Pouvait-elle vraiment partir ?
Plus tard ce soir-là, un regard distrait posé sur les lunes, Naelmo arriva à la conclusion qu'elle n'était en définitive attachée à aucun lieu : la sylve s'était chargée d'arracher les maigres racines qu'elle y avait plantées sans sa permission. Quant aux autres endroits, Kamojo, Chuoo, Relwann ou même Oolkyuth, elle n'avait fait que les traverser. Elle revoyait les plantes dérivantes des canyons qui planent dans les courants et propagent leurs graines en frôlant la pierre nue des parois. Naelmo se sentait comme elles, sans liens : ici ou ailleurs, quelle importance ?
Non, seuls comptaient les êtres qui peuplaient sa vie. Et ceux qui auraient dû y figurer, cette famille qu'elle avait entr'aperçue sur la planète des origines. Une petite terre perdue, pour laquelle il fallait renoncer à tout, si elle ambitionnait de l'atteindre.
La pensée de quitter ses parents adoptifs lui nouait le ventre. Pour son père, c'était pire. L'abandonner si peu de temps après l'avoir retrouvé lui déchirait le cœur.
Si elle partait, le ferait-elle avant tout pour elle-même ou pour lui ? Elle pouvait essayer de lui redonner l'avenir auquel il aspirait. Mais elle brûlait aussi de s'affirmer, de lui montrer qu'elle existait autrement qu'en se cachant dans son ombre. À quoi cela servait-il de s'être préparée, d'avoir tant appris, si elle se contentait de rester sous son aile, comme Talie ?
Présomptueux ? Sans aucun doute.
Fou, peut-être.
Mais qui ne tente rien...
****
Une fois sa décision prise, Naelmo fut traversée d'une énergie nouvelle, de celles qui écartent les flots ou déplacent les montagnes. Comme sur Hevéla autrefois, quand elle expérimentait ses pouvoirs, elle se sentait invincible, capable de tout. Un univers de possibilités se déployait devant elle.
- Tu doutes de rien, Momo !
Ce fut le premier commentaire de Talie quand Naelmo s'ouvrit à elle de ses intentions. Elles étaient toujours cloîtrées dans la propriété de leur père, mais étaient descendues jusqu'à la mer. Le ressac oblitérait les bruits de la ville, elles auraient pu se croire ailleurs, revenues sur Kamojo, goûtant sa tranquillité qui avait paru si terne à Naelmo. Là, elles arrivaient à s'apaiser, l'une comme l'autre, à refroidir la colère suscitée par les intrusions insupportables des curieux dans leur vie.
Talie resta silencieuse un moment, comme si elle pesait les paroles de Naelmo ou en prenait la mesure sous tous les angles. Elle finit par commenter :
- Tu penses qu'une petite crevette comme toi réussira là où Kaelán s'est cassé les dents ?
- Il n'a pas eu le temps, s'indigna Naelmo. Et puis il était pieds et poings liés. Il ne pouvait pas risquer qu'on extirpe les secrets de l'hyperespace de son esprit.
- C'est vrai que toi, t'as rien à craindre de ce côté, railla Talie.
- Exactement !
Naelmo avait résolu de ne pas se formaliser des moqueries de Talie.
- Je ne possède pas ton expérience, mais j'ai appris à manipuler l'énergie grâce à vous et à me protéger. Et puis il y a ces connaissances qu'Ezfra a déposées en moi. J'en sais probablement davantage que vous sur l'art d'influencer les esprits ordinaires.
- Tu ferais bien de ne pas trop te vanter de ça devant ton père.
- Je me rends compte qu'il n'approuverait pas, mais quand on entre en guerre, on se munit de toutes les armes possibles, non ?
- Et tu penses te jeter dans la bataille comme ça, seule avec ton petit copain frimeur, qui n'a jamais lancé autre chose que des sourires ravageurs ?
Naelmo pouffa à la raillerie de Talie. Elle n'épargnait personne.
- Si je n'arrive à rien, je me consolerai en retrouvant le reste de ma famille. Mais je ne pars pas pour eux ; je pars pour lui. Pour Kaelán. Je veux qu'il puisse retourner là-bas. Malgré la naïveté que tu me reproches, je vois bien que la Fédération devient de plus en plus invivable pour les télépathes.
Talie parut ébranlée.
- T'as plus de cervelle que t'en as l'air, petite souris. Qu'est-ce que tu attends de moi ?
Elle restait ironique, mais semblait plus attentive.
- Ton aide. Pour la traversée jusque là-bas.
****
Trois silhouettes progressaient le long des immenses bâtiments du spatioport, se coulant d'une ombre noire à une autre. La lueur des lunes était voilée par de bourgeonnants amas qui promettaient des orages pour plus tard. Il fallait profiter de cette obscurité bienveillante. À cette heure-ci, les quais étaient déserts, les nuées de passagers dissipées ; même les appareils avaient disparu, repartis vers de nouveaux cieux ou mis au sec pour la nuit.
Le terminal de la Fondation, élancé, se détachait des masses trapues des hangars dans lesquels on stockait les vaisseaux de transport. Naelmo, Talie et Shielfen s'y dirigèrent en visant une petite entrée destinée aux employés de maintenance. Naelmo éprouva un instant d'inquiétude, comme Talie s'immobilisait, concentrée sur la porte sécurisée. Apparemment, déjouer un cryptage de niveau six faisait partie de ses talents cachés : le rectangle en métal renforcé pivota sans bruit au moment où Naelmo s'apprêtait à laisser échapper un « alors ? » angoissé.
Bien sûr, ils auraient pu entrer de façon légitime, en passant par les salons d'embarquement de la Fondation au moyen des codes de Talie ; toutefois celle-ci tenait à ce que son implication ne soit pas dévoilée en public. Kaelán ne serait pas dupe. Mais en privé, avec lui, elle saurait se justifier, avait-elle avancé.
Une fois entrés, ils se retrouvèrent immédiatement face aux vaisseaux dormant dans leurs berceaux antigrav, en aval des quais de chargement. Ils avaient prévu d'emprunter un Matka - le croiseur phare de la Fondation, rien que cela - puis d'utiliser une capsule d'atterrissage d'urgence. Naelmo et Shielfen y prendraient place pour rejoindre la planète, tandis que Talie repartirait sans mettre l'appareil en danger. Peu risqué en théorie.
Cependant, Talie les dirigea vers un Yotto, un chasseur similaire à celui que les deux filles avaient employé pour leur tour galactique. Il paraissait n'attendre qu'eux, prêt à s'élancer en tête de quai. Une cacophonie d'alarmes se déclencha dans le cerveau de Naelmo. En quelques pas pressés, elle rattrapa son aînée qui menait la troupe :
- On n'avait pas dit ça, Talie ! C'est dangereux d'atterrir avec ce truc. Rien ne prouve que tu parviendras à repartir.
- Changement de programme, mon chaton d'amour. Tu crois quand même pas que je vais vous laisser vous amuser tous seuls ?
- Mais, mais...
L'horreur pétrifia Naelmo. Elle avait compté sur la présence de Talie auprès de son père pour atténuer le choc de sa propre défection.
- Tu ne peux pas abandonner Kaelán, se récria-t-elle.
- T'es mal placée pour donner des leçons ! C'est pas un gosse, il comprendra. Je lui ai laissé un long message.
- Moi aussi, grommela Naelmo.
Shielfen, intégré dans les échanges mentaux entre les filles, s'offusqua beaucoup moins que Naelmo des changements de plan :
- Bienvenue dans l'équipe, alors ! intervint-il avec enthousiasme.
Naelmo retint un soupir exaspéré. Shielfen semblait prêt à fondre depuis qu'il avait rencontré Talie, quelques jours plus tôt. Bien sûr, en apparence, elle détenait tout ce qu'il fallait pour susciter son admiration : forte, sûre d'elle, athlétique, elle dégageait un parfum de danger irrésistible pour lui. Il n'avait pas encore découvert qu'elle se comportait les trois quarts du temps - non, les neuf dixièmes - en harpie insupportable et tyrannique. S'il avait vu ce qu'elle pensait de lui...
D'ailleurs, Talie ignora l'interruption de Shielfen et renchérit à l'attention de Naelmo :
- Tu imagines ce qu'il dirait, s'il savait que j'ai laissé s'envoler sa fifille adorée seule ?
Son habituelle intonation gouailleuse fit déborder Naelmo :
- Comment tu peux te moquer de lui comme ça ? Tu n'aimes personne en fait ! Tu te crois forte ? En réalité, t'es juste insensible.
- On en reparlera une autre fois, Momo, coupa Talie avec froideur. Si tu pars, c'est avec moi. Sinon, tu restes ici. Moi, je suis décidée, de toute façon.
Exaspérée, Naelmo fixa Talie d'un œil noir jusqu'à ce que, s'interposant entre elles deux, Shielfen lance tout haut :
- Bon, on décampe ? On n'a pas toute la nuit. Je sens qu'on va faire une équipe du tonnerre.
Il s'attira les regards irrités des deux filles, mais sa tirade les sortit de leur immobilité. Le reste s'enchaîna très vite : Naelmo s'installa à côté de Talie dans le chasseur, tandis que Shielfen se carrait dans le siège du passager, un espace exigu à l'arrière. Initialement, les engins militaires de cette série accueillaient quatre personnes, mais la transformation en appareil hyperspatial avait réquisitionné de la place supplémentaire. Shielfen s'en aperçut quand Talie lui posa son bagage sur les genoux :
- Ça rentre pas dans la soute. J'y ai fourré les deux vôtres.
Naelmo et Shielfen avaient pris chacun un sac contenant l'équipement essentiel à leur périple. La jeune fille devait bien avouer que les conseils de Talie avaient grandement aidé à constituer le nécessaire de survie sur terre.
- Mince, je comprends maintenant à quoi ou plutôt à qui vont réellement servir ces affaires, mais je préférerais voyager avec autre chose sur les genoux, rétorqua Shielfen avec un froncement de sourcil comique.
Talie haussa les épaules sans relever l'invitation ni manifester de repentir pour ses mensonges passés : elle leur avait affirmé avoir préparé du matériel qui complétait leur paquetage.
Un rictus renfrogné sur le visage, Naelmo ne desserra pas les dents durant les préparatifs techniques du vol. Shielfen lui jeta plusieurs fois des regards préoccupés et tenta de communiquer à leur façon habituelle, mais elle s'était fermée à tout.
Naelmo se sentait piégée. Non, ce voyage ne s'annonçait pas du tout comme elle l'avait imaginé. Il y avait son père qui se retrouvait seul. Il y avait Talie qui leur garantissait un surcroît de sécurité, mais à quel prix ? Il y avait Shielfen enfin, qui semblait plus que ravi de la compagnie de son aînée.
Ça, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Cela irritait Naelmo encore davantage que le reste.
- Bon, on y va ? questionna Talie. Vous êtes bien sûrs ? Je ne veux forcer personne.
Pour une fois, sa voix mentale s'efforçait à la neutralité et trahissait même une certaine bienveillance.
- Vous savez, cette planète, ça n'a rien d'un endroit civilisé comme ici. C'est un peu... fruste, dirait-on.
Elle se tourna pour faire face à Naelmo, la regardant avec gravité :
- Tu parles de l'hostilité envers les télépathes dans la Fédération, mais elle n'est rien comparée à celle qu'éprouvent les humains là-bas en général. Même ta famille ne se sentira pas à l'aise avec toi. Si ton père t'a emmenée, ce n'est pas pour rien. Et il y a les sauvages, les nazgars...
Elle laissa en suspens la fin de sa phrase. Naelmo fronça les sourcils :
- Ça ne vaut que pour moi, attaqua-t-elle avec fermeté. J'ai bien réfléchi : je veux aller là-bas. Pour mon père ; tant pis si les chances de réussite sont minces. Et pour rencontrer ma famille.
Elle hésita un instant avant de poursuivre :
- Et puis, je veux aussi découvrir cette planète d'où nous venons tous. Partout où nous avons voyagé, j'ai senti que nous n'étions que des invités ou même des intrus, comme sur Hevéla. Nous nous sommes emparés de ces planètes, et elles se sont accommodées de nous. Mais là-bas, c'est différent.
- OK, chacun son truc, Momo, commenta Talie.
- Pourquoi tu y vas, toi ?
Les yeux de Talie étincelèrent dans la pénombre. Comme souvent, la colère bouillonnait près de la surface de ses pensées.
- Je m'fiche de cette satanée planète. Je l'ai quittée à sept ans, j'avais pas l'intention d'y retourner. Y a rien pour moi là-bas. Je le fais pour mon père.
- Pourquoi tu n'es pas partie plus tôt, alors ?
- Je supposais qu'il finirait par oublier. Ton arrivée m'a ouvert les yeux. Il sera jamais vraiment heureux ici, sans eux. C'est dur de l'admettre, mais toi ou moi, on peut pas combler le vide de leur absence.
Un sourire sans joie releva les coins de ses lèvres :
- En un sens, ça nous met à égalité. Je lui suffis pas, mais toi non plus.
Naelmo secoua la tête avec incrédulité et posa sans réfléchir sa main sur celle de Talie. Elle tenta de projeter dans ses pensées toute la conviction qui l'animait.
- Pff, toi, alors ! Tu sais, il n'y a jamais eu de concurrence entre nous. Je n'ai jamais désiré prendre ta place. Ça n'a aucun sens tout ça.
- Si, ça en a un. J'oublierai jamais le jour où il est apparu devant moi, comme un sauveur. J'avais perdu ma mère et j'étais une petite chose mourant de faim et de solitude. Il m'a redonné la vie. Vu sous cet angle, il est autant mon père que le tien.
Naelmo répondit tout haut. Elle avait l'impression de mieux exprimer ses frustrations de cette façon :
- Génial, super ! Si je l'admets, arrêteras-tu de me reprocher d'exister ? Je n'ai rien demandé, moi.
- Non, c'est vrai, concéda Talie en souriant.
- Bien sûr que c'est vrai. Je vivais bien tranquille sur Hevéla avec mes parents, jusqu'à ce que cette fichue forêt décide de se débarrasser de nous.
- Donc, si nous philosophons sur la vie dans cette boîte de conserve, c'est la faute de la sylve, rigola Shielfen. Si jamais quelqu'un me demandait mon avis...
Il fit une pause, mais n'obtint pas de réaction de la part de ses deux compagnes. Imperturbable, il se racla la gorge avec emphase :
- Ahem, je disais que si jamais quelqu'un requérait mon opinion éclairée, je répondrais que je pars pour ne pas rater vos prises de bec. Jouer les arbitres entre deux jolies filles, mon rêve de toujours !
Il s'étira autant que lui permettait l'espace réduit du chasseur puis arbora un air impatient, ses bras enlaçant le sac de Talie d'une façon comique. Naelmo sentit son irritation se dissoudre malgré elle. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres.
- Je regrette d'avoir été quelquefois brusque avec toi, déclara Talie tout haut à cet instant.
Un silence s'établit pendant que Naelmo assimilait cet aveu inespéré.
- Je sais que t'as rien demandé, Momo. C'est comme si on t'avait collé un bon gros fardeau sur le dos. Et moi, j'en ai rajouté, avec ma jalousie stupide.
- Ça n'avait rien de stupide. Je crois que j'aurais éprouvé les mêmes sentiments à ta place.
Oui, à la vérité, Naelmo comprenait malgré tout. Sa rancœur s'effaça devant la sincérité de Talie. Elles partaient toutes les deux ; ne valait-il pas mieux à présent mettre toutes ces bêtises derrière elles ? Elles se regardèrent, apaisées, prêtes à aller de l'avant.
Naelmo se tourna ensuite vers Shielfen, vexé d'avoir été ignoré.
- Désolé de te décevoir. On a décidé d'un commun accord de cesser de se disputer.
Elle lui décocha un grand sourire :
- On est tous complètement fous, non ?
Il exhiba une mimique blessée si outrée qu'elle éclata de rire avant même qu'il ait prononcé un mot. Son hilarité s'intensifia pendant la tirade du garçon :
- Parlez pour vous. Moi je me trouve au contraire très raisonnable : je m'embarque pour une planète mystérieuse, entouré de deux ravissantes princesses aux pouvoirs surhumains, dans un vaisseau aussi rapide que la pensée. Que demander de plus à la vie ?
Avec une moue dégoûtée, Talie leva les yeux au ciel comme pour prendre celui-ci à témoin. Elle enclencha la procédure de départ.
****
Alors qu'Ione rapetissait dans son champ de vision, Naelmo s'angoissait pour ses parents adoptifs. Elle leur avait écrit une longue lettre, cependant elle ne pouvait alléger sa conscience de la culpabilité de les abandonner.
Les petits quittent le nid un jour, avait murmuré Théola l'autre jour, doigt pointé vers une couvée de plakhasses au sein de laquelle des oisillons s'essayaient à battre des ailes. Naelmo avait bien compris qu'elle s'adressait à elle. Théola se montrait étonnamment perceptive quand il s'agissait de sa fille. La fuite de Naelmo cette nuit marquait la fin définitive d'une époque, celle de leur vie heureuse à trois.
Elle ne doutait pas que Kaelán trouverait les mots afin d'adoucir ce départ pour Théola. Pour Delum, c'était autre chose. Son pauvre papa avait été bien secoué par cet enchaînement d'événements : la sylve, les mensonges de Théola, l'absence de Naelmo. Et maintenant, voilà qu'elle disparaissait à nouveau. Elle soupira, si fort que Shielfen, depuis son siège à l'arrière, lui posa une main sur l'épaule.
- Du vague à l'âme ?
- Oui... Tu penses qu'on s'en tirera et qu'on pourra revenir ?
- Vous avez mille fois plus de chances de réussir qu'une armée entière de soldats fédéraux. À deux, avec Talie, vous allez être invincibles. Ou presque.
Le « ou presque » la fit sourire. Au moins un qui croyait en elles... jusqu'à un certain point.
- On n'a pas de plan, on ne sait même pas ce qu'on va faire.
- Tant mieux ! intervint Talie. Les meilleurs stratèges sont les plus adaptables, ils se révèlent dans l'action.
Aïe ! Ils partageaient tout à trois maintenant, y compris leurs pensées. Quelles complications en perspective !
Un compte à rebours se déclencha, en bruit de fond aux réflexions troublées de Naelmo.
Dix. Aimerait-elle cet endroit ?
Neuf.
Huit. Retrouverait-elle sa famille ?
Sept.
Six. Comment s'entendrait-elle avec eux ?
Cinq.
Quatre. Allaient-ils la trouver étrange et infréquentable, comme l'affirmait Talie ?
Trois.
Deux. Réussiraient-ils leur quête un peu folle ?
Un.
Zéro.
Le ciel illuminé par les constellations innombrables du cœur galactique vacilla, se brouilla et disparut. Un instant, un noir absolu terrifiant régna, puis tout réapparut.
Non, un autre firmament étoilé avait cédé la place au premier. Les lumières paraissaient moins denses, et réparties d'une façon différente.
Le vaisseau manœuvra, tournant sur lui-même lentement. La planète entra en scène, mince croissant s'épaississant chaque seconde. Un orbe immense, lumineux, blanc et bleu. Impossible à dépeindre : des heures n'auraient pas suffi pour rendre compte de chaque détail étrange ou simplement magnifique.
Naelmo n'avait jamais rien vu d'aussi beau.