur son front et replia les bras contre son ventre pour se blottir dans l’ombre du vêtement. Rien n’échappait d’elle, rien d’autre que ce souffle dont la chaleur la trahissait. Il était toujours là. Il glissait sous sa peau, il irradiait ses mains. Elle serra les poings pour chasser les picotements et résister à son appel. Ses bras tremblaient de le retenir, sa poitrine criait d’un poids trop lourd à porter. Pouvaient-ils seulement imaginer la lutte qui se jouait si près de leurs foyers ?
Le village dormait comme un enfant innocent, blotti contre la colline. Elle était le monstre de ses cauchemars, une ombre menaçante qui le toisait depuis la lisière des bois. Il aurait suffi qu’ils tournent le regard vers la nuit. Il aurait suffi qu’ils l’aperçoivent sur le sommet du toit, et ils auraient forcément su. Ils auraient… Mais non, bien sûr. Quel fou aurait pris le risque de se tourner vers la forêt avant le lever du jour ? Même la maison les effrayait. Trop loin de la ville, trop proche des bois. Ses murs étaient hantés par les souvenirs d’une époque révolue, quand les Protecteurs avaient encore des démons à repousser dans la pénombre. Personne d’autre n’aurait voulu habiter là. Ce qui avait bien arrangé la famille Prontherin. D’accord, il avait fallu rénover le toit, réparer la grange et élaguer le chêne qui avait poussé trop près des murs, mais ils avaient trouvé-là un endroit pour se reconstruire. Un endroit pour se cacher et oublier les montagnes.
Six années s’étaient écoulées depuis leur fuite. Six ans à porter le secret sur ses épaules, à se draper dans son velours de mensonge pour cacher son visage. Windane avait grandi dans l’ombre de cette cape. Le vêtement élargissait ses épaules, la capuche dissimulait ses traits. Ses cheveux tombaient en mèches plus courtes sur ses joues, cachant la longueur qui poussait dans son dos. Elle aurait pu les couper vraiment comme un garçon, mais qui aurait seulement cherché à les voir ? Il suffisait d’apercevoir le tissu aux reflets changeant pour faire d’elle un Protecteur. Le velours violin n’appartenait qu’à eux. On le distinguait au premier regard par sa couleur, variant en fonction de la lumière : tantôt noir comme une nuit sans lune, tantôt mauve comme les violines, les fleurs desquelles étaient extraits les pigments de couleur. Elles ne poussaient que dans les jardins du palais, à Solastène, parce qu’elles étaient nées du sang d’un Roi. Le sang bleu du premier noble mêlé à la terre brune des Premiers Hommes, il n’en fallait pas moins pour offrir aux Protecteurs un vêtement à leur hauteur. Contrairement à un tissu du peuple, le velours violin possédait des qualités qui le rendaient exceptionnel : il ne craignait ni le feu, ni l’eau, qui glissait sans s’accrocher sur le tissu, comme si les éléments eux-mêmes refusaient de porter atteinte aux Élus des Dieux.
Ce matin-là, comme les autres, ce fut la cape que les gens saluèrent d’un geste de la main.
Les cloches du Temple sonnaient à peine le lever du soleil que déjà les premiers attelages se pressaient sur la route. Artisans, colporteurs, maraîchers : ils se multipliaient sur les chemins pour rejoindre le marché de Sashanka, devenu l’un des plus prisés de la région. La rivière avait joué en faveur du village depuis les dernières sécheresses, et la cape violine, sans doute, avait contribué à son petit succès. Quel autre bourg de la région pouvait se vanter d’héberger un Protecteur ? Il y avait bien quelques Porteurs ici et là, mais seulement de quatrième ou cinquième génération, au mieux. Des fils de fils de fils de Protecteurs, qui n’avaient jamais révélé la moindre magie. Sylvan Prontherin était le seul à posséder un certificat d’ascendance de première génération. Les Registres y inscrivaient le nom du Protecteur, d’abord, sur la plus large ligne, et celui de son fils ensuite. Le nom de la mère n’y figurait que de côté et ceux des filles, personne ne prenait pas la peine de les écrire. Les filles d’un Protecteur étaient au mieux un ajout décoratif, au pire une condamnation de sa lignée.
Pendant des années, Windane avait vu son père exhiber fièrement ce papier. Sylvan Prontherin, Porteur de première génération ! Tant d’honneur, tant d’espoir dans son regard ! Des émotions qu’elle n’avait pas revues depuis qu’ils avaient fui les montagnes. Depuis que Sylvan avait rangé son papier et refusé de regarder cette ligne vide sous son nom.
— Et Windane, où est-elle encore ?
Elle l’entendait qui râlait et remuait la maison depuis l’aube. Son père allait comme un lion en cage, incapable de se poser pour travailler dans son atelier. Elle aurait pu descendre de son perchoir pour lui confirmer sa présence, mais à quoi bon ? Il aurait trouvé une autre excuse pour fuir ses commandes. Non pas qu’il rechignait à la tâche : Sylvan pouvait passer des heures à raboter le bois pour obtenir des pièces au goût de ses clients. Mais ce matin-là, il ne pouvait simplement pas libérer son esprit. Windane entendait sa mère qui le suivait de pièce en pièce pour le rassurer, alors qu’elle était tout aussi tendue que lui. Coincée entre les deux, Naelle bouillait d’impatience. C’était une pulsation continue qui grondait depuis la cuisine, un ouragan intérieur qui résonnait dans le ventre de Windane. Aussi, elle ne fut pas surprise d’entendre soudain la porte claquer et de voir sa sœur apparaître sur le seuil.
Naelle marcha tout droit jusqu’au chêne où, enfin, elle relâcha sa tension d’un soupir exaspéré. Le ventre de Windane se dénoua au même instant. Elle relâcha ses poings, alors qu’elle n’avait pas eu conscience de les serrer. Comment Naelle pouvait-elle passer si facilement de la fureur au calme ? Windane esquissa un sourire, le regard accroché aux cheveux dorés de sa sœur. Elles étaient jumelles, pourtant. Deux sœurs nées d’un même ventre, la même nuit, et qu’on n’aurait pas pu imaginer plus différentes.
Naelle était blonde, ce qui en soi la démarquait déjà du reste de la population d’Ayjaell, dont le mélange avait favorisé les peaux hâlées et les cheveux sombres. À cela s’ajoutait une silhouette de femme aux rondeurs généreuses, des yeux couleur émeraude hérités de leur grand-mère paternelle, et une peau dorée par le soleil. Avec ses yeux noirs, cette masse de cheveux bruns qui surmontait un corps fin et sec, Windane était tout son contraire. Même leur caractère était différent. Petites déjà, Naelle maîtrisait mieux sa colère. Elle était l’enfant sage et posée, tandis que Windane était vive, impulsive, parfois sauvage. Combien de fois sa mère l’avait-elle grondée pour avoir usé de ses poings ?
Ce n’est pas ma faute, c’est plus fort que moi !
Les autres n’avaient qu’à les laisser tranquilles. Les autres n’avaient qu’à s’éloigner de Naelle au lieu de vouloir caresser ses cheveux. Sa sœur la comprenait, au moins. Leurs différences faisaient leur force. Leurs différences les rapprochaient. Mais tout cela avait pris fin un hiver, six ans auparavant. Ce jour-là, dans les montagnes, la venue du Protecteur avait tout changé.
— Il arrivera après la prière de midi, annonça Windane.
Sa voix fit sursauter Naelle, jusqu’alors perdue dans la contemplation des cimes à l’horizon. Elle leva la tête vers le chêne, avant de repérer la cape violine sur le toit de la maison.
— Tu as reçu un autre message ?
Elle s’adressait à Windane sans croiser son regard. Ses yeux, machinalement, glissaient sur les reflets mauves du velours, cherchant le soleil d’or brodé dans son dos. Il se déroba quand Windane bondit de son perchoir pour se laisser tomber au sol. Elle plia à peine les genoux pour amortir la chute, avant de secouer la tête. Son mutisme ne fit que susciter davantage l’intérêt de Naelle.
— Alors tu as eu une vision ?
À nouveau, Windane fit non de la tête. Des visions, comme leur grand-père, ce serait tellement plus simple. Lyron était un grand devin, leur père s’en vantait souvent. Il ne pouvait pas en dire autant de sa fille.
— C’est juste un pressentiment, répondit-elle.
Naelle eut le bon sens de ne pas l’interroger davantage. Non pas que l’envie lui manque, Windane devinait sa curiosité. Elle aurait été bien en peine de l’assouvir. Comment lui parler de cet instinct qui pulsait dans sa nuque pour l’avertir ? C’était un frisson de chaleur à la base de ses cheveux, un courant qui flottait autour d’elle et soufflait pour lui signaler le danger. Il n’était pas seulement en elle, il n’irradiait pas seulement ses mains. Il était partout sur sa peau, il enveloppait ses bras, ses jambes, il grondait dans son ventre et vibrait dans son sang. Son corps n’était pas qu’à elle. Son corps était à cette chose, aussi.
Depuis toujours, elle le sentait qui grandissait à l’intérieur. Même quand elles jouaient, petites, à courir dans la neige. Même quand elles volaient une bougie pour continuer à lire en cachette à la nuit tombée. Même quand elles s’allongeaient côte à côte dans leur lit pour raconter leurs secrets d’enfants. Il était toujours là, à chaque instant : il réchauffait ses bras, il vibrait dans ses paumes, il hantait son sommeil. Et Windane ne disait rien, pas même à sa jumelle. Comme si taire le monstre dans son sang pouvait le faire disparaître. Lyron, lui, n’avait pas gardé le silence. Lorsqu’il s’était présenté, ce soir-là, il avait suffi de quatre mots pour mettre fin à son enfance.
Elle possède la magie.
— Tu crois qu’il va rester, cette fois ?
Windane se tourna vers Naelle, perçut son inquiétude. Elles n’avaient jamais vu Lyron avant cette fameuse nuit, elles ne l’avaient jamais revu depuis. Un Protecteur avait-il tant d’occupations qu’il ne pouvait rendre visite à sa famille ? Même dans les régions les plus reculées d’Ayjaell, on n’avait pas vu de démon depuis plus d’un siècle, au point que le Roi avait déclaré le royaume purifié. Pourtant, Sylvan n’en avait jamais voulu à son père.
— Il aura sans doute un accident à éviter ou un criminel à arrêter, lâcha finalement Windane. Un Protecteur a toujours de grandes choses à faire pour veiller sur le royaume !
Elle avait pris un ton fier, à peine moqueur. L’imitation arracha un sourire à Naelle. Levant les yeux vers le ciel, elle ajouta à son tour :
— Il devra peut-être sauver les récoltes de cerises d’un terrible orage ?
— Ou empêcher le Duc de manger un champignon empoisonné…
— Ou l’aider à parier sur le bon cheval aux courses de Guerinthes !
— Parce que ce sera celui qui aura mangé les cerises !
Elles auraient pu continuer encore, mais au moment où leurs yeux se croisèrent, elles explosèrent d’un rire léger, à la fois complice et nostalgique. Imaginer les aventures de leur grand-père, c’était un de leurs jeux favoris, autrefois. C’était souvent romanesque, parfois ridicule, et source d’un plaisir interdit. Jamais elles ne se seraient permises de rire d’un Protecteur en public, encore moins devant leur père. Sylvan parlait avec tant de fierté de Lyron, sans jamais rien savoir de lui, qu’il n’avait fait que nourrir leur imaginaire… Il avait suffi de quatre mots de Lyron pour que le jeu s’arrête de lui-même. Depuis, la distance était trop grande, et le tabou trop présent pour se risquer à briser le silence. Il revenait chaque fois, comme un poids les tirant vers le sol. Inexorablement, les yeux de Naelle en revenaient à cette cape sur les épaules de sa sœur. Leur sourire s’effaça aussi vite qu’il était venu. Windane tira sur la capuche pour replonger son visage dans l’ombre. Cela suffisait en général pour marquer la fin de leur échange. Naelle, pourtant, ne se décida pas à partir.
— Et si tu venais avec moi au marché ?
La question les prit toutes deux au dépourvu. Naelle avait parlé sans réfléchir, et Windane sentit chacun de ses muscles se crisper.
— Moi, en ville ? Mais si quelqu’un voit…
— Personne ne te voit jamais, répliqua Naelle.
Ce n’était pas dit sur le ton du reproche, pourtant Windane le devinait, caché dans les yeux de Naelle. C’était un lien brisé, un sentiment de trahison empreint de colère et de peur qui était né six ans auparavant. Sa sœur avait beau l’enfouir, il restait toujours là, accroché à un regard ou à un mot.
Se rendant compte de ce qu’elle avait laissé échapper, Naelle ajouta avec un air malin :
— Ne me dis pas que tu as des cerises à cueillir ?
La remarque arracha un sourire à Windane, qui céda finalement d’un hochement de tête.
Il ne fallait que quelques minutes pour rejoindre le village de Sashanka. Windane connaissait bien le chemin, pour avoir maintes fois suivi des yeux la silhouette de sa sœur qu’on envoyait au marché, ou de ses parents qui allaient jusqu’au Temple. Il paraissait incongru de s’y trouver elle-même au lieu de l’observer depuis les hauteurs. Elle se sentait comme un insecte à découvert, et sa cape ne formait qu’une maigre carapace pour la protéger des regards. Peu importait qu’elle ne voie pas plus loin que ses pieds sous la capuche : elle n’avait pas besoin de ses yeux.
Elle percevait les bottes sur le sol rocailleux, l’écho des voix sous les colonnades, et leurs émotions qui résonnaient dans son ventre. La fierté, d’abord, qu’il fallut repousser pour ne pas marcher tête haute à leur manière. C’était des miliciens, forcément. Ils patrouillaient en uniforme les jours de marché. Windane serra le poing et respira lentement pour se détacher. En vain. Elle esquissa un sourire bien malgré elle et risqua un coup d’œil du côté de sa sœur. Admiration, envie. Arrêtés au niveau du Temple, les trois hommes s’étaient retournés pour suivre Naelle du regard. Ils se poussaient du coude en la désignant, rougirent bêtement quand elle tourna la tête dans leur direction.
L’un d’eux finirait bien par demander sa main. Ils étaient nombreux à vanter sa beauté, à espérer une attention de sa part. Naelle n’était qu’une fille, elle ne pourrait pas transmettre la magie de son grand-père, mais certains superstitieux croyaient toujours s’attirer le regard des Dieux en épousant la descendante d’un Protecteur. Comme s’ils avaient la moindre chance…
— Le Temple de Solastène doit être au moins trois fois plus grand que celui-là, soupira Naelle. On pourrait y faire tenir tout le comté qu’il resterait encore de la place. Rien à voir avec les quelques bancs de Sashanka… Les jours d’assemblée, les femmes ne peuvent même pas s’asseoir à l’intérieur !
— Au moins, ça te donne une excuse pour ne pas y aller, commenta Windane.
Sa sœur haussa les épaules, les yeux rivés sur la gravure qui décorait la façade du Temple. Combien de fois lui avait-elle parlé des merveilles de la capitale ? Naelle ne rêvait que de se perdre dans la foule des grandes villes, traverser le pays pour rejoindre les avenues bordées d’arbres, le port donnant sur la mer, et admirer ces pierres lumineuses qui éclairaient la nuit.
— La sécheresse doit être moins cruelle au pied de l’océan.
Elle avait levé sa main en visière pour protéger son visage des rayons qui faisaient scintiller les Fondateurs. Windane ne suivit pas son regard. Elle connaissait les silhouettes des Dieux gravés dans la pierre, elle devinait leurs visages figés vers la Rochelune. Depuis toujours, Naelle rêvait de l’admirer. La tour de Rochelune était le symbole du royaume, l’offrande des Fondateurs pour protéger le peuple de l’emprise de la magie-flamme. Ses pierres d’ivoire s’illuminaient la nuit, baignant Solastène dans une lueur perpétuelle. Chaque ayjaellin espérait sentir au moins une fois dans sa vie la caresse de sa lumière sur son visage. Parfois, Naelle fermait les yeux pour s’imaginer là-bas. Les paupières closes, elle changeait le soleil en Rochelune, la terre en pavés, le vent en ressac. Elle évoquait ces saltimbanques que l’on disait venus d’îles lointaines pour distraire le Roi Thylmor dans son palais, et ces cavaliers des Postes qui battaient le pavé pour emporter les invitations aux bals donnés en l’honneur de la princesse… Ce jour-là, à Sashanka, les gens ne parlaient que de ça.
— On dit que le Duc de Guerinthes va demander la princesse en mariage !
— Il aurait tort de pas essayer… Mais il est trop vieux ! Le Duc de Salnamé est plus riche avec ses mines, il a de meilleures chances.
— Une fortune maudite, s’tu veux mon avis. Les Fondateurs nous gardent d’hériter d’un Roi pareil !
Plus elles avançaient vers le cœur du village, plus les ragots allaient bon train. Le marché, c’était l’occasion de prendre des nouvelles de l’Est, de ces grandes cités où vivaient les plus riches et où se jouait la bataille du pouvoir. On s’amusait à parier sur le nom du futur époux de cette princesse, à l’autre bout du royaume, comme un passe-temps pour oublier les inquiétudes plus terre à terre de la campagne. Ici, pas de pavés sous leurs pieds comme à Solastène, mais une terre battue qui se soulevait en poussière sous les sabots. L’odeur du crottin se mêlait au parfum des épices et des légumes arrachés à la terre, les rires éclataient entre les meuglements du bétail et les interpellations des marchands. Windane marchait derrière sa sœur, les doigts agrippés au velours de sa cape.
Désir, faim, joie, colère, envie.
C’était une cacophonie de pulsions, de cris et de sentiments qui l’agressaient de part en part, qui tiraillaient son cœur, qui écorchaient son sourire. Elle voulait se refermer, freiner cet afflux qui l’envahissait, mais il aspirait tout. Il flottait sur sa peau, il volait vers ces autres, il plongeait dans leur corps. Windane n’était plus qu’un gouffre sans fond, aspirant par milliers ces éclats de vie.
Il fallait faire des efforts pour se montrer, mais un jour de marché, c’était beaucoup lui demander. La magie reflétait chaque émotion. Son cœur battait plus vite à chaque seconde. Elle aurait voulu disparaître, n’être plus qu’un fantôme au milieu de la foule pour ne pas entendre leurs voix.
— Eh, c’est le fils Prontherin !
— C’est bien la première fois que j’le vois en ville. C’est peut-être pas bon signe. Tu crois qu’il va se passer un truc ?
— Ça se saurait s’il pouvait prédire l’avenir. Moi, je l’ai jamais vu aider personne.
Naelle avait-elle entendu les rumeurs dans leur dos, ou était-elle si habituée qu’elle n’y prêtait plus attention ? Windane accéléra le pas pour la suivre entre les étals tandis qu’elle remplissait son panier. Elle voulait se concentrer sur sa sœur, s’imprégner de son calme pour étouffer le souffle qui montait dans son ventre. Les murmures continuèrent de la suivre. Ils n’essayaient même pas d’être discrets.
— Mon grand-père a connu un Protecteur qui contrôlait les bêtes. Peut-être qu’il est pareil, ça expliquerait pourquoi il passe ses journées dans ces maudits bois.
— Vous savez pas ? Le vieux Arahim l’a aperçu l’aut’jour dans la forêt de Guerinthes. Paraît qu’il peut voler entre les branches comme un oiseau !
— On pouvait pas avoir un Protecteur qui fait tomber la pluie ? Ou un qui fait pousser les légumes ? Non, y fallait un gosse qui saute comme un singe. Et pourquoi qu’il est pas à l’Académie comme les autres ?
— Moi j’suis content qu’on ait un Protecteur dans le coin, c’est signe que les Fondateurs nous regardent. Ils laisseront pas la magie-flamme nous prendre encore les récoltes.
Windane tourna la tête de côté, juste assez pour apercevoir leurs visages. Deux hommes et une femme, qui l’observaient depuis un étal de poteries. Ils se turent en remarquant son mouvement et la saluèrent d’un sourire maladroit. Elle répondit d’un signe de tête, les yeux rivés sur la main du potier. L’incendie lui avait volé deux doigts, l’année passée. L’homme en avait gardé une colère sourde, une rancœur qui l’amenait à prier chaque jour au Temple pour maudire le pouvoir du feu. Une dévotion qu’il reportait inlassablement sur la cape violine, levant la main en travers de sa poitrine pour murmurer les mêmes mots.
— Protégez-nous des flammes !
Un frisson glissa dans le dos de Windane et coula dans son ventre. La foi du potier était teintée de peur et de haine, deux sentiments qui résonnaient terriblement dans ses veines. Elle ferma les yeux pour se détacher, mais il était trop tard. La vision de cette main abîmée par le feu était imprimée dans ses pensées. La peau fondue, la peur, la douleur. L’énergie battait à ses tempes, pulsait dans sa mémoire, plongeait au plus profond de ses pensées jusqu’à fendre la barrière qui retenait le passé. Non, elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas les revoir. Pourtant les sensations lui revenaient intactes. Cette force déchaînée qui ravageait les bois et se répandait aux champs. Ses yeux baignés de larmes tandis qu’elle contemplait, impuissante, les ravages des flammes. Et leurs cris. Leurs cris qui ravivaient sa honte.
Les dents serrées, Windane pivota pour chercher Naelle du regard. Sa sœur avait délaissé les allées du marché pour se glisser dans l’ombre de la maison des Registres et du colporteur installé là. Un vendeur d’imprimés, sans doute. Naelle se mordait la lèvre en parcourant les titres, comme chaque fois qu’elle tentait de résister à l’appel des livres. La monnaie finissait toujours par disparaître au profit d’un récit de voyage ou d’un nouveau roman, au grand désespoir de leur père.
— Naelle, il faut rentrer.
La voix de Windane était tendue. Sa sœur ne sembla pas le remarquer. Elle acquiesça distraitement, les pièces serrées entre ses doigts, incapable de se décider. Windane serra les paupières, souffla lentement pour apaiser les battements affolés de son cœur. Il fallait tenir bon. Il fallait chasser les émotions, chasser les souvenirs, chasser la peur. Mais il était trop tard : plus elle le craignait, plus son pouls s’emballait, plus lui gagnait en force dans ses veines. Chaque battement frappait contre les barreaux de sa cage, chaque respiration nourrissait sa révolte. Elle percevait la chaleur qui montait dans son ventre, qui se propageait dans sa poitrine. Déjà, la cape flottait sur ses épaules, animée par un courant venu de l’intérieur.
— Je dois partir !
Sa sœur n’eut pas le temps de se retourner que Windane avait déjà filé. Elle marcha d’un pas rapide entre les étals et accéléra peu à peu. Elle tourna dans la première ruelle, évita les allées fréquentées pour rejoindre la rivière. Finalement, n’y tenant plus, elle sauta sur le muret qui longeait le cours d’eau et passa d’un bond vers l’autre rive. Ses pieds la soulevaient toujours sans effort, ses muscles amortissaient la chute sans un bruit. Il y avait toujours quelque chose dans l’air pour soulever son corps. Quelque chose qui hurlait dans ses veines et se répandait dans ses bras. Elle traversa le pré pour trouver refuge au milieu des arbres, chacun de ses pas résonnant à ses oreilles comme un coup dans son dos.
Comme ces pierres qu’on lui avait jetées, six ans auparavant.
Lyron les avait prévenus. Une fille, héritant de la magie des Dieux ? Personne ne pourrait l’accepter. Mais son père avait refusé de la cacher. Après tout, Lyron lui avait laissé une cape. Lyron avait assuré qu’elle était Protecteur, comme lui. Comment Sylvan aurait-il pu cacher son enfant, lui qui rêvait depuis toujours de transmettre la magie à un fils ? Alors ils étaient restés dans leur village des montagnes. Windane n’était qu’une enfant, à l’époque. Elle avait voulu croire aux paroles de son père. Elle avait voulu leur montrer.
Ils s’étaient étonnés de la capacité de ses jambes à la porter plus haut qu’aucun autre enfant. Ils s’étaient interrogés sur cet instinct qui lui permettait de pressentir les choses. Ils s’étaient inquiétés de son talent à percevoir les pensées d’autrui. Ils avaient voulu l’expliquer par le hasard, par l’agilité, par son caractère. De nombreux Protecteurs possédaient ces capacités, mais elle n’était qu’une fille. Alors elle avait prouvé qu’elle n’était pas que cela. Ce matin d’hiver, quelques semaines après le départ de Lyron, elle avait plongé sa main dans les flammes. Pourquoi résister ? Les flammes n’avaient jamais brûlé sa peau. Elle sentait leur chaleur, comme une caresse qui la réchauffait de l’intérieur, comme si sa chair n’était faite que de la même matière. Alors, pensait-elle, ils seraient bien obligés de la croire. Et ils l’avaient crue, bien sûr. Elle n’était pas qu’une fille.
Sorcière ! Démon ! Enfant des flammes !
Leurs insultes et leurs coups, c’était le dernier souvenir qu’elle avait emporté des montagnes. Tout cela, simplement pour une main sortie intacte du feu. Que lui auraient-ils fait s’ils avaient su ? Que feraient les gens d’ici s’ils découvraient ce qu’elle était vraiment ?
Windane avait dépassé le moulin et remonté la rivière vers la forêt, loin de toute habitation. L’eau clapotait sur ses chevilles, imbibait le bas de son pantalon, et elle restait là, à contempler ses mains. À quoi bon courir encore ? Les oiseaux s’étaient tu, le vent même semblait en attente. On n’entendait plus que le chant du ruisseau, et cette voix brisée par l’effort qui la poursuivait.
— Windane !
Naelle devait être en nage d’avoir tant couru pour la rattraper. Windane aurait pu la semer encore. Son corps était crispé, ses épaules tendues, tandis qu’elle contemplait ses mains et hésitait à prendre la fuite.
— Que s’est-il passé ? hoqueta Naelle, pliée en deux pour reprendre son souffle.
Windane sentit ses yeux se poser dans son dos, son expression inquiète tandis qu’elle scrutait la cape violine au milieu de la rivière. Avait-elle remarqué le silence de la forêt ? Avait-elle remarqué la lueur qui faisait danser les ombres des fougères ?
— J’ai un nouveau pouvoir, Naelle.
N’importe quel Protecteur se serait félicité d’une telle offrande. Les Fondateurs accordaient rarement plusieurs talents à leurs Élus. Contrôler les animaux, créer des tempêtes, figer le temps ou lire dans les esprits… Autant de fragments de la magie des Dieux, offert à quelques hommes pour défendre le royaume face aux démons. La voix de Windane trahissait autre chose, et Naelle le perçut.
— Un nouveau don ? fit-elle d’une voix hésitante. Les Fondateurs soient loués pour leur générosité…
Windane émit un ricanement sceptique, que Naelle préféra ignorer.
— Papa sera fier de toi. Allons le voir pour…
— Il ne doit pas savoir, l’interrompit Windane. Personne ne doit savoir.
— Pourtant, tu me l’as dit.
Windane garda le silence. Elle tournait toujours le dos à sa sœur, mais Naelle avait dû repérer les éclats de lumière. Il aurait suffi de se tourner pour lui montrer. Tous ses muscles étaient crispés, tout son corps figé dans l’attente. Fallait-il céder ? Fallait-il essayer ? La voix de Naelle se fit plus douce, et plus ferme à la fois.
— Montre-moi.
Alors, comme soulagée d’un poids, Windane obéit. La cape pivota dans sa direction, ses yeux se braquèrent dans les siens. Naelle poussa un cri en tombant en arrière.
— Tes mains ! Windane, tes mains !
Windane avait toujours su qu’elle possédait la magie. Ou plutôt, elle avait toujours su que la magie la possédait. Il avait toujours été là. Il grondait dans ses veines, il hantait son sommeil. Il grandissait en attendant son heure.
Le feu.
Les flammes s’échappaient de sa paume, de ses doigts, remontaient en dansant jusqu’au poignet. Ses mains entières étaient baignées de ce brasier impossible, perpétuel, qui grondait sur sa peau sans provoquer ne serait-ce qu’une rougeur. Il avait brisé sa cage pour exploser sur ses poings et révéler la vérité.
— Je ne suis pas Protecteur, je ne l’ai jamais été.
Naelle secoua la tête, incapable de prononcer un mot. Elle parvint à arracher ses yeux de la vision des flammes et reporta son attention sur le regard de sa sœur. La magie-flamme scintillait en reflet dans ses yeux noirs.
— Les Protecteurs nous protègent des flammes, souffla Naelle. Les Protecteurs chassent le feu des démons…
Windane acquiesça d’un hochement de tête. Oui, elle se souvenait des leçons de leur enfance. Les Prêcheurs le répétaient encore à chacun de leur discours.
— Je suis un démon, n’est-ce pas ?
Naelle écarquilla les yeux et entrouvrit les lèvres. Aucun mot ne parvint jusqu’à sa bouche. Son visage était figé d’horreur.
— Tu devrais rentrer, déclara Windane.
— Mais…
— Va-t’en, Naelle !
Il avait résonné dans sa voix comme un rugissement animal. Naelle se releva en sursaut, paniquée. Windane ne se tourna pas pour la voir s’enfuir. Elle avait déjà commencé à courir. Au premier chêne assez épais pour la porter, elle s’élança. Ses pieds se posèrent sur la branche la plus basse et l’air la souleva, portant son corps vers le prochain appui. De branche en branche, filant comme un oiseau, Windane disparut au cœur de la forêt de Guerinthes. Le silence la suivait comme une ombre, chaque chant étouffé par le grondement des flammes et la lueur orangée de ses poings. Il jubilait, il cognait dans sa poitrine, il dansait sur sa peau, libéré de sa prison de chair. Elle courut plus loin encore pour l’épuiser.
Enfin, elle parvint au pied d’une falaise qui dominait la végétation et relâcha sa puissance d’un coup de poing dans la roche. Le feu grogna de plaisir en s’élançant contre la pierre et l’explosion projeta des centaines d’éclats autour d’elle. Des centaines de silex et de pointes de granit qui frappèrent sa peau sans l’entailler. Le feu l’interdisait. Il faisait durcir son sang, couvrant son épiderme d’une carapace d’écailles violacés à chaque endroit où la roche venait frapper. Le bouclier se fondit aussitôt en elle, invisible, mais prêt à se former de nouveau si elle cherchait à se blesser. Le feu ne la laissait pas faire. Ce corps était le sien, à lui aussi.
Quand la poussière fut retombée, Windane laissa échapper un cri de rage et d’impuissance. Qu’avait-elle espéré ? Des félicitations ? Du réconfort ? Elle s’en voulait d’avoir été si naïve, d’avoir gardé l’espoir que sa sœur, peut-être… Mais non. Windane le savait, elle l’avait toujours su. Sa magie ne lui venait pas des Fondateurs. Sa magie était celle des créatures qui hantaient autrefois le royaume, ces créatures que les Protecteurs avaient éradiquées.
Et l’un d’eux venait pour elle.
J'avoue avoir longuement hésité à me lancer dans ce chapitre en voyant le nombre de mots lol. Finalement je l'ai fait et dans l'ensemble la lecture était plutôt cool. J'ai trouvé que les descriptions étaient bien faites, mais qu'il y en avait un poil un peu trop. Après certains auteurs préfèrent d'autres un peu moins. Par exemple je me demandais si la description physique de sa soeur à ce moment précis était si importante.
Il y a de nombreuses informations, je suis sûr qu'il y a encore quelques confusions dans mon esprit, mais dans l'ensemble je dirais que ça c'est plutôt bien passé.
Un truc en particulier dans ton histoire qui accroche mon intérêt est la façon dont tu as introduit le sexisme. En fait, parce que seuls les hommes héritent du pouvoir, on comprend ce qui a mené cette civilisation à être sexiste, tout en percevant le côté négatif et le pourquoi il ne faudrait pas. C'est particulier, c'est vraiment... réaliste je dirais. Un peu comme les conséquences de la politique antinataliste de la chine qui avait entraîné le choix de nouveau-né garçon. On savait pourquoi et en même temps ca avait ce côté immoral.
Ta plume est vraiment belle, je n'ai rien a redire dessus. Voici quelques notes que j'ai prises en lisant :
"Ce matin-là, comme les autres, ce fut la cape que les gens saluèrent d’un geste de la main." => génial.
"Les filles d’un Protecteur étaient au mieux un ajout décoratif, au pire une condamnation de sa lignée." Très cool, c'est poétique et du coup donne plus de poids à la phrase.
"Non pas que l’envie lui manque" => j'ai un doute, est-ce que ça ne devrait pas être "manquait" ?
explosèrent d’un rire léger+> c'est un peu bizarre d'associer exploser à léger. Est-ce que pouffer n'est pas meilleur ?
— Personne ne te voit jamais. => Génial.
Elle percevait les bottes sur le sol rocailleux => ici c’est bizarre, car percevoir nous fait penser à ses yeux. Donc elle a bien besoin de ses yeux ? (contrairement à ce que la phrase juste avant nous dit).
Chaque ayjaellin espérait sentir au moins une fois dans sa vie la caresse de sa lumière sur son visage. => Quelle lumière ?
— On pouvait pas avoir un Protecteur qui fait tomber la pluie ? Ou un qui fait pousser les légumes ? Non, y fallait un gosse qui saute comme un singe. Et pourquoi qu’il est pas à l’Académie comme les autres ? => J'ai explosé de rire sur ce passage.
Ils s’étaient étonnés de la capacité de ses jambes à la porter plus haut qu’aucun autre enfant. => J'étais confus à ce moment, mais je crois avoir compris à la fin. Elle vole c'est ça ? Si oui ça mérite peut-être un éclaircissement.
Bien curieux de voir comment tout ça va évoluer.
Bon courage !
Pour les quelques remarques :
- il m'arrive d'utiliser "percevoir" au sens "d'entendre", ce qui n'est sans doute pas très clair ici !
- pour la lumière, il s'agit de celle de la tour de Rochelune, car elle s'illumine la nuit
- pour les "sauts" de Windane, elle ne vole pas tout à fait, disons qu'elle saute et qu'elle reste en l'air plus longtemps que la moyenne !
Au début, j'étais un poil sceptique, sans forcément réussir à mettre le doigt dessus. En relisant, peut-être que je trouvait la description un peu trop longue (je ne suis pas très descriptions ^^"), mais avec le recul de ce qu'on sait après, elle est parfaite <3
Niveau gestion des informations, des révélations et progression au cours du chapitre, je trouve vraiment que c'est très bien géré ! On en apprend progressivement plus sur la famille, sur l'univers... et c'st pas tout d'un coup, on se pose tranquillement des questions dont on a les réponses plus tard, c'est vraiment fluide pour ça !
La manière dont les pouvoirs de Windane sont décrits est vraiment très bien, je crois que c'est ce que je préfère vraiment dans ce chapitre. Et ce revirement à la fin, où on sait pas trop si c'est un démon ou pas ='D Après, avec la vision de Lyron dans le prologue, j'aurai tendance à dire que non, mais la confusion est totalement cohérente, tu prépares bien le terrain avant (notamment avec le potier), la réaction de la soeur est parfaitement crédible...
Bref, franchement, je trouve ce chapitre vraiment très bien structuré et franchement, niveau description/révélation, c'est vraiment bien géré ! J'aime bien les personnes qui commencent à être dépend, on arrive facilement à les caractériser mais en même temps, tout est loin d'être simple (on le sent bien dans la relation entre les soeurs, mais aussi avec le père).
Bref, j'aime beaucoup, ça titille beaucoup la curiosité, c'est bien mené, j'ai pas vu passer les 5k perso <3
"La manière dont les pouvoirs de Windane sont décrits est vraiment très bien, je crois que c'est ce que je préfère vraiment dans ce chapitre. " => ça me fait teeeellement plaisir de lire ça ! Encore merci et j'espère que la suite te plaira autant :)
J'ai adoré le twist du changement de point de vue. Commencer par la soeur est une très bonne idée.
J'aime la manière dont tu nous dévoiles le monde par les rêveries de cette soeur, on peut s'attendre à un contraste quand les personnages arriveront réellement là-bas. (je pense aux touristes qui arrivent à Paris, et qui découvre les joies du RER...)
Un truc qui me chiffonne : pourquoi le père appelle son père "maître Lyron" ? Ils sont donc si distants l'un de l'autre ? (un "père" serait déjà austère).
Le conflit interne de Windane est bien amené. On comprend vite qu'elle culpabilise de ses propres pouvoirs.
Le changement de point de vue a été assez abrupt, entre Naelle et Windane, ça passe trop vite de l'une à l'autre sans qu'on est un temps qui le marque clairement.
Dans tous les cas, j'ai bien aimé, j'ai hâte de voir la suite. Je me doute que les soeurs vont se séparer, et je me demande comment tu vas gérer cette dualité du coup. :)
points de détails:
- faire rougir : faire est à mon avis inutile.
- faire son choix : choisir
- "Ils seront nombreux à se battre pour ta main" : j'aurais mis entre guillement, car personne ne "dit" cette phrase à ce moment, son père n'est pas là.
- tous se souvenaient de sa première visite : précédente visite, j'imagine ? Il ne les a pas vu que deux fois, une fois pour sa première prédiction et une fois là ?
Sylvan appelle son père par son titre parce qu'ils sont effectivement très distants... Et parce que tout le monde s'adresse ainsi aux Protecteurs (Windane est la seule qui échappe à la règle car elle est considérée elle aussi comme Protecteur).
Sur le changement de point de vue... Ah, c'est mon éternel problème. J'ai tendance à jouer la puce et à sauter d'un personnage à un autre pour rentrer dans leur tête, j'aime bien raconter l'histoire à travers les yeux des personnages secondaires... Sur ce premier chapitre, j'hésite à tout reprendre pour écrire depuis le point de vue de Windane, parce que je place Naelle en personnage principal alors qu'elle ne l'est pas (elle ne reviendra pas avant très longtemps) mais je perdrais alors la scène au marché et l'introduction du monde... Bref, dilemme. En attendant de me décider, je vais au moins retravailler la bascule entre les deux points de vue.
Mes impressions se confirment sans aucune hésitation !
L'écriture est toujours aussi excellente. Un style fluide et riche.
On retrouve des personnages très humains, qui ressentent beaucoup de choses et nous les transmettent.
Le flux d'information est bien dosé. En tout cas pour ma part cela me convient tout à fait !
J'ai repéré trois petites coquilles. Je te les transmets par MP.
C'est un vrai plaisir de découvrir une écriture aussi maîtrisée. Ca me donne envie de redoubler d'effort de mon côté !
Je me réserve le chapitre suivant pour demain :) !
Merci également pour les coquilles : j'ai beau relire, il y en a toujours qui m'échappent ! N'hésite pas à les laisser dans ton commentaire si tu ne veux pas t'embêter à passer par un MP :)
Beaucoup de changements dans ce premier chapitre si je ne dis pas de bêtise. Et le changement majeur étant le point de vue que l'on a. C'est une excellente idée. Sachant la suite de l'histoire, et les personnages que l'on suit, il y a beaucoup plus d'intérêt à découvrir directement Windane pour pouvoir tisser un lien fort dès ce premier chapitre.
Il est vraiment très bien ce chapitre. Tu arrives à donner un gros paquets d'informations sur l'univers sans que ça soit pénible. Généralement ça répond toujours à la réaction d'un personnage.
Je trouve qu'on remarque bien la maturité et l'expérience qui ont fait leur travail ici ! :) Bravo !
J'ai juste tiqué sur deux petits trucs que je te mets en dessous :
"L’aube ne tarderait pas à pointer dans son dos, chassant les dernières traces de fraîcheur de la nuit pour accabler la vallée d’un soleil sans répit, mais ce ne serait rien face à cette chose qui embrasait ses veines."
Phrase peut-être un peu longue
"La sécheresse doit être moins cruelle au pied de l’océan."
au bord ? Au pied sous-entend que la chose considérée s'élève comme les montagnes non ?
A bientôt :)
J'avais déjà été happée par le prologue. Ta manière d'écrire est tellement agréable. Très vive et ultra imagé. Quand je lis, j'ai un film sous les yeux. La scène du marché était super belle ! L'atmosphère rendue est chouette. J'ai hâte d'en découvrir plus sur ton monde. Ton univers. Tes deux sœurs ont une relation très particulière. Je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi elles partagent ce moment si intime apres tant de temps éloignées. Mais j'ai apprécié la différence qui se voit entre leurs deux caractères et même sur le point visuel.
Je me reserve le prochain chapitre demain. Merci de ta publication :)
Sur le rapprochement des sœurs : le moment de la séparation approche, même s'il n'est pas explicite au début. Elles se retrouvent, en quelque sorte, pour mieux se dire au revoir.
J'adore l'idée de cette femme qui a des pouvoirs de démons ! Je suis vraiment curieuse de voir où est-ce que tout ça a la mener...
On s'attache vraiment aux personnages des deux sœurs je trouve. J'espère qu'elles retrouveront une complicité au fil des pages...
En tout cas, j'étais happée du début à la fin. Tu m'as rendu très curieuse et j'ai vraiment hâte de lire la suite !
Ma remarque diffère légèrement des autres plumes, et c'est un avis très personnel dont tu fais absolument ce que tu veux ^^ Chaque auteur a son style, c'est pourquoi je mets des pincettes : j'ai trouvé que tes dialogues sont très réalistes, et je les imagine totalement dans ma tête dans un film ! Alors certes, je suis loin d'être la mieux placée sur la question des dialogues et j'ai moi-même beaucoup de mal avec l'exercice... Et aussi, le réalisme des dialogues est absolument une question de choix pour l'auteur !
une belle découverte donc !
A bientôt pour la suite !
Je trouve intéressant que l'on découvre Windane, présentée dans la quatrième de couverture, à travers les yeux de sa soeur. Ce qui introduit d'entrée la tension entre les deux, les non-dits et la jalousie.
Je me suis évidemment identifiée à Belle qu'à Windane, et j'ai bon espoir (vu son apparition dans la vision du prologue) et sa place dans ce chapitre, qu'elle sera importante dans la suite de l'histoire.
L'univers donne envie d'être découvert. Je sens qu'il va nous surprendre et s'affranchir des stéréotypes qu'on a l'habitude de croiser en fantasy. En tout cas, je n'ai aucune idée de l'avenir de ces deux jeunes filles. Ton texte de présentation est court et vague, si vague qu'il ne fait pas honneur à la qualité de l'histoire.
Aussi,
Deux erreurs relevées ici : "C’est toi ! J’étais sensée de trouver, justement." --> de devient te et sensée devient censée me semble-t-il.
Bonne journée !
Je trouve que le prénom de Naelle est très beau et j’aime beaucoup sa personnalité. Dans un autre monde elle aurait pu très bien s’entendre avec Solola je pense haha
Windane est également très attachante et tu réussis à rendre tous tes personnages intrigants ce qui est une réelle force.
Je ne m’attendais pas du tout à ce que la personne attendue par la famille soit Maître Lyron mais j’ai été super contente de l’apprendre ! Je trouve que c’est un rebondissement particulièrement intéressant qui donne envie de connaître la suite.
Concernant mes quelques remarques :
- Tu commences beaucoup de phrases de la même manière (Elle ne pouvait pas résister … Elle connaissait … Elle se mordit la lèvre … Elle n’avait plus que quelques pièces …) Pour éviter les répétitions peut être varier « elle » puis « Naelle » et transformer certaines phrases (ex : « La plupart de ces récits n’étaient que des reproductions de grands classiques qu’elle connaissait déjà par cœur, mais il y en avait tant d’autres etc… » ou « Dans sa poche, sa main se referma sur les quelques pièces qui lui restaient. Ce n’était pas assez pour tous les acheter et elle perdait du temps à choisir etc … »
- J’ai beaucoup aimé cette phrase : « Chaque livre était un nouveau voyage, le meilleur moyen de s’évader et d’oublier les mensonges qui bâtissaient sa vie. »
- Je ne sais pas si ça a son importance, mais j’ai été un peu déçue de ne pas savoir sur quel livre s’est porté le choix de Naelle (d’avoir au moins le titre ou quelques détails sur la couverture). Mais on en apprend plus sur l’histoire pas longtemps après.
- J’ai lu dans un article que l’utilisation de l’impersonnel cassait le rythme du texte donc peut-être changer « On venait de plus en plus loin depuis que la sécheresse sévissait de l’autre côté des montagnes » par « Les voyageurs venaient de plus en plus loin » ou « les familles, contraintes à l’exil, venaient de plus en plus loin … »
- Je reprends un de tes propres conseils 😉 « Que n’aurait-elle donné pour quitter Sashanka ! » plutôt utiliser le positif ou alors rajouter « pas »
- J’adore le paragraphe « en fermant les yeux un instant » et la manière don son esprit transforme ses sensations !
- Remplacer « qui il avait bousculé » par « celle qu’il avait bousculée »
- Même commentaire sur les débuts de phrases du père « Il était sur les nerfs » ; « il avait commenté » ; « Il avait critiqué » ; « Il ne cessait » ; « Il avait même rendu visite »
- « Naelle se redressa brusquement, sans apercevoir quiconque à ses côtés. Puis elle leva les yeux et aperçut enfin les jambes qui pendaient au-dessus d’elle. » Tu utilises deux fois le verbe apercevoir. Peut-être utiliser « remarquer » à la place du premier.
- Ensuite on met du temps à comprendre que Windane est une femme à cause du terme « Protecteur » qui ne se féminise pas. Même s’il est en effet intéressant de découvrir que Windane est une femme et qu’elle est un Protecteur, je pense qu’il serait plus clair de préciser dès le début que Windane est une fille. Par exemple Naelle pourrait dire « je m’occupe de trouver ma sœur ! » Comme ça on identifie directement que Windane est une femme, et ensuite on découvre qu’elle est Protecteur et que c’est elle le « frère » dont faisaient référence les voix du marché. La surprise est donc préservée 😊
Je te propose ces idées car je trouve la surprise superbe mais cela manque un peu de clarté à mon goût. J’ai lu, je me suis dit « quelque chose ne va pas » je suis revenue en arrière, je me suis dit que peut-être tu utilisais « sa sœur » parce que c’étaient les pensées de Windane, j’ai continué et ensuite seulement j’ai compris.
- Je trouve ça super intéressant le fait que pour un homme ça soit valorisé d’être Protecteur et quand une femme détient les mêmes pouvoirs, elle soit traitée de Sorcière. En plus de faire écho aux chasses aux sorcières, je trouve que c’est un message qui reste tout à fait d’actualité !
Bref, un premier chapitre super prometteur, je suis à fond dans l’histoire !
Plusieurs réponses à tes remarques :
- Concernant le prénom de Naelle, je l'adore aussi, et j'étais très fière de l'avoir inventé... et puis il y a deux ans j'ai eu une élève qui portait ce prénom. J'ai découvert à cette occasion que le prénom existait déjà, et qu'il était breton ! ^^'
- j'ai modifié quelques phrases selon tes conseils, c'est vrai que je commence souvent de la même manière ! Concernant le paragraphe sur le père, en revanche, c'était volontaire puisque Naelle fait une "liste" de ce qu'il a pu lui reproché. Mais c'est vrai que c'est lourd, je vais peut-être faire quelques retouches !
- enfin, concernant la surprise de Windane, c'est aussi volontaire. C'était même un exercice de style, puisque j'ai essayé de faire durer le plus longtemps possible sans révéler son genre... J'avais écris dans l'idée de surprendre mes lecteurs (surtout une amie à moi, qui m'en reparle encore des années après, car elle avait "bugué" comme toi sur la scène). Bref, c'était pour m'amuser mais c'est vrai que si j'envisage une publication, il faudrait peut-être éclaircir le passage !
En tout cas, merci beaucoup de tes retours !